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Qu'est ce que la tragédie?

Publié le 03/04/2005

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-La tragédie constitue un genre littéraire particulier, à savoir plus précisément une pièce de théâtre qui exprime des actions tragiques sur scène. -La tragédie n'est telle qu'en tant qu'elle met en scène une action tragique ; il faut donc définir ce qu'est le tragique pour savoir ce qu'est une tragédie. -Or, sous quelle forme se trouve le tragique dans notre existence ? Le tragique existentiel s'accorde-t-il, ou au contraire s'oppose-t-il à la structure même de la tragédie ? La tragédie n'est-elle pas plutôt une conjuration du tragique existentiel ?     I. La tragédie comme genre littéraire.   -Aristote, Poétique : la tragédie, c'est la mimèsis d'une action qui met en scène des personnages nobles, aux hautes vertus ; la tragédie est l'art du dramaturge à exprimer sur scène des événements qui s'enchaînent de façon nécessaire, de la scène d'ouverture à la catastrophe finale, en passant par les péripéties. -La tragédie a pour fin la purgation des passions, par la terreur et la pitié : la terreur des souffrances mises en scène, et la pitié envers les personnages qui en sont victimes.     II.

-La tragédie constitue un genre littéraire particulier, à savoir plus précisément une pièce de théâtre qui exprime des actions tragiques sur scène. -La tragédie n'est telle qu'en tant qu'elle met en scène une action tragique ; il faut donc définir ce qu'est le tragique pour savoir ce qu'est une tragédie. -Or, sous quelle forme se trouve le tragique dans notre existence ? Le tragique existentiel s'accorde-t-il, ou au contraire s'oppose-t-il à la structure même de la tragédie ? La tragédie n'est-elle pas plutôt une conjuration du tragique existentiel ?

« réels imitent des héros soumis à un destin angoissant ou pathétique.

Pensons à Œdipe .

Or la musique seule ne figure pas; elle ne représente rien; elle laisse tout loisir à l'auditeur d'imaginer librement selon ses états d'âme, toutcomme la lecture d'un récit.

En revanche, la tragédie impose un personnage, un masque comportant des traitsdéfinis.

Elle force en quelque sorte l'identification du spectateur appelé à devenir momentanément un « acteur secret » dans la pièce.

Mimésis d'action et de sentiments réels, la tragédie concentre la réalité dans le temps et dans l'espace, elle l'exagère et pousse les passions à leur paroxysme afin d'éclairer le public sur les conséquenceséventuelles de ses actes: voyez ce qu'il adviendrait, si d'aventure l'envie vous prenait d'imiter réellement cesmalheureuses victimes de la fatalité !Le remède n'est-il pas pire que le mal ? Un spectacle apaisant ne serait-il pas plus propice à la sérénité, au retour àl'équilibre? Aristote ne se pose pas la question.

Sa « cure médicale » (Bossuet ) est homéopathique: on soigne le mal par le mal, les passions excessives par l'excès d'émotions.Cette interprétation n'est pas vraiment abusive.

Le texte d' Aristote la suggère; elle fut notamment celle de tout le classicisme français, soucieux d'assigner au théâtre une fonction morale, voire moralisatrice.Mais de l'éthique au politique, il n'y a parfois qu'un pas.

La " Politique " d' Aristote se fonde sur sa philosophie de la tempérance, de la modération, du juste milieu.

Sa volonté de restaurer la tragédie en déclin, de renouer avec latradition des grands spectacles qui contribuèrent à la gloire d'Athènes au Ve siècle, n'est sans doute pas exempted'intentions politiques et sociales: permettre à la cité de vivre en paix et assurer au citoyen le bonheur d'une vievertueuse, conforme à la raison.

Un tel programme d'éducation civique et culturelle ne pourrait-il convenir au futurroi de Macédoine ?Multiplier les spectacles tragiques, attirer la foule au théâtre, c'est permettre à la catharsis d'opérer non seulementsur l'individu, mais collectivement.

C'est aussi distraire les citoyens, détourner leur attention des problèmes dumoment - les guerres incessantes - et permettre l'expulsion d'une mauvaise conscience qui commence à hanter unpeuple en décadence.Il s'agit là d'une explication presque psychanalytique au sens actuel du terme: le spectacle apaise les passionsparce qu'il permet de vivre fictivement, de façon innocente et inoffensive, pour la personne et pour la société, despassions qui les mettraient en danger dans la réalité.

