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Villon : La Ballade des Pendus (commentaire)

Publié le 02/07/2012

Extrait du document

villon

Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tôt de vous mercis. Vous nous voyez ci attachés, cinq, six : Quant à la chair, que trop avons nourrie, Elle est piéça dévorée et pourrie, Et nous, les os, devenons cendre et poudre. De notre mal personne ne s'en rie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Se frères vous clamons, pas n'en devez Avoir dédain, quoique fûmes occis Par justice. Toutefois, vous savez Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis. Excusez-nous, puisque sommes transis, Envers le fils de la Vierge Marie, Que sa grâce ne soit pour nous tarie, Nous préservant de l'infernale foudre. Nous sommes morts, âme ne nous harie, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a débués et lavés, Et le soleil desséchés et noircis. Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés, Et arraché la barbe et les sourcils. Jamais nul temps nous ne sommes assis Puis çà, puis là, comme le vent varie, A son plaisir sans cesser nous charrie, Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre. Ne soyez donc de notre confrérie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maistrie, Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie : A lui n'ayons que faire ne que soudre. Hommes, ici n'a point de moquerie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Villon, Epitaphe Villon ou ballade des pendus

La ballade des pendus, des dames du temps jadis : les ballades l’emportent sur les huitains. Passé à la postérité avec une œuvre mince en volume. Le Lais, Le Testament, œuvres diverses, Ballades en jargon (inintelligibles).

Mort jeune probablement : ne sait pas quand, disparaît sans laisser de traces.

Villon, associé à quelques balades et à sa légende.

Ballades des pendus : peut-être la plus intelligible donc plus célèbre ?

 

Forme la plus prisée déjà à l’époque : ballade, hiérarchie des formes poétiques, une performance poétique. Très nombreuses ballades dans le Testament.

Pose problème par son titre. 3 titres : épitaphe Villon ou ballade des pendus, ou titre à rallonge.  Pb de la transmission du texte. Epitaphe, titre le plus juste. Un titre qui en dit trop (celui à rallonge) : ultima verba, épitaphe poétique, forme de ballade, et donne l’argument narratif. Synthétique, dit l’essentiel, mais en dit trop : suspens pour savoir qu’ils sont pendus. Effets de retardement, charme du poème. Fait tomber à plat les strophes 1 et 2.  

villon

« Lettres - Villon : La Ballade des Pendus - 06/09/2011 2 Complaisance macabre : un peu trop.

Vanité : mort et vie, memento mori.

Danse macabre.

Pas isolé dans la création artistique.

Terreur et pitié : les 2 grands ressorts.

Aspect religieux : une prière.

Vient confirmer une des images que nous nous faisons du M -A.

Un discours au sens linguistique du terme : frères humains, humains.

Adresse au lecteur, destinataires identifiés, locuteur ? Identifier les locuteurs, effets retardés.

Des voix d’ outre -tombe .

Plus : des voix de morts sans sépulture.

Des voix sans corps, qui n’ont pas de corps pour les porter, corps en décomposition, n’existent déjà plus.

Quasiment plus dans l’espace.

Poème nous invite à repérer ce qui va permettre d’identifier les locuteurs terrifiants.

Par justice : morts sont des condamnés.

Pauvre , pauvre Villon.

Une prière du début à la fin.

Adressés aux personnes qui passent devant le gibet.

+ ceux qui vivent, les vivants et ceux à venir, donc nous lecteurs.

Prière synthétisée par le refrain : demande de prière, je vous prie de prier.

Une prière d’intercession.

P our leur salut.

Question au cœur du M -A.

Pourquoi font appel aux passants ? En quoi utile ? Le devoir chrétien, avoir pitié.

Anthropologique, touché par le spectacle affligeant qu’endurent nos semblables.

+ A u nom de la charité.

Le pauvre : le Christ.

Id entité des locuteurs, insistance sur le macabre, donne son aspect prébaroque, 2eme couplet compris, 3eme continue, sans ménagement, complaisance, état indéterminé : strophe la plus réaliste.

Ne veut pas faire de la mort une idée, une abstraction mais une r éalité, si possible insoutenable.

Corps en putréfaction.

Inexorable et long processus de décomposition.

Ce quelque chose qui reste.

Reste comme support : l’âme ou l’esprit.

La voix du groupe.

Qu’est -ce qui reste au bout de la corde ? Des éléments non ident ifiables, absolument atroce… Un transi, (Ligier Richier, le transi de René de Chalon, à Bar le Duc) .

Poésie fait parfois même chose que musique, peinture, sculpture, mais avec des procédés qui lui sont propres.

Images : ut pictura poesis.

Sonorité : p et d en martèlement.

Images : indistinction des corps.

Décomposition rend les corps indistincts.

+ballot er par le vent.

Mouvement de balancier.

Jouet du vent, des grotesques.

Assis : pas un instant de repos, une chaise s’il vous plaît.

Rupture de temps, assoc iation de contraires, humour macabre.

Et effet tragique, recherche de pitié : pas de repos, châtiment incessant.

Humour proche du désespoir.

« Je ris en pleurs », face cachée du désespoir.

V 20- 21 : e – i.

Cris de souffrance ? Assonance.

Martellement.

Images strophe 3 : plus becquetez : reprend image d’avant, + image du dé à coudre : cavez : taupe.

Becquetez : harmonie imitative.

Poudre, foudre, coudre : rupture, un jeu.

Mot inattendu, prosaïque.

Poudre : poussière, retourner à la terre.

Memento mori.

Foudr e : fatalité, colère des dieux.

Lourd de signification.

Et paf dé à coudre.

Horrible spectacle pour faire entendre une voix.

C’est gore (violent sanglant mortifère).

Ici. »

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