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VIAN Boris, L'Ecume des jours

Publié le 22/02/2012

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VIAN Boris, L'Ecume des jours ? ?
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« droit de Chloé et des murs qui se rapprochent dans la maison de Colin.

Simultanément, Chick délaisse Alise au profitde Partre et en vient à ne plus payer ses impôts pour acheter plus de livres de son idole.

Peu à peu, l'autre poumon de Chloé est envahie par le nénuphar et, pour couvrir les frais médicaux, Colinest obligé de travailler.

Mais Chloé ne tarde pas à succomber à sa maladie.

Quant à Chick, il meurt sous les ballesdes policiers venus perquisitionner chez lui pour non paiement des impôts.

Alise, elle, décède carbonisée dans l'unedes librairies qu'elle a incendiée après avoir tué Partre.

Lorsque Chloé décède, son enterrement est bâclé car Colin,ruiné ne peut payer les prêtres et la cérémonie.

Opinions personnelles : La magie à la fois fantastique et intrigante qui se met progressivement en place dans ce livre envoûte lelecteur et peu à peu l'enferme et l'étouffe à l'image des murs de la maisons de Colin qui se rapprochentprogressivement ou du nénuphar qui envahit le poumon de Chloé.

Mais la force de cet ouvrage, c'est que, loin de sesentir oppressé, le lecteur cherche à poursuivre sa lecture.

Il veut aller toujours plus loin, se laisser surprendre parla beauté des airs de jazz, la folie du pianocktail, l'irrépressible amour de Colin et Chloé, de Chick pour Partre etd'Alise pour Chick.

Il veut pressurer la substance même des mots de Vian jusqu'à entrer dans cet univers déluré,jusqu'à trouver la solution pataphysique qui permettra d'achever le roman, solution qui précisément renvoie auxoubliettes une fin réaliste possible.

Et pourtant, c'est la mort qui survient et qui, le plus réalistement du monde,amène son lot de malheurs et d'incompréhension.

C'est la mort qui vient briser tous ces couples, la mortinextricablement enchevêtré à l'amour et à la folie qui prend insensiblement le dessus, la mort enfin qui fait despersonnages les avatars mêmes de la souffrance de l'auteur.

C'est à travers ces quelques pistes que nous tenteronsd'analyser, jamais assez exhaustivement, les multiples réflexions que nous propose cet ouvrage, sans doute l'un desplus beaux et des plus psychédéliques qu'il ait été donné d'écrire au 20 ème siècle. Le jazz tout d'abord est omniprésent dans tout le livre.

La passion de l'auteur pour cette musique est iciretranscrite par de multiples procédés, que ce soit l'intérêt éprouvé par les personnages eux-même ou par cetinstrument fantastique qu'est le pianocktail.

Composer un cocktail sur un air de musique, c'est lier le plaisir auditif auplaisir gustatif.

C'est lier la beauté des notes au savant mélange de jus colorés.

C'est lier enfin deux esthétiquesévanescentes, l'une pour le plaisir de l'esprit, l'autre pour le plaisir du corps.

Et ces liens se retrouvent au niveausémiologique puisque Vian donne précisément à son invention un nom de son cru, un mot-valise, qui ne trahit nil'une ni l'autre des réalités mais les associent pour en faire un nouvel objet synesthésique et fantastique. De plus, la simple présence de Chloé rappelle la célèbre musique de Duke Ellington que Vian admirait tout particulièrement.

En donnant ce nom au personnage sans doute le plus attachant parce que le plus tragique,l'auteur fait sentir l'étroite proximité qu'entretiennent les personnages à la musique, comme s'ils étaient liés à la vieà la mort.

Cependant, entre la musique et l'amour d'une femme, ce dernier semble prévaloir puisque Colin vend sonpianocktail pour couvrir les frais médicaux de Chloé.

Symboliquement, il y a donc un choix qui est ici fait en faveurde l'amour et, ironie tragique s'il en est, c'est néanmoins la musique qui survit à l'œuvre puisque Chloé décède et estenterrée à la va-vite, alors que le roman, lorsqu'il s'achève est daté du 10 mars 1946 pour son écriture et localisé àDavenport, ville mythique du jazz. Par ailleurs, la composition même du roman est rythmée comme un morceau de musique.

Dans une première partie, les jeunes gens vivent leur vie sans problème apparent, comme pourrait débuter tranquillement un morceaupour immiscer progressivement son auditeur dans un univers particulier.

Puis, dans une deuxième partie, le lecteurassiste à l'apogée des couples, leur bonheur amoureux avec notamment le mariage de Colin et Chloé.

Dans unmorceau de musique, ce serait le moment choisi pour le faste et l'opulence des notes et des airs.

Enfin, dans unetroisième partie, c'est le moment de la déchéance, la maladie de Chloé et la ruine de Colin, la mort de Chick etd'Alise,… C'est le moment où la musique revient sur elle-même après l'euphorie et cherche à s'endormir pour laisserplace au silence.

Autre point important de cet ouvrage, leur transparence vis-à-vis de l'auteur.

Si nous venons de voir que la passion pour le jazz de Boris Vian est omniprésente, il faut aussi remarquer que son amitié avec Jean-Paul Sartre estexprimée en la personne de Chick.

Sa passion pour le philosophe Jean-Sol Partre – trop simple contrepèterie pour nepas être comique – apparaît évidemment comme une illustration de l'admiration que vouait Vian au philosophe. Sur un autre plan, la maladie incurable de l'auteur est au centre de cet ouvrage, fantastiquement retranscrit par le nénuphar de Chloé.

Donner à la maladie la forme d'une fleur, d'un nénuphar qui plus est, c'est déjà chercher lasublimation de la morbidité pour y trouver la beauté.

Et toute l'esthétique de l'œuvre repose sans doute sur cesimple postulat : la mort peut et doit être conjurée.

Il ne faut chercher dans la vie que la substance la plus belle,que « l'écume des jours » les plus heureux.

Néanmoins, la maladie est de plus en plus étouffante et les médecinssont de plus en plus présent au fil du roman.

Cela permet une critique acerbe, suite aux conseils des médecins,critique qui n'est pas sans rappeler Molière à certains égards, par exemple, lorsque le médecin ordonne : « Il ne fautpas qu'elle boive […], dit-il » (p.192).

D'autant plus que Vian utilise le terme « Carogne » emprunté au Malade Imaginaire . Mais c'est sans doute l'intrication de l'amour et de la mort qu'il nous faut étudier pour saisir l'une des pistes les plus sensibles de ce roman.

En effet, on remarque que jamais l'un ne va sans l'autre.

La maladie puis la mort deChloé sont suivies en permanence par l'amour de Colin qui sacrifie sa fortune pour tenter de sauver celle qu'il aime.Et plus l'amour de Colin pour sa dulcinée est fort, plus sa santé se dégrade, comme s'il y avait un jeu de vasescommunicants néfastes entre amour et santé.

De même, Alise, trop amoureuse de Chick pour le laisser vaquer à sapassion destructrice pour Jean-Sol Partre, finit par tuer le philosophe, par incendier les librairies et par se tuer elle-même dans un incendie qu'elle a provoqué.

Quant à Chick, il se fait tuer pour ne pas avoir payer ses impôts, mort. »

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