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le théâtre et son double

Publié le 17/11/2012

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Après pas moins de quatorze pages glauques (voire dégueulasses) sur la peste et ses

effets cliniques – mentionnant notamment ce type de peste qui tue sans qu'il y ait « destruction de

matières « (c'est-à-dire de matière organique, cela compte pour la suite), Artaud en vient au fait, ou

du moins semble en venir au fait, c'est-à-dire au théâtre. Il évoque les conditions dans lesquels

meurent les pestiférés et le pillage de leurs biens par les survivants, qui « sentent bien que c'est

inutile d'en profiter «, pour expliquer que « c'est alors que le théâtre s'installe. Le théâtre, c'est-à-

dire la gratuité immédiate qui pousse à des actes inutiles et sans profit pour l'actualité. «

S'ensuit la description d'actes insensés, gratuits, parfois cruels « le continent sodomise ses proches «,

« l'avare jette son or par les fenêtres «. Artaud ne se l'explique pas et ajoute « Ni l'idée d'une absence

de sanctions, ni celui d'une mort proche suffisent à motiver des actes aussi gratuitement absurdes

chez des gens qui ne croyaient pas que la mort fût capable de rien terminer «.

« Tous égaux devant l'art L'idée que les chefs-d'oeuvre sont réservés à une élite répugne à Artaud.

Il soutient que le public a profondément le sens du sublime et que " si le public ne comprend pas Oedipe-Roi, ce n'est pas la faute du public, c'est la faute d'Oedipe-Roi.

" La foule peut atteindre à toutes les hautes idées du théâtre de Sophocle (pour Oedipe-Roi, le chaos de l'inceste) dans la mesure où toute foule sent " la peste " sur scène.

Pour ce qui est de l'idée de telle ou telle pièce, elle ne demande qu'à en prendre conscience, " il suffit de lui parler son propre langage". Nous devons faire notre propre art Artaud critique aussi l'immobilisme qu'adoptent les critiques concernant les chefs-d'oeuvre du passé et il affirme: " les chefs-d'oeuvres du passé sont bons pour le passé: ils ne sont pas bons pour nous.

" " Toute parole prononcée est morte et n'agit qu'au moment où elle est prononcée.

" Or " le théâtre est le seul endroit au monde où un geste fait ne se recommence pas deux fois " Il faut donc réhabiliter le théâtre qui est peut-être apte plus que tout autre art à restituer la réflexion de son temps.

C'est pourquoi il faut mettre fin au conformisme bourgeois qui nous pousse à idolatrer les chefs-d'oeuvres passés.

De plus, il se trouve que l'on s'est désintéressé du théâtre.

Cela parce que l'on nous a conforté dans cet image du théâtre avec le public d'un côté, prisonnier; et les acteurs de l'autre, entretenant rien de moins qu'une illusion.

Il poursuit: " Shakespeare lui-même est responsable de cette aberration et de cette déchéance, de cette idée désintéressée du théâtre qui veut qu'une représentation théâtrale laisse le public intact, sans qu'une image lancée provoque son ébranlement dans l'organisme, pose sur lui une empreinte qui ne s'effacera plus.

" On arrive là à l'idée sans doute FONDAMENTALE de la théorie d'Artaud, qui soutient que le théâtre, pour qu'il engage la conscience du spectateur, doit essentiellement tabler sur une présence PHYSIQUE, et non pas sur une théorie que le spectateur devrait intellectualiser.

On est sur ce point à l'exact opposé des idées brechtiennes.

Artaud s'oppose parfaitement à l'idée de distanciation et s'attache à cette particularité qu'a le théâtre de manifester une présence qui serait pour le spectateur la clé d'uu dévoilement.

Cela n'est pas sans rappeller Nietzsche, qui dans L'origine de la tragédie défend que le théâtre tragique est par excellence la représentation de notre condition, dont nous ne pouvons prendre conscience, sans quoi nous nous refuserions à vivre.

Artaud met un nom sur ce qui a mis fin au mystère du théâtre: la psychologie. Apparemment, il en a plus que marre des pièces psychologiques: " il me semble que le théâtre et nous-mêmes devons en finir avec la psychologie ". De même, il veut en finir avec la critique ou l'art comme activité neutre.

Il souhaite que tout cela déchaîne les passions.

(Il me semble que c'est certes bien mignon de déchainer les passions mais encore faut-il en avoir les moyens et en ce qui me concerne, la lecture critique rentre avant tout dans le cadre de mes études afin que je devienne encore plus brillant que je ne le suis.

A Artaud donc, qui ne conçoit pas ce que la réflexion sur l'art peut avoir d'alimentaire, je dis " Antonin, il faut bien que je mange plus tard! ") Quoi qu'il en soit il semble qu'il faille nous investir tous davantage dans une création moderne: " notre vénération devant ce qui a déjà été fait, si beau et si valable que ce soit, nous pétrifie, nous stabilise, et nous empêche de prendre contact avec la force qui est dessous, qu'on l'appelle l'énergie pensante, l'énergie vitale, le déterminisme des échanges, les menstrues de la lune ou tout ce qu'on. »

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