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Le terme "hache" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 10/07/2010

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descartes

Correspondance, année 1649, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 20 février 1649. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 22 février 1649.).

 car elle est si courte, que, si les meurtriers pouvaient employer la fièvre, ou quelqu’autre des maladies dont la nature a coutume de se servir pour ôter les hommes du monde, on aurait sujet de les estimer plus cruels qu’ils ne sont, lorsqu’ils les tuent d’un coup de hache.

*haine

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 190.

Mais les autres mouvements des mêmes nerfs lui font sentir d’autres passions, à savoir, celles de l’amour, de la haine, de la crainte, de la colère, etc.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 56.

et lorsqu’elle nous est représentée comme mauvaise ou nuisible, cela nous excite à la haine.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 69.

l’admiration, l’amour, la haine, le désir, la joie et la tristesse ;

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 79.

Et la haine est une émotion causée par les esprits, qui incite l’âme à vouloir être séparée des objets qui se présentent à elle comme nuisibles.

Je dis que ces émotions sont causées par les esprits, afin de distinguer l’amour et la haine, qui sont des passions et dépendent du corps, tant des jugements qui portent aussi l’âme à se joindre de volonté avec les choses qu’elle estime bonnes et à se séparer de celles qu’elle estime mauvaises, que des émotions que ces seuls jugements excitent en l’âme.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 80.

Comme, au contraire, en la haine on se considère seul comme un tout entièrement séparé de la chose pour laquelle on a de l’aversion.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 84.

Au reste, encore que la haine soit directement opposée à l’amour, on ne la distingue pas toutefois en autant d’espèces, à cause qu’on ne remarque pas tant la différence qui est entre les maux desquels on est séparé de volonté qu’on fait celle qui est entre les biens auxquels on est joint.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 85.

Elle consiste en ce que les objets tant de l’amour que de la haine peuvent être représentés à l’âme par les sens extérieurs, ou bien par les intérieurs et par sa propre raison.

et de là naissent en même façon deux espèces de haine, l’une desquelles se apporte aux choses mauvaises, l’autre à celles qui sont laides ;

Mais ce qu’il y a ici de plus remarquable, c’est que ces passions d’agrément et d’horreur ont coutume d’être plus violentes que les autres espèces d’amour ou de haine, à cause que ce qui vient à l’âme par les sens la touche plus fort que ce qui lui est représenté par sa raison, et que toutefois elles ont ordinairement moins de vérité ;

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 87.

au lieu que le même désir, lorsqu’on tend à s’éloigner du mal contraire à ce bien, est accompagné de haine, de crainte et de tristesse ;

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 88.

Mais il suffit ici de savoir qu’il y en a autant que d’espèces d’amour ou de haine, et que les plus considérables et les plus forts sont ceux qui naissent de l’agrément et de l’horreur.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 94.

C’est presque la même raison qui fait qu’on prend naturellement plaisir à se sentir émouvoir à toutes sortes de passions, même à la tristesse et à la haine, lorsque ces passions ne sont causées que par les aventures étranges qu’on voit représenter sur un théâtre, ou par d’autres pareils sujets, qui, ne pouvant nous nuire en aucune façon, semblent chatouiller notre âme en la touchant.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 98.

Je remarque, au contraire, en la haine, que le pouls est inégal et plus petit, et souvent plus vite ;

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 100.

et que cependant on ne laisse pas d’avoir quelquefois bon appétit et de sentir que l’estomac ne manque point à faire son devoir, pourvu qu’il n’y ait point de haine mêlée avec la tristesse.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 103.

