Volpone ou le Renard

« Volpone a été traduit par Stefan Zweig et adaptée par Jules R omains en 1928.

Jouée au théâtre de l' Atelier, elle recueillit un vrai triomphe.

EXTRAITS Au début de la pièce , a v ant l'arrivée de s flatteur s, Volpone se r evê t de rich esses VOLPONE.

- Va chercher mes fourrures, Ma robe, mes bonnets.

Dis-lui qu'on fait mon lit, Et qu'en la galerie ils' amuse un moment.

(Mosca sort) Voilà que mes clients commencent leurs visites ! Vautour, milan, corbeau, tous mes oiseaux de proie , Croyant que je deviens cadavre, vont venir ! Je ne suis pas encore à point.

R entre Mosca, portant la robe, etc.

Quelles nouvelles ? MOSCA.

-C'est de l'argenterie.

VOLPONE.

- Elle est lourde ? MOSCA.

- Massive, Énorme, ancienne, avec votre nom et vos armes Gravés dessus.

VOLPONE .

-Paifait ! Serait-ce point, Mosca, Un renard étendu sur le sol et narguant D ans sa subtile ruse un corbeau bouche bée ? MOSCA.

- Très, très joli, Monsieur! VOLPONE.

- Donne-moi mes fourrures.

Acte 1, Scène 1 Volpone use d e sa réputation de r ich esse pour séduire Célia VOLPONE.

- (.

..

)Tiens, vois tous ces trésors dont [je te fais la reine , Non point en espérance ainsi que tous les autres, Mais reine couronnée, entrée en jouissance ! Admire ce collier : chacune de ces perles D épasse en orient celle que Cléopâtre Absorba d'un seul trait: fais-les fondre, bois-les! Ce rubis éteindrait les deux yeux de Saint Marc ; Ce diamant aurait suffi pour acheter Lollia Paulina, quand elle entrait, voilée D 'éblouissants joyaux, dépouilles des provinces ! Porte-les, ou perds-les: de ces boucles d'oreille J e les puis racheter, et tout Venise avec ! La pierre qui ne vaut qu'un riche patrimoine Ne compte pas : nous la mangerons à dîner.

Notre menu sera: cerveaux de paons, d'autruches, Têtes de perroquets, langues de rossignols, Et même le phénix, s'il n'était introuvable , Si la Nature, hélas! n'avait perdu l'espèce.

Acte III, scène 6 « -Tu feras semblant d'être mon héritier ...

» Après l'ann on ce du c hâ tim ent J onson parle par la bou ch e de V olpo ne PREMIER JUGE.

- Irrévocables.

Au bord du châtiment, vous commence z à voir Ce que sont vos foifdits.

Alle z, qu'on les emmène ! Et que tous ceux qui voient ainsi punir leurs crimes D 'un cœur ferme et fervent méditent ces leçons ! Le bétail qu'on engraisse aboutit à l'étal, Et le vic e, une fois bien repu, finit mal.

VOLPONE.

- s'avançant.

Le plaisir du public est le vrai condiment Des pièces de théâtre ; et le Renard espère ; S'il encourt des lois le châtiment sévère, N'avoir à votre endroit commis nul manquement.

S'il l'afait par malheur, il attend votre blâme; Sinon, battez des mains , joyeux de corps et d'âme! Acte V, Scène 8 Les Belles Lettres , 1990 NOTES DE L'ÉDITEUR Éléments biographique s : B enjamin Jonson, que la postérité choisit d'appeler Ben Jonson, est né vers 1572.

C'est un contemporain de Shakespeare.

Il sert dans l'armée anglaise puis se tourne vers le th éâtre en 1597.

A partir de 1603, sous le règne de Jacques 1er, qui apprécie son talent, il se consacre au théâtre public et aux fêtes de cour.

Il brille surtout dans ses comédies (Volpone, Epicène ou la Femme silencieuse , L 'Alchimiste , La Foire de la Saint-Barthélemy, Le Diable est un sot) et dans ses « masques » (ballets de cour où les nobles figurent déguisés).

Au cœur d'un groupe d'écrivains bons vivants, Ben Jonson boit beaucoup, ce qui le rend obèse et compromet sa santé.

Il meurt en 1637.

la rapidité et l'efficacité de l'intrigue, le comique de certains caractères l' apparentent à cette sorte d'ouvrage ...

Volpone est une farce cruelle et amère .

Ses personnages dépourvus de hautes aspirations, privés du sens de l'honneur , sont des exilés de la tragédie.

D'elle, ils ont conservé la force , la cruauté et la 1 Edim edi a 2, 3, 4 d essins de Jac ques Liozu, éd .

Grün d, P ar is, 1 948 / B .

N.

« On a coutume de dire que Volpone est une comédie.

Certes, la vivacité de ses situations, violence.

» Robert Fortune, metteur en scène de Volpone au théâtre Actuel, 1991.

JONSON02. »