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Est-on toujours seul ?

Publié le 22/02/2012

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Pour toute conscience de soi, il y a une autre conscience de soi ; autrement dit, chaque conscience ne peut avoir l'intuition de soi que dans une autre conscience. Chacun ne peut se saisir comme conscience que dans la conscience de l'autre où il se reconnaît d'abord comme identique. Mon Je est le même que le Je de l'autre. Mais l'un n'est pas l'autre : chacun est l'un pour l'autre une présence concrète et objective, et chacun exige de l'autre d'être reconnu comme conscience de soi, c'est-à-dire comme conscience autonome et libre. La conscience ne peut être qu'à la condition d'être reconnue, mais cette reconnaissance doit être celle de ma propre liberté, de mon autonomie, une reconnaissance de moi en tant que sujet. Je ne suis pas une simple présence concrète, je suis plus que cela. Afin d'être reconnue comme conscience libre, chaque conscience doit se représenter pour l'autre, comme "libérée de la réalité naturelle présente". Aucune conscience n'est donc immédiatement donnée. Sans être reconnue par une autre conscience, ma conscience n'est rien. Mais pour être reconnue en son essence, la liberté, elle doit nier son pur être-là immédiat, autrement dit se transcender.

« semble alors naturelle à l'homme, tel le dit Aristote de sa thèse anti-individualiste: « Personne ne choisirait deposséder tout les biens de ce monde pour en jouir seul, car l'homme est un être politique et naturellement fait pourvivre en société ».

On entend par là, d'après l'anthropologie aristotélicienne, que « l'homme est un être inachevén'ayant pas de réalité hors des relations sociales et politique» .

L'homme ne peut s'épanouir et être heureux sans lesautres et pourtant cette solitude peut, en un sens limité, se révéler bénéfique à tout être souhaitant d'avantageépanouir ses facultés d'homme.

Lorsque l'on fait l'expérience de demander à des enfants ce qui les angoisse le plus,la plupart répondrons qu'ils craignent la mort de leur parent et ainsi, rester seul au monde.

La solitude angoisse, etde cette crainte s'associe de très près la mort.

On le voit par ailleurs avec la religion qui veut qu'un Dieu veilleconstamment sur nous telle une figure paternelle.

De plus, là où certains disent que la mort est synonyme de videabsolu, de néant, d'autres croient en l'existence d'un paradis où l'on rejoindra nos défunts ancêtres.

« L'absencec'est Dieu.

Dieu c'est la solitude des hommes » disait Sartre.

De cette crainte naît une forme de conformisme oùl'homme est en perpétuelle recherche d'être rattaché à un groupe, qui implique à ne pas sortir de la norme imposéepar la majorité.

Hobbes insiste dans cette optique, dans le traité de la nature humaine, sur l'idée de lareconnaissance d'autrui.

Par cela il s'oppose à la pensée d'Aristote selon laquelle l'homme est un animalnaturellement sociale puisqu'en effet pour Hobbes, c'est l'homme qui crée la société par son état de nature.

Ils'agirait alors d'un « état de guerre de tous contre tous » où « l'homme est un loup pour l'homme » de manière à ceque chacun puisse revendiquer sa supériorité sur l'autre. Hobbes veut être le Galilée de la science politique, par l'application des principes de la physique à la société.

Il neconsidère que les forces en présence, portées par les individus.

L'état de nature – fiction théorique et nondescription historique – représente l'état des forces individuelles en l'absence de tout pouvoir politique.Dans cet état, chaque individu poursuit sa conservation, poussé par trois passions fondamentales : la peur de lamort violente, la soif de pouvoir et la défiance à l'égard d'autrui (possible agresseur).

Pour assurer sa sécurité,chacun dispose d'un droit illimité sur toutes choses et tout homme.

C'est le droit de nature.Tout est permis, jusqu'au meurtre.

L'état de nature, c'est la guerre.

Mais tous y sont égaux, car la force estinstable : celui qui domine aujourd'hui peut être surpassé demain par une alliance ou par une ruse.

Rien n'est sûr, lacrainte est générale. L'homme est défini comme un être du désir mais aussi comme un être qui exige un besoin de gloire et donc, depouvoir.

C'est par ce pouvoir que s'associe ce besoin de reconnaissance.

Cependant et par exemple, à trop vouloirtoucher le sommet certains finissent par tomber de ce consenti qui les empêchent, à terme, de trouver un « retoursur soi ».

La solitude se soumet ainsi à la nécessité de l'homme à ouvrir son être véritable.

Au cours de sa vie, l'êtreva constamment suivre différents chemins proposés par des structures sociales, culturelles ou même religieuses,pour lutter contre cette souffrance que l'on a à nous décentrer de nous-même.

Ces chemins se révèlent à nouscomme des messages incitant à aller à l'encontre de nos volontés intérieures, par exemple les sensations.

Lasolitude nourrit l'imagination et se présente comme un moi authentique.

Les personnes qui apprécient l'exercicesolitaire de leur imagination peuvent ainsi acquérir une riche créativité.

C'est de cette façon que le divan est, enpsychanalyse, utilisé : l'interdiction du contact oculaire entre patient et médecin permet d'encourager l'analysé à sedétendre et ainsi, mieux se concentrer sur son propre univers intérieur ; la solitude est reproduite.

Il semble doncqu'un développement de la faculté d'être seul soit nécessaire pour que l'individu réalise pleinement son potentiel.C'est alors que la solitude s'impose à celui voulant observer qui il est.

Elle devient un plaisir quand elle débouche surla considération de soi, mais elle peut tout autant être insupportable: le risque est celui de l'ennui.

L'homme ne peutpasser son temps à observer son sort, et ce qu'appel Pascal, « sa misère ».

De cette manière, nous avons besoin denous divertir pour oublier la condition de l'homme de n'être qu'un parmi d'autre.

« L'homme ne veut qu'être heureux »et cède à des occupations diverses.

Nul ne peut de fait échapper au divertissement qui est une sorte de réflexe desurvie, puisqu'en effet la mort et la solitude sont deux choses qui paraissent plus à même à supporter lorsque l'on yaccorde moins de temps à y penser, « car il est malheureux, tout roi qu'il est, si il pense » .

Pour conclure, de nosfacultés à exercer la solitude à notre avantage ou de la subir, l'homme reste « seul et sans excuse », d'aprèsSartre, dans L'existentialisme est un humanisme .

Et même si nous sommes prédestinés à vivre en société ou faisonspar état de nature une perpétuelle recherche de reconnaissance, il ne faut en aucun cas attendre le salut si l'onveut être heureux.

Une fois jeté dans le monde, l'homme est responsable de ce qu'il fait, consciemment ou non, etse retrouve seul face à ses échecs ou par exemple lorsqu'il doit faire face à un deuil.

L'homme semble alors toujoursseul, dans sa conscience, dans sa vie, mais exerce cependant le besoin de ne jamais y penser.

Il n'est pas fait pourvivre seul, mais cette coexistence a souvent effet d'exploitation des uns par les autres, en ce sens ; est-ce dans lasolitude que l'on prend réellement conscience de soi?. »

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