Au contraire en la haine, la première pensée de l’objet qui donne de l’aversion conduit tellement les esprits qui sont dans le cerveau vers les muscles de l’estomac et des intestins, qu’ils empêchent que le suc des viandes ne se mêle avec le sang en resserrant toutes les ouvertures par où il a coutume d’y couler ;

d’où vient qu’ils y fortifient les idées de haine qui s’y trouvent déjà imprimées, et disposent l’âme à des pensées qui sont pleines d’aigreur et d’amertume.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 105.

et cependant les passages par où le suc des viandes coule de l’estomac et des intestins vers le foie demeurent ouverts, ce qui fait que l’appétit ne diminue point, excepté lorsque la haine, laquelle est souvent jointe à la tristesse, les ferme.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 108.

ce qui était cause que les esprits qui montaient du coeur au cerveau excitaient en l’âme la passion de la haine.

D’où vient que ces mêmes mouvements ont coutume d’accompagner la passion de la haine.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 110.

Quelquefois, au contraire, il est arrivé que le corps a eu faute de nourriture, et c’est ce qui doit faire sentir à l’âme sa première tristesse, au moins celle qui n’a point été jointe à la haine.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 117.

Ce qui doit être attribué aux autres passions qui se joignent à la tristesse, à savoir [à l’amour] ou au désir, et quelquefois aussi à la haine.

Mais, encore qu’elle ne soit que médiocre, elle empêche aisément que le sang ainsi venu dans les veines du visage ne descende vers le coeur pendant que l’amour, le désir ou la haine y en poussent d’autres des parties intérieures.

Et le même parait en la colère, où souvent un prompt désir de vengeance est mêlé avec l’amour, la haine et la tristesse.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 121.

Il est vrai que la haine, la tristesse et même la joie peuvent causer aussi quelque langueur lorsqu’elles sont fort violentes, à cause qu’elles occupent entièrement l’âme à considérer leur objet, principalement lorsque le désir d’une chose à l’acquisition de laquelle on ne peut rien contribuer au temps présent est joint avec elle.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 125.

Or, encore qu’il semble que le ris soit un des principaux signes de la joie, elle ne peut toutefois le causer que lorsqu’elle est seulement médiocre et qu’il y a quelque admiration ou quelque haine mêlée avec elle.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 126.

Et je n’en trouve point de propre à cela que la plus coulante partie de celui qui vient de la rate, laquelle partie du sang étant poussée vers le coeur par quelque légère émotion de haine, aidée par la surprise de l’admiration, et s’y mêlant avec le sang qui vient des autres endroits du corps, lequel la joie y fait entrer en abondance, peut faire que ce sang s’y dilate beaucoup plus que l’ordinaire ;

L’expérience aussi nous fait voir qu’en toutes les rencontres qui peuvent produire ce ris éclatant qui vient du poumon, il y a toujours quelque petit sujet de haine, ou du moins d’admiration.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 127.

De façon que la joie, la haine et l’admiration y contribuent.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 134.

Mais c’est plus ordinairement une marque de mauvais naturel, à savoir, lorsque cela vient de ce qu’ils sont enclins à la haine ou à la peur ;

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 137.

Après avoir donné les définitions de l’amour, de la haine, du désir, de la joie, de la tristesse, et traité de tous les mouvements corporels qui les causent ou accompagnent, nous n’avons plus ici à considérer que leur usage.

Car l’âme n’est immédiatement avertie des choses qui nuisent au corps que par le sentiment qu’elle a de la douleur, lequel produit en elle premièrement la passion de la tristesse, puis ensuite la haine de ce qui cause cette douleur, et en troisième lieu le désir de s’en délivrer.

Ce qui fait voir qu’elles sont toutes cinq très utiles au regard du corps, et même que la tristesse est en quelque façon première et plus nécessaire que la joie, et la haine que l’amour, à cause qu’il importe davantage de repousser les choses qui nuisent et peuvent détruire que d’acquérir celles qui ajoutent quelque perfection sans laquelle on peut subsister.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 139.

mais, d’autant qu’il n’est que la moindre, nous devons principalement considérer les passions en tant qu’elles appartiennent à l’âme, au regard de laquelle l’amour et la haine viennent de la connaissance et précèdent a joie et la tristesse, excepté lorsque ces deux dernières tiennent le lieu de la connaissance, dont elles sont des espèces.

