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Est-il vrai que « donner, c'est asservir » ?

Publié le 27/02/2011

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• Question qui peut paraître paradoxale : Donner indique l'idée d'offre, d'abandon d'une chose, par obligation ou par amour (voir la notion de charité) alors que l'asservissement indique la prise de possession, la domination. • De plus comprendre que des choses données puissent entraîner la. domination d'un homme par un autre, de celui qui donne par celui qui reçoit? Comment des choses données peuvent donner pouvoir sur l'homme ou le groupe d'hommes à qui l'on donne? Voir l'essai sur le don de Marcel Mauss dans Sociologie et Anthropologie (P.U.F.). Mauss dans cet essai étudie plusieurs sociétés où les échanges se font apparemment sous forme de cadeaux volontaires, en réalité obligatoirement faits et rendus lors de diverses cérémonies appelées « Potlach «. Ces échanges sont commandés, selon Mauss, par une triple obligation : l'obligation de donner, l'obligation de recevoir et l'obligation de rendre.
Donner est un signe de puissance et de richesse; il s'instaure au moment de ces cérémonies une sorte de rivalité à qui donnera le plus d'objets et le plus de valeur. Les rangs, les honneurs s'obtiennent par une guerre de richesses : c'est à qui sera le plus follement dépensier. Un chef ne peut prouver cette fortune qu'en la dépensant, en la distribuant et en même temps en humiliant les autres, en les mettant à « l'ombre de son nom. «  

« 1. rapport don/contre-don comme un « fait social total », cela signifie que le don régit les institutions juridiques,morales, religieuses, les rapports politiques aussi bien que familiaux.

Donner c'est donc entrer en rapport avec autruisous la loi du don, asservir à cette loi.Marcel Mauss explique que les dons entraînent des contre-dons.

En effet, dans les sociétés primitives, il existe deséchanges sous la forme de don.

Les chefs des clans ont l'obligation de faire des dons.

Ainsi l'on ne fait pas un donen contre-partie, ou pour rendre la pareille comme l'on ferait dans l'échange ou le troc, mais l'on fait un don plusimportant que celui qu'on nous a fait par politesse ; cependant cette politesse est obligatoire.

Dans ce don etcontre-don, ce ne sont pas des individus qui passent un pacte pour effectuer un échange, c'est une tribu qui rendune politesse à une autre tribu.

Ainsi l'auteur montre bien que ces dons échangés, ne sont que le fruit d'uneconvention sociale établie.

Le don n'est pas un acte désintéressé mais fait l'objet d'un échange de don et contre-don.

L'acte de donner a ceci d'intéressé qu'il est fait non en lui-même, mais selon le don précédent, et en plus qu'ilrépond à des conventions, et n'est pas fait spontanément, par un élan du cœur. «Dans les économies et dans les droits qui ont précédé les nôtres, on ne constate pour ainsi dire jamais de simpleséchanges de biens, de richesses et de produits au cours d'un marché passé entre les individus.» Mauss, Essai sur ledon (1923). • L'anthropologue Marcel Mauss a montré que les formes actuelles de l'échange marchand ne sont pas universelles.On trouve des sociétés où l'échange économique utile n'est qu'une petite partie d'un système beaucoup plus globaloù «ce sont avant tout des politesses, des festins, des rites, des services militaires, des femmes, des enfants, desdanses, des fêtes...» qui sont échangés entre tribus, sous forme de dons et de contre-dons.

Dans ce système du«potlatch », le pouvoir se mesure par la capacité à détruire ses richesses et à les distribuer, et non parl'accumulation et l'utilisation technique.• Cela ne veut pas dire que le bonheur social serait dans le renoncement aux échanges.

Sans doute larationalisation de l'économie s'est-elle en partie bâtie à la faveur des conflits que provoquait l'économie du«potlatch».

Mais de telles études sur d'autres économies possibles nous mènent à réfléchir sur le caractère toujourssymbolique de l'échange même quand il a l'air strictement utilitaire. Principe de réciprocité 2. Le don semble se distinguer des autres échanges par son unilatéralité : l'objet du don va du donneur au receveursans demande immédiate d'une quelconque valeur en retour.

Mais cette unilatéralité n'est qu'apparente : si tout donexige un contre don, alors il y a toujours un retour au donneur, mais sous une autre forme, pas forcément matériellemais symbolique.

De celui à qui on donne quelque chose on exige au moins un sentiment : le respect, l'estime,l'amour...

on exige donc un certain asservissement à soi. Les systèmes d'échanges 3. Le don se fait toujours dans le cadre d'un système d'échanges codifiés.

Les cadeaux de Noël par exemple : ce nesont pas des dons spontanés, ils obéissent à beaucoup de règles traditionnelles.

Les dons ne sortent pas de nullepart, ils prennent place dans un système d'échanges au sein duquel chacun a un rôle à respecter.

Donner c'estdonc asservir aux règles d'un système d'échanges. II : Être et avoir La propriété et le propre 1. L'objet de la propriété est un objet dans lequel la personne se reconnaît.

On peut dire avec Hegel que la propriétémanifeste notre liberté au sein de l'objet.

L'objet qui nous appartient est l'extension mondaine de notre volonté,c'est par la propriété que le monde est sous notre volonté et nous obéit. La propriété est donc la forme objective de notre personnalité, elle exprime objectivement ce qui nous est propresubjectivement comme l'empreinte de notre volonté dans le monde. Économie de la volonté dans le don 2. Dans le don, c'est le donneur qui décide de l'objet.

Il y a donc une aliénation à recevoir un don par ce que l'on faitpropre à soi ce qui est propre à la volonté d'un autre.

Donner c'est asservir puisque c'est plier la volonté d'un autresous sa forme objective à la sienne en décidant de la propriété de l'autre. Générosité et tyrannie 3. La générosité n'est donc pas un sentiment désintéressé mais au fond c'est le goût de s'asservir l'autre.

On dénoncesouvent chez les philanthropes la motivation de la gloire, d'entrer dans l'histoire pour leur générosité exceptionnelle.Kant explique que le don comme pratique désintéressée est tout à fait impossible.

Il va même jusqu'à soutenir quetoute action désintéressée est impossible.

En effet, il montre qu'un acte désintéressé voudrait que le donateur ne. »

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