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Le Tout sur le tout de Calet

Publié le 28/03/2013

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Henri Calet, né à l'orée du siècle, romancier et journaliste, notamment à Combat, ne relève d'aucune école: on ne lui connaît pas de maître. Ses amis écrivains et poètes s'appelaient André Gide, Michel Leiris, Francis Ponge, Jean Paulhan, Georges Henein. Le Tout sur le tout parut en 1948 ; il en fut question pour le prix Goncourt, que remporta finalement Maurice Druon.

« « Les client s avaient tous la même tendance à s'es quiver sans donner de pourboire ...

» EXTRAITS La vie est un songe J'ai vécu comme j'ai joué -fiévreusement­ }' ai perdu ; j'ai procédé sans aucune méthode, j'ai misé là aussi le tout sur le tout, jour après jour, cela finit par peser lourd ; on dirait déjà les premières pelletées qui tombent ...

La vie, en définitive, c'est vite fait et c'est bientôt dit.

La vie, un petit mot d'une syllabe, presque un soupir.

Avoir vingt ans ; ont est à la tê­ te de beaucoup de choses.

Mais« avoir» quarante ans, c'est ne plus rien avoir.

Zéro de conduite Je devrais avoir de /'expérience plein la bouche , autant que de cheveux blancs sur la tête.

Et pourtant , j'ai vieilli sans avoir bien compr is les choses et les gens.

Non, je ne sais rien.

A peine saurai-je faire une division.

Je ne co nnais plus le système métrique ni le système planétaire.

Je ne pourrai rien dire sur le Soleil ou sur la Lune, ni pourquoi ils sont là, ces astres.

Je vois bien qu'une journée pas se et que la nuit lui succède, mais je suis empêché d'expliquer comment l'une glisse sur l'autre.

J'aperçois la Lune au ciel, pareille à un grand zéro blanc ...

Zéro, c'est tout ce que je mérit e.

Paris chevillé au cœur Je co nnais cette ville à fond ; je pourrais la démonter pierre à pierr e et la rebâtir ailleurs.C'est ce que}' ai fait lorsque}' ai dû m 'éloigner d 'elle.

Paris des douze mois de l'année, Paris c hangeant , Pari s des quatre saisons, Paris de poche, Paris de tous les jours , Paris à vol d 'oisea u, Paris dans un rectang le de verre à vitre, Paris du matin, Paris la nuit, Paris à la lune , Paris en chanson, Paris à l'arc­ en-ciel, Paris aux cent mille pipes, Paris bleu de gel, Paris en rose, Paris transpa­ rent, Paris qui sue, Paris à la neige, Pari s en voile d'épousée, Paris en toilette du soir, Paris paré de ses étoiles, Pari s en petite robe de semaine, Paris emmitouflé dans ses écharpes de brume, Paris pauvre, aban­ donné, inhabité, obscurci, bombardé, Pari s riche, Paris bannières au vent ...

Je me suis coiffé de cette vill e, ell e me botte parfaitement, elle est à ma taille.

Je l'ai vue sous toutes les coutures.

C'est une intimité sans plus aucun secret.

Paris en chemise, Paris à poil .

Je m 'en fais un tour de cou ...

C'est entre nous à la vie à la mort ( la vie pour elle, la mort pour moi).

« Nous essayâmes de nous amu ser.

C'éta it l e 14-Juillet.

» Gallimard, 1948 NOTES DE L'ÉDITEUR «Le Tout sur le tout est achev é (dep uis hier ), expédié à la N.R.F.

L'écrire m'a donné beaucoup de ma l.

Je lui en garde rancune.

Cela passera.

» Lettre de Henri Calet à Geor ges Hen e in, le 31janvier1948 .

et, en son recueil Le Tout sur le tout, il a rappe lé en s'en faisant l 'application, ce distique d'une ch an sonnette comique d'avant 14, qu'il avait entendue à !'Eldorado : o n ne fera que le pas ticher.

..

Quel délicieux p eintr e du petit peuple de nos rues, quel t é moin sensible de la condition humaine des sa ns-e spoir ! » Ren é-Léon Cottard, Revue « Ce fut le plu s délici eux chroniqueur de notre x1ve, où il habit ait, au 26 de la rue de la Sablière .

Il était du reste né su r no s frontières, exactement à la clinique Tarnier, 1 D.R.

2.

3, 4 il/u sLrations de Jean ·Ja cque s Menn e ll.

Payot.

Lausann e.

19 45 C'est dans la nuit que j'ai vu !'jour , Dan s l' quartier du Luxembourg . ..

Des écriva ins comme Calet sont définitifs en le ur genre : on pourra parler aussi bien que lui , peut-être, de l'avenue d'Orl éans ; d' Hi stoire du XJVe, n°13, 1968 .

«Bien plus encore que de Céline ou de Chaplin (comme on l 'a dit) oh, bien plus proche , c'est sûr, de Fénéon et de Satie .» Francis Ponge, prière d'insérer de La Bell e Lur ette, Henri Calet, Gallimard , 1981.

CALET02. »

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