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Le Baroque en France

Publié le 10/04/2015

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L'intérieur du salon ovale de l'hôtel parisien des princes de Soubise offre un des exemples les plus spectaculaires de décoration en style rococo. Les murs sont rythmés par des panneaux alternant avec de grandes fenêtres et des miroirs encadrés par des motifs floraux travaillés et ornés de "putti" en stuc doré. La décoration du plafond à base de peintures, typiquement baroque, est ici remplacée par des peintures moins imposantes ornant la bande supérieure du mur, au-dessous de la voûte ovale. La richesse d'invention dont fait montre l'architecte français Gabriel Germain Boffrand est rigoureusement disciplinée par une structure régulière et par la correspondance symétrique entre les éléments.

Peintre officiel de la cour du roi de France Louis XV, et interprète raffiné du goût rococo, ce qui lui vaut des commandes consistantes de la part du public aristocratique,  François Boucher exécute de nombreux tableaux à sujet mythologique ou érotique et galant, dont le célèbre Repos de Diane, datant de 1742. Cette oeuvre révèle sa connaissance d'artistes importants tels que Corrège, Titien, Rubens et Watteau. Diane, accompagnée d'une nymphe, figure assise sur des étoffes moelleuses et chatoyantes après une battue de chasse à peine terminée, comme l'indique la nature morte réaliste à base de gibier, en bas à droite. Une lumière intense éclaire et fait briller les sensuels nus féminins dans une atmosphère fascinante et suggestive, typiquement rococo.

L'Hôtel des Invalides de Paris est construit entre 1670 et 1677 : cet immense bâtiment, conçu par l'architecte Libéral Bruant, est destiné à héberger les soldats atteints d'invalidité. Son plan est quadrillé, comme celui de l'Escorial de Madrid. Le Dôme des Invalides est construit en 1691 sur l'axe principal entre les deux ailes de l'hôtel : c'est la plus importante église française de l'époque à plan central, exemple éloquent du classicisme régnant alors dans l'architecture française. Le projet est confié à Jules Hardouin-Mansart, architecte favori de Louis XIV. Mansart reprend le modèle typique du XVIe siècle de l'église à coupole monumentale, en s'inspirant du dessin de Michel-Ange pour la basilique Saint-Pierre de Rome. Les motifs classiques de la façade se fondent avec le caractère "gothique" de la haute coupole surmontée d'une lanterne au pinacle élancé. L'intérieur est d'empreinte typiquement baroque, caractère qui lui vient de la riche décoration et de l'autel imposant aux colonnes de marbre noir, qui rappellent le baldaquin réalisé par Gian Lorenzo Bernini dans la basilique Saint-Pierre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette série d'eaux-fortes, datant de 1630-32, préfigure des sujets et des idées développés par la suite dans la célèbre série des Grandes misères de la guerre, oeuvres qui révèlent la profonde sensibilité dramatique et le réalisme lucide de Jacques Callot. Probablement inspiré par la Guerre de Trente ans, le célèbre graveur français décrit dans ces cycles les ravages et les horreurs de la guerre avec une grande immédiateté expressive. Les six planches des Petites Misères reproduisent des scènes de la vie des soldats dans les campements, le sac d'un village, la fureur iconoclaste contre les églises, la vengeance des paysans sur les troupes, la fin misérable à l'hôpital.

C'est le dernier autoportrait exécuté par Jean-Baptiste Siméon Chardin à l'âge de soixante-treize ans. L'espace du tableau est dominé par la figure à mi-buste de l'artiste qui se représente en tenue de travail devant son chevalet au châssis recouvert d'une feuille bleue. Son regard ferme et expressif se tourne directement vers le spectateur. Un rayon de lumière éclaire sa tête enveloppée dans un curieux couvre-chef blanc, avec un ruban bleu noué. La lumière éclaire aussi un pastel rouge dans sa main droite ; l'artiste montre ainsi le nouvel instrument de travail qu'il a adopté au cours de la dernière période de sa production, après l'abandon de la peinture à l'huile.

La chemise enlevée est l'un des plus célèbres tableaux à sujet érotique et galant exécutés par Jean-Honoré Fragonard, élève de François Boucher et fin connaisseur de l'art flamand et italien. Le séduisant personnage féminin est représenté avec une grande légèreté dans l'exécution, au moment de son réveil, tandis qu'un amour volant fait glisser sa chemise de ses bras. Les effets de lumière mettent en évidence le nu féminin et la blancheur de la peau. La gamme délicate des tons de perle, les plis souples et moelleux des rideaux et des draps accentuent l'atmosphère de sensualité intense et rêveuse, typique du style rococo.

