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Né avec la révolution industrielle, le socialisme a dû surmonter dès l'origine ses divisions.

Publié le 09/12/2013

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Né avec la révolution industrielle, le socialisme a dû surmonter dès l'origine ses divisions. Opposés quant à la tactique à adopter à l'égard des partis bourgeois et des institutions républicaines, les partis socialistes d'Europe occidentale ont finalement opté pour la voie parlementaire et le réformisme, suscitant dans certains cas des scissions. Mais, après leur accession au pouvoir, ils ont tous fait l'expérience des difficultés économiques, et un réexamen de leurs fondements théoriques s'est imposé. Apparu au XIXe siècle, le terme de socialisme désigne les doctrines et les organisations qui, s'opposant au capitalisme, entendent instaurer une société plus juste que celle existante. On peut certes trouver de nombreux prédécesseurs au socialisme : dès l'Antiquité, des philosophies et des sectes ont prôné et mis en pratique des formes de vie collective fondées sur le partage des biens. Mais le socialisme au sens moderne est né de la révolution industrielle qui toucha l'Angleterre à la fin du XVIIIe siècle, puis la plupart des pays européens au cours du XIXe siècle. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats capitalisme révolution industrielle - Déséquilibres et contestations de la civilisation industrielle Le socialisme au XIXe siècle L'essor général de l'industrie entraîna, avec l'expansion du prolétariat, une montée de la misère ouvrière. Plusieurs solutions furent alors avancées pour résoudre ce qu'on appelait la « question sociale ». Face aux libéraux confiants dans le laissez-faire et aux philanthropes, partisans de réformes dans le domaine de l'éducation et de l'hygiène pour que cessent les injustices les plus criantes, certains estimaient nécessaire une réorganisation de la société, selon des principes rationnels où la collectivité prime sur l'individu. Ces socialistes, comme Étienne Cabet ou Robert Owen, préconisaient, selon des modalités diverses, de nouveaux rapports entre les hommes, telle l'organisation communautaire prévue par le phalanstère de Charles Fourier ou l'industrialisme progressiste et optimiste de Saint-Simon. Proudhon, pour sa part, engagea une critique de la propriété privée, de l'État et de l'Église, et prôna le « mutuellisme ». Cependant, les aspirations de ces premiers socialistes, qualifiés souvent d'utopistes, étaient avant tout d'ordre moral, voire religieux, ce qui ôtait presque toute portée concrète à leurs projets de société idéale. La faillite des rares tentatives de mise en pratique et l'échec de la révolution de 1848 donnèrent une nouvelle orientation au mouvement socialiste, qui considéra alors la conquête du pouvoir comme l'un de ses objectifs principaux. Des courants anarchistes apparurent, qui, poussant plus loin le rejet de toutes les institutions bourgeoises, firent de la destruction de l'État le but ultime de leur combat. Mais c'est surtout au marxisme qu'il revint désormais de formuler l'analyse la plus structurée du capitalisme et de proposer une base théorique à l'action de la Ire Internationale, qu'il contribua à créer. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats anarchie Cabet Étienne Considérant Victor Fourier Charles mutualisme - 1.HISTOIRE ouvrier (mouvement) Owen Robert Proudhon Pierre Joseph révolution industrielle - Déséquilibres et contestations de la civilisation industrielle révolutions européennes de 1848 Saint-Simon (Claude Henri de Rouvroy, comte de) socialisme chrétien utopie Les livres Internationale - Jean Jaurès, page 2557, volume 5 socialisme - vue générale du familistère de Guise, page 4812, volume 9 France - Jaurès à la tribune (1901), page 2018, volume 4 Le socialisme marxiste Figure centrale du socialisme, davantage, sans doute, par son influence posthume que pour le rôle politique qu'il eut de son vivant, Marx reprochait avec virulence aux autres socialistes de n'avoir pas su analyser scientifiquement la société