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« Le vin et les enfants disent la vérité. » ALCIBIADE, vers 416 av. J.-C.. Commentez.

Publié le 22/02/2012

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Dans le traité philosophique du Banquet, Platon met en scène son maître Socrate. Le philosophe athénien devise librement de l'amour et du bonheur avec quelques convives, dont l'auteur de comédies Aristophane. Le stratège et dirigeant athénien Alcibiade (vers 450-404 av. J.-C.) surgit alors en titubant parmi les invités, couvert de violettes et de lierre, et demande : « Acceptez-vous de boire avec un homme qui a déjà beaucoup bu ?

« La vérité est dans le vin.

Platon.

Commentez cette citation. Platon tente à montrer ici le rôle que joue l'ivresse, la démesure dans la philosophie et la religion grecque,notamment par le vin, l'ivresse et Dionysos.

De cette locution latine que l'on connaît « in vino veritas » quelle peutêtre l'origine de cette vertu que l'on prête au vin de nous amener à un état d'esprit supérieur ? Il faut chercher ducôté de la religion grecque dionysienne pour y trouver une réponse.Longtemps tenu pour un dieu étranger, venu de la Thrace, qui aurait été la patrie de l'orgiasme, introduit en Grècepar ses missionnaires et ses dévots, Dionysos est en réalité un dieu qui signifie l'ailleurs et qui désigne l'Autre.Étrange et familier, mais présent dans le panthéon grec de longue date (les tablettes mycéniennes de Pylos ont livréson nom à côté des puissances reconnues de l'Olympe).Composante essentielle de la religion grecque, Dionysos n'est jamais entièrement inscrit dans la cité.

Ses temples ysont rares.

Et il est plus souvent devant la cité qu'au-dedans.

Dionysos est en relation privilégiée avec la naturenon civilisée, avec les puissances du monde sauvage.

Tout un aspect du mysticisme qui se réclame de lui met envaleur ce refus du politique et des valeurs de la vie socialisée.

Le partage se fait en termes culinaires : la cité inciteà manger la viande cuite d'animaux domestiques, sacrifiés selon les règles qui prévoient la part des dieux et celleque les hommes peuvent obtenir.

Dans le dionysisme, le modèle est l'omophagie : manger crues les chairs d'unevictime animale capturée et déchiquetée au terme d'une poursuite sauvage.

On sort ainsi du système qui fonde lacondition humaine dans un double rapport : avec les dieux et avec les animaux.

Dionysos entraîne ses fidèles dansune nature extérieure à la cité, où les bêtes, les hommes et les dieux se confondent, et sont interchangeables.

LesBacchantes se conduisent comme des bêtes féroces, et Agavé rapporte la tête de son fils traqué par la meute desfemmes dont elle dirige la course.

L'omophagie entraîne à se comporter comme Dionysos, « mangeur de chair crue »: l'homme est tour à tour bête et dieu. Dionysos continue à jouer le rôle essentiel qui était le sien à l'époque archaïque : dieu des énergies végétatives, dela sève, de l'humidité vivifiante (ganos), il patronne plus spécialement la vigne, le vin, les buveurs qui cherchentdans l'ivresse un « enthousiasme », c'est-à-dire une possession par le dieu.

Il est honoré tout au long de l'année pardes fêtes généralement joyeuses et même débridées, les dionysies champêtres, les lénéennes, les anthestéries etles grandes dionysies.C'est dans le cadre de ces festivités, et particulièrement des grandes dionysies, que se développe le théâtre dontl'essor est magnifique : il forge au démos un idéal commun, élargissant sa conscience politique, morale et religieuse.Aucune comédie de cette époque ne subsiste, mais la tragédie illustre largement l'évolution spirituelle.

Eschyle, nédans l'ombre du sanctuaire d'Éleusis, montre la toute-puissance du Destin, auquel les divinités elles-mêmes doiventse soumettre et dont elles sont les instruments : elles égarent les hommes qu'anime la démesure (hybris) et quiconçoivent des ambitions que n'autorise pas la condition humaine.

Cependant, une espérance essentielle est aufond de ce théâtre : les dieux eux-mêmes progressent et instaurent un ordre nouveau, moins rigoureux que l'ancien.La trilogie des Prométhée se termine par la réconciliation de Zeus et de Prométhée, dont elle montrait l'inexpiableaffrontement dans la première pièce.

L'Orestie s'achève par la soumission des anciennes déités du sang versé et dela vengeance inexorable, les Érinyes, aux dieux de la jeune génération, Apollon et Athéna, porteurs d'un message depardon par l'expiation, et partant d'espoir.. »

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