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Vie et oeuvre de MAINE DE BIRAN

Publié le 23/03/2009

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« Dès l'enfance, écrivait Maine de Biran, je me souviens que je m'étonnais de me sentir exister ; j'étais déjà porté comme par instinct, à me regarder au dedans pour savoir comment je pouvais vivre et être moi «.  L'homme qui écrivait ces lignes se trouvait mêlé à une vie politique et à des événements peu propres à favoriser la solitude et le recueillement que semblait exiger son goût de l'introspection : garde du corps de Louis XVI dans les rudes journées des 5 et 6 Octobre 1789, caché pendant la Terreur, administrateur de son département de la Dordogne en 1795, député de la Dordogne au Conseil des 500 en 1797, conseiller, sous-préfet de Bergerac, membre du Corps Législatif sous le Premier Empire, député encore, puis questeur à la Chambre, puis conseiller d'Etat sous la Restauration, il se trouva toute sa vie détourné et distrait de ses études psychologiques qui étaient sa seule passion et qu'il abandonnait périodiquement pour une vie trépidante de salons et de, polémiques.  Si les Académies de Paris, de Berlin et de Copenhague n'avaient pas lancé en concours, des sujets qui touchaient de près à ses réflexions, nous n'aurions aucune œuvre de Maine de Biran, si ce n'est le « Journal intime «.  Il sent plus que tout autre, par l'agitation de sa vie, ce devenir perpétuel dans lequel nous sommes embarqués et il se demande avec une véritable angoisse s'il existe quelque chose de stable, de fixe, de sûr,... un principe d'unité qui puisse échapper à cette fuite; il en attend le calme de l'esprit et le bonheur.  « Y a-t-il un point d'appui et où est-il ? « Telle est la grande question de Maine de Biran. Il ne se propose donc aucun idéal de connaissance désintéressée : un problème moral est à l'origine de ses recherches ; incroyant, dégoûté de l'agitation sociale, c'est en lui-même qu'il cherche à atteindre ce point d'appui.  A l'origine donc, psychologie et métaphysique sont liées, et, de ce fait, la méthode est ambiguë : est-ce une introspection, est-ce une analyse réflexive ?

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« connaissance de ses impressions.

Une impression ne devient « sensation » que s'il se mêle à la modification qu'elleproduit, un acte intérieur dans lequel le moi s'affirme, et s'attribue ce qu'il éprouve.L'analyse découvre ainsi que la conscience de soi est antérieure à toute sensation.

Le procédé de Condillac réussitpar un tour de prestidigitation : la sensation « odeur de rose » est faussement simple puisqu'elle est « sensationconsciente ».

Condillac glisse l'essentiel sous l'accessoire et le redécouvre triomphalement à la fin de l'opération.Et l'existence même dont il a voulu partir est fausse et dénaturée, du fait qu'il a voulu les saisir de l'extérieur, entoute objectivité, comme si on pouvait saisir en toute objectivité sans le dénaturer ce qui est éminemmentsubjectif.La vraie sensation, vécue, vivante, n'est accessible qu'à une expérience tout intérieure. B — Critique de Descartes.

C'est avec la plus grande admiration que M.

de Biran aborde le système cartésien.

Ill'appelle « notre grand Descartes », le « père de la philosophie ».Et cependant, pour M.

de Biran, Descartes a raté l'existentiel, c'est-à-dire que sa construction est toute dansl'abstrait, donc hors du réel vécu.

L'erreur première et irrémédiable, dit notre auteur, est d'avoir institué ce « douteméthodique » sous prétexte de rechercher le fait premier de la conscience.

S'étant placé délibérément hors duvécu, « Descartes construit le monde avec certaines « natures simples », éléments abstraits, purs ouvrages del'esprit qu'il prend pour des réalités ».Cherchant toujours cette évidence de raison qu'il a substituée a l'évidence de lait et de sentiment, il prend pour réeltout ce qu'il conçoit clairement.