capitaliste, ni théoriser les conditions de passage au socialisme. Ne s'attardant que très peu à décrire l'organisation sociale future, il entreprit de placer la critique socialiste sur le terrain de l'économie. Pour lui, le capitalisme est le lieu d'une série de contradictions qui ont pour fondement la lutte des classes entre la bourgeoisie et le prolétariat. Aux mains de la classe bourgeoise, la propriété privée des moyens de production - trait distinctif du capitalisme - est incompatible avec le caractère de plus en plus social des forces productives. La révolution doit aboutir à l'appropriation collective des moyens de production, permettant ainsi l'adéquation des rapports de production avec les forces productives. S'opposant aux anarchistes, Marx considère qu'au lendemain de la révolution une phase de transition est nécessaire, au cours de laquelle doit s'exercer la dictature du prolétariat, conçue comme celle de la majorité sur la minorité. L'appareil d'État est donc temporairement maintenu, avant son dépérissement lié à la disparition des classes sociales. Le principe de répartition des richesses est, pendant une première phase, socialiste (« À chacun selon son travail ») et, dans une seconde phase, communiste (« À chacun selon ses besoins »). Voir aussi marxisme. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats collectivisation communisme dictature Marx Karl marxisme prolétariat Les livres Marx Karl, page 3079, volume 6 Les divisions du socialisme L'échec de la Ire Internationale marqua l'impuissance des marxistes, opposés aux anarchistes, à encadrer l'ensemble du mouvement ouvrier. L'existence de deux courants principaux, différant tant dans leurs objectifs que dans les moyens préconisés pour leur réalisation, allait marquer durablement les mouvements ouvriers. Au marxisme, qui mettait l'accent sur la nécessité de transformations radicales et celle d'une révolution violente, s'opposait le réformisme, qui privilégiait les changements progressifs et la conquête du pouvoir par les urnes. Cependant, le socialisme connut une importante phase d'expansion à partir de 1870 dans l'ensemble des pays européens, et, malgré leurs divergences, révolutionnaires et modérés tentèrent de réaliser leur unité. Constituant de puissantes forces politiques, les socialistes cherchèrent alors en priorité à regrouper et à éduquer le plus de militants possible dans des partis de masse. Une même volonté unitaire se manifesta sur le plan international : une IIe Internationale fut fondée avec succès en 1889, laquelle réunit, dans des instances communes, les représentants des partis du monde entier. Mais l'éloignement de toute perspective révolutionnaire et l'intégration progressive des socialistes dans la vie parlementaire de chaque pays les conduisirent à se rapprocher des partis bourgeois avancés et à participer à la lutte pour la République, la laïcité, les libertés politiques ou la défense des travailleurs. Ainsi se développa, derrière une phraséologie révolutionnaire, une pratique de plus en plus modérée. Ce divorce croissant entre la doctrine et l'action conduisit Eduard Bernstein et certains membres du parti social-démocrate allemand (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD), alors le plus puissant en Europe, à vouloir « réviser » les théories de Marx. Pour eux, la lutte entre la classe ouvrière et la bourgeoisie changeait de sens en raison de l'extension de la petite bourgeoisie, et le recours à la violence révolutionnaire et à la dictature du prolétariat n'était plus nécessaire. Dans son livre les Présupposés du socialisme, p aru en 1899, Bernstein s'en prenait aux fondements mêmes de la théorie marxiste. Critiquant, au nom d'une vision morale du socialisme, le primat accordé par Marx aux critères économiques, il réfutait l'idée selon laquelle l'effondrement du capitalisme serait inéluctable. Une telle analyse, qui intervenait au moment même d'un renversement de la conjoncture économique qui, jusqu'en 1914, se caractérisait par une phase d'expansion, l'amena à cette constatation : loin d'entraîner une paupérisation