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La violence est-elle à l'origine de la société ?

Publié le 07/03/2004

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 » Le contrat de chacun ne pouvait pas, en effet, introduire une inégalité qui n'existait pas au moment de la signature du contrat. Nous sommes en présence d'un pouvoir fort, mais devant lequel les individus sont égaux et js réduits à l'état de simples objets. Ils sont sujets en tant qu'ils doivent obéissance au pouvoir, mais aussi sujets de Droit, ce qui implique un certain respect. Cela explique que l'on ait pu voir en Hobbes aussi bien le défenseur de la monarchie absolue que le précurseur des démocraties modernes. Tous les grands noms de la pensée politique (Locke, Rousseau, Kant, Hegel) s'inspireront de Hobbes. Le point de départ pourra être différent. Ainsi Rousseau estime qu'en évoquant une situation de guerre perpétuelle où l'homme est un loup pour l'homme, Hobbes ne décrit pas l'état de nature, mais les rapports entre les hommes tels qu'ils existent dans la vie en société. Pour lui, Hobbes a le tort de présenter comme une situation initiale ce qui n'est qu'un aboutissement. De même, si le contrat, pour lui aussi, comporte l'accord de chacun avec chacun. Rousseau retient des thèses combattues par Hobbes l'idée d'une convention gouvernants-gouvernés, convention de ce fait révocable.

« Ø « Personne » est employé dans le sens moderne de « personne morale ».

Cette personne qui détient la souveraineté peut être un individu, une assemblée ou la totalité du peuple.

QuantHobbes dit que la souveraineté ne peut pas être divisé et doit être détenue par une « personne unique », il envisage ces trois situations (un seul, une assemblée, la totalité du peuple).

Le fait que ses préférences aillent à la monarchie dont le roi détient effectivement le pouvoir (qui s'oppose à lamonarchie parlementaire où le parlement détient une part de la souveraineté) ne l'empêche pas depenser que, dans les trois cas, la souveraineté doit être quasi absolue et indivisible. Enfin, dans l'exposé qui précède, nous avons parlé de l' Angleterre , alors qu'en toute rigueur, il aurait fallu parler du Royaume-Uni .

Nous avons suivi en cela, et continuerons à suivre, l'usage populaire.

A strictement parler, le mot Grande-Bretagne convient mieux parce qu'en 1603, Jacques VI Stuart , roi d' Ecosse , devient Jacques I er d'Angleterre .

Même s'il faudra attendre 1707 pour qu'ait lieu la fusion des couronnes, on date de 1603 le début du Royaume-Uni . Si l'on devait résumer en une seule phrase l'oeuvre politique de Hobbes , la phrase étudiée ici, qui figure au chapitre 13 du « Léviathan », est certainement celle qui conviendrait le mieux : « Il apparaît clairement par là qu'aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont danscette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est la guerre de chacun contre chacun. » Les éléments fondamentaux sont mis en place : · parce que l'homme est poussé par un insatiable appétit de domination et qu'il cherche aussi à se protéger contre les agressions d'autrui par des actions préventives, la situation (« état de nature ») qui précède la vie en société se ramène à une guerre perpétuelle ; · la paix entre les hommes ne peut être obtenue que si tout le monde se soumet à une autorité (« un pouvoir commun ») qui contraint (« les tient en respect ») les hommes à ne plus attenter à la vie d'autrui. Le passage de l'état de nature à la société se présente comme le remplacement d'une crainte par une autre.Dans l'état de nature, l'homme craint son semblable qui peut à chaque instant le tuer ou le déposséder.

Dansla vie en société, l'individu craint un pouvoir fort qui garantit sa sécurité mais qui lui demande une obéissancequasi absolue. Pour que ce passage de l'état de nature à la société puisse avoir lieu, il est donc nécessaire que soit mis fin à« la guerre de chacun contre chacun » par un contrat « de chacun avec chacun ». Dans le système de Hobbes , comme cela se trouve chez certains prédécesseurs de Hobbes ou comme chez Rousseau , un contrat liant gouvernant et gouvernés.

Le contrat Hobbes ien est un contrat qui ne lie que les gouvernés entre eux.

Chacun de ceux-ci dit à l'autre en substance : j'accepte de ne pasattenter à ta vie et, en échange, tu t'engages à faire de même.

Pour garantir cet accord, nous acceptonsd'obéir à une autorité dont la fonction sera d'imposer le respect des termes du contrat. La seule limite de cette autorité, et en même temps de cette obéissance, va découler de la « fin » de cette convention, c'est-à-dire de son objectif.

Chacun abandonne l'essentiel de sa liberté au profit de sa sécurité.Chacun réfrène sa volonté de puissance (Freud dirait ses pulsions agressives) pour ne pas être tué ou blessépar autrui.

En conséquence pour Hobbes , si le pouvoir souverain veut attenter à ma vie (ou me blesser, m'emprisonner et autres actions qui peuvent entraîner la mort), je me trouve en état de légitime défense etj'ai le droit de résister.

Certaines nuances sont apportées à ce droit de résistance ; ainsi, s'il y a promesse depardon, je dois m'incliner.

De plus, ses modalités de mise en oeuvre pourraient être mieux précisées.

Maisl'essentiel est qu'il demeure un droit de résistance se rattachant à l'idée que l'organisation sociale a pour butde protéger le corps de l'homme et qu'elle perd son sens si, portant atteinte à ce corps, elle recrée lasituation de l'état de nature qu'elle avait pour mission de supprimer.

L'individu concerné pourra alors protégersa vie de la même manière qu'il l'aurait fait à l'état de nature. Nous ne sommes pas dans un système totalitaire qui exige l'anéantissement de l'individu au profit de lacollectivité.

L'organisation sociale a pour but de protéger l'individu.

Le pouvoir qui fait régner l'ordre est quasiabsolu à seule fin d'éviter la guerre civile qui n'est, en fait, qu'un retour à l'état de nature.

Mais quasi absoluseulement, car ce pouvoir souverain est limité par un principe de cohérence qui veut qu'il ne fasse pas ce qu'ila pour fonction d'empêcher. On voit donc apparaître ici, conjointement au souhait d'un pouvoir concentré et fort, l'idée de droitsinaliénables de l'être humain, la nécessité d'un respect de l'individu dans son corps, éléments qui peuvent êtreperçus comme les prémisses des droits de l'homme. Le meilleur résumé de la façon dont s'établit le contrat est à chercher dans « Léviathan », l'oeuvre majeure du philosophe.

Au chapitre 17, celui-ci écrit : « La seule façon d'ériger un tel pouvoir commun, apte à défendre les gens de l'attaque des étrangers, et des torts qu'ils pourraient se faire les uns aux autres, et ainsià les protéger de telle sorte que par leur industrie et par les productions de la terre, ils puissent se nourrir etvivre satisfaits, c'est de confier tout leur pouvoir et toute leur force à un seul homme, ou à une assemblée,qui puisse réduire toutes leurs volontés, par la règle de la majorité, en une seule volonté.

». »

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