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Politique de 1995 à 1999 : Histoire

Publié le 24/12/2018

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FRANCE : L’ÉCHEC DE LA DROITE. La victoire de Jacques Chirac en 1995 avait révélé une transformation sensible de l’électorat de droite. En effet, par l’accent mis sur le thème de la fracture sociale, le chef du RPR avait attiré une partie des électeurs de gauche et, surtout, une fraction importante de la jeunesse. Las, les contraintes imposées par les critères de convergence européens ont obligé le gouvernement Juppé à négocier un virage et à se convertir à la rigueur financière. Cette contradiction a eu raison de la cohésion de la majorité présidentielle. Les clivages n’ont pas seulement opposé « libéraux doctrinaux » et « libéraux sociaux » mais également

 

« souverainistes » et Européens convaincus. Entre ces deux derniers courants, Jacques Chirac a opté pour le second, comme en témoigne son engagement en faveur de l’adhésion à l’euro. Mais la droite s’est également déchirée en raison d’ambitions personnelles. Les querelles de personnes l’ont finalement emporté sur le débat d’idées. Après les défections de Philippe Seguin et de Charles Pasqua, elle doit impérativement retrouver une cohérence si elle veut reconquérir le pouvoir.

 

FRANCE : LA GAUCHE PLURIELLE. La dissolution surprise de LAssemblée nationale par Jacques Chirac a donné l’occasion à la gauche de se rassembler alors que la droite se divisait. La formation d’une « gauche plurielle » allant du Parti communiste, réformé par le très modéré Robert Hue, aux écologistes conduits par Dominique Voynet, en passant par tous les courants socialistes dont celui de Jean-Pierre Chevènement, a porté ses fruits. Lionel Jospin, que l’on croyait affaibli après sa défaite de 1995, a pu prendre ses marques et faire sa véritable entrée dans la compétition politique. Cette nouvelle cohabitation s’est déroulée sous le signe de la courtoi

 

sie, mais le gouvernement de coalition n’est pas à l’abri des dissensions. Et si les écologistes ont peiné à faire entendre leur voix, malgré leur succès aux élections européennes, tandis que les communistes doivent prouver leur loyauté, les clivages que l’on rencontre au sein de la droite se retrouvent à gauche, et certains sujets qui avaient divisé la précédente majorité - sans-papiers, Sécurité sociale, intégration européenne - opposent aussi les nouveaux alliés.

 

L’EUROPE VERS LA MONNAIE UNIQUE. L’année 1998 a été l’année de l’euro. En s’entendant sur les onze candidats européens aptes à adhérer à la monnaie unique, les États membres de l’UE ont marqué un grand pas vers l’intégration économique et la création d’un nouveau pôle de croissance capable d’affronter la concurrence de l’Amérique du Nord et de l’Asie du Sud-Est. Mais cette décision ne s’est pas accompagnée de mesures d’ordre social. La Charte sociale européenne reste en  effet un vœu pieux tant que Britanniques, Irlandais,

 

Néerlandais, Allemands, Français et Italiens n’harmo-niseront pas leurs vues. Une incohérence due avant tout aux différences entre leurs modèles économiques. De même, la construction politique de l’Union accuse un retard certain malgré l’ouverture de négociations avec les pays les plus avancés d’Europe centrale et orientale tels que la Pologne. Enfin, la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) n’est encore qu’à l’état d’ébauche et c’est toujours dans le cadre de l’OTAN, et sous la conduite des États-Unis, que les Européens sont intervenus pour mettre fin aux tensions surgies à leur porte.

UNE EUROPE ROSE. L’Europe compte désormais une majorité d’États gouvernés par des partis socialistes ou sociaux-démocrates. Adaptés à l’environnement économique international et convertis à l’économie de marché, ils doivent cependant éviter de vider leurs politiques de toute substance idéologique s’ils ne veulent pas à leur tour subir une érosion de leur électorat. Trois logiques principales différencient les grands partis sociaux-démocrates européens : le « nouveau centrisme » défen- du par l’Allemand Gerhard Schrôder, la « troisième voie », qui a la faveur du Britannique Tony Blair, et le « socialisme modernisé » du Français Lionel Jospin. Si la plupart des partis de gauche européens, y compris dans les vieilles social-démocraties Scandinaves, optent désormais pour un social-libéralisme - jusqu’à remettre en cause certains des acquis de l’État providence et privatiser plus qu’il ne semble nécessaire -, de subtiles différences subsistent entre eux en fonction des traditions nationales, de la structure et de la santé de leur économie, des équilibres politiques internes et de la force des organisations syndicales.

 

 

ÉTATS-UNIS : UNE NOUVELLE ÈRE DÉMOCRATE. Avec deux mandats, Bill Clinton aura battu le record de longévité politique d’un président démocrate depuis celui, non égalé, de Franklin Delano Roosevelt dans les années trente et quarante (quatre mandats). Son habileté, les succès rencontrés par sa politique économique et sociale et le manque de crédibilité de ses adversaires auront eu raison des différents scandales qui le menaçaient et que les républicains n’ont pas manqué d’exploiter avec Sun certain cynisme. Même l’affaire Lewinsky et l’acharnement du procureur Starr n’auront pas réussi à entamer sa popularité et, bien que minoritaires à la Chambre et au Sénat, les démocrates réussiront à gagner des sièges aux élections de mi-mandat, en 1998. Bill Clinton enregistre également des succès indéniables à l’extérieur. Si sa fermeté à l’égard du régime irakien et de Cuba est de plus en plus critiquée par certains de ses alliés occidentaux, elle a la faveur des Américains, qui soutiennent également ses initiatives au Proche-Orient et dans les Balkans. Défendre leur prédominance dans le monde reste ainsi l’un des principaux objectifs des États-Unis.

 

LA DÉBÂCLE RUSSE. Une économie délabrée, une armée affaiblie, le développement de mafias sans scrupule, une classe politique corrompue et divisée, tels sont quelques-uns des maux qui gangrènent la Russie en cette fin de siècle. Malade et alcoolique, Boris Eltsine a multiplié les séjours à l’hôpital mais s’est accroché obstinément à son poste dans l’attente de l’élection présidentielle de 2000, en jouant habilement des rivalités entre clans aspirant au pouvoir. Bravant la Douma - dominée par les communistes et les nationalistes - en la menaçant d’élections anticipées, il a imposé successivement quatre Premiers ministres, dont le dernier en date a été

Vladimir Poutine, son dauphin désigné. Dans la perspective des élections législatives de décembre 1999, ce dernier a passé outre les avertissements des pays occidentaux et ordonné aux troupes russes d’écraser les sécessionnistes tchétchènes, accusés d’être à l’origine de sanglants attentats dans la capitale. Cette nouvelle guerre du Caucase pourrait isoler d’avantage la Russie, qui a perdu déjà beaucoup de marge de manœuvre sur la scène internationale.

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