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Toutes les inégalités sont-elles des injustices ?

Publié le 12/03/2004

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Les droits formels sont ceux reconnus théoriquement par les lois. Les droits réels quant à eux sont ceux relatifs à la possibilité effective d'exercer ces fameux droits octroyés théoriquement. La différence est de taille et dans l'idéal d'une société parfaitement égalitaire, les deux notions se recoupent, Marx souligne que ce n'est pas le cas. Ainsi, la loi reconnaît à tous la pleine jouissance et propriété de ce qu'ils possèdent et leur défense contre des voleurs malavisés est parfaitement juste, puisque conforme à la loi ; mais en matière économique, la loi ne fait qu'assurer l'abondance des uns et l'indigence des autres. Dès lors, une loi apparemment juste « ne fait que recouvrir l'injustice sociale du manteau du droit » (Karl Marx) et trancher systématiquement en faveur des riches et contre les miséreux. En effet, qu'importe à celui qui ne possède rien que ses propriétés soient protégées par l'Etat ? L'égalité de tous devant la loi est encore très loin de tendre vers l'égalité de conditions et elle ne fait que pérenniser les injustices et se contente de s'opposer aux clameurs de désespoir en arborant la loi, égale pour tous. Ainsi, le décalage entre droits formels et droits réels est abyssal et l'égalité devant la loi n'assure pas l'égalité de conditions, seule jugée juste. Il s'agit donc de permettre plus de justice en permettant plus de justice sociale. Pour cela, on établit l'égalité comme unique principe régissant la société.

« juste, puisque conforme à la loi ; mais en matière économique, la loi ne fait qu'assurer l'abondance des uns etl'indigence des autres.Dès lors, une loi apparemment juste « ne fait que recouvrir l'injustice sociale du manteau du droit » (Karl Marx) et trancher systématiquement en faveur des riches et contre les miséreux.

En effet, qu'importe à celui qui ne possèderien que ses propriétés soient protégées par l'Etat ? L'égalité de tous devant la loi est encore très loin de tendrevers l'égalité de conditions et elle ne fait que pérenniser les injustices et se contente de s'opposer aux clameurs dedésespoir en arborant la loi, égale pour tous.

Ainsi, le décalage entre droits formels et droits réels est abyssal et l'égalité devant la loi n'assure pas l'égalité de conditions, seule jugée juste.

Il s'agit donc de permettre plus dejustice en permettant plus de justice sociale.

Pour cela, on établit l'égalité comme unique principe régissant lasociété.De fait, l'égalité matérielle est le nerf de nombreuses doctrines communautaires et du socialisme utopique.

Parexemple, Thomas More dans son Utopie imagine une société parfaite bâtie autour du principe absolu d'égalité.

Tant pis si l'individu y perd un peu de son particularisme, tant que les inégalités sont résorbées ! Il s'agit d'effacer tout cequi peut nous différencier pour toujours plus d'égalité.

D'un dessein d'égalité, l'on finit par déboucher sur une volontéd'identité, l'égalité exclut alors la différence.La passion égalitaire devient dès lors néfaste et liberticide.

Elle nie l'individu, ce que l'on retrouve notamment dansles systèmes totalitaires.

Niant l'individu, l'égalitarisme niveleur, totalitaire et liberticide tend à uniformiser les modesde vie ainsi que la pensée.

Dès lors, cette tentative d'égalité, au nom de la justice, se fourvoie car à vouloiruniformiser, elle devient contraire à la morale, pourtant un des critères du juste.

Aussi, la tentative déraisonnéepour établir une égalité à tout prix se solde par une injustice, alors justement que son but originel était de rétablir lajustice. Nous avons donc démontré que les inégalités sont injustes, dans le sens où elles sont contraires aux principes fondateurs de la démocratie et qu'en outre, elles sont immorales.

De plus, Marx considère que les inégalitéssont particulièrement injustes, à tel point que l'on proposera après des sociétés idéales basées sur le principed'égalité, comme seule assurance de la justice.

Mais l'on a vu que l'égalité à tout prix n'est justement pas facteur dejustice, bien au contraire.

C'est parce que l'on s'abuse sur le sens de la justice : la justice commutative fait desinégalités une chose systématiquement injuste.

Au contraire, la justice distributive est à ce propos beaucoup plusmesurée : toutes les inégalités ne sont plus alors injustes.

En outre, la vision libérale ne trouve pas les inégalitésmatérielles injustes tant qu'elles sont dans une certaine mesure et surtout qu'elles ne sont pas désirées etentretenues sciemment. Les inégalités matérielles sont, pour les libéraux, acceptables dans une certaine mesure.

En fait, tant qu'elle neporte pas atteinte à la dignité humaine, les inégalités sont acceptables.

L'exemple chrétien est à ce titre éloquent.Tout homme est, selon eux, fils de Dieu, toute l'humanité participe à la même destinée surnaturelle et est rachetéepar le même Dieu ; le peuple chrétien forme un seul corps.

C'est ce qu'explique Bossuet dans le Sermon sur la mort et dans le Sermon sur l'éminente dignité des pauvres .

Ainsi, il y a une véritable égalité dans la communauté chrétienne, même si les situations matérielles peuvent différer énormément.

De fait, chaque homme est à sa placeselon la volonté de Dieu : s'il y a inégalités, c'est de la même manière, la manifestation de la volonté de Dieu.

Dèslors, Dieu, juste par essence, ne peut être accusé d'injustice à cause des inégalités qu'il fait naître.

Il apparaît doncque les injustices ne sont plus systématiquement injustes.Le demeurent celles qui portent atteinte à la dignité humaine.

Si tel est le cas, il est du devoir chrétien que de veniren aide à ceux qui se retrouve dans le besoin.

De fait, cela est contraire à la volonté de Dieu que l'existencehumaine préoccupe avant tout.

Ainsi, les inégalités deviennent injustes et doivent donc être palliées uniquementquand elles portent atteinte à la dignité humaine : c'est le principe même de la charité telle que théorisée par Saint-Paul.

En outre, les inégalités ne sont toujours pas injustes si l'égalité de chance est préservée et surtout s'il n'y apas de volonté délibérée d'inégalité.Particulièrement répandue au XIXe siècle, l'idée d'un progrès économique comme moteur naturel d'une plus grandeégalité, au moment où apparaît aussi une nouvelle mobilité sociale illustrée par la méritocratie et dont une desmanifestation littéraire est le Père Goriot de Balzac, défend la conception d'inégalités qui ne soient pas injustes : une sorte d'acceptation des inégalités méritées.

Cet état d'esprit est d'ailleurs particulièrement visible dans De la démocratie en France de Guizot. Enfin, les conceptions telles que celles de l'économiste autrichien Von Hayek défendent l'idée que les inégalités nesont pas forcément injustes.

Selon lui, les sociétés modernes sont si complexes qu'il est impossible de prévoirraisonnablement les conséquences d'un acte.

Ainsi, l'agencement du marché est aveugle, il n'est voulu comme telpar personne, et par conséquent n'est pas susceptible d'être juste ou injuste.

De fait, seule une volonté peut être. »

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