Et lorsque cette connaissance est vraie, c’est-à-dire que les choses qu’elle nous porte à aimer sont véritablement bonnes, et celles qu’elle nous porte à haïr sont véritablement mauvaises, l’amour est incomparablement meilleure que la haine ;

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 140.

La haine, au contraire, ne saurait être si petite qu’elle ne nuise ;

Je dis qu’elle ne saurait être trop petite, à cause que nous ne sommes incités à aucune action par la haine du mal que nous ne le puissions être encore mieux par l’amour du bien, auquel il est contraire, au moins lorsque ce bien et ce mal sont assez connus.

Car j’avoue que la haine du mal qui n’est manifestée que par la douleur est nécessaire au regard du corps ;

et il n’y a rien de réel qui n’ait en soi quelque bonté, de façon que la haine qui nous éloigne de quelque mal nous éloigne par même moyen du bien auquel il est joint, et la privation de ce bien, étant représentée à notre âme comme un défaut qui lui appartient, excite en elle la tristesse.

Par exemple, la haine qui nous éloigne des mauvaises moeurs de quelqu’un nous éloigne par même moyen de sa conversation, en laquelle nous pourrions sans cela trouver quelque bien duquel nous sommes fâchés d’être privés.

Et ainsi en toutes les autres haines on peut remarquer quelque sujet de tristesse.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 141.

De façon que si nous n’avions point de corps, j’oserais dire que nous ne pourrions trop nous abandonner à l’amour et à la joie, ni trop éviter la haine et la tristesse.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 142.

Au reste, puisque la haine et la tristesse doivent être rejetées pal l’âme, lors même qu’elles procèdent d’une vraie connaissance, elles doivent l’être à plus forte raison lorsqu’elles viennent de quelque fausse opinion.

et il semble que si on ne les considère précisément que ce qu’elles sont en elles-mêmes au regard de l’âme, on peut dire que, bien que la joie soit moins solide et l’amour moins avantageuse que lorsqu’elles ont un meilleur fondement, elles ne laissent pas d’être préférables à la tristesse et à la haine aussi mal fondées :

Mais je n’ose pas dire de même de l’amour au regard de la haine.

Car, lorsque la haine est juste, elle ne nous éloigne que du sujet qui contient le mal dont il est bon d’être séparé, au lieu que l’amour qui est injuste nous joint à des choses qui peuvent nuire, ou du moins qui ne méritent pas d’être ‘tant considérées par nous qu’elles sont, ce qui nous avilit et nous abaisse.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 147.

Et lorsque nous lisons des aventures étranges dans un livre, ou que nous les voyons représenter sur un théâtre, cela excite quelquefois en nous la tristesse, quelquefois la joie, ou l’amour, ou la haine, et généralement toutes les passions, selon la diversité des objets qui s’offrent à notre imagination ;

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 150.

Et, bien que souvent l’estime soit excitée en nous par l’amour, et le mépris par la haine, cela n’est pas universel et ne vient que de ce qu’on est plus ou moins enclin à considérer la grandeur ou la petitesse d’un objet, à raison de ce qu’on a plus ou moins d’affection pour lui.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 156.

et de la haine envers les hommes, à cause qu’ils les estiment tous ;

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 158.

, ayant coutume d’être d’autant plus estimés qu’ils se trouvent en moins de personnes, et même étant pour la plupart de telle nature qu’ils ne peuvent être communiqués à plusieurs, cela fait que les orgueilleux tâchent d’abaisser tous les autres hommes, et qu’étant esclaves de leurs désirs, ils ont l’âme incessamment agitée de haine, d’envie, de jalousie ou de colère.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 160.

comme, au contraire, le mouvement qui excite l’humilité, soit vertueuse, soit vicieuse, est composé de ceux de l’admiration, de la tristesse, et de l’amour qu’on a pour soi-même, mêlée avec la haine qu’on a pour les défauts, qui font qu’on se méprise.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 162.

