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L'usage de la parole doit-il être soumis à des règles ?

Publié le 27/02/2008

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La parole est l' acte individuel par lequel s'exerce la fonction du langage, c'est-à-dire l'individualisation de la fonction générale de communication en tant que faculté d'exprimer verbalement sa pensée, comme un pouvoir d'expression verbale. En ce sens, il apparaît que l'usage de la parole soit soumis à certaines règles notamment en vue d'une communication, c'est-à-dire d'une dialogue possible en tant que les deux interlocuteurs doivent utiliser un système référentiel commun et cohérent à tous les deux. Or ce système c'est bien souvent la langue : système particulier de mots, un ensemble linguistique fixé dans une société donnée, un produit social. C'est peut-être ici le noeud du problème. En effet, si la parole est d'essence sociale c'est bien qu'elle vise la communication ; mais au-delà des simples règles linguistiques et de grammaire, l'essentiel est peut-être de voir que la parole comme institution sociale est alors un produit de règles et de normes, c'est-à-dire de schèmes normatifs comportementaux inhérent à une société. Mais bien plus, si la parole est un enjeu social n'est pas dire aussi qu'elle entre dans la sphère publique et pratique. Et c'est dès bien en ce sens que se pose la question : « l'usage de la parole doit-il être soumis à des règles ? ». En effet, si l'on parle de liberté d'expression ou de liberté de penser n'est-ce pas refuser alors toute contrainte ou toute réglementation extérieure à soi ? Et c'est en ce sens alors que se comprendre le recourt au verbe « devoir » qui en fait une obligation, quasi morale. A moins que l'usage normatif et réglementé soit compatible avec la liberté ?             Si l'usage de la parole doit, en vue d'une communication possible être soumise à des règles linguistiques et de grammaire (1ère partie), qu'en est-il dans le champ pratique social notamment relativement à la liberté d'expression et de penser et la nécessité de réglementer la sphère publique ? (2nd partie) N'est-ce pas dire alors qu'il faut éduquer la parole et distinguer un usage public et privée de l'usage de la parole ? (3ème partie).

« notre mémoire, et de nous faire un nouveau travail, peuvent être de nouveau rappelées à l'aide de mots par lesquelselles furent désignées.

Or s'il est nécessaire de soumettre l'usage de la parole à des règles c'est qu'« A ces usages,correspondent quatre abus.

Premièrement, quand les hommes enregistrent incorrectement leurs pensées, par desmots dont le sens est variable, mots par lesquels ils enregistrent comme leurs des idées qu'ils n'ont jamaiscomprises, et ils se trompent.

Deuxièmement, quand ils utilisent les mots métaphoriquement, c'est-à-dire dans unsens autre que celui auquel ils étaient destinés, et, par là, induisent les autres en erreur.

Troisièmement, quand, pardes mots, ils déclarent une volonté qui n'est pas la leur.

Quatrièmement, quand ils utilisent des mots pour se blesserles uns les autres.

Etant donné que la nature a armé les créatures vivantes, certaines avec des dents, d'autresavec des cornes, et d'autres [encore] avec des mains, ce n'est qu'un abus de parole de blesser quelqu'un avec lalangue, à moins que ce ne soit quelqu'un que nous sommes obligés de gouverner, et alors, ce n'est pas le blesser,mais le corriger et l'amender.

[…] De sorte que c'est dans la définition correcte des dénominations que repose le premier usage de la parole, qui est l'acquisition de la science, et c'est sur les définitions inexactes, ou sur l'absencede définitions que repose le premier abus, dont procèdent toutes les opinions fausses et insensées qui font que ceshommes qui reçoivent leur instruction de l'autorité des livres, et non de leur propre méditation, se trouvent autantau-dessous de la conditions des hommes ignorants, que les hommes qui possèdent la vraie science se trouvent au-dessus.

» Transition : Ainsi l'usage de la parole est-il soumis en première instance aux règles fonctionnelles du langage en vue d'unecommunication possible.

Mais aussi est-ce par son essence sociale que la parole doit être réglée.

