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La violence est-elle toujours condamnables ?

Publié le 10/03/2004

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Et qu'un coup de force ne fait le pouvoir que s'il triomphe, cad s'il se maintient. 3) Cependant, le recours à la force (même doublé d'un recours aux lois) n'est pas suffisant. Car il y a force et force. Chaque animal dans le nature est ce qu'il est. Les espèces le font différent. Mais l'animal en l'homme est multiple. D'où cette extraordinaire galerie d'animaux : le loin, le loup, le renard. Tant qu'à être, la vanité du Prince se satisferait d'être lion, le roi des animaux. Mais dans la tripartition des animaux que propose Machiavel, seule l'alliance, si disparate, du lion et du renard permet de triompher. Car deux types d'obstacles sont présents.

Un seul foyer de violence suffit à déclencher une véritable épidémie. Les hommes, s'ils veulent un état de paix perpétuelle, doivent instituer des lois condamnant toutes les formes de violence.

MAIS...

Condamner la violence rvient, paradoxalement, à en favoriser l'expansion. Il est des cas où il n'existe pas d'autres solutions que de soigner le mal par le mal, et, de rendre violence pour violence.

« [La violence n'est pas à condamner absolument.

Elle seule peut mettre un terme aux conflits et rétablir la justice.

Sans faire une apologie de la force brut, force est de reconnaître que la violence est parfois nécessaire.] Une politique réaliste admet l'usage de la violence« Il faut savoir qu'il y a deux manières de combattre, l'une par les lois,l'autre par la force : la première sorte est propre aux hommes, laseconde propre aux bêtes ; mais comme la première bien souvent nesuffit pas, il faut recourir à la seconde.

Ce pourquoi est nécessaire auPrince de bien savoir pratiquer la bête et l'homme.

Cette règle futenseignée aux Princes en paroles voilées par les anciens auteurs, quiécrivent comme Achille et plusieurs autres de ces grands seigneurs dutemps passé furent donnés à élever au centaure Chiron pour lesinstruire sous sa discipline.

Ce qui ne signifie autre chose, d'avoir ainsipour gouverner une demi-bête et demi-homme, sinon qu'il faut qu'unPrince sache user de l'une et de l'autre nature, et que l'une sans l'autren'est pas durable.

Puis donc qu'un Prince doit savoir bien user de labête, il en doit choisir le renard et le lion ; car le lion ne peut sedéfendre des rets, le renard des loups ; il faut donc être renard pourconnaître les rets, et lion pour faire peur aux loups.

» MACHIAVEL. C'est à Laurent de Médicis, le nouveau gouverneur de Florence, queMachiavel, retiré dans sa propriété près de San Casciano à quelqueslieues de la cité dont il a été chassé, dédie ce traité de réalismepolitique, où, s'interrogeant sur les destinées de l'Italie, il explique lafaçon de sauvegarder le pouvoir et même d'accéder à la gloire.La tradition, héritée des moralistes latins, estimait que la gloire du chefrepose sur une bonne gestion allant de pair avec une conduite conforme aux exigences de la morale.

Al'opposé, Machiavel estime qu'il « est nécessaire au Prince qui se veut conserver qu'il apprenne à pouvoirn'être pas bon.

» C'est que les hommes, que le Prince a à gouverner, ne sont pas naturellement bons.Le texte présenté est extrait du « Prince » (1513), chapitre XVIII, « Comment les Princes doivent garder leurfoi ». Machiavel expose sa manière de concevoir, et de garder, le pouvoir. 1) Il y a deux manières de combattre.2) Le Prince doit pratiquer et la bête et l'homme.3) Et plus exactement les bêtes que sont le renard (la ruse) et le lion (la force). 1) L'impersonnalité du « il faut », au début de cet extrait, suggère l'intemporalité du savoir ici révélé.

Car au-delà de la diversité (empirique) des actions, il convient de remonter au principe.

Savoir rationnel, que celui quia réfléchi sur le pouvoir (Machiavel) est capable de formuler dans une classification, qui définit une fois pourtoutes les « deux manières de combattre ».Certes, on peut supposer que ce savoir repose sur l'expérience (dans la dédicace du « Prince », Machiaveldéclare que sa connaissance des actions des grands personnages est prise « par longue expérience ») maisce savoir se structure selon un principe qui est celui de la division (une dualité) qui est celle même des êtresvivants dans la nature : l'homme d'une part (dans son unicité), les animaux d'autre part (les bêtes dans leurdiversité).

Chacun a sa manière de combattre (car gagner ou garder le pouvoir est un combat) qui lui estpropre (particulière, qui lui appartient e propre).

D'un côté les lois (intitulées dans leur diversité par « les »),d'un autre la force (unique –malgré la diversité des acteurs : les bêtes).Ce qui est propre n'est ni totalement efficace (« la première bien souvent ne suffit pas »), ni exclusive (« ilfaut recourir à la seconde »).

On aurait pu s'attendre au contraire que la manière de combattre propre àl'homme (« les lois »), puisqu'elle lui est propre, soit recommandée (au niveau moral) comme exclusive, qu'ellesoit (par principe moral) la seule prônée (et que corollairement la seconde manière de combattre, si elledemeure possible, soit cependant écartée, interdite, condamnée). 2) Ce n'est pas le cas.

Parce qu'il ne s'agit pas ici de morale (le respect d'un principe, doublé d'un interdit)mais d'action.

Et celle-ci tout entière située dans le domaine du pratique, et non pas du théorique, ou bientriomphe, ou bien échoue, selon une loi qui est celle du tout ou du rien.

D'où l'idée implicite d'un maximum qu'ilfaut mettre en oeuvre et de là l'expression : « ne suffit pas ».

Comme ce qui est propre à l'homme (dans lamanière de combattre) est le recours aux lois, il faudra ajouter, dès que le besoin, un surplus, que l'homme. »

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