Le tableau intitulé Famille de paysans, datant de 1642, est attribué à Louis Le Nain, le plus important des trois frères peintres liés par une profonde entente artistique.

Le tableau représente avec réalisme une scène de vie rurale dans la France du XVIIe siècle, qui rapppelle les "bambochades" flamandes - les tableaux à sujet rustique du peintre Pieter van Laer, dit le Bamboccio, et de ses disciples actifs à Rome dans la première moitié du XVIIe. En comparaison de ces artistes, Le Nain crée une oeuvre aux dimensions plus vastes, avec des figures bien campées qui donnent plus de dignité et de solennité aux scènes représentées. A l'aide d'un clair-obscur fortement contrasté, l'auteur représente les gestes mesurés et les regards des paysans dans une atmosphère d'intimité sereine et domestique. Les natures mortes sur le sol, l'enfant qui joue de la flûte, le feu allumé au fond à gauche, le pain, le vin, le sel, évoquent la vie quotidienne simple et austère de la famille paysanne.

Le premier noyau du palais du Louvre est édifié entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle. Il subit ensuite de nombreux remaniements et agrandissements, devenant au XVe siècle la résidence officielle des rois de France. A l'époque baroque, de nombreuses interventions sont effectuées à l'initiative de souverains comme Henri IV, Louis XIII et, surtout, Louis XIV. Henri IV fait construire le long de la Seine deux galeries, la Galerie d'Apollon, et la Grande Galerie, pour relier le Louvre au palais des Tuileries. Son successeur Louis XIII confie aux architectes Louis Le Vau et Jacques Lemercier la construction du côté ouest de la Cour Carrée et du Pavillon de l'Horloge. Louis XIV fait compléter et agrandir les bâtiments autour de la cour et commande la célèbre façade est, considérée comme un des chefs-d'oeuvre de l'architecture classique française. De nombreux projets pour cette façade sont soumis au jugement du ministre Colbert, surintendant aux architectures royales. Gian Lorenzo Bernini présente lui aussi trois dessins, qui seront cependant rejetés parce que considérés comme peu adaptés au goût et aux exigences françaises en matière de logement. En 1666, Colbert approuve enfin un dessin que les recherches les plus récentes attribuent à Louis Le Vau et à son élève François d'Orbay. La façade est, construite dans les années 1667-68, a un dessin simple et linéaire, rythmé par une succession de colonnes doubles, qui évoquent l'image d'un temple romain.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le nouveau type d'hôtel particulier français de style baroque, dérivant de modèles médiévaux, est constitué par plusieurs corps de bâtiment distribués autour d'une vaste cour selon un agencement régulier. En général, par rapport au palais italien (voir le palais Carignano à Turin), l'hôtel Guénégaud présente des différences notables. En Italie, la façade principale du palais est celle qui est exposée au public, tournée vers l'espace urbain, tandis que la cour intérieure a un caractère privé. En France, le rapport est inversé : la cour d'honneur jouxte l'espace public et elle contribue à sa définition, tandis que le corps de bâtiment principal est en retrait. L'hôtel Guénégaud, dû à François Mansart, est constitué par trois corps de bâtiment à deux étages disposés en fer à cheval autour d'une cour fermée par un mur. Le dessin des façades suit lui aussi un schéma simple et régulier, obéissant à des critères de symétrie et de proportions classiques. L'édifice met en évidence un aspect important de l'architecture française : la conception de l'espace propre au baroque s'associe au rigoureux langage formel de la Renaissance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sous le règne d'Henri IV, d'importants travaux d'aménagement urbain sont réalisés à Paris : ils jetteront les bases des développements ultérieurs de la ville et les conditionneront jusqu'au XIXe siècle. Ces travaux sont dictés aussi bien par des exigences pratiques et fonctionnelles que par l'intention de célébrer la monarchie française, restaurée et renforcée par Henri IV, qui joue à Paris un rôle comparable à celui du pape Sixte V dans la Rome baroque. En 1599, le souverain entreprend la construction du Pont-Neuf sur la Seine, déjà programmé par son prédécesseur Henri III selon un modèle traditionnel qui prévoyait de construire sur le pont des maisons et deux arcs de triomphe, abolis par Henri IV. Le nouveau pont, inauguré en 1606, doit servir de liaison entre les quartiers sud de Paris, où se trouvait l'université, et l'Ile de la Cité, qui abritait les bureaux de l'administration et la cathédrale Notre-Dame. Henri IV fait ensuite construire la Place Dauphine sur l'emplacement triangulaire à l'extrémité de l'île, traversée par le Pont Neuf ; au croisement entre l'axe de la place et le pont, se dresse la statue équestre du roi, comme centre symbolique et perspectif. Les deux extrémités du pont sont reliées à des rues rectilignes qui mènent, au nord, à l'église Saint-Eustache et, au sud, au Faubourg Saint-Germain, ce qui donne naissance au premier grand axe routier parisien. En 1605, Henri IV fait mettre en chantier dans le quartier du Marais la Place Royale, actuellement Place des Vosges, dans le but d'offrir aux Parisiens un "promenoir" et une zone se prêtant à accueillir de grandes cérémonies publiques. Sur le pourtour carré de la place on bâtit une succession d'hôtels particuliers stylistiquement homogènes avec des portiques au rez-de-chaussée. Au milieu des côtés nord et sud s'élèvent les deux pavillons dits du Roi et de la Reine, plus élevés et plus décorés que les autres palais. En 1639, la statue équestre de Louis XIII est dressée au milieu de la place, qui devient bien vite un modèle imité dans d'autres villes françaises et européennes (par exemple Le Covent Garden d'Inigo Jones à Londres et la place San Carlo de Carlo di Castellamonte à Turin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le cycle de vingt et une toiles inspirées par la vie de Marie de Médicis, femme d'Henri IV, est commandée à Pieter Paul Rubens pour décorer le Palais du Luxembourg à Paris. Dans ces tableaux, réalisés entre 1622 et 1625, l'artiste célèbre les moments saillants de la vie de la reine en les projetant dans une dimension allégorico-mythologique. Les compositions monumentales, agencées sur de grandes diagonales ou des spirales ascendantes, sont caractérisées par une grande variété de coloris et par des jeux de lumière chatoyants. Cette toile représente Marie de Médicis débarquant à Marseille, accompagnée de sa soeur Eléonore de Mantoue et de sa tante Christine, grande-duchesse de Toscane. La reine est accueillie par deux figures féminines, allégories de la France, drapée dans un manteau portant des fleurs de lys, et de la ville de Marseille. La composition est coupée en diagonale par la plate-forme de débarquement; dans le registre inférieur se pressent des divinités marines, des nymphes opulentes et sinueuses, exemples de la maestria de Rubens dans la représentation des nus. En haut, la renommée ailée annonce l'arrivée de la souveraine par un son de trompes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gilles, célèbre toile peinte entre 1717 et 1719, exprime l'intérêt d'Antoine Watteau pour le monde du théâtre et des masques, thème récurrent dans d'autres compositions importantes. Le masque, identifié comme Pierrot, est représenté grandeur nature et domine la composition, en se détachant sur le paysage en toile de fond. La figure monumentale de Pierrot est éclairée par une lumière froide qui fait briller son costume de satin et ses chaussons ornés d'un ruban rouge. On peut lire sur son visage un certain embarras, qui révèle sa nature naïve, rêveuse et mélancolique. Les quatre personnages qui apparaissent en bas, derrière Pierrot, sont, selon certaines interprétations, quatre acteurs de la Commedia dell'arte italienne: de droite à gauche apparaissent le chef de troupe, Isabelle, Léandre et, à dos d'âne, le docteur Ballanzone.

