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Publié le 06/06/2012

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1. Un éloge de la modernité

 

a. Le rejet du passé et l’ « ethos « futuriste

 

-                          Les vers 1 et 3, le rejet de la tradition classique et néo-classique, une table rase de la tradition humaniste et de la vision de l’écrivain depuis la Renaissance.

-                          Le clin d’œil aux futuristes : de l’automobile à l’avion ;

-                          Le vers 2 encadré entre les deux vers négatifs : la célébration d’une œuvre emblématique de la modernité : la tour Eiffel, représentation métonymique du Paris moderne ?

-                          le leitmotiv du «matin « comme symbole d’un jour nouveau, d’une nouvelle naissance du monde. Ouvert avec « ce matin «, il s’achève sur l’image du « Soleil cou coupé « : la temporalité dans laquelle s’inscrit le poème est celle de l’aube, de la naissance du jour, métaphore transparente de la naissance, de l’avènement d’un nouveau monde.

« l’ascension du Christ et du vol de l’avion, accompagnée de figures hétéroclites : patriarches, prophètes, mais aussi héros mythologiques, oiseaux réels et mythiques, etc…). 2.

Une nouvelle conception de la poésie a.

Une poésie en liberté Le poème rompt avec toutes les contraintes formelles (mesure, organisation strophique, rimes) : vers libres,strophes inégales, rimes coexistant avec de simples assonances ; et il est écrit (comme tous les poèmes d’Alcools)sans aucune ponctuation.

A la ponctuation syntaxique et typographique, à la mesure réglée, il substitue une autre« ponctuation » fondée sur l’assonance et le blanc…Le poème se compose de séquences de longueurs diverses ; dufait de l’absence de ponctuation typographique, les blancs constituent la seule et véritable « ponctuation » du poème : ils en règlent le souffle et le tempo.

En revanche, le blanc ne correspond pas, ou pas toujours à unesegmentation thématique du discours poétique (Voir par exemple, p.

13 où trois vers séparés par un blancappartiennent à une même unité discursive).

Par ailleurs, l’absence de ponctuation garantit l’unité du « discourspoétique » : parole fluide qui s’enfle peu à peu pour s’épuiser graduellement jusqu’à la « coda » brutale du « Soleil cou coupé » (Commencé par trois monostiches aux longueurs croissantes, il s’achève avec deux monostiches très brefs).

Par rapport à la première version en distiques, il se caractérise aussi par un éclatement de la forme .

Il accomplit en quelque sorte sur le plan de la forme ce qu’il « dit » dès le premier vers : « tu es las de ce monde ancien », en faisant table rase des contraintes prosodiques qui remontent à la Renaissance ; c’est un geste typique de toutes les avant-gardes, et en premier lieu du Futurisme.

En ce sens, le poème est un manifeste : il meten œuvre une nouvelle poétique et la revendique comme une nécessité interne.

Ce rejet des règles d’écrituretraditionnelles va de pair avec la célébration des temps nouveaux. Autre manifestation de cette liberté : le refus de la rhétorique académique.

L’écriture d’Apollinaire se caractérise icipar le mélange d’une parole volontairement prosaïque et d’une langue imagée et savante.

D’un côté, on trouve des expressions du style élevé ( lyrisme hymnique : « O Tour Eiffel », « ô Christianisme » ; style litanique inspiré de la liturgie : « C’est le beau lys , etc… », p.

8 ; style épico-mythologique : avec le tableau de l’ascension, p.

9) ; de l’autre, il utilise la langue parlée et l’expression familière (« tu en as assez »), la langue simple de la confidence (« tu n’es encore qu’un petit enfant/Ta mère ne t’habille que de bleu et de blanc … », p.

8) ; glisse dans un discours religieux les jeux d’esprit, des expressions humoristiques complètement déplacées (« C’est le Christ qui monte au ciel….

/ Il détient le record du monde pour la hauteur », l.

49-50, ou encore le jeu de mots : « Ils crient qu’il sait voler qu’on l’appelle voleur », etc.).

On retrouve aussi ce « mélange » sur le plan du contenu thématique : l’analogie entre Christ et l’aviateur ; l’attention au monde quotidien, l’usage du fait divers (la bénédiction de l’aviateurBeaumont), mais aussi la culture livresque (mythes, théologie, etc.). Enfin cette liberté s’exprime dans l’audace des images qui annoncent déjà la poésie surréaliste des années 20 ; desimages construites par apposition, juxtaposant brutalement deux réalités apparemment étrangères l’une à l’autre :« Bergère ô tour Eiffel » ; « Pupille Christ de l’œil » - qui joue sans doute sur la paronomase Christ / Cristallin. b.

Une poésie de la simultanéité Sur le plan syntaxique, le discours poétique se caractérise par la parataxe : chaque verset, chaque « strophe » ouséquence, est juxtaposée à l’autre, sans d’ailleurs que le lecteur perçoive toujours le lien logique, le rapport causalou autre entre elles : par exemple p.

8, les deux strophes commencent bien par un énoncé similaire (« j’ai vu cematin une jolie rue » / « Voilà la jeune rue »), mais en fait on passe bien d’une « rue » à un autre, située en uneautre ville et un autre temps.

Cela vaut aussi pour les unités de discours à l’intérieur même d’une strophe : ainsi p.7, lignes 8-13, le poète passe d’un sujet à l’autre, dans un apparent coq-à-l’âne : modernité de Pie X, le poète etsa honte de se confesser, la lecture des prospectus. L’usage permanent du temps présent (et du passé composé, bref des temps du discours) provoque un effet de simultanéité : le poète convoque dans son discours des lieux (la tour Eiffel, Port-Aviation, la rue industrielle, la. »

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