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LA VIE DE PROUST

Publié le 05/04/2011

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proust

Marcel Proust naquit à Paris le 10 juillet 1871. Sa famille paternelle, catholique, était solidement enracinée en Beauce, à Chartres aussi bien que dans la campagne. Sa famille maternelle était juive. Son père, Adrien Proust, médecin célèbre, fut professeur d'hygiène à la Faculté de Médecine. Milieu bourgeois, intellectuel et riche, qui préservera l'enfant de toute misère matérielle et morale, et lui donnera une étonnante et exceptionnelle facilité d'existence. Il en usera par la suite à des fins inimaginables pour les siens. L'enfance du petit Marcel fut la plus heureuse, la plus idéalement heureuse des enfances, jusqu'à l'âge de neuf ans.   

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« diagnostiqua aussitôt le génie de ce jeune homme, et Madame Alphonse Daudet conserva, dès ce moment-là, —Proust avait vingt-cinq ans, — ses lettres, « et les classa dans les autographes ». En 1889, Bergson faisait paraître sa thèse : Les Données immédiates de la Conscience, et par son mariage devenaitparent de Marcel Proust.

L'influence de Bergson sur lui fut-elle réelle, ou plutôt — et c'est le plus probable —avaient-ils en commun un certain nombre d'idées sur la personne, la mémoire, les phénomènes psychologiques ? Dans le même temps, quelques jeunes gens, anciens élèves de Condorcet, fondaient une revue littéraire, leBanquet, et Marcel Proust y collabora régulièrement, avec Fernand Gregh, Daniel Halévy, Henri Barbusse, Robert deFiers.

Cependant, l'assiduité de Marcel Proust dans les salons le fait fâcheusement juger comme un snob, et lemalentendu commence.

Il durera jusqu'à l'apparition des Jeunes Filles en fleurs, c'est-à-dire presque jusqu'à la mortde l'écrivain.

Pour tous, il est d'abord un mondain; donc, et rien ne pouvait l'atteindre plus douloureusement, il n'estqu'un amateur. En 1896, il publie son premier livre : Les Plaisirs et les Jours, pour lequel Anatole France fit une de ces préfacescomplaisantes et lasses, comme il en faisait volontiers aux jeunes écrivains de sa cour.

Madeleine Lemaire, peintre àla mode, dont le salon recevait le « gratin » mondain, artistique et littéraire de Paris, l'illustra.

C'était un recueil decontes exquis, singuliers et précieux, d'études, d'essais, de portraits.

Tout avait déjà paru dans la Revue Blanche etLe Banquet.

Mais le livre ne fit qu'aggraver la réputation d'amateur de Marcel Proust.

Pourtant quelques espritssagaces comprirent qu'il y avait là « quelqu'un ».

« J'attends », écrivit Léon Blum, « avec beaucoup d'impatience sonprochain livre.

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Quand on a le talent de style, toute l'aisance de pensée que recèle ce livre trop coquet et tropjoli, ce sont là des dons qu'on ne peut laisser perdre.

» Le professeur Proust meurt en 1903.

Robert Proust fait ses études de médecine.

Madame Proust laisse Marcel librede son temps et de sa fortune.

Il voyage un peu : court séjour à Venise, recherches de cathédrales pour alimenterses études de Ruskin.

Il préface et traduit quelques œuvres du « théoricien de la Beauté » et le Mercure de France,dès 1900, publiait ses « présentations » de Ruskin. En 1905, Marcel Proust perd sa mère.

Il avait trente-quatre ans.

Ce fut la douleur inconsolable de sa vie.

Il se retirealors de plus en plus du monde, cherche de moins en moins à lutter contre la maladie.

Il a raconté à Lucien-Alphonse Daudet que le Professeur Albert Robin, qu'il avait souvent consulté, lui avait dit : « Je pourrais peut-êtrefaire disparaître votre asthme, mais je ne le veux pas; au point où vous êtes asthmatique et étant donné la formeque l'asthme a prise chez vous, il est pour vous un exutoire et vous dispense d'autres maladies.

» Il se résigne à sa vie de reclus, à ne plus voir les pommiers en fleurs qu'à travers les vitres d'une voiture fermée.Personne parmi ses amis ne prend au sérieux ni son renoncement, ni sa maladie, ni surtout son travail.

L'explicationde son attitude ne fut claire pour tout le monde qu'après sa mort.

Il ne sort que le soir, que la nuit, et rarement.

Undes rédacteurs du Figaro, en 1912, l'ayant rencontré dans le salon où il attendait un ami, et ne le connaissant pas,a dit qu'il lui avait semblé voir « un prince en exil ». Mais Marcel Proust poursuivait son but.

Il pensait que la mort, compagne familière de sa pensée, pouvait ne pas luiaccorder le Temps, le fameux et invincible . Temps dont il avait découvert la dimension psychologique.

Il voulait publier son œuvre, « son livre ».

En 1911, ilessaya de faire éditer ce qui était «prêt».

Il n'imagina point, dans son ignorante candeur, de difficultés.

Il était unécrivain connu, rédacteur au Figaro, collaborateur de plusieurs grandes revues, auteur de traductions de Ruskin; ilavait des relations brillantes, qu'il croyait puissantes ; il pouvait espérer, croire, qu'un éditeur prendrait son roman.Son choix se porta sur la Nouvelle Revue française, dont la qualité littéraire lui plaisait, quoiqu'il ne partageât pastous ses goûts, ni toutes ses admirations.

André Gide, à qui le livre fut remis pour examen, le refusa: ce livre quidevait s'appeler Du côté de chez Swann.

Pour Gide, Proust représentait l'amateur, l'espèce abhorrée du rédacteurau plus mondain des journaux, Le Figaro d'alors, le « boulevardier » (terme qui n'a plus aucun sens pour lesgénérations actuelles).

Le procès était jugé. Proust alla « du côté » du Mercure de France où il avait publié ses Ruskin.

Même refus.

Ses amis essayent d'autreséditeurs.

Vainement.

A la fin, Grasset accepte de prendre Swann, à compte d'auteur.

On est en 1913. Le livre paraît.

Dans l'ensemble, silence de la critique. Quelques articles d'amis.

Cependant Paul Souday, critique du Temps, la plus grande, — et peut-être la plus légitime—, autorité littéraire de l'époque, lit cette œuvre extraordinaire.

Il lui consacre un feuilleton entier.

Il critiquevivement le style, les phrases, le détail, la composition, mais il affirme l'étonnante originalité de cet auteur singulier.Puis, peu à peu, quelques hommes intelligents lisent Du côté de chez Swann, Henri Ghéon, Jacques Rivière.

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Leursoudain émerveillement force la résistance de leur entourage.

Au début de 1914, André Gide écrit à Marcel Proust : « Depuis quelques jours, je ne quitte plus votre livre; je m'en sature, avec délices; je m'y vautre.

Hélas ! Pourquoifaut-il qu'il me soit si douloureux de tant l'aimer ? Le refus de ce livre restera la plus grave erreur de la N.

R.

F.

et (car j'ai honte d'en être beaucoup responsable) l'undes regrets, des remords les plus cuisants de ma vie.

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». »

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