croissante des ouvriers, le capitalisme faisait preuve d'une grande souplesse lui permettant de s'adapter aux crises et surtout de redistribuer de façon plus large les richesses produites. L'essentiel, désormais, ne résidait plus dans la prise du pouvoir politique par le prolétariat, mais dans le mouvement rendant possible une lente avancée vers des conquêtes sociales. Dans la pratique, l'atténuation de la lutte des classes qui, selon lui, était en cours depuis plus d'une décennie, éloignait toute perspective révolutionnaire à court comme à long terme et autorisait le SPD, devenu un « parti réformiste, démocrate-socialiste », à s'allier avec les éléments progressistes de la bourgeoisie pour obtenir l'instauration du suffrage universel et la mise en place d'un régime démocratique. Si le révisionnisme, seule véritable expression théorique de l'esprit réformiste, se heurta à une opposition à l'intérieur même du SPD, il rencontra une résonance certaine dans le mouvement ouvrier. En accordant une importance accrue au jeu parlementaire et aux problèmes de stratégie politique, il manifestait une communauté de pensée avec le ministérialisme qui existait en France et en Italie, et conduisait les socialistes à participer à un gouvernement bourgeois, ainsi qu'avec le marxisme légal, teinté d'économisme, qui, en Russie, acceptait certains compromis avec l'idéologie nationaliste et impérialiste. Dans tous les cas, l'État cessait d'être perçu uniquement comme un instrument de coercition. Enfin, la préférence marquée pour la lutte en faveur des intérêts matériels au détriment de la mission révolutionnaire du prolétariat reçut le soutien du mouvement syndical allemand et britannique, qui privilégiait les négociations avec le patronat et la signature de conventions collectives à toute autre forme d'action. L'importance de ce courant et la bureaucratisation des organisations socialistes expliquent le ralliement des socialistes dans leur ensemble aux politiques de défense nationale lorsque la guerre éclata en août 1914. Une telle attitude suscita bien évidemment de fortes réactions parmi les partisans de la révolution. Regroupée en Allemagne autour de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg et en Russie autour de Lénine, l'opposition de gauche, malgré tout hétérogène et dispersée, reprochait au révisionnisme l'abandon de la notion de dictature du prolétariat et la bureaucratisation du parti qui en paralysait l'action. Plus encore, elle dénonça la passivité, voire la bienveillance des amis de Bernstein envers la politique impérialiste des États européens. Se démarquant des « sociaux-traîtres », les bolcheviks dirigés par Lénine, qui prirent le pouvoir en 1917 en Russie, provoquèrent alors la cassure fondamentale qui devait marquer toute l'histoire du socialisme au XX e siècle. Outre la dénonciation du patriotisme engagé des socialistes de la II e Internationale, les bolcheviks tentèrent, en créant en 1919 la IIIe Internationale, d'imposer à l'ensemble du mouvement socialiste une nouvelle conception de la structure et du rôle du parti, fondée, entre autres, sur le rejet des tendances et sur une discipline de fer, et formulée dans les vingt et une conditions d'adhésion à l'Internationale communiste édictées par Lénine. Celles-ci entraînèrent des scissions au sein de la plupart des partis socialistes et la création de partis communistes, qui adhérèrent à la IIIe Internationale, dominée par Moscou jusqu'à sa dissolution en 1943. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Bebel August bolchevisme communiste (parti) gauche gauche - La gauche et les gauches Internationale Lénine (Vladimir Illitch Oulianov, dit) Liebknecht Karl Luxemburg Rosa marxisme ouvrier (mouvement) Pieck Wilhelm révisionnisme Russie - Histoire - La chute de l'Empire social-démocratie socialiste-révolutionnaire (parti) SPD (Sozialdemokratische Partei Deutschlands) Les livres socialisme - congrès de la IIe Internationale, à Amsterdam (1904), page 4813, volume 9 socialisme - manifestation sociale-démocrate contre les spartakistes, à Berlin, en 1918, page 4813, volume 9 socialisme - August Bebel appelle à voter social-démocrate, page 4813, volume 9 Les partis socialistes en Europe Le choc de la révolution russe conduisit ainsi les partis socialistes européens à redéfinir leurs positions, permettant souvent l'achèvement d'une évolution jusqu'alors en germe, comme en témoigne le SPD allemand. Fort de centaines de milliers de militants, lié aux syndicats, le SPD, ayant surmonté la répression organisée par Bismarck, profita du suffrage universel et devint, avant 1917, un parti parlementaire - malgré l'orthodoxie marxiste affichée et défendue par Karl Kautsky. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le gouvernement social-démocrate dut faire face à la poussée révolutionnaire, dont les spartakistes entendaient tirer parti pour mettre en place un pouvoir populaire inspiré du modèle bolchevique. Il se contenta d'accorder le suffrage universel et la journée de huit heures, et prépara la convocation d'une Assemblée constituante, destinée à mettre en place un régime de démocratie libérale. Désirant à tout prix barrer la route au bolchevisme, il accepta en même temps de s'entendre avec les militaires. Lorsque, en janvier 1919, les organisations d'extrême gauche appelèrent à l'insurrection, la Reichswehr, appuyée par des unités de volontaires, les « corps francs », noya celle-ci dans le sang, à Berlin d'abord - où Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg furent assassinés -, puis dans le reste du pays. L'écrasement de ce soulèvement, l'impossible union avec les communistes face à la montée du nazisme, puis la division de l'Allemagne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale entraînèrent le SPD à abandonner son héritage marxiste en 1959 (congrès de Bad Godesberg). Privilégiant la défense des valeurs démocratiques sur la réorganisation collectiviste de l'économie, les socialistes allemands, conduits d'abord par Willy Brandt, ont dès lors situé leur action dans le respect des institutions politiques et du régime de la libre entreprise. Subissant l'influence du SPD, le socialisme autrichien a connu une évolution similaire. Après avoir soutenu un marxisme mêlé d'éthique, connu sous le nom d'« austromarxisme », le SPÖ (Sozialistische Partei Österreichs), qui avait mené durant l'entre-deux-guerres une politique municipale originale à « Vienne la Rouge », s'est fait, dans les années soixante, sous la direction de Bruno Kreisky, le défenseur d'un projet de société mixte alliant capitalisme et socialisme. Fondé sur la coexistence d'un secteur privé et d'un secteur public, et visant à rendre l'économie plus stable, ce projet s'inspirait en partie du modèle suédois. Au pouvoir de 1932 à 1976, les socialistes suédois, dirigés par Olof Palme, se sont efforcés de réaliser une société fondée sur le primat de la collectivité et symbolisée par un système de sécurité sociale très développé. Soucieux également de prévenir tout conflit, ils ont favorisé, en s'appuyant sur le principal syndicat suédois (LO), l'organisation de commissions de négociations ainsi que la cogestion entre ouvriers et patronat. D'inspiration nettement plus réformiste, le parti travailliste, ou Labour Party, créé en Grande-Bretagne en 1906, s'est toujours efforcé de relayer sur le plan parlementaire l'action syndicale des Trade Unions dont il est issu. Opposé à toute idée de révolution comme à toute perspective de transformation globale de la société, le travaillisme entend seulement corriger les excès du capitalisme, grâce notamment à des nationalisations. Ainsi, en réponse au communisme, les socialistes, dès lors qu'ils ont considéré comme leur tâche prioritaire, non plus la socialisation des moyens de production, mais une plus juste répartition des richesses, ont su mettre sur pied un ensemble théorique et pratique cohérent, souvent défini par le terme de social-démocratie. Le socialisme social-démocrate se caractérise aussi, sur le plan de l'organisation, par de grands partis politiques rassemblant l'essentiel des électeurs de gauche et alliés à des syndicats également très puissants. Face à ce