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L'usage de la raison est-il une garantie contre l'illusion?

Publié le 07/04/2005

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illusion

Lire : Descartes, Sixièmes réponses aux objections, 9ème scrupule. De là on peut conclure que seule la raison, faculté de juger, est capable de rectifier un faux jugement grâce à une nécessaire critique. Elle est une garantie contre l'illusion. Exposer un exemple, celui du bâton qui apparaît brisé dans l'eau pour montrer comment la raison intervient pour rectifier le jugement. Mais l'illusion n'est pas seulement une erreur ; elle persiste et demeure même après rectification. D'où la difficulté. Ceci est très manifeste dans la perception : on continue de voir le bâton brisé, ... Et il y a aussi des illusions attachées à l'usage de la raison. Il convient ici de suivre l'analyse d'un auteur, par exemple Spinoza dans sa critique de l'idée de finalité. Lire : Spinoza, L'Éthique, première partie, appendice.Montrer quels sont les mécanismes qui sous-tendent ici l'illusion.

• Penser à la diversité de l'illusion et éviter une approche seulement psychologique. • Pourquoi faudrait-il une garantie contre l'illusion ? • De quelle raison s'agit-il ? Une approche historique peut être utile. • La raison ne peut-elle pas produire elle-même de l'illusion ? • Dès son origine, la philosophie entend privilégier la raison et ses principes contre toute interprétation illusoire du réel. Aussi l'illusion a-t-elle classiquement mauvaise réputation dans la tradition philosophique. Mais le recours à la pensée rationnelle est-il suffisant pour dissoudre toute illusion ? Et cette dernière est-elle obligatoirement néfaste et, en conséquence, à détruire ? La raison elle-même n'est-elle pas susceptible d'en produire ?

Introduction

  • I. Raison et histoire de la raison
  • II. Illusion et désir
  • III. La connaissance peut-elle se faire sans illusion ?

Conclusion

illusion

« Introduction Les termes du sujet sont conceptualisés, en vue de les problématiser, comme ceci : la raison est la faculté de juger,de distinguer le vrai et le bon.

Les principes de la raison sont le principe d'identité et le principe de causalité.

Userde la raison, c'est donc relier entre elles les données sensibles ou les idées pour affirmer ou nier.

Le terme garantiepeut s'entendre en deux sens, soit prémunir contre pour que l'on évite, soit empêcher qu'on reste victime de cequ'on ne peut pas éviter.

L'illusion est étymologiquement le fait d'être joué, trompé.

Il faut distinguer l'illusion del'erreur ; tandis que cette dernière peut être supprimée et remplacée par un jugement vrai, l'illusion persiste etdemeure comme le montrent les illusions des sens ; mais il y a aussi des illusions attachées à l'usage de la raison.Le sujet sera traité en trois questions : L'homme peut t'il se libérer de l'illusion ? Dans quelle mesure et à quellesconditions est-ce possible ? Quel est le rôle de la raison ? Pour savoir si l'homme à la possibilité de se libérer de l'illusion, il faut d'abord faire la distinction entre illusion eterreur.En effet, l'erreur doit être soigneusement distinguée de la faute, qui engage plus nettement notre responsabilité quede l'illusion, qui elle n'est pas vaincue par le savoir.

L'erreur procède toujours de notre jugement : elle résulte, selonDescartes, d'un décalage permanent entre notre volonté, qui est infinie, et notre entendement, qui ne l'est pas.Nous nous trompons parce que nous outrepassons nos possibilités intellectuelles, par étourderie ou par vanité :l'erreur n'est donc qu'une privation de connaissance.

L'épistémologie contemporaine, au contraire, donne à l'erreurun tout autre statut, plus positif.

Bachelard, notamment, montre que les vérités scientifiques ne sont jamais queprovisoires, qu'elles doivent constamment être remaniées et corrigées.

La connaissance scientifique ne peut pasfaire l'économie de l'erreur.L'illusion, cependant, se distingue de l'erreur.

