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La vengeance est-elle une forme de justice ?

Publié le 13/04/2009

Extrait du document

justice
Nous avons tous fait l’expérience d’un sentiment de vengeance : une humiliation réelle ou vécue, une blessure ou un acte que nous voudrions faire subir à autrui. La vengeance se définit en effet comme «l’action par laquelle une personne offensée, outragée ou lésée, inflige en retour et par ressentiment un mal à l'offenseur afin de le punir. La plupart du temps la vengeance n’est pas directe ou elle est intégrée dans un système de compétition sociale. Il s’agit ici de savoir si la vengeance fait partie de la justice. Le sujet précise l’expression « une forme «, ce qui sous-entend qu’il peut y avoir plusieurs formes, plusieurs types de justice. La difficulté tient à la polysémie du mot « justice «. Le mot français vient du latin jus, qui veut dire le droit, dans son acceptation générale, le respect du droit. Cependant la définition actuelle, même si elle conserve se sens en tant que respect à l'institution judiciaire, lui en rajoute un autre, à savoir être moral. C'est deux sens sont repris par Platon dans La république où il affirme qu'être juste est en même temps une vertu et le respect d'une organisation de la vie sociale. Mais cela ne nous indique pas le contenu de la justice. En fait, pour Aristote et pour toute une tradition après lui, ce qui prévaut dans la justice, c'est le principe d'égalité, c'est-à-dire que chacun doit être traité de la même manière. dans la justice, c'est le principe d'égalité, c'est-à-dire que chacun doit être traité de la même manière. Mais dans ce cas, la vengeance dans son principe d'acte de l'infligé pour réparer une faute commise, n'est-elle pas juste comme le laisse entendre la bible "oeil pour oeil, dent pour dent"? Cependant, la vengeance est un acte commis sous le coup de sentiments violents, lié à l’affectivité. Le principe de la justice n’est-il pas de réfléchir la tête froide ? De plus, la vengeance fait entrer dans une logique sans fin puisque chacun peut sans cesse se venger de celui qui vient de se venger. La justice n’est-elle pas mis en place pour sortir de ce cercle vicieux ? Enfin, N'y a-t-il pas alors une distinction à faire entre le contenu et la forme de la vengeance tel que le fait Hegel? Et qu’en est-il de la vengeance du point de vue moral ? Peut-on effectuer un acte qui vise à faire du mal en toute justice ?

  • I Selon son contenu, la vengeance peut faire justice

1.     La vengeance punit le criminel
2.     La vengeance suit un principe d’équité
3.     La vengeance peut s’appliquer là où la justice institutionnelle est impuissante
  • II La vengeance est une réaction émotive individuelle

1.     La vengeance est gouvernée par la passion et le sentiment
2.     La vengeance est une violation du droit et induit une logique infinie
3.     La vengeance induit une logique infinie
  • III La vengeance ne peut être morale et il faut plutôt essayer de pardonner autrui

1.     La vengeance met à mal la loi morale et les lois en général
2. La justice ne peut viser le mal
3       .Oublier l’offense et la vengeance

justice

« II La vengeance est une réaction émotive individuelle 1.

La vengeance est gouvernée par la passion et le sentiment Pourtant, nous voyons que dans la définition de la vengeance entre l'aspect de ressentiment envers le criminel.

Lavengeance est une affaire de sentiment ou de passion.

La plupart du temps, on se venge d'un crime commis sur nosproches et sur notre famille.

Le désir de vengeance naît donc d'une douleur profonde et croit pouvoir atténuer lemalheur en punissant le responsable.

La vengeance se caractérise par son caractère subjectif.

"Mais, selon saforme, elle est l'action d'une volonté subjective » Hegel.

Elle est la réaction d'un individu qui souffre et est touteentière gouvernée par les passions et les émotions.

Or, celles-ci sont des réactions à chaud, sans que l'individupuisse prendre du recul.

Or, la justice se veut impartiale.

Comment pouvoir véritablement juger les fautes desautres, quand les sentiments prennent le contrôle ? Dans les sentiments, nous sommes emportés, nous neréfléchissons plus.

Comme le dit Platon, c'est le corps tout entier qui parle.

Il écrit dans Le phédon que « Le corps nous remplit d'amour, de désirs[…] si bien, que comme on dit, il nous ôte vraiment et réellement toute possibilité depenser » L'arbitre, que caractérise la justice, se doit de ne pas être influencé lors de sa prise de position.

Hegelécrit alors que « les personnes qui composent un tribunal sont certes encore des personnes, mais leur volonté est lavolonté universelle de la loi, et elles ne veulent rien introduire dans la peine, qui ne soit pas dans la nature de lachose.

» Les personnes pour le philosophe se dépouillent de leur subjectivité quand elles entrent dans un tribunalpour essayer de s'élever au niveau de l'universalité des lois et de la justice.

