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Toute science est-elle acquise par démonstration ?

Publié le 27/02/2008

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Alors que la pensée commune affirme ce qu'elle tient pour vrai sans chercher à le prouver, la pensée rationnelle s'efforce de rendre raison de ce dont elle parle. Et elle le fait soit en montrant que ce qu'elle affirme correspond bien à ce qui est, soit en montrant que cela correspond bien à ce que l'on sait déjà par ailleurs. On réservera le nom de démonstration à ce dernier mode de justification. On peut définir la démonstration comme le raisonnement par lequel la vérité d'une proposition est tirée de la vérité d'une autre. On donne alors à la proposition que l'on démontre le nom de conclusion, et à celles qui servent à la démonter le nom de prémisses. La démonstration consiste donc en une inférence, qui fait reposer la validité d'un raisonnement dans le passage rigoureux de propositions à propositions soit par la déduction, qui consiste à tirer les conséquences nécessaires de propositions initiales, ou l'induction, qui consiste à affirmer d'une classe ce qui a été établi pour chaque élément de cette classe. Dés lors la science véritable semble avant tout être démonstrative. Mais le problème c'est qu'il y a des sciences qui se fondent non sur la raison et la démonstration mais sur l'autorité. Dés lors la démonstration n'est pas nécessairement le critère distinctif de la science. Plus encore, la plupart des sciences n'avance pas par un raisonnement déductif mais par expérience et donc par hypothèse.

« maîtresse: dans la religion chrétienne : « pour donner la certitude entière des matières les plus incompréhensibles àla raison, il suffit de les faire voir dans les livres sacrés.

» Les science expérimentales sont hypothétiques et non démonstratives Il est des sciences qui avancent non par démonstration mais par hypothèses, et qui ne sauraient conquérir leurvalidité autrement.

D'ailleurs Duhem considère que l'expérience ne nous dit jamais où est l'erreur : “ le physicien ne peut jamais soumettre au contrôle de l'expérience une hypothèse isolée, mais seulement tout un ensembled'hypothèses ; lorsque l'expérience est en désaccord avec ses prévisions, elle lui apprend que l'une au moins deshypothèses qui constituent cet ensemble est inacceptable et doit être modifiée ; mais elle ne lui désigne pas cellequi doit être changée ” (Duhem, La Théorie Physique , Vrin, 1989, p.

284).

Ce qui justifie la méthode déductive et qui condamne la méthode inductive, c'est la nature même de l'expérience de physique, qui substitue au fait réel observéun fait théorique : le fait expérimental n'est pas seulement constaté, il est aussi interprété, abstrait.

L'expérience adonc le pouvoir de confirmer une théorie mais pas celui de la réfuter.Plus encore la théorie de l'expérience cruciale défendue en tout premier lieu par Bacon, selon un raisonnement qui ala même structure que ce qu'on appelle raisonnement par l'absurde en mathématiques.

L'expérience se voit conférerle pouvoir, non plus de vérifier, mais, à l'inverse, de réfuter une théorie.

C'est ce qu'exprime Popper qui affirme lapossibilité d'expériences cruciales susceptibles de réfuter une théorie.

Ainsi fait-il même de la falsifiabilité le critèremême de l'énoncé scientifique : “ c'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système, qu'il faut prendre comme critère de démarcation ” (Popper, La Logique de la découverte scientifique , Payot, 1978, p.

38). L'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente.

Les théories n'ont qu'une valeur provisoire.

Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions.

Tout succèsscientifique ouvre plus de questions qu'il n'en clôt.

Faut-il pour autant sombrer dans le scepticisme et affirmer qu'iln'y a rien qui vaille vraiment ? Comment distinguer, dès lors, la véritable science de la métaphysique ou des pseudo-sciences comme l'alchimie ou l'astrologie ? Et que penser des sciences humaines ? La psychanalyse, la théorie del'histoire de Marx peuvent-elles prétendre légitimement à la scientificité ? Popper , dans « Logique de la découverte scientifique » propose un critère de démarcation, capable d'établir, de manière concluante, la nature ou le statut scientifique d'une théorie.

