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Tout pouvoir est-il nécessairement répressif ?

Publié le 07/07/2009

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   Le pouvoir est l’effet d’un domination sur un objet ou une personne. Le pouvoir se nourrit de l’ordre. Il ne peut donc tolérer le désordre ou toute déviance face à son pouvoir au risque sinon de voir son pouvoir annulé. Dès lors, le pouvoir semble agir par essence, nécessairement, par la contrainte, c’est-à-dire par l’usage d’une force ou de violence, ce qui en fait proprement un pouvoir répressif. Pourtant, si par pouvoir, nous entendons le pouvoir politique, ne faut-il pas reconnaître qu’il n’a pas nécessairement un but répressif et de domination mais bien de promouvoir la liberté de tous au sein d’un ordre public. La question se pose alors à la disjonction de ces deux versants du pouvoir. En effet, l’ordre public doit être sauvegarder et les lois respectées tout en offrant un maximum de libertés possibles pour les citoyens. C’est bien ce qu’il s’agit de déterminer.

            Dès lors, si le pouvoir porte en lui un côté répressif (1ère partie), il a aussi pour but la liberté de tous (2nd partie), ce qui nécessite alors de dépasser le paradoxe entre contrainte et liberté (3ème partie).

« est le suivant : « Agis extérieurement de telle manière que l'usage de ton arbitre puisse coexister avec la liberté detout homme selon la loi universelle ».b) Kant dans le texte Théorie et Pratique explique que l'Etat kantien, et le pouvoir, est tout orienté vers la réalisation d'un seul et unique objectif : la réalisation de la liberté.

On peut le percevoir notamment à travers ladéfinition même du droit puisque c'est l'ensemble concept des conditions sous lesquelles l'arbitre de l'un peut êtreconcilié avec l'arbitre de l'autre selon une loi universelle de la liberté.

Le droit rend donc possible la liberté.

Et le droitémane de l'Etat et de la volonté du législateur.

Or le droit, la loi est une contrainte sur l'usage personnel de laliberté.

De là la définition du juste dans la Doctrine du droit §B : est juste « toute action qui peut faire coexister la liberté de l'arbitre de chacun avec la liberté de tout autre selon une loi universelle, ou dont la maxime permet cettecoexistence ».

La maxime, ou l'impératif du droit est ici un cadre, une limite formelle de l'action : elle est unecontrainte.

Pourtant c'est bien elle qui rend possible l'usage de la liberté.c) Bien plus, c'est par cette usage de la liberté que peut se développer l'autonomie du sujet.

En effet, la moralekantienne insiste sur ce point : « Devoir ! Nom sublime et grand, toi qui renferme rien en toi d'agréable, rien quiimplique insinuation, mais qui réclames la soumission… quelle origine est digne de toi, et où trouve-t-on la racine deta noble tige ? », Kant , Critique de la raison pratique .

Le pur devoir a priori commande catégoriquement.

L'impératif catégorique est le seul purement moral.

Le « tu dois » représente une des expériences fondamentales de laconscience morale.

Le devoir exprime une obligation qui n'a rien à voir avec la nécessité ou la contrainte.

Car ce quiest obligatoire peut être fait ou ne pas fait, alors que je ne puis en aucun cas me soustraire à ce qui est nécessaire.L'obligation morale et le devoir sont libres ; au contraire, devant le nécessaire, la volonté doit s'incliner.

Transition : Ainsi le pouvoir n'est pas nécessairement répressif.

Il doit aussi, s'il est légitime et légale, viser le bien de tous et ledroit, donc la justice.

En ce sens, il est au cœur même de la liberté même s'il use de contrainte pour faire respectercette liberté.

III – Pouvoir : entre contrainte et liberté a) L'usage de la contrainte est essentiel à l'existence de la liberté.

Rousseau au livre I, ch.

7 du Contrat social écrit : « Afin donc que ce pacte social ne soit pas un vain formulaire, il renferme tacitement cet engagement, quiseul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera d'obéir à la volonté générale, y sera contraint partout le corps; ce qui ne signifie autre chose sinon qu'on le forcera à être libre, car telle est la condition qui, donnantchaque citoyen à la patrie, le garantit de toute dépendance personnelle, condition qui fait l'artifice et le Jeu de lamachine politique, et qui seule rend légitimes les engagements civils, lesquels, sans cela, seraient absurdes,tyranniques, et sujets aux plus énormes abus.

» La question ici est bien de voir que l'usage répressif qu'a le pouvoircomme contrainte dans le cadre de loi a un sens.

Le concept de répression n'est pas entièrement négatif.b) La question de liberté et de la politique, donc de la liaison de l'obéissance, de contrainte et de la liberté,contenant la dialectique du pouvoir de la répression, peut se comprendre alors à la manière de Montesquieu dans le livre XI de De l'esprit des lois .

A cette occasion, Montesquieu s'interroge sur les rapports entre constitution et liberté à travers la question de la liberté politique donc du lien entre obéissance et liberté.

Et l'on peut en dégagerplusieurs thèses fondamentales nous permettant de saisir comment et pourquoi l'expression « libre obéissance » a unsens et que la liaison contrainte liberté est possible.

Etre libre politiquement, ce n'est pas faire ce que l'on veut.

Laliberté dans la société civile est toujours limitée en raison même de l'existence d'une pluralité de volontés et delibertés concurrentes.

La répression est nécessaire si elle vise le bien commun.

En ce sens, « dans un Etat, c'est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu'à pouvoir faire ce que l'on doit vouloir, et àn'être point contraint de faire ce que l'on ne doit pas vouloir ».

Il y a donc une distinction nécessaire entreobéissance, contrainte et répression, cette dernière plus directement en conflit avec la liberté bien qu'elle soitnécessaire dans l'ordre social.

Ainsi, la liberté se définit comme le droit de faire tout ce que les lois permettent.

Eneffet, si un citoyen pouvait faire ce qu'elles défendent, il n'y aurait plus alors de liberté, parce que le autres auraientaussi ce pouvoir.c) En effet, comme le note Max Weber dans le Savant et le Politique : « S'il n'existait que des structures sociales d'où toute violence serait absente, le concept d'État aurait alors disparu et il ne subsisterait que ce qu'on appelle,au sens propre du terme, l' « anarchie ».

La violence n'est évidemment pas l'unique moyen normal de l'État - cela nefait aucun doute -, mais elle est son moyen spécifique.

De nos jours la relation entre État et violence est toutparticulièrement intime.

Depuis toujours les groupements politiques les plus divers - à commencer par la parentèle -ont tous tenu la violence physique pour le moyen normal du pouvoir.

Par contre il faut concevoir l'État contemporaincomme une communauté humaine qui, dans les limites d'un territoire déterminé - la notion de territoire étant une deses caractéristiques -, revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime” au sens “propre” ou étymologique : où il n'y a pas de pouvoir ».

La violence a donc un sens au sein du politique.

Elle est au cœur de sa définition mais ne la résume pas.

La répression n'est pas l'essence de la politiquemais d'une certaine manière un mal nécessaire.

Sans elle point d'Etat ou de loi.

La question de la légitimité estimportance ici parce qu'elle délimite un usage normal et normé de la violence ou de la répression, c'est-à-dire unelimite tant juridique qu'éthique de la violence en vue de la liberté de tous.

Autrement dit, une répression libératrice.

Conclusion : Tout pouvoir n'est donc pas nécessairement répressif.

La répression vient de la contrainte et de la violenceinhérente au respect de la loi et du bien de tous, au risque sinon d'annihiler ce pouvoir.

La répression est la réponse. »

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