Descartes, par exemple, dans les Méditations, montre comment c'estpar abus de langage que nous disons que les sens nous trompent.

L'erreur est le résultat d'un jugement, c'est à dired'une activité de l'esprit.

Or les sens sont passifs et fournissent des informations qui, en elles-mêmes, ne sont nivraies ni fausses.

Si donc nous nous trompons, c'est que nous conduisons mal notre jugement.

Un bâton plongédans l'eau paraît effectivement brisé, mais si nous jugeons qu'il l'est, nous ne sommes victimes d'une illusion, maisresponsable de notre erreur.

L'illusion peut bien, si nous n'y prenons garde, induire en erreur, mais elle n'est pas enelle-même une erreur.

D'ailleurs l'erreur, une fois rectifiée, disparaît, tandis que l'illusion, au contraire, persiste.L'illusion peut être expliquée, mais non dissipée.

C'est que les « illusions » des sens sont bien réelles, et obéissent àdes lois d'organisation du champ perceptif tout aussi régulières que celles qui régissent notre perception dite «normale ».

La perception dans son ensemble, et sans en exclure les « illusions », constitue un premier niveau deconnaissance qui peut être compris à partir de la science, mais non dépassé.

Simplement la science oblige à undécentrement, à l'abandon du point de vue subjectif que nous occupons.

La perception, quant à elle, nousrenseigne davantage sur le sujet qui perçoit que sur l'objet perçu.Comme l'étymologie du mot le suggère (illusion vient du latin « illudere », qui signifie « tromper », « se jouer de »),l'illusion est une tromperie, c'est-à-dire à la fois une erreur et une mystification.

Dans l'illusion, nous serions victimesd'une puissance trompeuse impossible à vaincre, contrairement à l'erreur dont nous serions responsables et quenous pourrions corriger.

Si tel était le cas, l'illusion compromettrait gravement toute recherche de vérité et rendraitvaine toute prétention au savoir.

C'est d'ailleurs ce qu'affirme le scepticisme, qui voit dans l'illusion, notamment dansl'illusion des sens, la justification de sa théorie.

L'illusion est en tout cas une forme d'épreuve pour la philosophie,une question qu'elle ne peut éluder, dans la mesure ou elle se définit comme quête et amour de la vérité.

Seulel'illusion des sens peut être vaincue, l'illusion propre au désir ne disparaît jamais totalement. Ce qui caractérise l'illusion, et la distingue de la simple erreur, est la part de désir qu'elle contient, ou le besoinqu'elle cherche à satisfaire, lorsqu'elle nous fait prendre « nos désirs pour la réalité ».

Selon Nietzsche, par exemple,l'illusion remplit une fonction, celle de protéger du désespoir ou du vide de l'existence.

Renversant la perspective dePlaton, qui, dans La République, condamne l'art comme copie du réel, comme simple apparence mensongère etillusoire, Nietzsche, au contraire, voit dans l'art une illusion vitale.

Freud, à son tour, dans L'Avenir d'une illusion,qualifie la religion d'illusion, non pas parce qu'elle serait fausse, mais par la part de désir qu'elle contient : désir deretrouver l'image protectrice et rassurante d'un père tout-puissant.

On le voit, dans l'illusion, si nous sommesvictimes, c'est d'un piège que nous avons bâti ou d'un désir non reconnu.

La tache de la philosophie, par rapport àl'illusion, est alors une tache essentiellement critique.

Non pas qu'il faille condamner l'illusion, ou la détruire, ce quipas forcément souhaitable, ni possible, mais la philosophie doit en produire l'analyse et faire la part de ce qui, dansnos jugements ou représentations, relève de nos désirs et de ce qui relève de la réalité, dans un souci de lucidité etde vérité.Pour Pascal, pour se débarrasser de l'illusion qu'est le divertissement, qui nous empêche de penser à notre condition. »

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