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La valeur de la science et l'idée de la vérité.

Publié le 02/07/2011

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La science tend à la vérité ; on ne peut dire qu'elle la possède autrement que d'une façon restreinte et approximative. Elle vaut moins par ses résultats, si appréciables qu'ils soient, que par son esprit et sa méthode. Elle résume les faits déjà connus et conduit à en connaître d'autres. « Elle n'est qu'un langage inventé par l'homme, une sténographie conceptuelle, un système de signes abrégés pour symboliser nos expériences sur la nature « (W. James). Ce langage se transforme sans cesse, de¬vient plus exact, mieux approprié, plus rigoureux, plus précis. La vérité n'est pas la réalité. On la définit « la conformité de la pensée avec la réalité «. Mais comment s'assurer de cette conformité ? Il faudrait un signe pour la reconnaître ou critérium. Ce critérium manque; on ne peut pas confronter la réalité et la pensée, attendu qu'on ne les saisit pas à part, mais l'une dans l'autre.

« mais seulement par sa conformité ou sa non-conformité à la réalité.

Les scolastiques disaient : « la vérité, c'est laconformité de notre pensée aux choses » (adequatio rerum et intellectus).

Mais une telle définition est absolumentstérile pour une raison très simple : c'est que nous n'avons pas la possibilité de sortir de nous-mêmes, de notresystème de représentations pour confronter la copie et le modèle.

Tout ce que nous connaissons c'est notrepensée, notre image du monde, nos expériences sur le monde.

Mais le monde en soi, indépendamment de nosexpériences, de nos représentations, nous échappe.

Nous n'avons aucun moyen de connaître le modèle en dehorsde cette « copie » qu'est notre expérience humaine, commune ou scientifique, du monde.

Veut-on dire simplementque l'idée vraie est celle qui reproduit l'expérience sensible la plus ingénue ? En ce cas la définition est mauvaise carla vérité scientifique n'est pas un reflet dans un miroir.

Le jugement vrai transpose et reconstruit ici la réalité àtravers tout un réseau de manipulations techniques et d'opérations intellectuelles.

Mais si la vérité est opératoire, lecritère de la vérité ne sera-t-il pas fourni par le succès pratique de l'opération ? V.

C'est là le point de vue pragmatique, exposé à la fin du siècle par l'Américain W.

James.

Le seul critère de lavérité est le succès.

La pensée est au service de l'action.

Les idées ne sont que des outils dont nous nous servonspour agir ; l'idée vraie c'est celle qui paie le mieux, celle qui a le plus de rendement, qui est le plus efficace.Malheureusement le mot utile a pour W.

James un sens trop vague et trop vaste : « ce qui est vrai, dit-il, c'est cequi est avantageux de n'importe quelle manière ».Une loi physique est vraie parce qu'elle a des applications pratiques, une religion est vraie si elle est consolante.Dieu, ose dire W.

James, « est une chose dont on se sert ». Le pragmatisme, avec James, soutient que le seul critère de la vérité est le succès.

La pensée est au service del'action.

Les idées ne sont que des outils dont nous nous servons pour agir : l'idée vraie c'est celle qui paie le mieux,celle qui a le plus de rendement, qui est la plus efficace.Pour apprécier la valeur de cette théorie il faudrait savoir quel sens donner aux formules de James.

L'idée vraie c'estl'idée utile.

Mais que veut dire « utile » ? Faut-il prendre le mot au sens de vérifiable ? En ce cas le pragmatisme esttrès acceptable.

Descartes lui-même, si attaché qu'il fût aux « idées innées » et aux évidences pures, reconnaissaitqu'il se rencontre « beaucoup plus de vérité dans les raisonnements que chacun fait touchant les affaires qui luiimportent et dont l'événement le doit punir bientôt après s'il a mal jugé, que dans ceux que fait un homme de lettresdans son cabinet touchant des spéculations qui ne produisent aucun effet.

