Devoir de Philosophie

La violence est-elle toujours destructrice?

Publié le 24/02/2005

Extrait du document

VIOLENCE (lat. vis, force, violence)

Gén. Force impétueuse au propre comme au figuré. Phi. pol. Emploi illégitime ou du moins illégal de la force. L'application du droit par la force n'est pas à proprement parler une violence (on évoque ainsi la violence policière quand les forces de police bafouent le droit au lieu de le faire appliquer). L'expression de « violence légitime » semble donc paradoxale.

« Pour Hegel, comme il l'expose dans Le Précis de l'encyclopédie des sciences :« La lutte pour la reconnaissance est à la vie, à la mort ; chacune des deux consciences de soi met en péril la viede l'autre et accepte pour soi cette condition, mais se met seulement enpéril : en effet, chacune a aussi en vue la conservation de sa vie comme êtrelà de sa liberté(…) La vie étant aussi essentielle que la liberté, la lutte setermine tout d'abord, comme négation exclusive, par cette inégalité que l'undes combattants préfère la vie et se conserve comme conscience de soiindividuelle, mais renonce à être reconnu libre, tandis que l'autre maintientson rapport à lui-même et est reconnu par le premier qui lui est soumis : c'estle rapport de domination et de soumission ».

La violence n'est certes pas unmoment légitime et substantiel, mais est nécessaire.

Une violence légitime, en accord avec une certaine idée du droit devient alorsenvisageable.Les consciences humaines ne s'élèvent à la conscience d'elles-mêmes commehommes que si elles se présentent l'une à l'autre en une sorte de cérémonialde reconnaissance.Ce cérémonial est la lutte, ce n'est pas la sympathie ou l'amour qui élèvent laconscience de soi à la conscience de soi comme homme, c'est montrer auxautres, et par là à soi même, qu'on ne se réduit pas à l'animalité, c'est-à-direà la vie biologique, c'est montré qu'on ne tient pas à la vie, c'est-à-dire qu'onne se confond pas avec elle.

Or je reste en la seule compagnie de moi-même,je ne peux faire cette différence qui en moi sépare l'animalité et l'humanité, jene peux l'opérer qu'en prenant autrui à témoin de la possibilité où je suis de lefaire.Je n'accède donc à la conscience de moi-même comme homme si je montre que je peux risquer ma vie ; mais jetiens par ailleurs à la vie, je ne suis pas un pur esprit, c'est-à-dire une pure liberté.

J'accède à la conscience que j'aide moi-même dans le déchirement et l'opposition de moi à moi, la conscience que j'ai de moi-même est d'abordséparée en deux figures, celle du maître qui représente en moi ceci que je ne me réduis pas à la vie, celle del'esclave qui représente en moi l'être vivant, attaché à la vie, que je suis néanmoins.La violence peut en un sens établir des rapports humains, se révéléé même comme constitutive de notre humanité,en se révélant être un besoin.

Mais la violence est-elle pour autant une fin pour elle-même? Le violent désespère de l'humain La violence ne saurait être envisagée autrement que comme impuissance.

Comme le montrait Rousseau dans Le contrat Social , le droit du plus fort n'existe pas tant que la violence physique et qui est par nature contingente n'est pas transformée en devoir et en obligation morale d'obéissance.

La violence est toujours un pis aller insuffisantà fonder des rapports sociaux entre les individus.

Ou comme il est dit dans La vertu et la force : « La violence est cette impatience dans le rapport à autrui, qui désespère d'avoir raison et choisit le moyen court pour forcerl'adhésion.

Si l'ordre humain est l'ordre de la parole échangée, de l'entente par la communication, il est clair que leviolent désespère de l'humain, et rompt le pacte de cette entente entre les personnes où le respect de chacun sefonde sur la reconnaissance d'un même arbitrage en esprit et en valeur (…)Toute violence, par-delà le meurtre du prochain, poursuit son suicide.

Elle est en effet destruction de soi ; lesanciens savaient déjà que la colère est une courte folie.

La violence suppose un échappement au contrôle :l'explosion émotive se libère en déchaînement paroxystique, cris et gesticulation, qui attestent l'échec de toute lesdisciplines personnelles.

Le violent, incapable de contenir, recherche de dans sa propre frénésie une sorted'apaisement magique, comme si en augmentant le volume et l'intensité de sa voix, en enflant les muscles, ilretrouvait cette majorité qu'il sent, devant l'obstacle, confusément perdue.

», Gusdorf.Hannah Arendt envisage également dans Du mensonge à la violence , que la violence est incapable de fonder une autorité politique légitime, ni même des rapports humains stables.

Selon cet auteur si la violence ressemble à l'actiondans la mesure où elle est imprévisible, qu'elle introduit une rupture radicale dans l'ordre des choses et que seseffets sont incommensurables à ce qu'elle a provoquée.

A défaut d'être efficace, elle est expéditive et peut mêmeêtre parfois être justifiée à des fins de libération.

Mais ce raccourci destructeur ne peut jamais être légitime etdébouché sur la liberté.

Car la violence reste toujours le moyen souvent inapproprié d'une fin extérieure, et, d'autrepart, elle a sa source dans un individu ou du moins dans un groupe unanime.

Geste muet, irresponsable et négatif,dans le cas par exemple d'une guerre de libération elle peut au mieux faire place nette sans rien instaurer.Succédané défaillant de l'action, elle ne peut que détruire le pouvoir sans jamais être susceptible de l'engendrer,même lorsqu'elle est exercée par une instance souveraine.

Elle n'est donc pas un excès de pouvoir, ni lamanifestation ultime de celui-ci dans l'épreuve de la force, mais son autre radical.Pour s'opposer aux lois de façon légitime le seul moyen que l'on puisse utiliser et ce de façon légitime doit être denature politique.

Il doit préserver la nature de celle-ci qui n'est autre que la sauvegarde de la liberté, qui seuleautorise la véritable action.

La politique est donc le lieu où l'on peut agir de façon concertée, s'opposer aux lois parla violence est une tentative vaine, puisqu'elle ne saurait instaurer un pouvoir durable et légitime.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles