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Suites de la Révolution 1790-1848 (philosophie politique)

Publié le 07/09/2018

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philosophie

Rousseau, l'inattendu Rousseau, dans l'un de ses écrits politiques de circonstance, Jugement sur la Polysynodie de l'abbé de Saint-Pierre, avait donné cet averlissement prophétique :

Qu'on juge du danger d'émouvoir une fois les masses énormes qui composent la monarchie française. Qui pourra retenir l'ébranlement donné et prévoir tous les eflels qu'il peul produire? Quand tous les avantages du nouveau plan seraient incontestables, quel homme de sens oserait entre prendre d'abolir les vieilles coutumes, de changer les vieilles maximes, et de donner une autre forme à l'État que celle où l'a successivement amené une durée de treize cents ans.

Tous les effets 1 Effets matériels d'abord. Quand des soubresauts comme ceux de la Révolution secouent la plus grande puissance, la plus peuplée de l'Europe, l'équilibre traditionnel des intérêts et des habitudes est à jamais rompu. Mais plus encore effets spirituels. Les vraies conséquences des révolutions sont celles qui s'ins­crivent au plus vif des âmes. A cet égard, quels remous incalculables! Pendant un siècle et davantage, dans presque tous les grands débats collectifs, la Révolution serait présente, ferment indéracinable. S'adressant à tous les hommes sans distinction de temps ni de lieu, universaliste comme les grandes religions, elle allumerait, comme elles, des passions universelles. Elle relaierait en quelque sorte les passions religieuses, amorties ou éteintes, par des passions politiques toutes neuves, intolérantes, exaltantes et dévastatrices. La littérature politique devait en être renouvelée.

Passion contre-révolutionnaire, pour commencer. Avant 1789 les idées du siècle avaient bien rencontré une résistance de la part des tenants, catholiques et monarchistes, de la tradition. Mais cette résistance à contre-courant, d'ailleurs sporadique et purement défensive, avait été pratiquement impuissante. Tous les grands écrivains étaient de l'autre bord. Après 1789, parce que précisément les idées du siècle ont triomphé dans les faits, parce que la Révolution a eu lieu, qu'elle a détruit, épouvanté et déçu, voici que devient possible une réaction contre-révolution­naire efficace, au nom de la tradition bafouée. Elle trouve comme premier héraut un grand orateur et écrivain anglais, Burke.

Passion nationale (nationalisme), ensuite. Les guerres de la Révolution et de l'Empire, filles du jacobinisme, menées au nom d'augustes abstractions, la Nation, le Peuple, sonnent le glas de l'ancien sentiment national paisible et fort, à la Vauban, dénué d'intolérance, incarné en une personne concrète: le roi. Au jacobinisme conqué­rant va répondre le nationalisme des vaincus. Les fameux Discours c la nation allemande, de Fichte, marqueront, à cet égard, une date.

Passion égalitaire, enfin. Elle venait de soulever bourgeois contre nobles, mais ce n'était peut-être là que le commencement- ou la suite- d'un processus historique destiné à se dérouler jusqu'au bout : jusqu'au nivellement total. L'avenir dirait si cette passion du nivellement égalitaire n'était pas plus puissante au cœur de l'homme que la passion de la liberté. Thème qui serait développé, avec une surprenante maitrise, après la brève révolution de 1834, par Tocqueville dans la Démocratie en Amérique, sa première œuvre, tout de suite célèbre

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« Rousseau, l'inattendu Rousseau, dans l'un de ses écrits politiques de circonstance, Jugement sur la Polysynodie de l'abbé de Saint-Pierre, avait donné cet averlissement prophétique : Qu'on juge du danger d'émouvoir une fois les masses énormes qui composent la monarchie française.

Qui pourra retenir l'ébranlement donné et prévoir tous les eflels qu'il peul produire ? Quand tous les avantages du nouveau plan seraient incontestables, quel homme de sens oserait entre prendre d'abolir les vieilles coutumes, de changer les vieilles maximes, et de donner une autre forme à l'État que celle où l'a successivement amené une durée de treize cents ans.

Tous les effets 1 Effets matériels d'abord.

Quand des soubresauts comme ceux de la Révolution secouent la plus grande puissance, la plus peuplée de l'Europe, l'équilibre traditionnel des intérêts et des habitudes est à jamais rompu.

Mais plus encore effets spirituels.

Les vraies conséquences des révolutions sont celles qui s'ins­ crivent au plus vif des âmes.

A cet égard, quels remous incalculables! Pendant un siècle et davantage, dans presque tous les grands débats collectifs, la Révolution serait présente, ferment indéracinable.

S'adressant à tous les hommes sans distinction de temps ni de lieu, universaliste comme les grandes religions, elle allumerait, comme elles, des passions universelles.

Elle relaierait en quelque sorte les passions religieuses, amorties ou éteintes, par des passions politiques toutes neuves, intolérantes, exaltantes et dévastatrices.

La littérature politique devait en être renouvelée.

Passion contre-révolutionnaire, pour commencer.

Avant 1789 les idées du siècle avaient bien rencontré une résistance de la part des tenants, catholiques et monarchistes, de la tradition.

Mais cette résistance à contre-courant, d'ailleurs sporadique et purement défensive, avait été pratiquement impuissante.

Tous les grands écrivains étaient de l'autre bord.

Après 1789, parce que précisément les idées du siècle ont triomphé dans les faits, parce que la Révolution a eu lieu, qu'elle a détruit, épouvanté et déçu, voici que devient possible une réaction contre-révolution­ naire efficace, au nom de la tradition bafouée.

Elle trouve comme premier héraut un grand orateur et écrivain anglais, Burke.

Passion nationale (nationalisme), ensuite.

Les guerres de la Révolution et de l'Empire, filles du jacobinisme, menées au nom d'augustes abstractions, la Nation, le Peuple, sonnent le glas de l'ancien sentiment national paisible et fort, à la Vauban, dénué d'intolérance, incarné en une personne concrète: le roi.

Au jacobinisme conqué­ rant va répondre le nationalisme des vaincus.

Les fameux Disc ou rs à la nation allemande, de Fichte, marqueront, à cet égard, une date.

Passion égalitaire, enfin.

Elle venait de soulever bourgeois contre nobles, mais ce n'était peut-être là que le commencement- ou la suite -d'un processus historique destiné à se dérouler jusqu'au bout : jusqu'au nivellement total.

L'avenir dirait si cette passion du nivellement égalitaire n'était pas plus puissante au cœur de l'homme que la passion de la liberté.

Thème qui serait développé, avec une surprenante maitrise, après la brève révolution de 1830, par Tocqueville dans la Démocratie en Amérique, sa première œuvre, tout de suite célèbre.. »

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