Car nous avons de l’amour et de la dévotion plutôt qu’une simple vénération pour celles de qui nous n’attendons que du bien, et nous avons de la haine pour celles de qui nous n’attendons que du mal ;

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 178.

La dérision ou moquerie est une espèce de joie mêlée de haine, qui vient de ce qu’on aperçoit quelque petit mal en une personne qu’on pense en être digne.

On a de la haine pour ce mal, et on a de la joie de le voir en celui qui en est digne.

car, s’il est grand, on ne peut croire que celui qui l’a en soit digne si ce n’est qu’on soit de fort mauvais naturel ou qu’on lui porte beaucoup de haine.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 180.

Pour ce qui est de la raillerie modeste, qui reprend utilement les vices en les faisant paraître ridicules, sans toutefois qu’on en rie soi-même ni qu’on témoigne aucune haine contre les personnes, elle n’est pas une passion, mais une qualité d’honnête homme, laquelle fait paraître la gaieté de son humeur et la tranquillité de son âme, qui sont des marques de vertu, et souvent aussi l’adresse de son esprit, en ce qu’il sait donner une apparence agréable aux choses dont il se moque.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 182.

L’envie donc, en tant qu’elle est une passion, est une espèce de tristesse mêlée de haine qui vient de ce qu’on voit arriver du bien à ceux qu’on pense en être indignes.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 183.

Même lorsqu’on désire pour soi le même bien et qu’on est empêché de l’avoir, parce que d’autres qui en sont moins dignes le possèdent, cela rend cette passion plus violente, et elle ne laisse pas d’être excusable, pourvu que la haine qu’elle contient se rapporte seulement à la mauvaise distribution du bien qu’on envie, et non point aux personnes qui le possèdent ou le distribuent.

Mais il y en a peu qui soient si justes et si généreux que de n’avoir point de haine pour ceux qui les préviennent en l’acquisition d’un bien qui n’est pas communicable à plusieurs, et qu’ils avaient désiré pour eux-mêmes, bien que ceux qui l’ont acquis en soient autant ou plus dignes.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 184.

Ce qui s’accorde fort bien avec ce qui a été dit ci-dessus des mouvements du sang en la tristesse et en la haine.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 195.

L’indignation est une espèce de haine ou d’aversion qu’on a naturellement contre ceux qui font quelque mal, de quelque nature qu’il soit.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 199.

La colère est aussi une espèce de haine ou d’aversion que nous avons contre ceux qui ont fait quelque mal, ou qui ont tâché de nuire, non pas indifféremment à qui que ce soit, mais particulièrement à nous.

et la haine fait que c’est principalement le sang bilieux qui vient de la rate et des petites veines du foie qui reçoit cette agitation et entre dans le coeur, où, à cause de son abondance et de la nature de la bile dont il est mêlé, il excite une chaleur plus âpre et plus ardente que n’est celle qui peut y être excitée par l’amour ou par la joie.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 201.

Car elle ne vient pas d’une profonde haine, mais d’une prompte aversion qui les surprend, à cause qu’étant portés à imaginer que toutes choses doivent aller en la façon qu’ils jugent être la meilleure, sitôt qu’il en arrive autrement ils l’admirent et s’en offensent, souvent même sans que la chose les touche en leur particulier, à cause qu’ayant beaucoup d’affection, il s’intéressent pour ceux qu’ils aiment en même façon que pour eux-mêmes.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 202.

L’autre espèce de colère, en laquelle prédomine la haine et la tristesse, n’est pas si apparente d’abord, sinon peut-être en ce qu’elle fait pâlir le visage.

  Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 15 septembre 1646.

J’ai lu le livre dont votre altesse m’a commandé de lui écrire mon opinion, et j’y trouve plusieurs préceptes qui me semblent fort bons, comme entre autres aux XIXe et XXe chapitres, qu’un prince doit toujours éviter la haine et le mépris de ses sujets, et que l’amour du peuple vaut mieux que les forteresses.