Or, quand notre famille est touchée,nous ne pouvons pas être véritablement impartiale.Pour Montesquieu, la vengeance serait peut-être justement, malgré les apparences, la plus mauvaise loi pourrespecter le principe de réciprocité évoquée par Aristote.

Nous avons toujours tendance à vouloir punir l'autre plusqu'il ne le mérite, non pas à la hauteur de ce qu'il a fait, mais à la hauteur de notre souffrance à nous.

Il écrit ainsidans l'ouvrage précédemment cité qu' "un cœur offensé, un homme dans la passion, n'est guère en état de voir aujuste la peine que mérite celui qui offense".

La vengeance est donc passionnelle et prend place généralement peu detemps après le premier méfait pour que le sujet puisse décharger sa peine.

Sous le coup de l'émotion, nous jugeonsmal, nous voulons des peines démesurées.

C'est ce qui s'est passée dans des grandes affaires très médiatisées danslesquelles, sous le coups de l'émotion, beaucoup de gens se sont révoltés et ont pris part aux procéduresjudiciaires.

Il est alors possible de faire de simples innocents des victimes d'une déferlante passionnelle.

Nouspouvons penser à la chasse aux poseurs de bombe irlandais relatés dans le film Au nom du père , etc… - La psychanalyse sur ce point vient confirmer nos dires.

Elle voit en la vengeance « une décharge émotionnelle »mise en place pour échapper au traumatisme, à la douleur.

Elle est donc totalement gouvernée par des pulsions etne fait pas appel à la raison.

2.

La vengeance est une violation du droit et induit une logique infinie De plus, nous l'avons vu la justice se définit par un respect du droit.

Or, la vengeance est prohibée par la loi demanière logique.

C'est pourquoi la justice s'est employée à juguler dès sa naissance la vengeance.

La justice estaussi un plat qui se mange froid.

Elle sa caractérise par sa tempérance et par sa neutralité.

Elle se substitue en tantque collective à la vengeance personnelle et ne peut entraînée aucune vengeance, dans ce sens que c'est lasociété toute entière qui punit Si tout le monde poursuivait sa propre justice, il n'y aurait plus aucune raison d'enavoir une unitaire et supérieure.

Celui qui enfreint alors la loi ne serait selon l'étymologie, pas juste.La justice est née justement pour mettre fin au règne des vengeances parce que la logique qu'induit la vengeanceest une logique sans fin, qui amène toujours plus de violence et de destruction.

On pourrait dire alors avec Hegelque la justice serait une forme de justice dans un monde hors-société qui ne connaît pas les lois et la justiceinstitutionnalisée.

En effet, comme l'explique Hobbes dans Le léviathan , les hommes se regroupent en société pour trouver la sécurité qui n'existe pas dans l'état de nature où chacun est en guerre contre chacun.

Les hommes ayanttous le droit dans la nature de faire ce qui leur permet de survivre et de persévérer dans leurs êtres, peuvent s'enprendre à un autre homme qui veut la même chose qu'eux.

De fait, en entrant en société, en contrepartie de lasécurité, ils doivent abandonner tous leurs droits naturels à l'état.

Ils se soumettent donc aux lois et ne peuvent lesenfreindre au risque d'être exclu de la société.

Dès lors, la vengeance, cette justice personnelle, ne peut avoir coursdans une société. 3.

La vengeance induit une logique infinie Enfin, il faut bien comprendre que la logique de la vengeance est une logique sans fin.

Quand pour me venger, je faisdu mal à celui qui m'a fait du mal, je lui donne la possibilité en retour de se venger de moi.

C'est bien ce qui se passedans les milieux mafieux.

Chacun veut punir l'offense faite mais de fait, cela peut durer longtemps et la violencepeut aller toujours en s'accroissant.

C'est pour cela qu'Hegel écrit, toujours dans Principes de la philosophie du droit que « la vengeance devient une nouvelle violation du droit: par cette contradiction, elle s'engage dans unprocessus qui se poursuit indéfiniment et se transmet de génération en génération, et cela, sans limite..

» Lejustice, elle, prononce sa sentence une fois pour toute au nom de la société et le criminel ne peut se venger contrecet organe.

Nous venons donc de voir qu'au point de vue du droit, la vengeance ne pouvait être une forme dejustice institutionnelle, mais peut-elle être morale ou juste du point de vue du Bien universel ? III La vengeance ne peut être morale et il faut plutôt essayer de pardonner autrui Il est vrai que la véritable justice fait parfois défaut au système judiciaire et aux lois.

Il est possible que des loissoient mal faites ou injustes.

Pensons par exemple aux lois nazies sur la discrimination des juifs.

Il doit y avoir au-. »

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