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Que vaut ma parole ?

Publié le 05/03/2009

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Cependant, ma parole ayant reconnu l’existence de l’autre ne suffit pas à cette même existence. Il faut à présent que ces autres et moi-même puissions vivre ensemble dans la meilleure entente possible. Ma parole possède d’autres qualités qui permettent une organisation de la vie en société. 

Ma parole me permet en effet de mieux me connaître, mais aussi, de me reconnaître en tant que sujet.

D’une part, je suis tous les jours confronté à des démonstrations de mon inconscient. En effet, les lapsus et les erreurs d’écriture sont les moyens par lesquels l’inconscient s’exprime au moyen de ma parole. Freud le démontre dans son livre Psychopathologie de la vie quotidienne : le lapsus est un mot qui est prononcé à la place d’un autre sans raison apparente, mais qui en réalité révèle un désir inconscient ; l’erreur d’écriture est un lapsus écrit. Ces deux troubles de la parole représentent les satisfactions des désirs réprimés. Par la manifestation des lapsus et des erreurs d’écritures, je peux mieux me connaître, car je vois ce que je veux inconsciemment, je prends conscience de mes désirs refoulés.

« pourtant exprimées que par elle.

Mais, pour éviter toute confusion, Descartes précise d'une part que ma parole peutêtre remplacée par des signes et d'autre part qu'il faut ajouter à la présence de ma parole deux conditions : sa miseen situation et qu'elle ne soit pas l'effet des passions.

Mise en situation, ma parole fait sens et si ce n'est pas lecas, elle ne renvoie pas à la pensée et donc ne signifie pas l'acte de penser.

Ainsi, on ne prête la pensée à desêtres qui n'en ont pas besoin pour dire ce qu'ils disent ou semblent dire.

Pour les fous, Descartes soutient qu'ils sontprivés de la raison, mais non de la faculté de s'exprimer à propos de ce qui se présente : ils ne disent rien deraisonnable, mais au moins, ils parlent vraiment, leur parole peut s'apparenter à un monde pensable.

Aussi, si onpeut remplacer la parole par des signes, c'est pour ne pas oublier les muets qui utilisent le langage des signesprécisément.

On ne peut pas déduire de l'absence de phonétisation des sourds-muets l'absence de pensée : ilss'expriment aussi.

Mais, cette condition n'est pas suffisante : elle pourrait conduire à prêter la pensée à des êtresqui n'en disposent pas : les animaux tels que les perroquets.

Prenons exemple du perroquet du Capitaine Haddockqui répète sans cesse les grossièretés de ce dernier à des moments opportuns.

C'est pourquoi Descartes ajouteencore une condition.

Il ne faut pas que les signes soient liés à des passions, c'est-à-dire que le cri du chien n'estqu'une réaction mécanique et plus encore le perroquet du capitaine Haddock qui semble capable de former dessignes à propos, n'est pas un homme.

Il ne faut pas être anthropomorphique.Ainsi, ma pensée et donc ma parole est la condition nécessaire de la parole des autres.

Ma parole a une valeursymbolique dès lors que par l'intermédiaire de ma pensée elle permet la reconnaissance de l'existence des autres.

Cependant, ma parole ayant reconnu l'existence de l'autre ne suffit pas à cette même existence.

Il faut à présent que ces autres et moi-même puissions vivre ensemble dans la meilleure entente possible.

Ma parole possèded'autres qualités qui permettent une organisation de la vie en société. Sous cet aspect, on peut voir l'utilité sociale de ma parole : la valeur sociale de ma parole est indispensable. La fidélité semble bien être à la base de la moralité et de tout vivre-ensemble.

En effet, Kant dans son livreFondements de la métaphysique des mœurs met en avant la fausse promesse.

Puis-je, quand je suis dans l'embarras, faire une promesse avec l'intention de ne pas la tenir ? Selon Kant, il ne faut pas tenir de faussepromesse, car si on le fait, aucun contrat ne sera plus possible.

En effet, si la fausse promesse pouvait devenir uneobligation morale, alors, on ne pourrait plus avoir confiance en qui que ce soit.

Cela reviendrait à dire que lespromesses, engagements ou contrats, n'engagent pas du tout la personne qui les tient, puisque l'on voudrait érigeren loi universelle de la nature le fait de tenir une promesse en n'ayant pas l'intention de la tenir.

Je dois donc detoute évidence être ou rester fidèle et sans cela, aucune société ne serait viable, il n'y aurait plus aucune confianceentre les hommes.

Ce devoir semble donc être la condition même de la société.

La fidélité est non seulement undevoir moral, mais également une nécessité sociale, qui a pour fonction la cohésion sociale, la paix.

On peut mettrela théorie de Kant en parallèle avec les chapitres d'Arendt sur la promesse et le pardon dans son livre de La condition de l'homme moderne .

En effet, Arendt définit la promesse et le pardon comme des conditions indispensables à la vie en société.

Ces deux conditions ne peuvent logiquement exister que dans un rapport avecl'autre.

Le pardon sert à supprimer les actes du passé.

Si les pays qui se sont férocement combattus dans le passétels que la France et l'Allemagne ne s'étaient pas pardonnés, ils n'auraient jamais pu évoluer efficacement ets'entraider face à certaines crises.

Depuis Charles Quint, vingt-trois guerres ont opposé la France et l'Allemagne.

Lepardon qui n'est pas l'oubli, est la promesse faite aux générations à venir qu'ils n'auront pas à supporter le poids dupassé.

Quant à la promesse, elle permet de sécuriser le monde incertain dans lequel je vis avec les autres et doncde baser la société sur des principes.

Ma parole politique a donc elle aussi un poids important.

On peut le voir dansle livre Du contrat social de Rousseau : le pouvoir politique dans la mesure où il repose sur le contrat social est la condition de possibilité de l'existence du peuple en tant que peuple.

« (...) Cet acte d'association produit un corpsmoral et collectif, composé d'autant de membres que l'assemblée a de voix, lequel reçoit de ce même acte sonunité, son moi commun, sa vie et sa volonté.

» Ma parole est donc très importante dans ce corps social, car ce nesont que toutes les paroles des membres en tant que sujets qui permettent la mise en place de la société.

Chacundes citoyens met en commun sa personne sous la direction de la volonté générale, « chacun se donnant à tous nese donne à personne ».

Ma parole ainsi décrite est nécessaire à une bonne vie sociale, car elle a des attributs qui sont déterminants pour la société. Ainsi, ma parole vaut la bonne marche de la société.

Par la reconnaissance de « moi » en tant que sujet, je peux par la suite reconnaître l'existence des autres et enfin permettre l'organisation de la société grâce à lapromesse de ma parole politique et au pardon.

Ma parole a donc des qualités indéniables : elle est symbolique, carelle est à la base de tous les rapports humains.. »

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