Or l'aperception de mon existence exclut l'absolu.

Autrement dit, dans « Cogito ergosum », on doit ou bien rester sur le plan de l'existence et la proposition signifierait « j'existe donc j'existe », ou bienle 2e terme « Sum » nous place dans l'absolu et, sortant de l'existence, nous met dans l'abstrait absolu, c'est-à-direl'irréel.Si l'on suit Descartes dans son hypothèse abstraite, on arrive à la conception d'une volonté désincarnée qu'on nepeut dès lors considérer que comme un vœu sans efficacité immédiate causale, ce qui prépare évidemment les voiesà des théories comme celle des causes occasionnelles de Malebranche, ou celle de l'Harmonie préétablie de Leibniz,tentatives pour retrouver l'efficacité du vouloir dont nous faisons en nous-mêmes à chaque instant l'expérience. C — Entreprenant une métaphysique concrète, M.

de Biran s'attache à son tour à découvrir le fait primitif, dont toutse tire et qui ne se déduit lui-même de rien, « qui entre dans tout comme élément formel ». Difficulté de méthode car, dans la mesure même où pour chercher cette réalité, on l'abstrait,...

on la dénature et onla «rate».

Il faut donc se placer à l'intérieur même de cette réalité, rompant avec les modes habituels, faux parcequ'objectifs, d'imaginer et de comprendre.

Par cette nouvelle attitude que Bergson appellera l' « intuition » et que M.de Biran appelle « le sens intime », il faut vivre le fait antérieur à la séparation de la volonté et de l'entendement,antérieur à l'union de l'âme et du corps. 2 — Nous saisissons alors, en le vivant, une sorte de jaillissement, une spontanéité libre, une efficience, disons,faute d'un mot meilleur, un « effort ».

Ce fait primitif est un rapport.

M.

de Biran l'appelle très souvent le « moi », la« force hyperorganique », et aussi «l'effort».C'est cette réalité dynamique et vécue qui s'explicite en des termes réalisés par sa puissance même et qui n'existentqu'en la supposant.Il s'agit donc d'une relation vivante préexistant à ses termes et les créant.

Les deux premiers termes constituésseront le sujet et l'objet, corrélatifs ; l'un est cet effort comme impliquant une activité, l'autre est ce même effortcomme impliquant une résistance.Cette réalité ou plutôt cette relation réalisante, cette activité créatrice est une causalité et une liberté. 3 — Le renouvellement de la psychologie et de la logique. Maine de Biran alliant dans le sens intime, le goût de l'expérience qu'il tenait du XVIII0 siècle, et la méditation qu'iladmirait chez Descartes, a ainsi découvert le centre et la source du vaste courant de conscience.En constatant sous leurs véritables titres, les facultés actives de l'esprit humain le nouveau point dé vue assigneraà toutes les idées et à toutes les notions une origine dans le fait primitif de l'existence et du moi.

Il définira lesdegrés de la vie consciente par la participation de plus en plus large à la source vivante par laquelle nous agissons.Enfin, il renouvelle la conception du » moi ». A — Il y a trois « niveaux » de la vie psychologique : les affections, la conscience immédiate, et la réflexionattentive. a) Au plus bas degré, les « affections » échappant à la conscience, c'est le plan des automatismes et desdéterminations passives de la vie organique.

Là, dit malicieusement M.

de Biran, vivrait confortablement lesomnambule mécanique de Condillac.b) La conscience immédiate.

Elle se présente comme un effort continu, une « tension » dirions-nous, dontl'habitude nous fait perdre la notion claire mais qui n'en existe pas moins comme effort.

Tout ce qui est conscientest voulu en quelque mesure.

Au niveau de la conscience immédiate, on ne peut séparer sentir et vouloir.

Laconscience spontanée est « au-monde » sans réflexion et sans distance.c) L'attention.

L'effort est à son plus haut degré de positivité dans l'attention et toutes les autres opérations. »

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