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La volonté est-elle complice ou maîtresse du désir ?

Publié le 03/01/2004

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« A) Quand je veux, je suis actif, alors que le désir s'impose à nous.

La volonté est donc synonyme d'activité et à une égratignure de mon doigt. Dans le Traité de la naturehumaine (1737), Hume (1711-1776) écrit cette phrase apparemment scandaleuse : «Il n'est pas contraire à la raison depréférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt.

»Hume, contemporain de Rousseau, veut montrer par cette formule quel'opposition traditionnelle entre raison et passion est un préjugé.

Laraison est totalement extérieure aux motifs de l'action, qui ne peutêtre engendrée que par les passions.

Hume, qu'on peut considérercomme le père de l'empirisme, s'inscrit ainsi dans un mouvementparallèle à celui des Lumières, contestant la tradition et réévaluant lespassions. « Il n 'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du mondeà une égratignure de mon doigt » est une phrase volontairementprovocante, par laquelle Hume entend signifier que nos motifs d'action,de préférence, les buts que nous poursuivons n'ont rien à voir avec lasphère de la raison. «Rien n'est plus habituel en philosophie, et même dans la vie courante,que de parler de combat de la passion et de la raison, de donner la préférence à la raison et d'affirmer queles hommes ne sont vertueux que dans la mesure où ils se conforment à ses décrets.

» Ainsi Hume décrit-il le préjugé qu'il entend réfuter.

Et il est exact que l'expérience commune de «je vois lebien, je l'approuve et je fais le mal» est souvent interprétée comme un combat entre la raison qui nousdicte¬rait le bien, et la passion qui nous inclinerait à faire le mal.Platon distinguait entre trois « parties » de l'âme, l'âme concupiscible (sujet des passions) supposant à l'âmerationnelle.

Et toute notre tradition morale réfléchit cette opposition et prône la victoire de la raison.Le nerf de la preuve humienne que passion et raison ne peuvent s'opposer et que donc il n'est ni raisonnableni déraisonnable de : «préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt » consiste à montrerque les motifs de l'action sont parfaitement extérieurs à la raison. « Premièrement (que) la raison ne peut être à elle seule un motif pour un acte volontaire et deuxièmement(qu') elle ne peut jamais combattre la passion sans la direction de la volonté.

»Car « le domaine propre (de la raison) est le monde des idées et la volonté nous place toujours dans lemonde des réalités.

»La raison porte sur des idées, c'est-à-dire pour Hume des copies, des images des choses, desreprésentations inertes.

La raison calcule, cherche les « causes » et les « effets », mais ne possède aucundynamisme propre à en faire un motif d'action : nous ne sommes pas avec elle dans « le monde des réalités».Par contre, notre action peut être guidée par le souci d'éviter une douleur ou d'éprouver un plaisir.

Nouséprouvons alors désir ou aversion, c'est-à-dire des passions, qui, elles, nous poussent à chercher l'objet ou àle fuir.

La raison peut alors intervenir pour rechercher comment (par exemple) fuir ou chercher.

« Maisévidemment, dans ce cas, l'impulsion ne naît pas de la raison qui la dirige seulement.

» La thèse est très forte puisqu'elle va jusqu'à affirmer que notre volonté de savoir ne prend source que dansla passion, dans l'intérêt affectif que nous pouvons avoir.

La raison est toujours seconde.

C'est parce que lesobjets nous affectent (nous touchent, nous font éprouver plaisir ou peine) que nous désirons, ensuite, lesconnaître. « Cela ne pourrait nous intéresser le moins du monde de savoir que tels objets sont des causes et tels autresdes effets, si les causes et les effets nous étaient égale¬ment indifférents.

»La raison appartenant au monde des idées, des représentations, etc.

est un monde « inerte » et quasiindifférent, qui ne reçoit son intérêt que d'ailleurs : des passions.

Par suite, ce n'est pas la raison qui me dirasi je dois: «préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt » ou choisir « de me ruinertotalement pour prévenir le moindre malaise d'un Indien ou d'une autre personne complètement inconnue demoi ». Hume l'énonce avec la plus grande clarté : « Puisque la raison à elle seule ne peut jamais produire uneaction, ni engendrer une volition, je conclus que la même faculté est aussi incapable d'empêcher une volitionou de disputer la préférence à une passion ou à une émotion [...] Rien ne peut s'opposer à une impulsionpassionnelle, rien ne peut retarder une impulsion passionnelle qu'une impulsion contraire [...] Nous ne parlonsni avec rigueur ni philosophiquement lorsque nous parlons du combat de la passion et de la raison.

»Il est donc clair que : « La raison est, et ne peut être que l'esclave des passions; elle ne peut prétendre àd'autre rôle au 'à les servir et à leur obéir.

»D'où vient la conception inverse ? L'illusion que la raison peut combattre la passion, la vaincre ?. »

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