modèle se dessine un autre type de socialisme européen, qui, s'il s'en rapproche, manifeste néanmoins certaines différences. Il regroupe des partis socialistes qui, confrontés à une forte opposition communiste, surtout en Europe du Sud, ont conservé un langage beaucoup plus révolutionnaire et ont situé leur action réformiste dans la perspective d'un futur changement de société. Ainsi, en Italie, le PSI, fondé dès 1892, a maintenu, jusqu'à son interdiction en 1926 par les fascistes, sa rhétorique marxiste pour faire face aux attaques de son aile gauche communiste. La question d'une alliance avec le parti communiste italien (PCI) est d'ailleurs restée au centre des débats qui ont animé le PSI depuis 1945 et a gêné son développement. Tour à tour proche du parti communiste et de la démocratie chrétienne, il n'a pu servir que de force d'appoint, malgré l'action de son leader Bettino Craxi. En Espagne, au sortir du franquisme en 1976, les socialistes du PSOE (Partido Socialista Obrero Español) ont réalisé, à l'instigation de Felipe González, en remplaçant les dirigeants historiques clandestins par une nouvelle génération de militants et en adoptant une réorientation politique, une mutation idéologique vers la socialdémocratie, rendue possible par un effondrement du parti communiste espagnol. Le parti triompha ainsi aux élections législatives de 1982. D'emblée, le nouveau gouvernement, qui, lors de la campagne, s'était gardé de toute déclaration révolutionnaire, affirma sa volonté d'arrêter des choix réalistes. Parallèlement, il fit adopter un train de réformes qui devaient contribuer à l'édification d'une Espagne moderne et renforcer l'image dynamique dont disposait le nouveau gouvernement rassemblant à la fois des idéologues et des technocrates. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats austromarxisme Berlin - L'histoire de Berlin Brandt (Karl Herbert Frahm, dit Willy) Craxi Bettino Espagne - Histoire - La monarchie démocratique González Márquez Felipe Kautsky Karl Kreisky Bruno Liebknecht Karl Luxemburg Rosa Palme Olof social-démocratie SPD (Sozialdemokratische Partei Deutschlands) syndicalisme - Le syndicalisme ouvrier hors de France travailliste (parti) Les livres Grèce - défilé de partisans du parti socialiste (PASOK), lors des élections législatives de 1985, page 2230, volume 4 socialisme - congrès du SPD à Bad Godesberg, en 1959, page 4815, volume 9 socialisme - Clement Attlee après l'arrivée au pouvoir des travaillistes en 1945, page 4815, volume 9 socialisme - piquets de grève devant une usine à Turin, en 1920, page 4815, volume 9 socialisme - les électeurs socialistes espagnols célébrant la victoire de leur parti en octobre 1992, page 4815, volume 9 Le parti socialiste en France Représentant un type intermédiaire entre le modèle social-démocrate et celui des autres partis socialistes européens, le socialisme français tend cependant à se rapprocher du premier sans parvenir à mettre sur pied des structures identiques, notamment sur le plan syndical. Héritiers de la révolution de 1848 et de la Commune de 1871, les socialistes français ne parvinrent à réaliser leur unité que sous l'impulsion de la IIe Internationale en 1905, avec la création de la SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière). Rassemblant diverses tendances souvent opposées, tels les marxistes dirigés par Jules Guesde et les « possibilistes » de Paul Brousse, la SFIO se vit en outre privée du soutien de la CGT, qui, en votant en 1906 la charte d'Amiens, marquée par l'anarcho-syndicalisme, avait exclu toute activité politique du syndicat. Ainsi, la SFIO, tiraillée entre un discours révolutionnaire et une action réformiste, ne put conserver son unité que grâce à la personnalité dominante de Jean Jaurès, qui voulait concilier les exigences éthiques de la Révolution française et la théorie marxiste de la lutte des classes. Mais la scission survenue lors du congrès de Tours en 1920 et la fondation du parti communiste qui en découla ne permirent pas à la SFIO d'entreprendre une véritable clarification de ses orientations idéologiques. Maintenant