Mais, pour ses autres sujets, il doit surtout éviter leur haine et leur mépris ;

Je ne crois pas aussi ce qui est au chapitre XIX, qu’on peut autant être haï pour les bonnes actions que pour les mauvaises, sinon en tant que l’envie est une espèce de haine ;

c’est pourquoi jamais on ne doit s’abstenir de bien faire, pour éviter cette sorte de haine ;

  Correspondance, année 1647, A Monsieur CHANUT, 1er février 1647.

Et pour examiner l’origine de la chaleur qu’on sent autour du c_ur, et celle des autres dispositions du corps qui accompagnent l’amour, je considère que, dès le premier moment que notre âme a été jointe au corps, il est vraisemblable qu’elle a senti de la joie, et incontinent après de l’amour, puis peut-être aussi de la haine, et de la tristesse ;

Et s’il en est venu d’autre en sa place, qui n’ait pas été propre à nourrir le corps, elle a eu pour lui de la haine.

C’est pourquoi je passe à la troisième question, savoir, lequel des deux dérèglements est le pire, celui de l’amour, ou celui de la haine ?

Car en considérant les définitions de ces deux passions, je juge que l’amour que nous avons pour un objet qui ne le mérite pas, nous peut rendre pires que ne fait la haine que nous avons pour un autre que nous devrions aimer ;

car, voyant que l’amour, quelque déréglée qu’elle soit, a toujours le bien pour objet, il ne me semble pas qu’elle puisse tant corrompre nos m_urs, que fait la haine qui ne se propose que le mal.

car, encore même que leur haine soit juste, ils se représentent si souvent les maux qu’ils reçoivent de leur ennemi, et aussi ceux qu’ils lui souhaitent, que cela les accoutume peu à peu à la malice.

car la haine est toujours accompagnée de tristesse et de chagrin ;

d’autant qu’elle a naturellement beaucoup plus de force et plus de vigueur que la haine ;

et que souvent l’affection qu’on a pour un objet de peu d’importance, cause incomparablement plus de maux, que ne pourrait faire la haine d’un autre de plus de valeur.

Je prouve que la haine a moins de vigueur que l’amour, par l’origine de l’une et de l’autre.

Car, s’il est vrai que nos premiers sentiments d’amour soient venus de ce que notre c_ur recevait abondance de nourriture qui lui était convenable, et au contraire, que nos premiers sentiments de haine aient été causés par un aliment nuisible qui venait au c_ur, et que maintenant les mêmes mouvements accompagnent encore les mêmes passions, ainsi qu’il a tantôt été dit, il est évident que, lorsque nous aimons, tout le plus pur sang de no s veines coule abondamment vers le c_ur, ce qui envoie quantité d’esprits animaux au cerveau, et ainsi nous donne plus de force, plus de vigueur et plus de courage ;

au lieu que, si nous avons de la haine, l’amertume du fiel et l’aigreur de la rate, se mêlant avec notre sang, est cause qu’il ne vient pas tant ni de tels esprits au cerveau, et ainsi qu’on demeure plus faible, plus froid et plus timide.

et au contraire, ceux qui sont faibles et lâches, sont les plus enclins à la haine.

La colère peut bien rendre les hommes hardis, mais elle emprunte sa vigueur de l’amour qu’on a pour soi-même, laquelle lui sert toujours de fondement, et non pas de la haine qui ne fait que l’accompagner.

mais il y a de la différence entre ces passions et la haine.

Il me reste encore à prouver que l’amour qu’on a pour un objet de peu d importance, peut causer plus de mal, étant déréglée, que ne fait la haine d’un autre de plus de valeur.

Et la raison que j’en donne, est que le mal qui vient de la haine s’étend seulement sur l’objet haï, au lieu que l’amour déréglée n’épargne rien, sinon son objet, lequel n a, pour l’ordinaire, que si peu d’étendue, à comparaison de toutes les autres choses dont elle est prête de procurer la perte et la ruine, afin que cela serve de ragoût à l’extravagance de sa fureur.