»Malheureusement le mot « utile » tel qu'il est employé par les pragmatistes a le sens le plus large et le plus vague.James n'a jamais rien fait pour en dissiper l'équivoque : « Ce qui est vrai c'est ce qui est avantageux de n'importequelle manière.

»Ainsi une loi physique ou chimique est vraie si elle a des applications techniques fécondes.

Une théorie scientifiquen'a aucune valeur de vérité tant qu'elle ne permet pas de prédire les phénomènes.

Le physicien parle d'atomes, deprotons, de neutrons, d'électrons.

Libre à lui! Ce qu'il dit, d'un point de vue théorique, n'a aucune valeur tant qu'ilrestera incapable d'agir sur ces particules, de créer et de contrôler, comme dans la fission nucléaire, une réactionen chaîne libérant de l'énergie.Mais aussi une croyance politique est vraie si elle me donne « bonne conscience », si elle me justifie ; une théoriephilosophique est vraie si elle calme mes inquiétudes, si elle assure « mon confort intellectuel », une religion estvraie si elle est consolante, si elle me permet de m'améliorer moralement.

L'idée de Dieu est comme toutes les autresidées, elle n'est vraie que si elle est rentable et James déclare sans ambages : « Dieu est une chose dont on sesert.

» Si le salut de l'âme n'a rien de certain, il ne relève pas non plus de la pure fiction.

Rien ne permet de luiattribuer une valeur, sinon la croyance en un jugement dernier, en un Dieu qui permet à l'homme d'obtenir la grâceet la vie éternelle.

Peu importe! Pour le croyant, ce qui est vrai est ce qui procure un bénéfice pour l'âme.

« Je dois d'abord vous rappeler ce fait que posséder des pensées vraies, c'est, à proprement parler, posséder deprécieux instruments pour l'action.

Je dois aussi vous rappeler que l'obligation d'acquérir ces vérités, bien loin d'êtreune creuse formule impérative tombée du ciel, se justifie, au contraire, par d'excellents raisons techniques.Il n'est que trop évident qu'il nous importe, dans la vie, d'avoir des croyances vraies en matière de faits.

Nousvivons au milieu de réalités qui peuvent nous être infiniment utiles ou infiniment nuisibles.

Doivent être tenues pourvraies, dans le premier domaine de la vérification, les idées nous disant quelle sorte de réalités, tantôt avantageusespour nous, tantôt funestes, sont à prévoir.

Et le premier devoir de l'homme est de chercher à les acquérir.

Ici, lapossession de la vérité, au lieu, tant s'en faut ! d'être à elle-même sa propre fin, n'est qu'un moyen préalable àemployer pour obtenir d'autres satisfactions vitales [...].Mais, maintenant, que faut-il entendre par « l'accord » que la définition courante exige à l'égard de la réalité ? C'estici que le pragmatisme et l'intellectualisme commencent à se fausser compagnie.

Le fait d'être « d'accord », au sensle plus large du mot, avec une réalité, ne peut être que le fait, ou bien d'être conduit tantôt tout droit à elle, tantôtdans son entourage, ou bien d'être mis en contact effectif et agissant avec elle, de façon à mieux opérer soit surelle-même, soit sur un intermédiaire, que s'il y avait désaccord [...] J'en viens donc à dire, pour résumer tout cela :« le vrai » consiste tout simplement dans ce qui est avantageux pour notre pensée, de même que « le juste »consiste simplement dans ce qui est avantageux pour notre conduite.

» James, « Le pragmatisme ».

La conception pragmatiste de la vérité vient de ce que James subordonne la pensée à l'action.

La réussite de celle-ci devient dès lors le juge de la vérité ou de la fausseté de nos « croyances » ou idées.

Cette vision utilitariste de lavérité s'oppose absolument à la conception spéculative des philosophes grecs, et d'une manière générale à ce queJames appelle l' « intellectualisme », c'est-à-dire une définition de la vérité comme simple contemplation du réel :lavérité ne satisfait pas une exigence spéculative désintéressée (elle n'est pas « à elle-même sa propre fin »), elle. »

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