leur héritage et leurs visées révolutionnaires, les socialistes multiplièrent les distinctions doctrinales pour justifier, durant l'expérience du Front populaire en 1936, « leur gestion loyale du capitalisme ». Dès le début de l'année 1937, Léon Blum insistait sur la nécessité d'une pause dans les réformes sociales. Mais il avait déjà perdu la confiance des radicaux. En juin 1937, le président du Conseil, qui s'était également aliéné les communistes hostiles à la politique de non-intervention en Espagne, se vit ainsi refuser les pleins pouvoirs financiers par le Sénat (où les radicaux s'étaient toujours montrés très sévères à son égard). Le nouveau cabinet également composé de socialistes et de radicaux, mais sous la présidence d'un radical, Camille Chautemps, annonça un retour au centre. Hétérogène, malgré un remaniement ministériel en janvier 1938 marqué par le départ volontaire des socialistes, ce nouveau ministère n'eut pas la force nécessaire pour imposer de nouvelles réformes. Face à la menace de banqueroute, il adopta une politique d'austérité. Au printemps 1938, à la tête d'un second ministère, Léon Blum fut derechef mis en minorité au Sénat. Conscient de ces difficultés, il tenta, après la Seconde Guerre mondiale, de faire évoluer son parti vers le travaillisme, mais l'importance du parti communiste français et l'échec du rapprochement avec les partis du centre firent avorter cette tentative. L'écart de plus en plus grand entre une théorie inspirée du marxisme et la politique suivie par les différents gouvernements socialistes, en particulier lors de la décolonisation, provoqua un lent déclin de la SFIO, qui disparut en 1969. Sur ses ruines se constitua, au congrès d'Épinay, en 1971, un nouveau parti socialiste, qui s'efforça de rééquilibrer les forces de gauche à son avantage. L'élection de son secrétaire général, François Mitterrand, à la présidence de la République en 1981, puis sa réélection en 1988 ont consacré le succès de cette stratégie qui, en résolvant la contradiction au profit d'un réalisme pragmatique, a permis la transformation du socialisme français. Mais cette transformation, menant le PS à des positions proches de celles de ses homologues britannique ou allemand, n'est pas allée sans une crise des valeurs socialistes, aggravée par le climat affairiste des années quatre-vingt. La déroute des socialistes aux élections législatives de 1993, puis la défaite de leur candidat à l'élection présidentielle de 1995 ont été la sanction à cette crise. Leur retour en force à l'Assemblée nationale, en 1997, a traduit tout autant leur capacité à incarner de nouveau l'alternance dans le cadre des institutions de la Ve République que le désarroi d'une opinion désavouant systématiquement les gouvernements sortants. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Amiens Amiens - La charte d'Amiens Blum Léon CGT (Confédération générale du travail) Chautemps Camille Commune de Paris (1871) communiste (parti) communiste (parti) - Le parti communiste français congrès congrès - Congrès d'Épinay congrès - Congrès de Tours Fourmies France - Histoire - Guerre et après-guerre ; croissance et crises - De François Mitterrand à Jacques Chirac France - Histoire - L'enracinement de la République - La République radicale (1899-1918) Front populaire gauche gauche - La gauche en France Guesde (Mathieu Jules Basile, dit Jules) Jaurès Jean Mauroy Pierre Mitterrand François PSU (parti socialiste unifié) radicalisme République (Ve) - Le système des partis SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière) syndicalisme - Le syndicalisme ouvrier français Tours Tours - Le congrès de Tours Les livres socialisme - Jean Jaurès lors d'une manifestation au Pré-Saint-Gervais en 1913, page 4812, volume 9 socialisme - affiche de propagande de la SFIO, page 4816, volume 9 socialisme - le premier ministère Mauroy, page 4816, volume 9 socialisme - le Front populaire, page 4816, volume 9 socialisme - le congrès de Tours, page 4816, volume 9 socialisme - centenaire de la Commune de Paris (1871-1971), page 4817, volume 9 socialisme - affiche