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UCCELLO

Publié le 25/06/2012

Extrait du document

L'on s'explique d'ailleurs aisément que le génie de Paolo Uccello soit passé presque inaperçu et qu'en somme on l'ait presque complètement méconnu. Il faut songer à l'ivresse qui dut s'emparer des peintres de la Renaissance en découvrant des moyens nouveaux et des techniques inédites. C'est un lieu commun de dire qu'un artiste est surtout apprécié par les plus petits côtés de son oeuvre et que les éléments réels de son génie passent à peu près inaperçus. Les peintres florentins du XVIe siècle. et leurs admirateurs devaient s'attacher davantage à la perfection technique, aisément appréciable, qu'à cette sévère méditation qu'Uccello réclamait.

« Il peint également à Gualfunda pour la famille Bartolini les quatre grandes batailles con­ nues sous le titre de Batailles de San Romano; une d'f'lles est perdue, les autres sont respectivement au Louvre, à la National Gallery et aux Offices.

Enfin, appelé par le duc d'Urbino, il part en 1468 pour Urbino.

Il y exécute différents travaux et notamment la Profanation de l'hostie.

Mais après cette date, il semble que le peintre n'ait plus aucun succès.

En 1469, déjà vieux, il est marié, père de famille et sa situation est fort compromise.

C'est alors que la légende s'anime.

On racontait qu'il vivait tout à fait retiré, ne fréquen­ tant plus ses amis, sauf le mathématicien Manetti, avec lequel il discute et étudie la géométrie.

Il n'a plus confiance en personne, car on se moque de lui à cause de sa pauvreté et de son obstination.

Un jour, dit la légende, Paolo Uccello entreprit une œuvre importante et Vasari prétend qu'il désirait figurer l'incrédulité de Thomas au-dessus de la porte dédiée à ce saint, sur le Marché-Vieux; mais avant qu'elle ne fût complètement achevée, il refusa de la laisser voir à qui que ce fût, pas même à son ami Donatello.

Pour éviter les indiscrétions, il l'entoura de planches.

Quand il eut terminé son travail, il convoqua Donatello et lui présenta son œuvre: « 0 Paolo, fit, paraît-il, Donatello, tu découvres ce que tu aurais dû tenir caché! » Ce qui est certain, c'est que, pendant sa longue vieillesse, Paolo Uccello ne travailla plus sur commande, mais s'enferma chez lui et fit des recherch~s.

Il s'y livrait passionnément~ ou­ bliant, affirme toujours la légende, de manger et de dormir.

Sa mort passa complètement inaperçue.

On en ignore la date exacte: Cependant, on sup­ pose qu'il a dû quitter la vie vers 1479.

Il aurait donc été âgé de quatre-vingt-trois ans, mais personne n'est d'accord sur la date.

Vasari prétend qu'il est mort en 1432, à l'âge de quatre­ vingt-trois ans, ce qui semble erroné.

Baldinucci, lui, affirme qu'il mourut en 1472.

Il fut enterré à Santa Maria Novella.

' Après sa mort, son nom tomba dans un oubli profond.

On ne prit aucun soin de ses œu­ vres, qui furent pour la plupart détruites ou abandonnées.

Aucun répertoire n'en fut dressé, et son influence peu à peu disparut.

MALGRÉ la légende, la vie de Paolo Uccello est une des plus simples que l'on puisse imaginer.

Aucune passion que celle de la peinture n'a pu enflammer ce peintre.

Il est naturel qu'il se soit consacré entièrement et passionnément à elle et qu'elle soit demeurée pour lui l'objet unique de ses préoccupations et de ses désirs, puisqu'il eut probablement conscience d'être le seul de son temps à en fixer les limites, à en concevoir l'objet et la destinée.

Cette absolue certitude, qui aurait dû être évidente pour tous ses contemporains, l'a empêché de proclamer sa clairvoyance, d'imposer son point de vue ou de manifester une théorie.

D'autres, plus adroits, plus pittoresques, vivaient avant lui; et quelques-uns après lui surent modifier, utiliser et dénaturer ses intentions et sa certitude même.

Aujourd'hui encore, on entend répéter à chaque instant que le pauvre Uccello ne s'intéressa guère qu'à la perspective.

Il fallait sans doute des siècles pour modifier ce jugement, subir toutes les erreurs et attendre toutes les recherches picturales pour retrouver la voie indiquée par le peintre florentin.

Paolo Uccello fut en partie et involontairement responsable de cette méconnaissance.

L'époque où il vivait et les conditions dans lesquelles il peignait expliquent qu'on ait pu à ce point se tromper.

A Florence, au début du XVIe siècle, dans l'éblouissement de ce qu'on appela Renaissance, on admirait avant tout la virtuosité.

A sa manière, Uccello fut un virtuose et surtout considéré comme tel, parce que ce qu'il y avait de plus saillant dans son art, lorsqu'on le comparait à ses prédécesseurs et à ses contemporains, étilÏt la perfection technique.

On admirait donc le virtuose, mais on négligeait de rendre justice au ~eintre, et ceux qui lui succédèrent s'emparèrent de ses procédés techniques et les utilisèrent sans comprendre la grande leçon qu'il leur donnait d'autre part.

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