Dès lors onremarque que l'usage de la parole est proprement social et se comprend dans la sphère civique.

Dans ce cas, l'usagede la parole nous fait-il entrer proprement dans la sphère pratique et plus spécifiquement dans celle de la politique.Or n'est-ce pas proprement suivant cette acception que l'on doit ressaisir tout rapport normatif à la parole ? II – Usage réglée de la parole & sphère politique a) Au premier abord il semble en effet qu'il faille justement se prémunir contre un usage négatif de la parolenotamment comme peuvent l'être le négationnisme ou le racisme.

Cependant, empêcher ces discours, ces usages dela parole seraient sans doute plus néfaste pour le jeu démocratique dans la mesure où ils ne pourraient pas êtrecombattus et condamnés au grand jour et donc nous mettre en garde contre eux.

Mais surtout du point de vue dupolitique, on pourrait penser à des usages de la parole dits « politiquement corrects ».

Autrement dit, au niveau dupouvoir et de la politique il y aurait certains tabous et des crimes de lèse-majesté.

En effet, soumettre l'usage de laparole dans le champ politique aurait pour conséquence de poser un ordre ou une autorité de censure enversl'expression et la question serait alors de savoir quelle serait la norme d'une bonne opinion et d'une mauvaise opinionet l'on peut voir dès lors tout l'écueil que cela entraînerait pour la liberté de penser et la liberté d'expression.

Etc'est pourquoi on peut utiliser, bien que la portée soit tout autre, ce passage du Traité théologico-politique de Spinoza : « Non seulement cette liberté (de juger ou de penser) peut être accordée sans danger pour la piété et la paix de l'Etat, mais même on ne pourrait la supprimer sans détruire la paix de l'Etat et la piété.

» Et c'est bien toutela question de la liberté de penser et d'expression qui est posée.b) Penser c'est faire usage de son entendement.

Et avoir la liberté de penser c'est surtout avoir la possibilitéd'affirmer publiquement son opinion, c'est donc en outre faire usage de la parole.

Or comme on peut le voir chezKant notamment dans Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ? , texte de 1786, il paraît difficile voire contradictoire de défendre la liberté de penser et de vouloir régler absolument l'usage de la parole.

En effet :« L'Etat qui enlève aux hommes la possibilité de communiquer publiquement leurs pensées leur ôte en même temps laliberté de penser ».

Communiquer publiquement ce n'est pas autre chose que développer son point de vue donc sonopinion en tant que jugement subjectif.

Dès lors la liberté de penser semble ne pas avoir nécessairement de limites.La liberté de penser sera alors le commerce et l'échange de ces différents points de vue entre les hommes.

Et plusles hommes échangeront leurs opinions plus la liberté de penser se développera et par conséquent aussi l'usage del'entendement.c) Pourtant, même s'il semble qu'au nom de la liberté d'expression et de penser, il ne soit pas permis de réglerd'usage de la parole, il faut pourtant bien voir que même chez les défenseurs de l'usage publique de la parolenotamment dans le jeu démocratique, tel que Habermas dans Ethique de la communication , il est nécessaire que la parole soit soumise à des règles notamment en vue de la possibilité d'un dialogue.

C'est-à-dire non seulementl'écoute de l'autre mais aussi un accord définitionnelle préalable et c'est ce qui constitue une partie de la théorie dela communication chez Habermas.

L'usage de la parole est la base du jeu démocratique, mais afin de ne pas êtrepervertie elle doit être soumise à des règles formelles.

Transition : Ainsi dialectique de la communication tient en tension la nécessité de limiter et de réglementer l'usage de la paroleafin de garantir les liens sociaux et civils entre les individus et la volonté d'un usage libre de la parole en vertu del'idée d'une liberté d'expression et de penser.

Dès lors pour dépasser cette tension faut-il se tourner vers uneéducation de la parole.

III – La parole éduquée a) Réduire donc la tension entre la réglementation de la parole et la liberté d'expression donc passer par uneéducation de la parole.

Or ce rôle éducation est bien l'idée d'éclairer l'opinion et c'est bien toute l'entreprise qui. »

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