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Une unité du concept d'art est elle pensable ?

Publié le 05/07/2009

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Un concept est une production de l’esprit résultant d’une opération singulière de la raison qui est celle de concevoir. Cette production aboutit à une idée générale à caractère définitoire.

Lorsque nous parlons d’unité d’un concept, nous parlons d’une entreprise définitoire qui aboutirait à une conception unique et ramassée d’un objet de pensée. Un concept unique est donc un concept qui ne sacrifie aucune particularité, aucune singularité caractéristique d’un objet de pensée et qui le définit dans une formule singulière. Nous dirons donc qu’établir une unité du concept d’art revient à ramener les différentes acceptions de l’art à une formule unique sur le fondement d’une similarité partagée.

L’expression « une unité du concept d’art est-elle pensable ? « signifie : est-il possible de concevoir un concept unique de l’art en dépit des nombreuses conceptions voisines mais non essentiellement similaires de ce terme ?

La question « une unité du concept d’art est-elle pensable ? « parait d’autant plus justifiée que lorsque nous parlons d’art, nous parlons d’une chose qui recouvre au moins deux réalités distinctes. Jusqu’au dix-huitième siècle, le terme « art « désignait l’ensemble des techniques de production d’artefacts : tel était encore le cas dans le Discours sur les sciences et les arts (1750) de Jean-Jacques Rousseau. Ainsi, l’activité de l’artiste et celle de l’artisan étaient recouvertes par le même terme. Or, il semble que ces deux activités ne soient pas entièrement réductibles l’une à l’autre, qu’elles possèdent chacune une spécificité à élucider. Par conséquent, il nous faudra au cours de ce travail préciser d’une part ce qui distingue l’art de l’horloger de celui du poète, l’activité du coutelier de celle du plasticien ; et toujours préciser à laquelle de ces deux activités singulières nous pensons lorsque nous employons le signifiant « art «.

 

A première vue, nous dirons qu’une unité du concept d’art est impensable, car l’art se partage toujours en deux branches distinctes, nommées différemment, mais réductibles à l’opposition « arts manuels «, « beaux arts «. A cette bi partition correspond les figures comparables mais non identiques de l’artisan et de l’artiste. Il semble en effet que l’art ne saurait être pensé comme une seule chose, mais à minima comme deux : il n’y aurait donc pas de concept unique, mais au mieux un concept double tenant compte de cette altérité fondamentale des arts utiles et des arts qui ont le beau pour enjeu.

La question au centre de notre travail sera de déterminer si nous pouvons dépasser la dualité de l’art, clivé entre arts manuels et beaux arts, pour ramener l’art à l’unité d’un concept ? 

« remplit aucune sorte de fin.

C'est ce que démontre Théophile dans la Préface de Mademoiselle de Maupin où il énonce sa théorie de l'art pour l'art : l'homme de lettre nomme une pluralité de choses utiles (par exemple, leslatrines…) pour arriver à l'idée que la beauté consiste exclusivement dans le non utile.

L'utile est le laid, l'inutile estla beauté, par conséquent l'art n'a d'autre nature que l' inutilité et doit se garder d'être instrumentalisé, c'est-à-dire abaissé à des fins utiles : par exemple, l'art doit se garder de remplir des fins politiques, sociales… Nous dironsdonc qu'une unité du concept d'art est impensable, car le terme d'art recouvre en vérité deux activités distinctes :la production mercenaire d'artefacts utiles et la production spontanée d'artefacts inutiles prétendant susciter lesentiment de la beauté. II.

Une unité du concept d'art fondée sur l'identité profonde des produits des arts manuels et desbeaux arts ? a.

L'art est ce qui dégage la vérité des apparences Cependant, nous nous demanderons dès à présent si une unité du concept d'art n'est pas pensable sous le rapportde leur inscription matérielle dans le monde.

En effet, une œuvre d'art, que l'on entende par là un produit des artsmanuels ou des beaux arts, n'a-t-elle pas ceci de caractéristique de présenter une vérité, une réalité stable quicontraste avec le monde des apparences dans lequel nous sommes plongés ? Telle est la thèse d'Hegel dans letexte suivant : « Car seul est véritablement effectif ce qui est en soi et pour soi, ce qui est substantiel dans la nature et dansl'esprit et qui, certes, se donne la présence et l'existence, mais qui dans cette existence demeure cependant cequi est en soi et pour soi et est ainsi seulement véritablement effectif.

Or l'activité souveraine de ces forcesuniverselles est précisément ce que l'art met en valeur et fait apparaître.

Sans doute, l'essentialité apparaît bienaussi dans le monde intérieur et extérieur ordinaire, mais dans la figure d'un chaos de contingences, appauvrie etréduite par l'immédiateté du sensible et par l'arbitraire à l'état de simples situations, épisodes, caractères etc.L'art ôte justement à la teneur véritable des manifestations phénoménales l'apparence et l'illusion de ce mondemauvais, périssable, et donne à ces manifestations une effectivité supérieure, une effectivité née de l'esprit ».Hegel, Cours d'esthétique. Que nous ayons affaire à des produits des arts manuels ou des beaux arts, ces artefacts ne laissent pas de dégagerla vérité des apparences. b.

L'art est l'expression historique de la conscience humaine Mais c'est en un autre sens que nous pouvons fonder l'unité du concept d'at : en montrant que les œuvres d'art engénéral, que ce soit les produits de l'activité des arts manuels ou des beaux arts, sont des expressions historiquesde la conscience humaine.

En effet, l'œuvre d'art est dans la philosophie Hégélienne le moyen pour l'individud'extérioriser son intériorité, sinon de retrouver la liberté que l'esclave perd dans la lutte pour la reconnaissance (cf.la parabole célèbre du maître et de l'esclave).

Les œuvres d'art en général sont des artefacts par lesquels l'individuexprime son monde intérieur et prouve à lui-même sa propre existence puisqu'il est la cause première de leurapparition, de leur venue au monde.

Nous dirons donc qu'une unité du concept d'art est bel et bien pensable sur lefondement de la nature matérielle de l'œuvre produite.

Que nous ayons à faire aux arts manuels ou aux beaux arts,ils produisent des artefacts qui matérialisent l'intériorité d'un être et manifestent sa conscience.

III. Une unité du concept d'art fondée sur l'identité du processus créateur a.

Les arts manuels produits par le travail Mais ne peut-on dire que beaux arts et arts manuels ont ceci de commun qu'ils mettent en œuvre un travail ?. »

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