On dira peut-être que la haine est la plus prochaine cause des maux qu’on attribue à l’amour, parce que, si nous aimons quelque chose, nous haïssons, par même moyen, tout ce qui lui est contraire.

Mais l’amour est toujours plus coupable que la haine des maux qui se font en cette façon, d’autant qu’elle en est la première cause, et que l’amour d’un seul objet peut ainsi faire naître la haine de beaucoup d’autres.

Puis, outre cela, les plus grands maux de l’amour ne sont pas ceux qu’elle commet en cette façon par l’entremise de la haine ;

  Correspondance, année 1648, A MADAME LA PRINCESSE PALATINE, 1er février (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 31 janvier 1648.).

La première est que je n’y saurais mettre toutes les vérités qui y devraient être, sans animer trop contre moi les gens de l’École, et que je ne me trouve point en telle condition que je puisse entièrement mépriser leur haine.

  Correspondance, année 1649, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 20 février 1649. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 22 février 1649.).

et à remercier non seulement ceux qui leur font rendre quelque chose, mais aussi ceux qui ne leur ôtent pas tout, afin d’acquérir, par ce moyen, l’amitié des uns et des autres, ou du moins d’éviter leur haine :

descartes

« LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 87. au lieu que le même désir, lorsqu'on tend à s'éloigner du mal contraire à ce bien, est accompagné de haine, de crainte et detristesse ; LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 88. Mais il suffit ici de savoir qu'il y en a autant que d'espèces d'amour ou de haine, et que les plus considérables et les plus forts sontceux qui naissent de l'agrément et de l'horreur. LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 94. C'est presque la même raison qui fait qu'on prend naturellement plaisir à se sentir émouvoir à toutes sortes de passions, même àla tristesse et à la haine, lorsque ces passions ne sont causées que par les aventures étranges qu'on voit représenter sur un théâtre,ou par d'autres pareils sujets, qui, ne pouvant nous nuire en aucune façon, semblent chatouiller notre âme en la touchant. LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 98. Je remarque, au contraire, en la haine, que le pouls est inégal et plus petit, et souvent plus vite ; LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 100. et que cependant on ne laisse pas d'avoir quelquefois bon appétit et de sentir que l'estomac ne manque point à faire son devoir,pourvu qu'il n'y ait point de haine mêlée avec la tristesse. LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 103. Au contraire en la haine, la première pensée de l'objet qui donne de l'aversion conduit tellement les esprits qui sont dans lecerveau vers les muscles de l'estomac et des intestins, qu'ils empêchent que le suc des viandes ne se mêle avec le sang enresserrant toutes les ouvertures par où il a coutume d'y couler ; d'où vient qu'ils y fortifient les idées de haine qui s'y trouvent déjà imprimées, et disposent l'âme à des pensées qui sont pleinesd'aigreur et d'amertume. LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 105. et cependant les passages par où le suc des viandes coule de l'estomac et des intestins vers le foie demeurent ouverts, ce qui faitque l'appétit ne diminue point, excepté lorsque la haine, laquelle est souvent jointe à la tristesse, les ferme. LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 108. ce qui était cause que les esprits qui montaient du coeur au cerveau excitaient en l'âme la passion de la haine. D'où vient que ces mêmes mouvements ont coutume d'accompagner la passion de la haine. LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 110. Quelquefois, au contraire, il est arrivé que le corps a eu faute de nourriture, et c'est ce qui doit faire sentir à l'âme sa premièretristesse, au moins celle qui n'a point été jointe à la haine. LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 117. Ce qui doit être attribué aux autres passions qui se joignent à la tristesse, à savoir [à l'amour] ou au désir, et quelquefois aussi à lahaine. Mais, encore qu'elle ne soit que médiocre, elle empêche aisément que le sang ainsi venu dans les veines du visage ne descendevers le coeur pendant que l'amour, le désir ou la haine y en poussent d'autres des parties intérieures. Et le même parait en la colère, où souvent un prompt désir de vengeance est mêlé avec l'amour, la haine et la tristesse.. »

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