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Le vice, c'est le mal que l'on fait sans plaisir - Colette

Publié le 29/09/2004

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 Cette citation de Colette extraite de Claudine sans ménage nous place visiblement directement dans le champ de l’éthique et de la morale. Le vice se conçoit généralement comme le contraire exclusif de la vertu et constitue un défaut. Mais un défaut par rapport à quoi ? La notion de vice, telle que la présente Colette a parti lié avec la distinction entre le bien et le mal. Ainsi, le vice est au mal ce que la vertu est au bien. Pourtant, au-delà de même de cette vision manichéenne de l’éthique, le vice semble définit dans son mode d’action comme n’est pas relatif au plaisir. Le vice serait un mal sans plaisir ce qui le distinguerait alors de la perversité qui elle serait produite avec une prise de plaisir au mal (1ère partie). Néanmoins, on peut s’interroger justement sur ce lien entre le vice et le mal relativement à la notion de plaisir pour rechercher la normativité de ce mal, c’est-à-dire sa détermination (2nd partie) et pourquoi voir alors dans cette citation l’affirmation d’une morale ascétique qui en définitive est une exclusion du plaisir donc de la vie ne nous garantissant pas le plaisir non plus avec la vertu (3ème partie).

« II – Vice & mal a) En effet, dans son Traité de la réforme de l'Entendement , au paragraphe 1, Spinoza fait bien la distinction entre le bien et le mal ou plus exactement, il nous montre que les notions de bien et de mal ne sont relatives qu'ànotre puissance d'agir.

Ainsi, le bien est ce qui nous offre une plus grande puissance d'agir tandis que le mal est uneréduction de cette puissance : « L'expérience m'avait appris que toutes les occurrences les plus fréquentes de lavie ordinaire sont vaines et futiles ; je voyais qu'aucune des choses, qui étaient pour moi cause ou objet de crainte,ne contient rien en soi de bon ni de mauvais, si ce n'est à proportion du mouvement qu'elle excite dans l'âme ».

Eneffet, tous les objets de nos craintes n'ont rien en soi de bon ni de mauvais et ne prennent ce caractère qu'autantque l'âme en est touchée.

Il semble alors que nos vies ordinaires cherchent à s'éloigner le plus possibles de noscraintes ce qui situe un premier niveau de bien.

Or il n'y a rien en soi qui soit intrinsèquement bon ou mauvais.

Lavaleur d'une chose dépend donc de la manière donc elle nous affecte.

Ainsi une crainte est une affection quiprovoque en nous de la tristesse.

Si Spinoza évoque cela c'est bien parce que l'on pourrait définir le bien suprêmecomme l'absence de mal.

Or s'il n'y a rien en soi qui soit mal nous n'avons donc rien à craindre de spécifique.b) En ce sens, alors on peut voir que la définition spinoziste de la vertu en Ethique IV, proposition 18 nous montre que la vertu est liée au conatus c'est-à-dire à l'exigence de se conserver soi-même.

Toute notion de bien ou de malvoire de plaisir ou de non plaisir semble exclue.

D'une certaine manière, on peut dire que l'on se situe dans unpiétisme : « Puisque la Raison n'exige rien qui s'oppose à la Nature, elle exige donc elle-même que chacun s'aime soi- même, qu'il recherche sa propre utilité, en tant qu'elle est réellement utile, qu'il poursuive tout ce qui conduitréellement l'homme à une plus grande perfection, et que, d'une manière générale, chacun s'efforce de conserver sonêtre autant qu'il le peut.

Tout cela est aussi nécessairement vrai que le fait, pour un tout, d'être plus grand que lapartie.

Ensuite, du fait que la vertu n'est rien d'autre qu'agir selon les lois de sa propre nature, et que personne nes'efforce de conserver son être si ce n'est selon les lois de sa propre nature, on tirera trois conséquences.Premièrement, le fondement de la vertu est l'effort même pour conserver son être, et le bonheur consiste en ce faitque l'homme peut conserver son être.

Deuxièmement, la vertu est à poursuivre pour elle-même, et il n'existe rien quisoit plus valable qu'elle, ou plus utile pour nous, et en vue de quoi elle devrait être poursuivie.

