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Est-ce toute notre connaissance dérive de l'expérience ?

Publié le 19/03/2004

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La source première et unique de nos connaissances provient de nos sensations, de l'expérience que nous avons des choses matérielles, ainsi que des modes de fonctionnement de notre esprit. Mais, l'expérience ne suffit pas à expliquer comment l'esprit est capable de comprendre le réel. Expérience et sensations sont trompeuses. Seule l'intelligence peut les corriger en les unifiant et les coordonnant.

« l'expérience?La connaissance empirique repose sur des généralisations obtenues à partir de multiples expériences singulières.Autrement dit, elle repose sur l'induction.

Or, l'induction est un processus dont la légitimité est contestable.

Eneffet, admettons que nous percevions vingt fois un objet lâché dans le vide tomber avec une vitesse indépendantede sa masse.

Autrement dit, nous voyons vingt fois qu'un objet de dix kilogrammes tombe dans le vide avec la mêmevitesse qu'un objet vingt fois moins lourd.

Pouvons-nous en déduire une loi générale selon laquelle tous les objetslâchés dans le vide a) tombent et b) acquièrent une vitesse indépendante de leur masse? Si c'est le cas, nouspouvons prédire que si nous refaisons une nouvelle fois l'expérience en question, nous devrions obtenir exactementle même résultat.

Or, rien ne garantit cela : à considérer chacune de nos expériences singulières, nous ne trouvonsrien qui nous assure que le résultat de chaque expérience est nécessaire.

Autrement dit, chaque expérience peutêtre un fait qui n'est pas nécessaire et qui donc ne se reproduira pas si nous recommençons l'expérience.

Nouspouvons multiplier le nombre d'expériences, jamais nous ne pourrons établir la nécessité du résultat de l'expérience.Si c'est le cas, comment formuler des généralisations empiriques? Cette énigme de l'induction rend problématique la constitution d'une science empirique : comment nosgénéralisations empiriques, obtenues à partir de nos connaissances d'expérience, pourraient-elles être justifiées?Mais, en réalité, ce que révèle l'énigme de l'induction, c'est peut-être moins le caractère injustifié ou paradoxal detoute connaissance empirique, que l'existence, au sein même des sciences empiriques, de connaissances qui neproviennent pas de l'expérience.

En effet, nous pouvons passer de la perception répétée de la chute des corps dansle vide à une généralisation sur le mouvement en chute libre des corps, parce que nous savons qu'il existe unprincipe de causalité : tout effet est déterminé nécessairement par une cause.

Si tel est le cas, le mouvement despierres en chute libre doit, comme tout effet dans la nature, être le résultat nécessaire d'une cause.

Cela seuljustifie l'énoncé de généralisations empiriques.

Mais ce principe de causalité ne peut lui-même, sous peine decircularité, être dérivé de l'expérience : comment pourrions-nous induire le principe qui est censé rendre possiblel'induction ? C'est donc un principe qui est connu a priori.Les sciences empiriques reposent ainsi sur des connaissances a priori, donc indépendantes de l'expérience.

Commele dit Kant dans l'introduction de la Critique de la raison pure, « bien que toute notre connaissance commence avec l'expérience, elle ne résulte pas pour autant toute de l'expérience ».

Il n'y apas de connaissance empirique sans l'expérience, mais les généralisations dessciences empiriques supposent l'existence de connaissances qui neproviennent pas de l'expérience. La raison peut atteindre, dans le réel, ce à quoi elle donne elle–mêmesa forme. «Nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes.» Kant, Critique de la raison pure (1789). • La «révolution copernicienne» opérée par Kant est la suivante: le réelconnaissable n'est pas indépendant de l'esprit, c'est l'esprit qui lui donne saforme.

Nous ne sommes pas passifs face au monde: c'est nous qui lui donnonsles formes sous lesquelles nous le connaissons. Dans la Critique de la Raison Pure, Kant compare sa méthode à celle deCopernic.

Le savant polonais mit enfin l'astronomie sur la voie de la sciencemoderne lorsqu'il plaça le soleil au centre de son astronomie et en délogea laTerre (héliocentrisme).

Kant compare le décentrement opéré par Copernic ausien propre: jusqu'alors, on a cherché à résoudre le problème de laconnaissance en faisant tourner le sujet autour de l'objet.

Décentrons l'objet,replaçons au centre le sujet qui connaît et mettons l'objet connu à la périphérie.

Ainsi, affirme Kant, nous pourronssavoir en quoi la connaissance consiste au juste et quelles en sont les limites. • Dans cette perspective, Kant distingue la raison de l'entendement: l'entendement est l'ensemble des catégoriesqui façonnent le réel.

Tant que la raison se borne à connaître le réel selon les catégories de l'entendement, ellereste dans les limites dans lesquelles la connaissance est possible.

Mais la raison peut aussi s'aventurer à spéculeren-dehors de ces catégories.

Elle sort alors des limites de la connaissance et construit des raisonnements qui nepeuvent pas être vérifiés (par exemple sur l'existence de Dieu...).

D'où le désordre et les débats sans fin entre lesphilosophes.

Le but de Kant dans la Critique de la raison pure est d'examiner les limites de la raison et de mettre finà ces débats. Pourtant, doit-on nécessairement supposer de telles connaissances?La supposition de ces connaissances non empiriques comme fondements des généralisations inductives repose surl'idée que l'expérience est la source de nos connaissances empiriques.

En effet, si cela est le cas, si la scienceempirique repose sur des généralisations obtenues par l'induction à partir de connaissances d'expérience, la scienceempirique n'est justifiée que si nous avons une connaissance de principes a priori, comme le principe de causalité.Nous voudrions. »

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