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Le voyage moderne

Publié le 05/02/2008

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L'ennui que procurent les voyages a changé de nature. Jadis, l'inconfort des trajets faisait souffrir les organismes qui mesuraient la longueur des distances à travers les désagréments de la route. Aujourd'hui, celui qui recourt aux véhicules traditionnels regrette les moyens de transport plus perfectionnés qui permettraient — pense-t-il — d'être déjà arrivé! Installé dans un lieu neutre, le voyageur est coupé de l'extérieur avec l'interdiction d'échapper aux voies toutes tracées. S'arrêter, ce serait rompre le rêve! Quel que soit le mode de transport, l'homme éprouve la même absence de sensations et vit en demi-teintes, sans espoir ni inquiétude. De plus, ces déplacements inconsistants n'engendrent aucune communication entre les voyageurs. Nombreux et séparés, ceux-ci végètent dans une apathie qui caractérise la société contemporaine.

« Les véhicules modernes séparent les individus.

La disposition actuelle des trains supprime la vie « communautaire » du compartiment au profit d'un groupe plus vaste, mais pas nécessairement anonyme.

De nombreux films américains ont décrit les rapports qui s'établissaient entre les voyageurs d'une diligence, avec le brassage des classes sociales (que Ton pense à La Chevauchée fantastique de John Ford ; la nouvelle Boule de Suif de Guy de Mau- passant évoque aussi ce thème.

Mais les relations dans ce monde clos sont bien souvent conflictuelles.

Faut-il les regretter ? Le séjour : On souligne souvent l'enrichissement né de la confrontation des modes de vie.

Le touriste découvre les coutumes étrangères et, surtout, il comprend mieux, par comparaison, sa propre culture. Claude Lévi-Strauss explique que l'absence d'opposition entre la maison et la rue en Amérique du Sud lui a permis de saisir «rétrospectivement » que cette opposition caractérise notre civilisation.

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le regard critique se manifeste au XVIIIe siècle par des étrangers (Lettres persanes, l'Ingénu...). L'échange des idées, le dialogue de cultures naissent grâce au voyage, « ce bris perpétuel de toutes les habitudes », comme l'écrit Marguerite Yourcenar dans les Mémoires d'Hadrien. (On remarque que cette interprétation contredit la fin de la première hypothèse.) Troisième hypothèse : le candidat distingue plusieurs sortes de voyages. Le trajet : L'apparition des moyens de transport modernes n'a pas fait disparaître les déplacements traditionnels. Autant que les conditions matérielles, ce sont les intentions qui changent.

La technique a pour but l'efficacité avec, de surcroît, un confort agréable.

En revanche, la promenade, la randonnée qui ont toujours des adeptes obéissent à des objectifs différents : il s'agit de savourer le parcours en lui-même.

La coexistence de ces différentes sortes de déplacements est possible et pourquoi ne pas apprécier cette diversité ? Suivant les goût, suivant les lectures, le candidat peut s'inspirer de ces propos d 'Alain : « Voyager, c'est faire à la fois un mètre ou deux, s'arrêter et regarder de nouveau un nouvel aspect des mêmes choses.

» Les pages des Rêveries du promeneur solitaire fourniraient aussi des exemples où la marche rythme la rêverie. Le séjour : Alain critique les voyages trop rapides qui ne laissent aucun souvenir ; ces formes de séjour correspondent aux trajets dénoncés par Pascal Bruckner et Alain Finkielkraut. Il y a , à l'évidence, une parenté entre les déplacements rapides et les vacances où le touriste visite très rapidement certains sites.

Toutefois, nous avons vu dans la seconde hypothèse la possibilité de défendre la vitesse.

Pourquoi ne pas apprécier le rythme des images qui se succèdent? Approche superficielle? Peut-être, mais agréable, mouvante, elle satisfait la curiosité sans l'émousser par l'habitude.. »

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