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Peter SINGER (1946-) Le spécisme

Publié le 19/10/2016

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Peter SINGER (1946-)

Le spécisme 

Les chimpanzés adultes, les chiens, les cochons et les membres de bien d'autres espèces d'animaux sont nettement supérieurs au bébé au cerveau endommagé quant à leurs capacités de nouer des liens, d'agir avec autonomie, d'être conscients d'eux-mêmes et toute autre capacité dont on pourrait raisonnablement dire qu'elle donne une valeur à la vie. Avec les meilleurs soins possibles, certains bébés profondément retardés ne pourront jamais atteindre le niveau d'intelligence d'un chien. Nous ne pouvons pas non plus faire appel au désir des parents du bébé, car eux-mêmes, dans cet exemple hypothétique qu'on imagine ici (et dans certains cas réels) ne veulent pas que le bébé soit maintenu en vie. La seule chose qui distingue le bébé de l'animal, aux yeux des partisans de son « droit à vivre » est qu'il fait partie, sur le plan biologique, de l'espèce Homo sapiens, alors que n'en font pas partie les chimpanzés, les singes et les cochons. Il va sans dire que le fait de se servir de cette différence comme d'une raison pour accorder au bébé, et non aux autres animaux, le droit de vivre, relève du spécisme le plus pur. C'est exactement le genre de différence arbitraire dont se sert le racisme le plus cru et le plus patent pour essayer de justifier la discrimination raciale.

La Libération de l'animal, Paris, Grasset, 1993, p. 33.

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