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Est-ce que l'on tombe malade comme une machine tombe en panne ?

Publié le 10/03/2004

Extrait du document

De ce fait, la connaissance des organismes relève de la physique et de la chimie.            

● La biologie proprement dite n'existe pas encore à l'époque classique, et le scientifique étudie tous les phénomènes naturels sans distinction, y compris le vivant. La mécanique et la biologie sont donc des pratiques voisines, étant donné que le vivant n'est qu'une machine perfectionnée " Considérons ce corps comme une machine qui, ayant été faite des mains de Dieu, est incomparablement mieux ordonnée, et a en soi des mouvements plus admirables." Si on ne distingue donc pas le vivant de la machine, il n'y a aucune raison que l'on différencie la panne de la maladie.      

II/ L'identification n'est valable que pour un point de vue mécaniste :                

La panne et la maladie sont deux phénomènes identiques, uniquement du point de vue mécaniste, c'est-à-dire uniquement si l'on assimile la machine au vivant. Cependant, il est possible de noter des différences entre les deux situations.            

● Ainsi, la panne de la machine signe l'arrêt complet du mécanisme, alors que la maladie laisse l'organisme vivre - ne pas confondre maladie et mort. Les causes de la panne sont différentes de celles de la maladie : cette dernière peut être due (ex des problèmes psychologiques) à un contexte social ou à des angoisses qui ne viennent pas de l'extérieur, tandis que la machine tombe en panne à cause de l'environnement physique. L'organisme peut quant à lui s'adapter à ces changements extérieurs.

Puisque le corps est une machine certes complexe, il peut tomber en panne et être réparé comme n'importe quelle machine. Un organe atteint par une maladie est comparable à une pièce de moteur hors d'usage.

MAIS...

Parce que l'organisme possède des propriétés vitales particulières, on ne peut pas le comparer à une machine. Il est capable de lutter contre la maladie (système immunitaire). Aucune machine ne peut d'elle-même lutter contre une panne et la réparer.

« Si comme le montre Kant le vivant et la machine sont différents, alors la panne et la maladie le sont aussi.

Le jugement téléologique a pour objet la finalité dans les êtres naturelsorganisés.Comment, sans faire référence à un auteur intelligent de la nature, ce quenous interdit la Critique de la raison pure, rendre compte de l'harmonie auto-organisatrice qui se manifeste chez les êtres vivants ? Inversement, alors quela position philosophique du mécanisme pense pouvoir rendre compte desêtres organisés comme s'ils étaient des êtres artificiels, comme une montre,par exemple, l'univers étant une vaste horlogerie, Kant souligne l'irréductibilitédu vivant à ce modèle.

Un être vivant semble, à la différence d'une montre,pouvoir se reproduire lui-même, se réparer lui- même, comme si le tout et lesparties étaient dans un lien d'implication causale réciproque et intentionnelle,et pas seulement le produit d'un jeu de causes aveugles.

Il faut donc aussiéviter la solution strictement mécaniste.

Il faut supposer l'idée d'une finnaturelle qui seule peut rendre compte des spécificités observables chez lesêtres organisés.

Cette idée de fin naturelle n'est cependant qu'une idéerégulatrice de la faculté de juger et non une idée constitutive del'entendement. Le jugement téléologique n'est qu'un guide dans la connaissance desêtres animés.La dialectique du jugement téléologique met en scène l'antinomie opposantd'une part la thèse d'un mécanisme aveugle pour toutes les choses de lanature, et d'autre part l'idée selon laquelle seule une cause finale rend possible certains de ces êtres, justement lesêtres organisés.

La solution de l'antinomie tient en ce que la finalité n'est justement qu'un concept de la faculté dejuger et non de l'entendement : il ne peut servir que de fil conducteur subjectif pour assembler des mécanismespartiels et saisir le fonctionnement global d'un être organisé. Il faut distinguer cet usage cognitif de la finalité objective interne dans chaque être organisé avec lafinalité externe qui lie les différentes parties de la nature prise comme un tout.Les êtres organisés semblent avoir été faits comme s'ils étaient les uns pour les autres fin et moyen.

Seul l'hommeet son développement comme être de culture pourvu d'une valeur morale absolue peut apparaître comme la findernière de la nature, justifiant une téléologie de l'histoire humaine s'accomplissant dans le déploiement del'humanité de l'homme.

III/ La différence entre la panne et la maladie est une différence de nature : Alors que la panne est simplement le contraire de l'état de marche, on ne peut pas en dire autant de lamaladie.

En effet, cette dernière n'est pas un autre état, complètement différent, elle se caractérise plutôt parl'écart par rapport à un certain nombre de normes.

● Ainsi, la différence fondamentale entre la panne et la maladie tient à l'idée de norme.

Cf.

Canguilhem dansLe normal et le pathologique ou La connaissance de la vie.

La vie est une activité normative et polarisée, dont lesdeux pôles sont la maladie et la santé.

Si un organisme en bonne santé est celui qui est adapté à son milieu, et quipeut en suivre les modifications, la maladie implique que l'on s'écarte de la norme ou que l'on change de norme.

à La machine, elle, ne s'écarte pas des lois naturelles, elle ne connaît pas l'idée de norme.

La panne est l'inverse dufonctionnement, alors que la maladie n'est pas l'inverse de la vie, c'est une autre allure de la vie, un autre normal,une pathologie .

" Il n'y a pas de pathologie mécanique.

[...] il n'y a pas de distinction entre le normal et le pathologique en physique et en mécanique." ● Alors que la panne de la machine est un état stable, un désordre que le mécanisme ne cherche pas àrétablir de lui-même, la maladie est un phénomène qualitatif anormal qui se caractérise par un effort de la naturepour obtenir un nouvel équilibre.

C'est une nouvelle norme de vie, et non pas un désordre -" le malade est normaliséds des conditions d'existence définies." – même si cette autre allure de la vie est inférieure à la précédente parcequ'elle réduit la marge de tolérance des variations du milieu, et que toute modification du milieu peut être fatale.

Conclusion : La panne et la maladie sont donc de nature différente, puisque le vivant et la machine sont différents.. »

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