Ce célèbre tableau, présenté par Antoine Watteau en 1717 comme essai devant servir à son admission à l'Académie Royale de Paris, a suscité différentes lectures: on y a vu soit le départ joyeux de couples de jeunes amants vers l'île de l'amour, soit leur retour mélancolique de cette même île. C'est une scène de fête galante, sujet fréquent chez Watteau, qui représente le monde raffiné et frivole de l'aristocratie française du début du XVIIIe, en contribuant de façon décisive à la diffuson du style rococo. Le pèlerinage amoureux se déroule dans l'atmosphère suspendue d'un paysage d'automne. Une lumière chaude enveloppe les figures en faisant chatoyer les soies moelleuses des vêtements aux couleurs claires: la puissance de la séduction et la volupté de l'amour sont évoquées par des amours ailés portant carquois, flèches et torches, symboles du feu amoureux, par la nacelle dorée en forme de lit à baldaquin rouge qui attend les jeunes pèlerins et par le buste d'Aphrodite qui pointe de derrière les arbres à droite. La composition, la palette lumineuse, le décor révèlent la connaissance des grands maîtres vénitiens comme Titien, Véronèse et du Flamand Rubens, objet d'études passionnées de la part de Watteau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'immense palais de Louis XIV, un des plus importants exemples du baroque et du classicisme français, naît autout d'un noyau préexistant constitué par le pavillon de chasse construit à trente kilomètres de Paris au milieu des bois, puis transformé en petit château par Louis XIII. L'agrandissement voulu par Louis XIV se fait en deux étapes successives : la première intervention, entre 1661 et 1670, est de Louis Le Vau, le célèbre créateur du château de Vaux-le-Vicomte ; la deuxième, effectuée entre 1678 et 1690, est de Jules Hardouin-Mansart.

