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Vingt-quatre heures de la vie d’une femme Stephan Zweig

Publié le 19/02/2012

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« introduire la vision de la passion du narrateur.

Il la défend car pour lui les passions sont des « puissances mystérieuses plus fortes que [la] volonté et [l’] intelligence » .

Ce parti pris incite Mrs C… à lui raconter son histoire, une journée de sa vie où elle a connu la passion pour un jeune homme qui avait, lui, la passion du jeu.

La passion de Mrs C… naît d’ailleurs de la passion du jeune homme : elle se plonge dans le jeu, « dans le reflet de cette passion étrangère » .

Elle dit n’avoir jamais vu « un visage d’où la passion jaillissait tellement à découvert, si bestiale » .

Elle est « fascinée » , « hypnotisée » .

Elle pense d’ailleurs, lorsqu’elle commence à le suivre, n’être « nullement amoureuse de ce garçon » .

Par sa passion à lui, elle cherche à sortir de sa vie ordinaire et ennuyeuse.

C’est ce qu’ont en commun les trois personnages : chacun cède à sa passion pour sortir de son quotidien morne, de l’ennui, du « chemin régulier de [l’] existence » . Car la particularité de la passion, c’est qu’elle mène à la folie : c’est ainsi que Mrs C… décrit la passion du jeune homme : son « ardeur » , « tout ce qu’il y a [dans la nature] de chaleur et de glace, de vie et de mort, de ravissement et de désespérance » , un « tumulte mortel » , « une ivresse, la folie démoniaque de deux êtres égarés » , « la rage » , « un état de fièvre, une maladie » , « une violente exaltation [du] sentiment » , « ses feux infernaux » ...

Et cette folie est dangereuse : on ne peut rien contre elle.

Mrs C… ne peut « qualifier avec précision le sentiment qui alors [l’] entraîna si irrésistiblement à la suite de ce malheureux » ; « ce fut plus fort que moi, je ne pus agir autrement » , dit-elle.

Elle « ne savait rien, ne voulait rien » , sa « volonté était comme neutralisée » , elle agit « sans [qu’elle] eusse conscience de ce [qu’elle] faisait » , elle était « réellement sans volonté » .

Elle est en proie aux « puissances démoniaques de l’existence » . De plus la passion, lorsqu’elle est malheureuse, conduit à la mort.

Mrs C… « comprit aussitôt où allait cet homme : à la mort » .

La passion est « une puissance magique qui les entraîne, une volonté qui les pousse à se jeter à l’eau avant qu’ils n’aient eu le temps de réfléchir à la témérité insensée de leur entreprise » .

Elle transforme le jeune homme en un « paquet de misère » , une « loque humaine sans volonté » .

Ce combat, c’était une question de vie ou de mort ». La passion peut être heureuse, lorsqu’elle est considérée comme une « mission » : Mrs C… dit à un moment « je n’avais plus honte, non, j’étais presque heureuse » ; il s’agit de son but, sauver un homme de la passion par sa passion : « toute vie qui ne se voue pas à un but déterminé est une erreur » .

Mais au bout il y a toujours la déception qui est terrible.

Le fait d’avoir perdu le jeune homme lui « déchire le cœur, avec une acuité brûlante et impitoyable » .

Cette déception donne même à Mrs C… des envies de meurtre : « un désir de saisir à la gorge le parjure qui avait si misérablement trompé ma confiance, mon sentiment, mon dévouement » .

Mais même si son « âme en est brisée pour toujours » , « toute souffrance est lâche : elle recule devant la puissance du vouloir-vivre qui est ancré plus fortement dans notre chair que toute la passion de la mort ne l’est pas dans notre esprit » .

« Le temps a un grand pouvoir » , et « vieillir n’est, au fond, pas autre chose que n’avoir plus peur de son passé » .

Le narrateur a d’ailleurs l’impression d’apercevoir chez la vieille dame, le récit achevé, « le reflet de la passion éteinte » . On ne peut lutter contre la passion, c’est pourquoi elle est excusable : voila ce que soutient le narrateur.

Elle n’en est pas moins destructrice, et peut mener à des choses que l’on n’aurait pu imaginer ( une tempête qui avait déchaîné les sentiments les plus insensés » ), des choses horribles.

Mrs C…, à propos du suicide du jeune homme, déclare : « Cela ne me fit presque plus mal : peut-être même (pourquoi nier son égoïsme), cela me fit-il du bien » . Critique Dans Le joueur d’échecs , du même auteur, la passion mène également à la folie : le personnage devient fou de perdre sa partie d’échecs.

Cependant les deux œuvres sont très différentes, notamment dans l’atmosphère, l’ambiance.

L’atmosphère est rendue de façon très intéressante dans Vingt-quatre heures de la vie d’une femme : dans les moments de passion, les descriptions permettent vraiment d’imaginer les scènes, notamment dans la scène du Casino, lorsque Mrs C… voit le jeune homme pour la première fois : la fièvre est de ce dernier est particulièrement bien rendue.

La description des mains, en particulier, est très originale et passionnante.

La folie ambiante de la nuit d’hôtel ainsi que la dernière scène au Casino sont également impressionnantes.

Cette œuvre se rapproche finalement d’une étude, le phénomène de la passion étant analysé avec une grande précision et l’histoire n’étant, finalement, qu’un prétexte.. »

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