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La technique nous éloigne-t-elle de la nature?

Publié le 12/02/2005

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technique
  Selon Martin Heidegger dans la question de la technique dans Essais et conférences : « Elle aussi est un dévoilement. C'est seulement lorsque nous arrêtons notre regard sur ce trait fondamental que ce qu'il y a de nouveau dans la technique moderne se montre à nous. Le dévoilement, cependant, qui régit la technique moderne ne se déploie pas en une production au sens de la poiesis. Le dévoilement qui régit la technique moderne est une provocation par laquelle la nature est mise en demeure de livrer une énergie qui puisse comme telle être extraite et accumulée. » C'est ce qu'il appelle l'arraisonnement du monde. Cet arraisonnement n'a rien en vérité de technique. Il fait la différence entre le commettre et le dévoilement. Cet arraisonnement entrave le véritable dévoilement qui n'est possible en définitive qu'avec l'art. La technique provoque la nature, Un paysan par exemple en labourant sa terre ne la provoque pas. Il n'y a plus d'accord entre l'homme et la terre, il doit la transformer pour en tirer une énergie, une matière qui ne se trouve pas comme telle disponible.

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« duquel elle organise la nature en objet : ce faisant, l'homme viole et épuise un certain « fonds », non pas celui des réserves quantitatives de minéraux, mais celui d'une réserve de dévoilement et d'étonnement.

est-il d'ailleurs si faux que notrerapport à la nature soit devenu à ce point médiatisé par la technique que nous ayons du mal à voir ce qu'est la nature ?Bref, c'est cet enjeu de la technique qui, aux yeux de Heidegger , illustre le mieux l'oubli de l'Etre dont il veut se faire le penseur.

Mais, dire que la technique contribue à l'oubli de l'Etre, ce n'est certes pas le rejeter en tant que telle : ce serait ungrand contresens que de voir pour autant chez Heidegger une diabolisation ou un refus de la technique. « Nous pouvons utiliser les objets techniques et nous en servir normalement, mais en même temps, nous en libérer, desorte qu'à tout moment nous conservions nos distances à leur égard.

Nous pouvons faire usage des objets techniquescomme il faut qu'on en use.

Mais nous pouvons, du même coup, les laisser à eux-mêmes comme ne nous atteignantpas dans ce que nous avons de plus intime et de plus propre.

Nous pouvons dire « oui » à l'emploi indispensable desobjets techniques et nous pouvons en même temps lui dire « non », en ce sens que nous les empêchions de nousaccaparer et ainsi de fausser, brouiller et finalement vider notre être.

Mais si nous disons ainsi à la fois « oui » et« non » aux objets techniques, notre rapport au monde technique ne devient-il pas ambigu et incertain ? Tout aucontraire.

Notre rapport au monde technique, devient d'une façon merveilleuse, simple et paisible.

»Heidegger.

Pour Heidegger , le phénomène fondamental des Temps modernes est la technique dont la science n'est qu'une des multiples facettes.

La technique n' ajs simplement chez lui un sens étroitement technologique, mais a une significationmétaphysique et caractérise le type de rapport que l'homme moderne entretient avec le monde qui l'entoure.

laposition fondamentale des Temps modernes, « n'est pas technique parce qu'on y trouve des machines à vapeur, bientôt suivie du moteur à explosion.

Au contraire des choses de ce genre s'y trouvent parce que cette époque estl'époque technique ». On se représente traditionnellement la technique comme la mise en oeuvre de procédés pour obtenir un résultatdéterminé.

La technique est une activité humaine consistant dans la fabrication et dans l'utilisation d'instruments ou demachines répondant aux besoins de l'homme.

Selon cette façon banale de voir, les installations techniques modernesne seraient pas essentiellement différentes des installations techniques artisanales ni même des outils employés dansles anciens métiers.

Elles permettraient simplement d'obtenir avec une rapidité et une efficacité sans cesse accrues cequi demandait autrefois de longs efforts ou était même hors de portée de l'homme.

Cette représentation instrumentalede la technique est bien exacte mais elle n'est pas pour autant vraie c'est-à-dire ne nous révèle pas encore l'essencede la technique.

Elle tend en outre à nous laisser croire que la technique moderne serait quelque chose que l'hommeaurait à sa disposition et dont il pourrait se rendre maître.« Le dévoilement qui régit la technique moderne est une provocation par laquelle la nature est mise en demeure delivrer une énergie qui comme telle puisse ê extraite et accumulée ».

L'interrupteur électrique, objet technique fait venir la lumière, la dévoile, mais ce dévoilement, loin de signifier le surgissement ou le jaillissement de l'être, est unesommation à comparaître.

