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Les artistes maniéristes ont longtemps été négligés par les historiens d'art.

Publié le 07/11/2013

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Les artistes maniéristes ont longtemps été négligés par les historiens d'art. Leur nouveauté et leur originalité échappaient ; leurs innovations formelles passaient pour les derniers feux d'une imagination épuisée, ou pour les signes avant-coureurs du baroque futur. La mutation des valeurs esthétiques que la création contemporaine a entraînée a permis de poser sur ces artistes un regard dépourvu de préjugés. Une fois débarrassé des qualificatifs péjoratifs, le maniérisme a enfin été reconnu comme un moment essentiel de l'histoire de l'art. Le maniérisme désigne le style artistique qui naquit en Italie et s'étendit à l'Europe entre la fin de la Renaissance (vers 1520) et les débuts du baroque (vers 1590), en réaction contre l'harmonie classique et l'idéal esthétique de la Renaissance. Bien que très différentes, les oeuvres maniéristes partagent un certain nombre de caractéristiques formelles communes. D'une façon générale, la forme, le style, la pose, l'expression, la « manière » (mot utilisé par Vasari) l'emportent sur l'harmonie d'ensemble, l'équilibre classique et la perspective, ce qui donne souvent comme résultat des arrangements spatiaux rétrécis, des juxtapositions de couleurs parfois discordantes ou inhabituelles, des échelles volontairement déséquilibrées. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Renaissance - La Renaissance : un âge d'or ? Les antécédents Raphaël avait entrepris la décoration des loges du Vatican en 1508 ; il y travailla jusqu'à sa mort en 1520. La Chambre de l'incendie rompait notamment avec le classicisme équilibré de ses oeuvres antérieures, et la Transfiguration (1517-1520) présente certains traits que l'on peut déjà qualifier de maniéristes. Quelques années plus tard, Rome connut un des plus grands chocs de son histoire. En 1527, la ville fut pillée par les armées impériales, constituées souvent de luthériens. Ce traumatisme trouva un écho dans la vision surhumaine que donna Michel-Ange du Jugement dernier. Dans cette fresque, Michel-Ange représente les corps nus, dans un espace abstrait, dépourvu de tout repère réaliste. L'oeuvre, dévoilée en 1541, eut un énorme retentissement. La recherche exacerbée de la beauté, la représentation du combat contre les forces des ténèbres, les études du corps humain et l'exaltation de l'anatomie eurent une forte influence sur les artistes maniéristes. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Jugement dernier loge Michel-Ange (Michelangelo Buonarroti, dit) Raphaël (Raffaello Santi ou Sanzio, dit en français) Renaissance - Les quattrocento et cinquecento (vers 1400-vers 1550) en Italie Sixtine (chapelle) Le foyer florentin Élève d'Andrea del Sarto, qui forma plusieurs membres de cette première génération maniériste, Iacopo Pontormo, personnalité sombre et mélancolique, est un de ceux qui incarnent le mieux la fin de la Renaissance. Le Hallebardier de 1527, la main sur la hanche, le contraposto nettement marqué, révèle l'attention que porte Pontormo aux attitudes, tandis que le goût pour les coloris raffinés tels que les bleus pâles, les roses, les jaunes s'exprime nettement dans la Déposition de 1526. La composition décentrée de cette oeuvre (le tourbillon des corps autour du Christ et de la Vierge) échappe à l'équilibre classique. Pas plus que Pontormo, Rosso Fiorentino ne rechercha le réalisme ou l'harmonie. Sa Descente de croix ( 1521) se détache sur un ciel de crépuscule tandis que les visages expressifs des protagonistes sont fixés par des éclats lumineux. Dans Moïse défendant les filles de Jethro (vers 1523), l'effet de surprise est obtenu par les corps qui s'écroulent au premier plan. Dans les deux cas, les attitudes permettent l'exploitation de raccourcis spatiaux audacieux, propres aux effets de style que le maniérisme recherche. Comme son maître Pontormo, Bronzino fut un très grand portraitiste. Ses effigies froides, images aristocratiques de la société florentine ( Portrait de Laura Battiferri , 1555-1560), révèlent son goût pour les matières et les étoffes. Dans la composition allégorique de 1545 : Vénus, Cupidon, Temps et Folie , les corps, semblables à de la porcelaine, se détachent sur des draperies aux couleurs subtiles, la matière soyeuse et cassante contrastant avec la froide glaçure rosée de Vénus et de Cupidon, figés dans une pose contorsionnée. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Andrea del Sarto (Andrea d'Agnolo di Francesco di Luca, dit) Bronzino (Angelodi Cosimo di Mariano, dit il) Descente de croix Florence - Une exceptionnelle ville d'art - Peinture et sculpture Pontormo (Iacopo Carrucci, dit il) portrait - 1.BEAUX-ARTS Renaissance - Les quattrocento et cinquecento (vers 1400-vers 1550) en Italie Rosso (Giovanni Battista di Iacopo, dit le) Les livres sculpture - Persée (vers 1546), de Benvenuto Cellini, page 4703, volume 9 maniérisme - Le Rosso, page 3022, volume 6 maniérisme - il Pontormo, page 3023, volume 6 maniérisme - Bronzino, page 3024, volume 6 L'extension du maniérisme en Italie Hormis les foyers florentin et romain, le maniérisme gagna la plupart des régions d'Italie. En 1524, Jules Romain fut appelé à Mantoue par le duc Frédéric II. Il y mourut en 1546, en laissant notamment le palais du Té. Sur le plan architectural, il rompit avec l'orthodoxie de la Renaissance en développant notamment les éléments décoratifs, tout en conservant l'inspiration antique. L'aspect le plus surprenant de ce palais vient toutefois de ses fresques. Vision d'un monde qui s'effondre, la salle des Géants présente également certains des traits typiques du maniérisme : démesure, stylisation forcée... Inspiré en partie par le Corrège, avec qui il travailla à Parme, mais également par Raphaël et par Michel-Ange, le Parmesan donna une des oeuvres les plus remarquables du maniérisme italien : la Madone au long cou (1534-1540), dont l'allongement des formes (de la Vierge et de l'enfant) constitue le trait le plus saillant. À Sienne, l'oeuvre de Domenico Beccafumi, également marquée par les innovations de Michel-Ange et de Raphaël, se distingue par la qualité de ses lumières, comme dans la Naissance de la Vierge (1540-1543), où certaines déformations anatomiques et certaines poses sont accentuées par l'éclairage. Une seconde génération de peintres maniéristes est représentée par Daniele da Volterra (Descente de croix pour l'église de la Trinité-des-Monts, à Rome), Francesco Salviati, les frères Zuccari, Tibaldi, dont les oeuvres sont souvent inspirées de la mythologie. Le dernier groupe maniériste, réunissant les peintres Naldini, Allori, Morandini et Pietro Candido autour de Giorgio Vasari, participa à la décoration du Studiolo du Palazzo Vecchio à Florence, créé pour François de Médicis. Ce cabinet au décor luxuriant est un véritable « écrin » du dernier esprit maniériste. Le maniérisme se diffusa à travers l'Italie, mais il ne forma pas un style très homogène. S'il ne s'imposa pas à tous, personne ne put vraiment s'en écarter. Ainsi, une école aussi particulière que celle de Venise s'en imprégna. La cité des Doges accueillit des artistes qui exercèrent leur influence ; le Sansovino, Francesco Salviati, entre autres, y travaillèrent. L'oeuvre de Lorenzo Lotto annonce par ailleurs certains portraits maniéristes. Le Tintoret, qui avait certainement connu les toiles du Parmesan, comme le montrent ses premières oeuvres ( Apollon et Marsyas), se rattache également à ce style, qu'illustre notamment la composition de l'« histoire de saint Marc ». Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Allori Alessandro Beccafumi (Domenico Mecarino, dit) Florence - Une exceptionnelle ville d'art - L'architecture Lotto Lorenzo Mantoue Parmesan (Francesco Maria Mazzola, dit le) Renaissance - Les quattrocento et cinquecento (vers 1400-vers 1550) en Italie Romain (Giulio Pippi, dit Giulio Romano, en français Jules) Sansovino (Iacopo Tatti, dit il) Sienne Tintoret (Iacopo Robusti, dit il Tintoretto, dit en français le) Vasari Giorgio Venise - La peinture à Venise Venise - La peinture à Venise - Le « siècle d'or » Volterra (Daniele da) Zuccari Federico Les livres Italie - Le Tintoret, page 2629, volume 5 maniérisme - Jules Romain, page 3023, volume 6 maniérisme - Vasari, page 3023, volume 6 maniérisme - Le Parmesan, page 3024, volume 6 Le maniérisme en sculpture L'oeuvre de Benvenuto Cellini, à la fois sculpteur et orfèvre, se distingue par l'ornementation, la précision des détails et l'élongation des formes (Persée, 1553). Les sculptures de Bartolomeo Ammanati, de Baccio Bandinelli, de Vincenzio Danti abandonnent, quant à elles, toute sobriété au profit des poses contorsionnées et des musculatures athlétiques. Tandis qu'il s'étendait hors d'Italie, le maniérisme reçut également, dans la seconde moitié du siècle, la contribution d'artistes étrangers. Ainsi, les sculptures à la forme « serpentine » du Flamand Giambologna (ou Jean de Bologne) (l'Enlèvement d'une Sabine) en incarnent parfaitement l'esprit. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bandinelli Baccio Bologne Jean Cellini Benvenuto De Vries Adriaen Florence - Une exceptionnelle ville d'art - Peinture et sculpture Les médias maniérisme - présentation de la statue Les livres maniérisme - Jean de Bologne, page 3022, volume 6 maniérisme - Cellini, page 3024, volume 6 L'expansion maniériste en Europe La diffusion du maniérisme en Europe fut assurée par les échanges qui se multipliaient entre l'Italie et les cours d'Europe. Mais le rôle essentiel dans cette diffusion revint aux gravures, comme celles de Hendrick Goltzius qui rendirent célèbres les peintures de Bartholomeus Spranger. Les autres pays d'Europe n'avaient pas jusque-là véritablement connu la Renaissance. Ce fut donc en partie grâce à la diffusion du maniérisme qu'ils s'ouvrirent aux innovations italiennes, d'autant plus aisément que les caractères du maniérisme renouaient avec certains traits du gothique finissant, tels que la grâce et la préciosité. Le maniérisme s'épanouit dans deux cours européennes. François Ier transforma Fontainebleau en foyer artistique en accueillant une lignée d'artistes italiens ; ainsi, le Rosso, le Primatice et Niccolò Dell'Abate furent chargés de la décoration du château. Comme l'illustre la galerie d'Ulysse, où les peintures sont encadrées par des stucs représentant souvent des corps féminins élancés, l'érotisme reste une constante de cet art. Le raffinement d'un objet comme la salière de François Ier , due à Cellini, traduit toute la perfection et le luxe de cette société. Les Français, et parfois les Flamands, se joignirent aux Italiens. Antoine Caron représenta le Massacre du triumvirat dans une ville antique qui n'est pas sans évoquer les décors éphémères des fêtes de l'époque. Mais l'école de Fontainebleau a aussi montré un goût plus réaliste dans la Descente dans la cave du pseudo-Félix Chrétien. Le maniérisme se déploya par ailleurs, sous l'impulsion de Spranger, à Prague, à la cour de Rodolphe II de Habsbourg, où il prit un tour fantastique avec les portraits symboliques formés d'objets, de fruits ou de légumes, de Giuseppe Arcimboldo. D'autres pays et d'autres artistes majeurs présentent également des caractéristiques qui peuvent être rattachées au courant maniériste. C'est, par exemple, le cas de l'Espagne avec le Greco et de l'Europe du Nord avec Frans Floris de Vriendt d'Anvers, Cornelis de Haarlem, Abraham Bloemaert. Le tourbillon maniériste a ainsi entraîné dans son sillage les principaux centres artistiques d'Europe. Il doit beaucoup au contexte historique, notamment au développement des cours et à la découverte hors d'Italie de la Renaissance et de l'humanisme. Un grand brassage avait eu lieu, intensifié par la diffusion des gravures. Mais, à la fin du XVI e siècle, cet art perdit son inspiration novatrice. Rome s'engageait alors dans une nouvelle direction ; l'esthétique baroque, qui sut profiter de la voie ouverte par le maniérisme, marqua une nouvelle rupture. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Arcimboldo Giuseppe baroque - Introduction Bloemaert Abraham Cornelisz Cellini Benvenuto Dell'Abate Niccolò érotisme érotisme - Les représentations érotiques dans les beaux-arts Floris de Vriendt Frans Fontainebleau France - Arts - Beaux-arts - L'interprétation française de la Renaissance François - FRANCE - François Ier Greco (Dhomínikos Theotokópoulos, dit en français le Greco, en espagnol el) Primatice (Francesco Primaticcio, dit en français le) Renaissance - La Renaissance en Europe Rodolphe - Rodolphe II Rosso (Giovanni Battista di Iacopo, dit le) Les livres Rosso (le), page 4471, volume 8 maniérisme - Goltzius, page 3025, volume 6 maniérisme - Arcimboldo, page 3025, volume 6 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats fresque - La fresque depuis la Renaissance Les indications bibliographiques G. Briganti, le Maniérisme italien, G. Monfort, Paris, 1994. A. Chastel, Mythe et crise de la Renaissance, Skira, Genève, 1989. J. Gallego, la Peinture vénitienne et le maniérisme, Skira, Genève, 1973. G. R. Hocke, Labyrinthe de l'art fantastique, Médiations, Denoël, Paris, 1977.

