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Voltaire, Candide, chapitre XVIII

Publié le 22/02/2012

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Voltaire, Candide, chapitre XVIII Enfin Candide, qui avait toujours du goût pour la métaphysique, fit demander par Cacambo si dans le pays il y avait une religion. Le vieillard rougit un peu. "Comment donc, dit-il, en pouvez-vous douter ? Est-ce que vous nous prenez pour des ingrats ?" Cacambo demanda humblement quelle était la religion d'Eldorado. Le vieillard rougit encore. "Est-ce qu'il peut y avoir deux religions ? dit-il ; nous avons, je crois, la religion de tout le monde : nous adorons Dieu du soir jusqu'au matin. – N'adorez-vous qu'un seul Dieu ? dit Cacambo, qui servait toujours d'interprète aux doutes de Candide. – Apparemment, dit le vieillard, qu'il n'y en a ni deux, ni trois, ni quatre. Je vous avoue que les gens de votre monde font des questions bien singulières." Candide ne se lassait pas de faire interroger ce bon vieillard ; il voulut savoir comment on priait Dieu dans l'Eldorado. "Nous ne le prions point, dit le bon et respectable sage ; nous n'avons rien à lui demander ; il nous a donné tout ce qu'il nous faut ; nous le remercions sans cesse." Candide eut la curiosité de voir des prêtres ; il fit demander où ils étaient. Le bon vieillard sourit. "Mes amis, dit-il, nous sommes tous prêtres ; le roi et tous les chefs de famille chantent des cantiques d'actions de grâces solennellement tous les matins ; et cinq ou six mille musiciens les accompagnent. – Quoi ! Vous n'avez point de moines qui enseignent, qui disputent, qui gouvernent, qui cabalent, et qui font brûler les gens qui ne sont pas de leur avis ? – Il faudrait que nous fussions fous, dit le vieillard ; nous sommes tous ici du même avis, et nous n'entendons pas ce que vous voulez dire avec vos moines." Candide à tous ces discours demeurait en extase, et disait en lui-même : "Ceci est bien différent de la Westphalie et du château de monsieur le baron : si notre ami Pangloss avait vu Eldorado, il n'aurait plus dit que le château de Thunder-Ten-Tronckh était ce qu'il y avait de mieux sur la terre ; il est certain qu'il faut voyager.

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