électorale de François Mitterrand pour l'élection présidentielle de 1988, page 4817, volume 9 La crise du socialisme européen Après une période de forte progression de 1945 à 1975, durant laquelle les principaux partis socialistes européens, regroupés à partir de 1951 en une Internationale socialiste, ont accédé, seuls ou au sein d'une coalition, au pouvoir, la récession mondiale de 1974 a remis en cause différentes réalisations socialistes parmi les plus importantes, notamment dans le domaine de la protection sociale. Ainsi, l'impossibilité d'accroître les prélèvements fiscaux, qui, en particulier en Suède, sont déjà très élevés, ont obligé les socialistes à trouver de nouvelles solutions pour pallier l'augmentation des dépenses de santé. La nécessité de renflouer les caisses de l'État ou les mécanismes de la libre concurrence ont pu les conduire à revenir sur le principe des nationalisations et sur certains acquis sociaux. En Espagne, par exemple, le plan de reconversion industrielle des secteurs de la sidérurgie, du textile, de l'électroménager, des chantiers navals prévoyait une diminution de 100 000 emplois. L'adoption de mesures d'austérité suscita ainsi de vives protestations dans les milieux syndicaux des secteurs concernés. Enfin, la cogestion est de plus en plus contestée par les syndicats dans plusieurs pays, dont l'Allemagne. De plus, la pratique du pouvoir a parfois conduit les socialistes à des agissements douteux (financements occultes, favoritisme ou clientélisme), qui ont contribué aux premières défaites électorales. En Italie, le PSI a ainsi été emporté dans la tourmente de l'opération « mains propres » au même titre que la Démocratie chrétienne ; en Espagne, l'action des groupes antiterroristes (GAL) et les scandales financiers ont eu raison du parti de Felipe González. De même, la crise du militantisme, qui atteint le mouvement communiste et syndical, touche les partis socialistes. Mais le principal problème auquel se trouve aujourd'hui confronté le socialisme européen tient dans la redéfinition de ses valeurs et de son idéologie. Paradoxalement, cette crise d'identité a pris une tournure plus aiguë à la suite de l'implosion du système communiste en Europe centrale et orientale entre 1989 et 1991. Cet écroulement, qui semble pourtant entériner la victoire du réformisme sur le bolchevisme et le stalinisme, n'a pas conduit à l'émergence de puissants partis socialistes, mais plutôt à un essor des idées libérales affectant les partis socialistes eux-mêmes. Il en sort une social-démocratie rénovée, qui s'impose, en cette fin de siècle, comme le modèle dominant au sein de l'Union européenne. Face aux nouveaux défis qui sont liés à la mondialisation de l'économie et, en Europe spécifiquement, à la réalisation de la monnaie unique, la politique de rigueur budgétaire, sans se substituer complètement à l'idéal naguère dominant de justice sociale, le reconsidère sous l'angle du pragmatisme. Le cas limite est offert par le travaillisme britannique, dont l'aggiornamento libéral opéré sous la conduite de Tony Blair a convaincu en masse les électeurs en 1997. Ainsi, après plus de cent ans d'existence, le socialisme prend en compte la primauté de l'économique sur le politique à une époque où la crise de l'emploi en Europe est générale, et, renonçant à transformer la société, s'efforce de gérer l'économie de marché le plus humainement possible afin de donner toutes ses chances à l'« Europe sociale ». Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats cogestion économie mixte nationalisation Les livres socialisme - réunion des chefs des partis et gouvernements socialistes européens en 1975, page 4817, volume 9 Complétez votre recherche en consultant : Les indications bibliographiques B. Chavance, la Fin des systèmes socialistes : crises, réformes et transformation, L'Harmattan, Paris, 1994. J. Ellenstein (sous la direction de), Histoire mondiale des socialismes, Armand Colin, Paris, 1984, R. Fossaert, l'Avenir du socialisme, Stock, Paris, 1996. M. Winock, le Socialisme en France et en Europe, Seuil, Paris, 1992.