« Vénus, Cupidon, Temps et Folie , les corps, semblables à de la porcelaine, se détachent sur des draperies aux couleurs subtiles, la matière soyeuse et cassante contrastant avec la froide glaçure rosée de Vénus et de Cupidon, figés dans une pose contorsionnée. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Andrea del Sarto (Andrea d'Agnolo di Francesco di Luca, dit) Bronzino (Angelodi Cosimo di Mariano, dit il) Descente de croix Florence - Une exceptionnelle ville d'art - Peinture et sculpture Pontormo (Iacopo Carrucci, dit il) portrait - 1.BEAUX-ARTS Renaissance - Les quattrocento et cinquecento (vers 1400-vers 1550) en Italie Rosso (Giovanni Battista di Iacopo, dit le) Les livres sculpture - Persée (vers 1546), de Benvenuto Cellini, page 4703, volume 9 maniérisme - Le Rosso, page 3022, volume 6 maniérisme - il Pontormo, page 3023, volume 6 maniérisme - Bronzino, page 3024, volume 6 L'extension du maniérisme en Italie Hormis les foyers florentin et romain, le maniérisme gagna la plupart des régions d'Italie. En 1524, Jules Romain fut appelé à Mantoue par le duc Frédéric II.

Il y mourut en 1546, en laissant notamment le palais du Té.

Sur le plan architectural, il rompit avec l'orthodoxie de la Renaissance en développant notamment les éléments décoratifs, tout en conservant l'inspiration antique.

L'aspect le plus surprenant de ce palais vient toutefois de ses fresques. Vision d'un monde qui s'effondre, la salle des Géants présente également certains des traits typiques du maniérisme : démesure, stylisation forcée...

Inspiré en partie par le Corrège, avec qui il travailla à Parme, mais également par Raphaël et par Michel-Ange, le Parmesan donna une des œuvres les plus remarquables du maniérisme italien : la Madone au long cou (1534-1540), dont l'allongement des formes (de la Vierge et de l'enfant) constitue le trait le plus saillant.

À Sienne, l'œuvre de Domenico Beccafumi, également marquée par les innovations de Michel-Ange et de Raphaël, se distingue par la qualité de ses lumières, comme dans la Naissance de la Vierge (1540-1543), où certaines déformations anatomiques et certaines poses sont accentuées par l'éclairage. Une seconde génération de peintres maniéristes est représentée par Daniele da Volterra ( Descente de croix pour l'église de la Trinité-des-Monts, à Rome), Francesco Salviati, les frères Zuccari, Tibaldi, dont les œuvres sont souvent inspirées de la mythologie. Le dernier groupe maniériste, réunissant les peintres Naldini, Allori, Morandini et Pietro Candido autour de Giorgio Vasari, participa à la décoration du Studiolo du Palazzo Vecchio à Florence, créé pour François de Médicis.

Ce cabinet au décor luxuriant est un véritable « écrin » du dernier esprit maniériste. Le maniérisme se diffusa à travers l'Italie, mais il ne forma pas un style très homogène. S'il ne s'imposa pas à tous, personne ne put vraiment s'en écarter.

Ainsi, une école aussi particulière que celle de Venise s'en imprégna.

La cité des Doges accueillit des artistes qui exercèrent leur influence ; le Sansovino, Francesco Salviati, entre autres, y travaillèrent. L'œuvre de Lorenzo Lotto annonce par ailleurs certains portraits maniéristes.

Le Tintoret, qui avait certainement connu les toiles du Parmesan, comme le montrent ses premières œuvres ( Apollon et Marsyas ), se rattache également à ce style, qu'illustre notamment la composition de l'« histoire de saint Marc ». Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Allori Alessandro Beccafumi (Domenico Mecarino, dit) Florence - Une exceptionnelle ville d'art - L'architecture Lotto Lorenzo Mantoue Parmesan (Francesco Maria Mazzola, dit le) Renaissance - Les quattrocento et cinquecento (vers 1400-vers 1550) en Italie Romain (Giulio Pippi, dit Giulio Romano, en français Jules). »

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