Devoir de Philosophie

La vie morale n'est-elle qu'obéissance aux règles établies ?

Publié le 18/03/2004

Extrait du document

morale

.../...

Sans doute, la vie morale comporte bien l'obéissance aux règles légitimement établies. mais elle ne se réduit pas à cette obéissance.  

a) Tout d'abord, la vie morale n'est pas simple obéissance. Comme l'a bien fait valoir KANT, la moralité consiste, non pas à observer matériellement une règle reçue de l'extérieur, mais à s'imposer à soi-même cette règle : elle est autonomie et non hétéronomie. Le principe de la moralité réside dans l'autonomie, soit la faculté de se déterminer soi-même de par une législation rationnelle. L'homme est lié à son devoir par une loi qui ne lui est pas extérieure. Aucun intérêt ne vient le forcer à faire son devoir, aucune force étrangère à sa propre volonté ne vient le contraindre.Si le devoir procédait d'une contrainte, l'homme ne serait pas libre mais hétéronome, c'est-à-dire sous la dépendance d'une loi qui ne procède pas de lui-même. Le devoir ne se définit que par l'autonomie de la volonté. Être libre et moral, c'est agir conformément à sa propre volonté législatrice universelle.

  • I. La vie morale consiste-t-elle uniquement à obéir à des règles sociales ?

 

  • II. La vie morale se réduit-elle à l'obéissance à des règles morales?

 

morale

« Introduction : On se représente fréquemment la morale comme un système de règles, commandements ou Interdictions , auxquels l'individu doit se c onformer pour ne pasêtre fautif.

Une telle conception peut s éduire un esprit épris de distinctions tranchées en même temps qu'elle permet d'avoir fac ilement bonne consciencelorsqu'on a obéi à la règle; mais n'est-ce pas rabais ser la vie morale au rang d'une observance mécanique et en bannir toute recherche, tout élan, touteinvention? I.

La vie morale consiste-t-elle uniquement à obéir à des règles sociales ? Les premières règles auxquelles on pourrait penser, c elles dont l'existence est la plus manifeste et la plus générale, ce sont des règles sociales, et il s'esttrouvé des penseurs pour ramener la moralité à la sociabilité, comme il se trouve beaucoup d'hommes pour réduire leurs exigenc es morales aux exigencessociales.Il est pourtant facile de voir que l'observance des règles sociales ne saurait à elle seule constituer la vie morale. 1.

Les exigences sociales sont toujours apparues comme un « minimum éthique » que l'homme vraiment moral complète et dépas se.

Elles manifestent toutau plus le niveau inférieur au-dessous duquel on ne peut descendre.Ajoutons qu'il n'est pas assuré que les règles sociales soient légitimes et jus tes : souvent des consciences morales ont dû se révolter contre des règles quileur paraissaient mauvaises et qu'elles ne pouvaient approuver. 2.

Les règles sociales ne concernent que certaines activités qui intéressent directement la vie en société, mais s e désintéressent de toutes sortesd'aspects de l'existence humaine qui tombent pourtant sous le contrôle de la morale.

Dira-t-on que parce que la société ne réglemente pas les relationspersonnelles d'amitié, la vie morale ne doit pas s'en occuper et qu'il n'y a pas de devoirs de l'amitié?Il est donc manifeste qu'une vie morale qui se c antonnerait dans l'observanc e des règles s ociales serait extrêmement pauvre et laiss erait de côté certainsaspects importants de l'existence. II.

La vie morale se réduit-elle à l'obéissance à des règles morales? On peut penser qu'au-dessus des règles s ociales extérieures à l'individu, il y a des règles proprement morales qui ont leur origine à l'intérieur même del'homme et sont par exemple l'expression de sa raison.N'est-il pas légitime alors de considérer la vie morale comme l'obéissance à ces règles, et de la cons idérer avec Kant comme caractérisée par l'autonomie,c'est-à-dire la situation d'un être qui s e soumet aux lois dictées par sa raison?Il est certain que l'obéissance à de telles règles constitue bien une vie morale, mais on peut se demander si en insistant sur l'aspect obligation, et enparlant de règles, on ne risque pas de méconnaître certains aspects de la moralité. 1) L'Invention morale: Un code ou un système de règles, si complet soit-il, ne saurait évidemment prévoir tous les problèmes et toutes les situations particulières de la vieconcrète: l'individu dont la vie morale s e ramènerait à l'observation d'un tel code risquerait de se trouver à chaque instant désemparé et même de s'appuyersur l'absence de règles pour justifier une abstention coupable devant un problème urgent, tels les pharisiens que nous présente l'Évangile devant cettesituation concrète : le bœuf qui tombe dans un puits le jour du Sabbat.Tout système de règles a donc besoin d'être complété par une invention et une initiative perpétuellement en éveil pour découvrir à des problèmes nouveauxdes solutions morales adaptées.