« Internationale - Jean Jaurès, page 2557, volume 5 socialisme - vue générale du familistère de Guise, page 4812, volume 9 France - Jaurès à la tribune (1901), page 2018, volume 4 Le socialisme marxiste Figure centrale du socialisme, davantage, sans doute, par son influence posthume que pour le rôle politique qu'il eut de son vivant, Marx reprochait avec virulence aux autres socialistes de n'avoir pas su analyser scientifiquement la société capitaliste, ni théoriser les conditions de passage au socialisme.

Ne s'attardant que très peu à décrire l'organisation sociale future, il entreprit de placer la critique socialiste sur le terrain de l'économie.

Pour lui, le capitalisme est le lieu d'une série de contradictions qui ont pour fondement la lutte des classes entre la bourgeoisie et le prolétariat.

Aux mains de la classe bourgeoise, la propriété privée des moyens de production – trait distinctif du capitalisme – est incompatible avec le caractère de plus en plus social des forces productives.

La révolution doit aboutir à l'appropriation collective des moyens de production, permettant ainsi l'adéquation des rapports de production avec les forces productives.

S'opposant aux anarchistes, Marx considère qu'au lendemain de la révolution une phase de transition est nécessaire, au cours de laquelle doit s'exercer la dictature du prolétariat, conçue comme celle de la majorité sur la minorité.

L'appareil d'État est donc temporairement maintenu, avant son dépérissement lié à la disparition des classes sociales.

Le principe de répartition des richesses est, pendant une première phase, socialiste (« À chacun selon son travail ») et, dans une seconde phase, communiste (« À chacun selon ses besoins »).

Voir aussi marxisme . Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats collectivisation communisme dictature Marx Karl marxisme prolétariat Les livres Marx Karl, page 3079, volume 6 Les divisions du socialisme L'échec de la I re Internationale marqua l'impuissance des marxistes, opposés aux anarchistes, à encadrer l'ensemble du mouvement ouvrier. L'existence de deux courants principaux, différant tant dans leurs objectifs que dans les moyens préconisés pour leur réalisation, allait marquer durablement les mouvements ouvriers.

Au marxisme, qui mettait l'accent sur la nécessité de transformations radicales et celle d'une révolution violente, s'opposait le réformisme, qui privilégiait les changements progressifs et la conquête du pouvoir par les urnes.

Cependant, le socialisme connut une importante phase d'expansion à partir de 1870 dans l'ensemble des pays européens, et, malgré leurs divergences, révolutionnaires et modérés tentèrent de réaliser leur unité. Constituant de puissantes forces politiques, les socialistes cherchèrent alors en priorité à regrouper et à éduquer le plus de militants possible dans des partis de masse.

Une même volonté unitaire se manifesta sur le plan international : une II e Internationale fut fondée avec succès en 1889, laquelle réunit, dans des instances communes, les représentants des partis du monde entier.

Mais l'éloignement de toute perspective révolutionnaire et l'intégration progressive des socialistes dans la vie parlementaire de chaque pays les conduisirent à se rapprocher des partis bourgeois avancés et à participer à la lutte pour la République, la laïcité, les libertés politiques ou la défense des travailleurs.

Ainsi se développa, derrière une phraséologie révolutionnaire, une pratique de plus en plus modérée.

Ce divorce croissant entre la doctrine et l'action conduisit Eduard Bernstein et certains membres du parti social-démocrate allemand (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD), alors le plus puissant en Europe, à vouloir « réviser » les théories de Marx.

Pour eux, la lutte entre la classe ouvrière et la bourgeoisie changeait de sens en raison de l'extension de la petite bourgeoisie, et le recours à la violence révolutionnaire et à. »

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