La catharsis autoriserait alors une sorte de défoulement etjouerait un rôle d'exutoire.On parle de défoulement.

Ce n'est pas un hasard si Freud a choisi le terme de catharsis pour désigner la finalité de la cure psychanalytique: le retour à la conscience des pulsions refoulées, notamment dans le cas des névroses.

Riende plus préjudiciable à l'équilibre de l'individu et de la société que de se complaire dans le malaise ou le mal-être depassions et de pulsions condamnées au mutisme, rejetée, dans le tréfonds de l'inconscient.Cette interprétation établit un lien entre la " Poétique " et la " Politique ".

Sur un plan plus général, elle révèle les implications politiques - au sens large du terme - et le discours sur l'art.

Or ce n'est pas non plus un hasard si cetype d'interprétation a systématiquement été omis par la tradition qui se réclame d' Aristote .

On pourrait d'ailleurs en dire autant de Platon .

Au IV siècle, nous l'avons dit, on se soucie surtout de la portée morale du théâtre.

On ne prête attention qu'aux règles de l'art, aux procédés techniques qui permettent d'aboutir à l'effet recherché.

A la findu XVIIIe siècle, Lessing dénonce l'assimilation aristotélicienne entre la poésie et la peinture dans le cadre de sa critique de l' « ut pictura poesis ».

La fonction cathartique par la mise en scène de la terreur ne lui plaît guère.

Il préfère la pitié et considère que la tragédie doit surtout susciter la compassion.

Quant à Goethe , peu sensible à l'effet de purgation et de purification de la catharsis, il ne parle que de retour à l'équilibre.

Dans sa périodeantiquisante et classique, et dans le cadre d'une esthétique idéaliste, il privilégie l'harmonie qui naît de lacontemplation de la beauté idéale propre à l'œuvre d'art réussie.

Surtout lorsque cette œuvre d'art appartient à lapoésie dramatique.Plus récemment, Bertolt Brecht (1898-1956) a fondé sa théorie et sa pratique théâtrale sur ce lien entre esthétique et politique : « Ce qui nous paraît du plus grand intérêt social, c'est la fin qu' Aristote assigne à la tragédie: la catharsis, purgation du spectateur de la crainte et de la pitié par l'imitation d'actions suscitant lacrainte et a pitié.

Cette purgation repose sur un acte psychologique très particulier: l'identification du spectateuraux personnages agissants que les comédiens imitent. » Brecht critique avec virulence la catharsis et ses effets anesthétisants au regard de la réalité peu plaisante du monde actuel.

Mais c'est moins Aristote qu'il dénonce que la « dramaturgie aristotélicienne », la tradition du théâtre classique et « vermoulu ».

Il lui reproche de miser sur l'identification entre le spectateur et les personnages afin d'engendrer un plaisir illusoire qui détourne le public de la réalité concrète.

À cette trop grande proximité qui vise,selon lui, à mystifier le spectateur, il oppose la distanciation.

Celle-ci a pour effet d'instaurer précisément unedistance critique.

Elle permet au public de prendre conscience des enjeux politiques et idéologiques de l'actionfictive représentée sur la scène.

La grande difficulté de ce théâtre didactique et épique, qui repose sur uneconception marxiste de l'histoire et de la société, consiste évidemment à concilier, dans l'intérêt du spectateur,didactisme et divertissement, pédagogie politique et magie du spectacle.Aristote laisse le problème de la catharsis en suspens, comme d'ailleurs tous ses interprètes et commentateurs.

On peut regretter la perte du livre II de la " Poétique "; il n'est pas sûr toutefois qu'il ait pu résoudre définitivement le problème.

Doit-on ou non montrer un spectacle représentant des actions et des héros à forte charge émotionnelle ?Produit-il un effet bénéfique ou néfaste sur le public ? Nous ne le savons toujours pas.

il suffit de penser aux débatsactuels, quasiment insolubles, sur la légitimé de la représentation de la violence fictive dans les médias modernes,cinéma ou télévision ? Effet cathartique ou incitation à l'imitation et passage aux actes réels ? Le problème de lacatharsis est encore promis à un bel avenir.

II.

La tragédie est la mise en scène d'une action tragique.

-Une action est tragique, lorsqu'elle se termine par un événement funeste, souvent la mort, mais pas toujours ;. »

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