Il écrit : « C'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère de démarcation.

En d'autres termes, je n'exigerai pas d'un système scientifique qu'il puisseêtre choisi, une fois pour toutes, dans une acception positive mais j'exigerai que sa forme logique soit telle qu'ilpuisse être distingué, au moyen de tests empiriques, dans une acception négative : un système faisant partie de lascience empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.

» A l'époque de Popper , on affirmait généralement que ce qui distinguait la science des autres disciplines, c'était le caractère empirique de sa méthode.

Autrement dit, en multipliant les observations et les expériences, lesavant en tirait, en vertu du fameux principe d'induction, des lois qu'il considérait comme nécessaires etuniversellement valides.

Partant de là, les néopositivistes soutenaient que tout ce qui n'est pas vérifiable est« métaphysique » et doit être éliminé de la science.

Or, comme le souligne Popper , l'induction, qui consiste à inférer une règle universelle à partir d'une multitude de cas particuliers et donc des théories à partir d'énoncés singuliersvérifiés par l'expérience, est une démarche logiquement inadmissible : « Peu importe le grand nombre de cygnes blancs que nous puissions avoir observé, il ne justifie pas la conclusion que tous les cygnes sont blancs. » Aussi Popper affirme-t-il qu'aucune théorie n'est jamais vérifiable empiriquement et il distingue trois exigences auxquelles devra satisfaire ce qu'il appelle un « système empirique » ou scientifique : « Il devra, tout d'abord, être synthétique, de manière à pouvoir représenter un monde possible, non contradictoire.

En deuxièmelieu, il devra satisfaire au critère de démarcation, c'est-à-dire qu'il ne devra pas être métaphysique mais devrareprésenter un monde de l'expérience possible.

En troisième lieu, il devra constituer un système qui se distingue dequelque autre manière des autres systèmes du même type dans la mesure où il est le seul à représenter notremonde de l'expérience.

» La troisième exigence est la plus décisive.

Comment, en effet, reconnaître le système qui représente notre mondede l'expérience ? La réponde de Popper est la suivante : par le fait qu'il a été soumis à des tests et qu'il y a résisté. Cela signifie qu'il faut appliquer une méthode déductive.

En d'autres termes, si nous ne pouvons exiger des théoriesscientifiques qu'elles soient vérifiables, nous pouvons exiger d'elles qu'elles soient mises à l'épreuve.

Il s'agit pourcela de déduire de la théorie examinée des énoncés singuliers ou « prédictions » susceptibles d'être facilement testés dans l'expérimentation.

Une théorie qui ne résiste pas aux tests sera dite « falsifiée » ou « réfutée » par l'expérience.

Si elle passe l'épreuve des tests, elle sera considérée comme provisoirement valide jusqu'à ce qu'elleéchoue à des tests ultérieurs ou qu'une théorie plus avantageuse apparaisse. Ainsi alors que, jusqu'ici, une théorie était considérée comme vraie parce qu'elle était confirmée par de nombreuses observations et expérimentations, c'est aux yeux de Popper la « falsifiabilité » ou la possibilité d'être falsifié par l'expérience, qui permettra de faire le tri entre les énoncés scientifiques et ceux qui ne le sont pas : « Un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience. » Ainsi l'énoncé « Il pleuvra ou il ne pleuvra pas ici demain », étant infalsifiable, sera considéré comme non empirique, puisqu'aucune expérience ne peut l'invalider et comme non scientifique.

Autrement dit, l'irréfutabilité n'estpas vertu mais défaut.

Et c'est au nom de ce critère de falsifiabilité que Popper peut exclure de la science des théories comme le marxisme et la psychanalyse, théories qui sont totalisantes, qui couvrent la totalité des. »

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