Troisièmement, enfin,ceux qui se suicident ont l'âme impuissante et sont totalement vaincus par des causes extérieures qui s'opposent àleur nature ».c) Alors en Ethique IV proposition 37, scolie, Spinoza peut définir ce que nous appelons le vice comme l'impuissance à poursuivre les choses de la raison et à persévérer dans son être.

Le vice est alors un défaut de raisonnement etimplique la domination des causes extérieures et de l'imagination sur l'esprit.

Contrairement à ce que Colette nous ditdans sa citation, il n'y a pas alors d'exclusion entre le mal ou le vice et le plaisir.

En effet, un acte vicieux peut êtreplaisant comme par exemple de boire plus que de raison ou de trop manger : « J'appelle moralité (pietas ) le désir de bien faire quand nous sommes conduit par la raison.

Le désir de s'unir aux autres par les liens de l'amitié, quand nousvivons sous la conduite de la raison, je le nomme honnêteté, et j'appelle honnête ce que louent les hommes que la raison gouverne, comme le honteux est ce qui est contraire à la formation de l'amitié.

J'ai expliqué en outre quelssont les fondements de l'Etat, et il est aisé aussi de déduire de ce qui précède la différence qui sépare la vertuvéritable de l'impuissance.

La vertu véritable n'est autre chose, en effet, que de vivre sous la conduite de la raison ;et par conséquent, l'impuissance consiste en cela seul que l'homme se laisse gouverner par les choses extérieures etdéterminer par elles à faire ce que demande la constitution commune des choses extérieures, mais non ce quedemande sa propre nature, considérée en elle-même ».

Transition : Ainsi contrairement à ce que Colette semble indiquer dans cette citation, le vice n'est pas nécessairement le mal entant que le mal n'a de définition propre, mais surtout il n'y a pas exclusion de principe entre le vice et le plaisir aucontraire.

Cependant, comment ne pas aller plus loin que Spinoza et voir dans cette citation de Colette, la définitiond'un ascétisme moral définissant une morale de la faiblesse ? III – Au-delà de la moralisation a) L'ascétisme est alors une mortification, un renoncement à la vie et trouve son expression dans le devoir.

Commeil le précise dans le Gai Savoir il s'agit d'un « égoïsme que de considérer son jugement comme une loi générale ». Ainsi le devoir développe ce que Nietzsche appelle dans la Généalogie de la morale, 1 ère partie une morale du ressentiment : tous ces renoncements exigés au nom de la morale sont-ils justifiables ? Les attitudes, les sacrificesn'ont pas pour effets d'élever l'humanité, mais de l'empêcher d'user de ses forces les plus vives.

Le vice et la verturelèvent alors de la sphère de la morale donc du devoir.

La vertu dans ce cas est l'obéissance au devoir tandis quele vice se définit par son rapport au désir et à la passion, supposant alors aussi que le vice fasse plaisir étant lié à lapassion donc à la vie.

à travers le devoir on peut sans doute percevoir une volonté d'annihiler les passions et ledésirs au nom d'un idéal ascétique : un idéal de sainteté.b) Or on peut se demander d'où vient cette haine farouche envers le désir comme le demande Nietzsche dans les paragraphes 1 & 2 du Crépuscule des Idoles : « Pourquoi la philosophie et la religion mettent-elles si souvent en garde contre le désir, au lieu d'en glorifier la puissance créatrice ? » Sous le non de nihilisme, Nietzsche dénonce lacondamnation a priori de tout désir et de toute passion, qui domine selon lui la tradition judéo-chrétienne à laquellese rattache notamment la philosophie kantienne.

A la volonté de puissance, qui est créatrice et élève l'homme au-dessus de sa condition première, s'opposerait depuis des siècles, selon lui, une volonté de néant, qui prônelâchement le renoncement et le sacrifice dont les morales successives en seraient l'exemple : « attaquer lespassions à la racine, c'est attaquer la vie à la racine : la pratique de l'Eglise est hostile à la vie ».

Le désir est. »

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