De la même façon, la centrale électrique met le fleuve en demeure de livrer sa pressionhydraulique, qui met elle-même en demeure les turbines de tourner qui mettent elles-mêmes le courant électrique endemeure de circuler.

L'industrie extractive met le sol en demeure de livrer le charbon qu'il recèle.

L'agriculturemoderne met la nature en demeure de produire les fruits qu'elle porte en elle.Heidegger caractérise cette essence provoquante de la technique par le terme « Das Gestell », auquel il donne une signification inédite, celle d' arraisonnement .

« Gestell : ainsi appelons nous le rassemblement de cette interpellation qui requiert l'homme, c'est-à-dire qui le provoque à dévoiler le réel comme fonds dans la mode du commettre.

Ainsiappelons- nous le dévoilement qui régit l'essence de la technique et qui n'est lui-même rien de technique ».

La technique moderne, en tant que « Gestell », ne règne pas seulement là où l'on utilise des machines, même si ces dernières jouissent « d'une situation privilégiée...

fondée sur la priorité accordée à tout ce qui est matériel, c'est-à-dire supposé élémentaire et objectif au premier chef », mais « englobe tous les secteurs de l'étant ».

La science moderne, en particulier, à travers le projet mathématique de la nature, met la nature matérielle en demeure de se montrercomme un complexe calculable de forces, et est ,de ce point de vue, régie de part en part par l'essence de latechnique.Dans l'horizon du comportement provoquant, l'homme n'a plus affaire à des objets, mais considère tout ce qui est dansune perspective utilitaire comme un fonds disponible : « Tout (l'étant dans sa totalité) prend place d'emblée dans l'horizon de l'utilité, du commandement, ou mieux encore de celle du commanditement de ce dont il faut s'emparer...Plus rien ne peut apparaître dans la neutralité objective d'un face à face.

Il n'y a plus que [...] des stocks, desréserves, des fonds . » Dans ce vaste fonds que sont la nature et le monde en général, l'homme lui-même, la plus importante des matières premières, devient un fonds dont il faut s'assurer de la disponibilité...L'exploitation de l'étant ne s'effectue pas au hasard, mais de façon méthodique, selon des plans.L'exploitation de l'étant ne s'effectue pas au hasard mais de façon méthodique, selon des plans.

La planification n'a passimplement pour objet de prévoir et de prévenir les besoins futurs de l'humanité, mais bien plutôt d'organiser, demettre en ordre ce qui est afin d'en garantir la disponibilité.

La mise en ordre de l'étant est une des composantesessentielles du processus d'exploitation de la nature, car elle est la condition de possibilité de sa réussite, c'est-à-direde son développement.Cette planification à outrance, ce dirigisme qui règne sur tous les districts de l'étant, ne veut pas dire pour autant quel'homme serait le maître ni même l'organisateur de ce processus d'exploitation planétaire.

Loin d'être entre les mainsde l'homme, la technique, en tant qu' arraisonnement , tient l'homme en son pouvoir.

: « ...

il y a longtemps que les puissances qui, en tout lieu et à toute heure, sous quelque forme d'outillage que ce soit, accaparent et pressentl'homme, le limitent et l'entraînent, il y a longtemps que ces puissances ont débordé la volonté et le contrôle del'homme, parce qu'elles ne procèdent pas de lui ».

L'homme n'est pas le sujet mais le « fonctionnaire » de la technique. Les dirigeants, les technocrates, contre l'arbitraire desquels il est devenu monnaie courante de s'indigner, ne sont eux-mêmes que les « ouvriers » requis pour mettre en sûreté la totalité de l'étant et qui ont reçu pouvoir de décision pour cela.De plus, la technique suscite elle-même les besoins qui vont lui permettre d'accroître sa domination.

Il serait illusoirede croire, en particulier, que les avancées technologiques travailleraient à l'avènement d'une vie plus heureuse surcette terre.

Cette croyance est cependant soigneusement entretenue, car elle permet de justifier la poursuite del'exploitation organisée de l'étant.Il est devenu courant, à vrai dire, de dénoncer les dangers liés aux développements de la technique et les risques queson usage incontrôlé fait peser sur l'humanité.

toutefois, ce ne sont pas les productions de la technique elles-mêmes, nimême leur utilisation qui sont dangereuses pour Heidegger , mais d'abord et avant tout l'essence de la technique elle- même, c'est-à-dire le comportement provoquant qui régit désormais le rapport de l'homme à l'étant.

La techniquemoderne, au sens de l' arraisonnement , attaque l'homme qui « à l'intérieur du sans-objet, n'est plus que le commentant du fonds » et devient lui-même un « fonds ».

Elle met l'homme en péril, non seulement parce que les moyens techniques rendent désormais possible une destruction de l'espèce humaine tout entière, mais parce qu'elle menace,. »

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