Le Vau incorpore le bâtiment d'origine dans une construction en forme de fer à cheval, ouvert autour de la cour dite de Marbre. La partie centrale de ce bâtiment comprend un avant-corps avec des colonnes doubles qui soutiennent le balcon du premier étage. Au-dessus du premier étage figure l'attique orné d'un fronton décoré de sculptures autour de l'horloge centrale. Les trois ailes du bâtiment sont couronnées par une balustrade ornée de statues et de vases. La façade donnant sur le jardin est rythmée par des colonnes et des pilastres qui délimitent deux ordres de larges baies vitrées. Mansart rattache au corps central de Le Vau deux longues ailes transversales, l'aile du Midi, et l'aile Nord, sur une longueur totale de 580 mètres. De plus, il aménage rationnellement l'accès au château à travers trois allées convergeant sur la place d'armes devant la cour d'honneur, réalise la chapelle de Saint-Louis, et projette l'appartement du roi, dont la chambre à coucher, donnant sur la cour de Marbre, est symboliquement située au milieu du bâtiment. Louis XIV confie au peintre Charles le Brun l'aménagement et la décoration des intérieurs, en partie altérés par les interventions des siècles suivants. La Galerie des Glaces, scandée d'un côté par dix-sept fenêtres auxquelles correspondent, sur le côté opposé autant de miroirs encadrés par des arcs et séparés par des colonnes, est elle aussi remarquable. Parmi les bâtiments disséminés dans le grand parc, il faut signaler le Grand Trianon, projeté par Mansart, et le Petit Trianon, construit en 1762 pour Madame de Pompadour. L'aménagement du parc est confié à l'architecte Le Notre, qui conçoit des jardins à la française avec des massifs de fleurs, des bosquets, des bassins, des sculptures et certains bâtiments, comme le pavillon de la Musique et le Temple de l'Amour.

 

 

 

 

 

 

 

 

La célèbre manufacture française s'affirme à partir de 1753 avec la production de porcelaine tendre imitant la porcelaine chinoise et la porcelaine allemande de Meissen. Cette production se caractérise par une décoration florale d'une seule teinte rouge  et par de petites scènes idylliques sur fond bleu intense (dit gros bleu). Parmi les productions typiques de Sèvres, figurent non seulement la vaisselle mais aussi les fleurs modelées d'après nature, les statuettes en porcelaine blanche vernissée et les célèbres statuettes en biscuit. A partir de 1759, avec l'achat de la manufacture de la part de Louis XV, la production se caractérise par une nouvelle gamme de tons : turquoise, jaune, vert pâle, rose pompadour, bleu roi, et par des décorations en résille dorée et en couleurs. A partir de 1768 on fabrique de la porcelaine dure, dite royale, sur fond marron, noir, tortue, bleu marine moiré. Après avoir traversé une crise quelques années plus tard, la fabrique connaît un nouvel essor en 1800 à la suite de l'intervention de Napoléon, et elle commence à produire de la porcelaine dure de style Empire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Madeleine à la veilleuse est un des célèbres tableaux "à éclairage nocturne" de Georges de la Tour, peintre français qui s'est probablement formé au contact des oeuvres du Caravage et des caravagistes actifs à Rome dans les années 1620 (Gentileschi, Saraceni, Terbrugghen, etc.). Caractérisé par une sobriété et une rigueur formelle extrêmes, ce tableau, peint entre 1636 et 1638, représente la figure solitaire de Marie-Madeleine qui médite sur la fragilité des biens de ce monde. La scène se déroule dans un lieu recueilli dominé par des ombres profondes et éclairé uniquement par la flamme de la lampe, symbole de la fuite du temps. Madeleine est assise de profil, et porte un cilice; elle a une main posée sur un crâne tandis que l'autre soutient son menton, pour signaler le rapport étroit entre la vie et la mort. Sur la table devant elle sont posés deux livres, un crucifix et la corde de la flagellation, objets qui font allusion à son choix d'expier dans la pénitence sa vie précédemment dissolue.

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