Si par exemple nous considérons comme un principe moral essentiel le respect de la personne humaine, cette règle nenous dit pas si, dans telle ou telle situation concrète, par exemple le travail, cette personne est respectée ou lésée, ni par quelles initiatives ou quelsmoyens on peut la mieux respecter.

Il est bien évident que le précepte moral de charité prendra des formes concrètes différentes suivant la structuresociale, les bes oins et les problèmes propres d'une époque.

C 'est cette puissance de renouvellement que Péguy mettait en lumière en opposant les moralessouples aux morales raides et en déclarant que les « morales raides sont infiniment moins sévères que les morales souples étant infiniment moins serrées».Il y a donc dans toute vie morale authentique une part d'invention et d'initiative qui l'empêc he de se réduire à l'observance d'un système de règles quel qu'ilsoit. 2) L'Intention morale Une seconde précis ion est nécessaire qui concerne cette fois l'intention ou l'esprit.

Kant a bien montré que l'obs ervance extérieure d'un précepte mêmemoral, qu'il appelle la légalité, ne saurait à elle seule constituer la moralité : on peut très bien se conformer à une règle morale sans être vraiment moral,comme lorsqu'on rend service à autrui par intérêt et par c alcul, ou qu'on reste honnête par crainte d'une sanction.

Platon remarquait déjà que l'homme quireste tempérant et s'abstient d'excès uniquement parce qu'il redoute les funestes conséquences de c es excès, n'est pas vraiment vertueux.Il ne suffit donc pas pour être moral d'obéir à des règles même justes, il faut le faire dans un certain esprit, dans une certaine intention que Kant appelait la «bonne volonté ».

Il ne suffit pas d'agir c onformément au devoir, il faut agir par respect pour le devoir. 3) L'amour Enfin beaucoup de philosophes ont pensé qu'à côté de l'as pect obligatoire de la morale qu'évoque le terme de règle, il fallait souligner la part de l'amourdans la vie morale.

C'est Bergson qui oppos e l'aspiration à l'obligation, c'est Durkheim qui parle de la « désirabilité » morale, c'est saint A ugustin qui disaitdans une formule célèbre : « Aime et fais ce que tu veux », c'es t tout le christianisme dont La morale se résume dans le précepte de l'amour.Cette introduction de l'amour dans la vie morale se rattache à deux idées :— La nécessité d'intégrer la sensibilité à la vie morale.

L'homme n'est pas uniquement un être rationnel, il a une vie affec tive, et il serait paradoxal d'exclurede la vie morale ce caractère et cet aspect si importants de l'homme.L'idéal moral ne nous semble-t-il pas réalisé chez celui dont la sensibilité s'harmonise spontanément avec les exigences morales, et Kant lui-même, quipasse souvent pour avoir méconnu le rôle de la sensibilité, ne concevait pas autrement la sainteté.— L'idée que les règles morales ne sont pas des règles arbitraires, brimant sans raison nos désirs, mais qu'elles correspondent en définitive à uneaspiration, à une volonté profonde et constituent notre bien.On comprend alors que certains aient élevé au-dessus de la morale de la loi, la morale de l'amour qui c orrespond au stade où la règle morale n'est plusressentie comme une obligation extérieure et où la vie morale es t pleinement intériorisée.

M ais on doit alors précis er que l'amour ne dispense pas durespect de la loi, et que l'homme est toujours à la merci d'une défaillance qui rend à la règle son rôle irremplaçable. Conclusion : Le rôle de l'invention, de l'intention et de l'amour dans la vie morale suffit à nous montrer que celle-ci ne consiste pas uniquement à obéir à des règles.D'ailleurs ce qui caractérise la vie, dans tous les domaines, n'est-ce pas cette puissance de création et de renouvellement qui l'empêche de rester jamaisenfermée dans des cadres rigides?. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles