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Au début du XIX e siècle, une nouvelle conception esthétique déferle sur l'Europe ; ses écrivains, ses artistes, ses musiciens vont se ranger sous la bannière romantique.

Publié le 06/12/2013

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Au début du XIX e siècle, une nouvelle conception esthétique déferle sur l'Europe ; ses écrivains, ses artistes, ses musiciens vont se ranger sous la bannière romantique. Avec des nuances selon les cultures nationales, les mêmes thèmes se retrouvent dans leurs drames, leurs poèmes, leurs tableaux, leurs symphonies... Tous partagent la même attitude : ils repoussent le classicisme et refusent tout compromis avec le rationalisme. Leur émotion embrasse la nature et leur révolte les soutient face à la société. En privilégiant l'imagination et la sensibilité, les romantiques ont placé dans leur sillage toute l'esthétique moderne. La littérature, la musique et les beaux-arts européens s'ouvrirent, dès la fin du XVIIIe siècle, à une sensibilité nouvelle qui exaltait la vision subjective de l'individu. Poètes, musiciens, peintres, sculpteurs et architectes cherchèrent, dans l'imagination et la sensibilité, les voies d'une connaissance nouvelle, qui devait permettre au « moi » d'atteindre une vision globale du monde et de la nature. En Angleterre, le rêve, la nostalgie et l'aspiration mystique inspirèrent deux précurseurs du romantisme, le Suisse Johann Heinrich Füssli (1741-1825), qui se fixa à Londres, et son ami William Blake (1757-1827), poète et peintre visionnaire. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Blake William Füssli Johann Heinrich Littérature Le romantisme fut un mouvement littéraire plus qu'une école, même si la volonté pédagogique n'en était pas absente. La principale caractéristique de ce mouvement fut d'être transnational et européen, puisqu'il est représenté en Angleterre, en Allemagne, en France, mais aussi en Italie (Alessandro Manzoni, Giacomo Leopardi), en Espagne (José Zorilla y Moral) et jusque dans les pays scandinaves (Oehlenschläger, Stagnelius). Pour la première fois depuis l'humanisme de la Renaissance, un mouvement intellectuel et artistique dépassait le cadre national, mais cette fois pour des raisons très différentes : en effet, l'unité de l'humanisme se fondait sur la participation à un même univers, celui de la chrétienté, et à un même savoir, issu de la redécouverte des oeuvres antiques. Rien de tel pour le romantisme, qui se fonda sur l'unité d'un rejet : celui d'un monde « moderne », inspiré par de douteuses valeurs politiques et commerciales, et pour lequel il fallait inventer une nouvelle mythologie ou une autre culture. Les humanistes étaient des savants ; les romantiques se voulurent des prophètes. En ce sens, ils s'opposaient aussi aux écrivains des Lumières, qui se voulaient philosophes, même si l'on ne peut réduire cette opposition à celle du « rationalisme triomphant » et de la « sensibilité introspective et individualiste », dans la mesure où la pensée des Lumières accordait déjà une valeur nouvelle à l'individu et de l'importance à l'émotion et à l'occulte. L'originalité du romantisme tient surtout à ce qu'il recherchait des solutions politiques et non sociales (résultat de la Révolution française), et qu'il donnait à l'écriture et à l'esthétique une position centrale, jusque dans le « style de vie » (comme manière de se différencier des « bourgeois »). Malgré cette allure transnationale, les romantismes anglais, allemand et français se différencient nettement. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats humanisme Leopardi Giacomo Lumières (philosophie des) Manzoni Alessandro Oehlenschläger Adam Gottlob poésie - Poésie de la nature et nature de la poésie Zorilla y Moral José En Angleterre. Pour Coleridge, Byron, Shelley ou Wordsworth, le goût du transnational s'affirma surtout comme un désir de sortir du cadre stérilisant de la nation. De manière confuse, ils devinaient bien que la souveraineté nationale avait partie liée avec le développement de l'État, mais aussi avec la misère sociale que celui-ci entraînait (Ballades lyriques, 1798, de Wordsworth et Coleridge). C'est pourquoi ils applaudirent d'abord à l'avènement de la Révolution française (en particulier Blake et Wordsworth), avant d'être déçus par le retour à des formes étatiques encore plus despotiques. D'où cette tentation de l'Orient qui gagna Byron (le Giaour, 1813 ; la Fiancée d'Abydos, 1813) et Shelley (Prométhée délivré, 1820), comme une manière de trouver là un ordre du monde qui fût en harmonie avec l'intimité des êtres. L'important était l'idée forte et novatrice que le poète devait être celui qui « porte autour de lui la relation et l'amour » (Ballades lyriques). Relation à la nature, au cosmos, à la femme, à la misère, voilà ce qui l'autorisait à parler au nom des autres, et pour leur propre bien, mais aussi ce qui lui permettait d'établir dans sa relation à soi-même de quoi parler aux autres : ce que l'on dénonce souvent comme une « hypertrophie du je » n'est que la tentative de trouver dans le « je » poétique la structure exemplaire de tous les êtres humains : il s'agit donc, non pas de ramener tout à soi, mais bien de diffuser tout ce qui constitue un « moi » (Wordsworth, le Prélude, 1805-1850). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Byron (George Gordon, lord) Coleridge Samuel Taylor poésie - Poésie de la nature et nature de la poésie Royaume-Uni - Arts - Littérature - Du romantisme à l'épanouissement du roman Shelley Percy Bysshe Wordsworth William Les livres romantisme - Portrait de lord Byron, de Théodore Géricault, page 4446, volume 8 En Allemagne. La relation au sentiment national et à l'État était fort différente en Allemagne : alors que l'Angleterre faisait face aux problèmes engendrés par un État instauré depuis longtemps, l'Allemagne cherchait encore sa structure politique. S'il s'agissait bien là aussi d'inventer une nouvelle culture, ce projet partait moins d'un rejet du présent que d'une volonté d'avenir, et, si la dimension politique s'y trouvait également importante, ce n'était plus comme une réaction aux problèmes sociaux, mais comme une nécessité philosophique. L'arrière-fond du romantisme allemand était en effet dominé par l'idéalisme de Kant et de Fichte, et se développa concurremment aux philosophies de Hegel et de Schelling. On peut distinguer deux générations dans le romantisme allemand. La première réunit à Iéna, autour des frères August, Wilhelm et Friedrich Schlegel, Ludwig Tieck, Novalis, Friedrich Schleiermacher, et s'exprima dans la revue Athenäum. Le romantisme visait en fait l'universel, que ce soit par un savoir encyclopédique ou par une réflexion spéculative sur le « tout » et le « moi » ; mais son originalité tint à la position privilégiée de l'esthétique dans la réflexion savante ou politique. À une existence où les expériences apparaissaient de plus en plus fragmentées, les romantiques répondirent par une écriture elle-même fragmentaire, mais où devait se révéler à chaque fois le mouvement même de la réflexion : fascinés par l'infini, ils ne tentèrent plus de fixer la réflexion dans un système philosophique ou social, mais d'épouser le mouvement incessant de l'écriture. D'où le caractère central de la poésie, conçue à la fois comme activité critique ou spéculative et comme révélation du « moi ». La seconde génération hérita de ce privilège de l'art, mais l'articula à des considérations moins spéculatives : tantôt plus fantastiques et oniriques avec Achim von Arnim, Clemens Brentano, puis Adelbert von Chamisso et surtout Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, tantôt plus historiques et nationalistes avec Heinrich von Kleist et les frères Grimm. À la jonction du fantastique et du nationalisme se situèrent les Kinder und Hausmärchen (« Contes d'enfants et du foyer », 1812-1815), contes populaires allemands recueillis par les frères Grimm, où le merveilleux sonnait aussi comme la découverte de l'âme allemande originelle. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Allemagne - Arts - Littérature - Classicisme et romantisme Arnim (Ludwig Joachim, dit Achim von) Brentano Clemens Chamisso (Louis Charles Adélaïde de Chamisso de Boncourt, dit Adelbert von) Fichte Johann Gottlieb Grimm (frères) Hegel Georg Wilhelm Friedrich Hoffmann Ernst Theodor Wilhelm Iéna Jean-Paul (Johann Paul Friedrich Richter, dit) Kant Emmanuel Kleist (Heinrich von) merveilleux Novalis (Friedrich Leopold von Hardenberg, dit) poésie - Poésie de la nature et nature de la poésie Schelling (Friedrich Wilhelm Joseph von) Schlegel (von) - Schlegel (August Wilhelm von) Schlegel (von) - Schlegel (Friedrich von) Schleiermacher Friedrich Sturm und Drang Tieck Ludwig En France. Schlegel, en même temps qu'il lançait le mot « romantique », inventait son repoussoir, le « classique ». Ce fut bien cette opposition au « classicisme » qui anima les débuts du romantisme en France. Lancé en France par Mme de Staël (De l'Allemagne, 1813), le terme « romantique » servit essentiellement à la jeune génération de poètes et d'écrivains à affirmer leur désir d'être de leur temps et non plus tournés vers le passé et les traditions, même si Chateaubriand, Lamartine et Vigny ont pu soutenir, au contraire de Stendhal ou de Sainte-Beuve, la tradition monarchique française. Le « romanticisme » de Stendhal (Racine et Shakespeare, 1823) ou la « modernité » de Baudelaire (le Peintre de la vie moderne, 1863) n'affirmèrent pas autre chose que cette volonté d'écrire au présent sur des sujets du présent. Si les romantismes allemands et anglais furent relativement limités dans le temps, le romantisme français paraît s'étendre depuis Chateaubriand jusqu'à Baudelaire et s'insinuer plus largement dans les courants littéraires du temps. L'acmé se situa néanmoins entre 1820 (Lamartine, les Méditations ) et 1843 (date de l'échec des Burgraves, de Hugo), avec comme tournant la « bataille d'Hernani » (1830). L'originalité du romantisme français tint d'une part à la position centrale du théâtre dans les revendications des écrivains (la préface de Cromwell, 1827, où Hugo prônait le rejet des règles de la tragédie classique et l'union du grotesque et du sublime dans le drame, fut tenue pour le manifeste du romantisme) ; d'autre part, au sentiment d'ennui forcé (qui imprégna jusqu'à Baudelaire) et au dandysme noir affichant à la fois mélancolie et ironie. Le « mal du siècle » semblait le lot de la génération romantique ; il trouvait sa source dans l'impression qu'éprouvaient ses membres d'être des laissés-pour-compte de l'aventure révolutionnaire, puis napoléonienne. Plus encore que Hugo, qui, à force de tout dominer, sut se couler sans mal dans les méandres de son époque, ce fut Musset qui représenta de façon exemplaire le romantisme, au moins parce qu'il s'en révéla le moins dupe ( la C onfession d'un enfant du siècle, 1835-1836 ; Lettres de Dupuis et Cotonet, 1836) et qu'il laissa l'oeuvre théâtrale de loin la plus originale. Il n'en reste pas moins qu'à l'instar des romantismes allemands et anglais le romantisme français reposa surtout sur la valorisation du mouvement lui-même (de là, le choix du « sublime » comme figure exemplaire, et non plus la « beauté » classique : le spectacle « sublime » provoque à la fois angoisse et jouissance ; il est ce qui met en mouvement et tire l'âme ou l'imagination hors de ses limites, jusqu'à l'infini de la nature). Si l'attention à la nature, surtout chez les romantiques français, tourna au panthéisme et à un lyrisme parfois ampoulé, elle fut aussi l'occasion de donner à la nature et au psychisme individuel, présentés comme opposés, un fondement commun, autour duquel gravitent tous les systèmes depuis le XIX e siècle : la vie (le terme même de « biologie », science du vivant, fut lancé par Lamarck dans les premières années du XIXe siècle), dans la mesure où la vie s'accorde exemplairement à la valorisation du mouvement. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Baudelaire Charles Chateaubriand (François René, vicomte de) classicisme - Littérature dandy Desbordes-Valmore (Marceline Desbordes, dite Marceline) France - Arts - Littérature - Le XIXe siècle Hernani ou l'Honneur castillan Hugo Victor Marie Lamartine (Alphonse Marie Louis de Prât de) Muse française (la) Musset (Alfred de) poésie - Poésie de la nature et nature de la poésie Sainte-Beuve Charles Augustin Staël (Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein, dite Mme de) Stendhal (Henri Beyle, dit) Vigny (Alfred, comte de) Les médias romantisme - Qu'est-ce que le romantisme ? Les livres France - Réception de Victor Hugo à l'Académie française, le 17 janvier 1841, page 2040, volume 4 romantisme - conférence de Madame de Staël, de Philibert Louis Debucourt, page 4447, volume 8 romantisme - les Funérailles d'Atala (1808), de Girodet-Trioson, page 4447, volume 8 Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats littérature poésie - Poésie de la nature et nature de la poésie Les livres Chateaubriand (François René, vicomte de) - le château de Combourg, page 1001, volume 2 Musique Période de l'histoire de la musique comprise entre la fin du XVIIIe (1790) et le début du XXe siècle (1910), le romantisme, concept qui varie selon les critères historiques et nationaux, implique la prééminence de la sensibilité sur la raison érigée en principe dominant au XVIIIe siècle. Esthétique. Né de la volonté de relier la musique aux autres arts, le romantisme musical fut, à l'origine, un phénomène essentiellement allemand, préparé par les idées de JeanJacques Rousseau et son concept de nature qui libérait les forces de l'irrationnel : le Freischütz de Weber (1821) en est, à cet égard, l'exemple le plus représentatif. L'emprise de la littérature sur la musique, trait caractéristique du romantisme, s'est incarnée dans la figure clef de Robert Schumann (1810-1856), poète autant que musicien. Ayant mis ses talents au service du lied, forme chérie par les compositeurs allemands au XIXe siècle, il fut le premier à évoquer la « nouvelle musique romantique » dans ses écrits comme dans son oeuvre pianistique, habitée par l'existence, davantage imaginaire que réelle, d'un groupe de musiciens, les Davidsbündler (« Compagnons de David »), farouchement opposés aux Philistins, adeptes de la musique du passé (Davidsbündlertänze, 1837). La coutume de donner aux sonates et aux symphonies des titres et d'en faire de la musique à programme, tentant d'illustrer un contenu intellectuel, souvent littéraire, se répandit rapidement après la création de la Symphonie fantastique, d'Hector Berlioz (1831), oeuvre dans laquelle les analogies entre littérature et musique sont très poussées. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Allemagne - Arts - Musique - Préromantisme et romantisme Berlioz Hector Freischütz (Der) lied Rousseau Jean-Jacques Schumann Robert Alexander sonate symphonie Symphonie fantastique (la) Weber (Carl Maria von) Formes et techniques. Franz Liszt développa cette idée de la fonction expressive de la musique en créant une forme orchestrale en un seul mouvement, fondée sur un programme : le poème symphonique. Mis au premier plan, l'orchestre développait aussi l'action dramatique et la psychologie des personnages à l'opéra (tel le leitmotiv chez Richard Wagner). La couleur orchestrale devint, avec l'harmonie, la priorité du musicien romantique, guidé par la sensation ; celui-ci trouva dans le chromatisme, propice à une plus grande souplesse dans les modulations, le moyen d'exprimer le sentiment d'instabilité qui régissait son rapport au monde (Wagner, Tristan, 1859). Manifeste dans les mouvements nationalistes qui provoquèrent les guerres du XIXe siècle, cette quête d'identité a dirigé l'artiste romantique, porte-parole de son peuple (Verdi et le Risorgimento) et conscient de son rôle de « missionnaire ». Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats chromatisme - 2.MUSIQUE harmonie leitmotiv Liszt Franz poème symphonique Verdi Giuseppe Wagner Richard Wilhelm Complétez votre recherche en consultant : Les livres romantisme - L'Or du Rhin, d'Henri Fantin-Latour, page 4448, volume 8 romantisme - Liszt au piano (1840), de Joseph Danhauser, page 4448, volume 8 Peinture En Angleterre. Le culte de la nature, célébré par la génération romantique, donna une dimension nouvelle à la tradition ancienne du paysage. Attentifs aux frémissements les plus insaisissables de la nature, les peintres s'attachèrent à restituer les éclats fugaces de la lumière et de la couleur, en privilégiant souvent la technique de l'aquarelle. À la suite des poètes Coleridge et Wordsworth, ils prêtèrent à l'imagination le pouvoir de représenter le monde, de le rendre visible, en mettant au jour l'envers caché des choses. Cette conception du paysage fut en particulier illustrée par John Constable (17761837), qui chercha à surprendre la nature dans les campagnes du Suffolk et du Sussex. De même que le fragment était pour le poète le moyen privilégié de suggérer l'unité idéale du monde, inaccessible dans une perception immédiate, l'esquisse devint le genre de prédilection de Constable. Peintes sur le motif, ses ébauches à l'huile ( la Charrette de foin, 1824) visaient à fixer sur la toile des effets d'atmosphère et multipliaient les études de nuages. Au même moment, Joseph William Turner (1775-1851) incarna, face à la nature, l'autre idéal du romantisme : il sut déployer l'espace d'une vision intérieure. Inspiré par la Théorie des couleurs (1810) de Goethe, Turner ajouta à l'observation des phénomènes physiques l'ambition d'en découvrir les effets sur les états d'âme. Chez lui, c'est l'imagination qui se projetait cette fois sur le spectacle du monde. Dans ses peintures à l'huile et dans ses aquarelles, les éléments figuratifs disparaissent au profit de la lumière et se perdent en des espaces indécis, agités d'un mouvement tourbillonnant (Pluie, vapeur et vitesse, 1844). Influencé par Turner, Richard Parkes Bonington (1802-1828), qui s'installa à Calais en 1817, contribua à répandre en France la nouvelle sensibilité au paysage. Dans ses aquarelles, les effets d'éclairage et de couleur sont servis par une technique fluide et la gamme des tonalités claires (Vue des côtes normandes, 1823-1824). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats aquarelle Bonington Richard Parkes Coleridge Samuel Taylor Constable John esquisse Goethe (Johann Wolfgang von) paysage - 2.BEAUX-ARTS Royaume-Uni - Arts - Beaux-arts - Le XIXe siècle Royaume-Uni - Arts - Beaux-arts - Portrait et paysage Turner Joseph Mallord William Wordsworth William Les livres romantisme - La Baie de Weymouth à l'approche de l'orage, de John Constable, page 4449, volume 8 En Allemagne. Dans les pays germaniques, où l'esthétique romantique reçut ses formulations théoriques les plus ambitieuses, la peinture ne pouvait rester étrangère aux préoccupations métaphysiques. Chez Joseph Anton Koch (1768-1839), la fragmentation des points de vue et l'opposition des tonalités fortes restituent une vision éclatée des paysages du Tyrol, rappelant cette « masse de fragments sans rapport les uns avec les autres » que Schlegel décrivait comme les morceaux épars de l'unité originelle. À la recherche de l'oeuvre d'art totale, Philipp Otto Runge (1777-1810), ami du poète Ludwig Tieck, adopta, quant à lui, la voie de l'allégorie pour traduire dans sa peinture les rythmes secrets du monde. Dans ses paysages, les couleurs et les motifs acquièrent ainsi une signification symbolique, destinée à manifester la concordance de l'être et de l'univers (le Repos pendant la fuite en Égypte, 1805-1806). Chez Caspar David Friedrich (1774-1840), la figure la plus originale du romantisme pictural en Allemagne, les rapports du moi et de la nature furent au contraire vécus dans la douleur de la séparation. Dans ses paysages, des personnages vus de dos s'abîment dans la contemplation des crépuscules (le Voyageur au-dessus des nuages, 1818). Ailleurs, la mélancolie s'exprime dans des paysages désolés, où les tonalités froides sont rendues avec une grande exactitude (l'Épave de l'Espoir prise dans les glaces, 1821). L'extrême précision de la touche caractérise également la technique des Nazaréens, qui cherchèrent à renouer avec l'art de la Renaissance. Formé à Rome, le groupe réunit Johann Friedrich Overbeck (1789-1869), Franz Pforr (1788-1812), Peter Cornelius (1783-1867) et Julius Schnorr von Carolsfeld (1794-1872), et milita en faveur d'un art contemplatif, qui devait réunir la peinture religieuse et la peinture d'histoire sous l'égide d'un double modèle : Raphaël et Dürer. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Allemagne - Arts - Beaux-arts - Du classicisme au romantisme Cornelius Peter Dürer Albrecht Friedrich Caspar David nazaréens - 2.BEAUX-ARTS Overbeck Johann Friedrich paysage - 2.BEAUX-ARTS Raphaël (Raffaello Santi ou Sanzio, dit en français) Runge Philipp Otto Schlegel (von) - Schlegel (Friedrich von) Tieck Ludwig Les livres romantisme - Le Poète et la Source, de Philipp Otto Runge, page 4447, volume 8 romantisme - L'Épave de « l'Espoir » prise dans les glaces (1821), de Caspar David Friedrich, page 4449, volume 8 romantisme - Germania et Italia, de Johann Fredrich Overbeck, page 4450, volume 8 En France. Le mouvement romantique, dont Hubert Robert (1733-1808) préfigura les élans nostalgiques dans ses peintures de ruines, mit longtemps à trouver sa cohésion en France. Au nom de la raison, la sensibilité et l'irrationnel furent jugés suspects. La Révolution et l'Empire, dont David fut le chantre officiel, leur substituèrent l'héroïsme et la vertu civique. Dès le début du XIXe siècle, l'académisme néoclassique fut néanmoins battu en brèche par l'exotisme orientalisant et l'inspiration ossianique de Jean Auguste Dominique Ingres (le Songe d'Ossian, 1813) ou de Girodet-Trioson (1767-1824), tandis que les scènes allégoriques et mythologiques de Pierre Paul Prud'hon (1758-1823) s'abandonnaient déjà aux atmosphères lunaires et mélancoliques (la Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime, 1808). Ambigu et hésitant, le romantisme français allait pourtant recevoir un élan décisif grâce à Théodore Géricault (1791-1824) et surtout à Eugène Delacroix (1798-1863), qui s'imposèrent, dans la première moitié du siècle, comme les chefs de file du mouvement. Hanté par la mort et la folie, passionné par les chevaux, Géricault mit la vigueur de son coloris au service de mises en scène pathétiques, dont le Radeau de la Méduse (1819) est resté la plus fameuse. Le culte de l'énergie et le sens du tragique lui inspirèrent des compositions mouvementées, où la liberté chromatique rappelait l'héritage de Rubens et rompait avec l'esthétique néoclassique. Après la mort précoce de Géricault, le flambeau du mouvement fut repris par Delacroix, qui puisa largement dans les thèmes romantiques. À l'image de Goya, Delacroix exploita le registre démoniaque et fantastique dans ses illustrations de Shakespeare ( Hamlet) et de Goethe ( Faust), renouvela le répertoire biblique ou gréco-romain dans ses décorations monumentales (chapelle des Saints-Anges à Saint-Sulpice, 1849-1861) et fut un des premiers peintres de son temps à traiter des épisodes de l'histoire contemporaine dans ses grandes allégories (la Liberté guidant le peuple, 1831). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats couleur - L'art et la couleur - L'émancipation de la couleur David Jacques Louis Delacroix Eugène Faust France - Arts - Beaux-arts - Les derniers classiques, les premiers romantiques Géricault Théodore Girodet-Trioson (Anne Louis Girodet de Roucy, dit) Goya (Francisco de Goya y Lucientes, dit Francisco de) Hamlet Ingres Dominique néoclassicisme - Classicisme et Révolution en France orientalisme Ossian Prud'hon (Pierre, dit Pierre Paul) Radeau de la Méduse (le) Robert Hubert Rubens Pierre Paul Saint-Sulpice Scheffer (Arie, dit Ary) Les livres France - Delacroix, la Liberté guidant le peuple (1830), page 2031, volume 4 romantisme - détail de Scènes des massacres de Scio (1824), de Delacroix, page 4446, volume 8 romantisme - Napoléon sur le champ de bataille d'Eylau (1808), d'AntoineJean Gros, page 4450, volume 8 romantisme - Scènes des massacres de Scio (1824), d'Eugène Delacroix, page 4451, volume 8 Sculpture La tradition et l'académisme pesèrent plus longtemps sur la sculpture, où l'esthétique néoclassique survécut jusqu'au XIXe siècle. En France, la sensibilité romantique s'exprima surtout dans des oeuvres qui exaltaient le caractère dramatique de leurs sujets. Le goût des masses animées et la violence expressive des compositions caractérisent par exemple le Roland furieux (1831) de Jehan Du Seigneur (1808-1866), la Tuerie (1834) d'Auguste Préault (1809-1879), le Lion écrasant un serpent (1833) d'Antoine Louis Barye (17961875) et le Départ des volontaires, connu sous le nom de la Marseillaise ( 1835-1836), réalisé par François Rude (1784-1855) pour l'un des piédroits de l'Arc de triomphe. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats arc de triomphe Barye Antoine Louis néoclassicisme - Classicisme et Révolution en France Rude François Les livres romantisme - Angélique et Roger, d'Antoine Louis Barye, page 4451, volume 8 Architecture Même si le romantisme ne s'est pas exprimé en architecture à travers un mouvement constitué, la nostalgie du passé et le goût de l'exotisme, cultivés par les romantiques, inspirèrent l'éclosion de nouvelles formes dès le début du XIXe siècle. Inauguré en Angleterre par le gothic revival , le mouvement néogothique correspondait en particulier à l'idée romantique d'un Moyen Âge mythique. Après la publication des Contrastes o u Parallèle entre l'architecture du XVe e t du XVI e siècle (1836) d'Augustus Pugin (1812-1852), le style néogothique se répandit en Angleterre et sur le continent, et triompha dans le Parlement de Londres, construit par Charles Barry à partir de 1836. À la même époque, l'architecture indienne et chinoise inspira à John Nash un style exotique et pittoresque, qu'il appliqua au pavillon royal de Brighton (1815-1821). En France, François Chrétien Gau (1790-1853) conçut en 1846 les plans de la première église néogothique de Paris, Sainte-Clotilde, avant qu'Eugène Emmanuel Violletle-Duc ne défendît à son tour l'architecture du Moyen Âge, et cela dans une perspective rationaliste. À l'opposé de cet éclectisme, les utopies visionnaires des « architectes de la Révolution », Étienne Louis Boullée (1728-1799) et Claude Nicolas Ledoux (1736-1806), sont souvent présentées comme l'aboutissement extrême du classicisme. Il reste que le recours à des formes géométriques pures se fondait chez eux sur une philosophie proprement romantique de la nature. Ce rationalisme intransigeant partageait avec le romantisme le rêve d'un temps et d'un lieu idéaux. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Barry (sir Charles) Boullée Étienne France - Arts - Architecture - De la Renaissance au classicisme Ledoux Claude Nicolas Royaume-Uni - Arts - Beaux-arts - Le XIXe siècle Viollet-le-Duc Eugène-Emmanuel Les livres romantisme - église gothique en ruine, page 4451, volume 8 Complétez votre recherche en consultant : Les médias romantisme - un nouveau langage de l'âme Les indications bibliographiques M. Brion, l'Allemagne romantique, Hachette, Paris, 1986 (Albin Michel, 1962). Th. Mari-Spire, les Romantiques et la musique, Nouvelles Éditions latines, 1954. G. Michaud et Ph. Van Tieghem, le Romantisme, histoire, doctrine, oeuvres, Hachette, Paris, 1952. Ch. Rozen et H. Zerner, Romantisme et réalisme : mythes de l'art du XIXe siècle, Albin Michel, Paris, 1986.
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« devinaient bien que la souveraineté nationale avait partie liée avec le développement de l'État, mais aussi avec la misère sociale que celui-ci entraînait ( Ballades lyriques , 1798, de Wordsworth et Coleridge).

C'est pourquoi ils applaudirent d'abord à l'avènement de la Révolution française (en particulier Blake et Wordsworth), avant d'être déçus par le retour à des formes étatiques encore plus despotiques.

D'où cette tentation de l'Orient qui gagna Byron ( le Giaour , 1813 ; la Fiancée d'Abydos , 1813) et Shelley ( Prométhée délivré , 1820), comme une manière de trouver là un ordre du monde qui fût en harmonie avec l'intimité des êtres.

L'important était l'idée forte et novatrice que le poète devait être celui qui « porte autour de lui la relation et l'amour » ( Ballades lyriques ). Relation à la nature, au cosmos, à la femme, à la misère, voilà ce qui l'autorisait à parler au nom des autres, et pour leur propre bien, mais aussi ce qui lui permettait d'établir dans sa relation à soi-même de quoi parler aux autres : ce que l'on dénonce souvent comme une « hypertrophie du je » n'est que la tentative de trouver dans le « je » poétique la structure exemplaire de tous les êtres humains : il s'agit donc, non pas de ramener tout à soi, mais bien de diffuser tout ce qui constitue un « moi » (Wordsworth, le Prélude , 1805-1850). Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Byron (George Gordon, lord) Coleridge Samuel Taylor poésie - Poésie de la nature et nature de la poésie Royaume-Uni - Arts - Littérature - Du romantisme à l'épanouissement du roman Shelley Percy Bysshe Wordsworth William Les livres romantisme - Portrait de lord Byron, de Théodore Géricault, page 4446, volume 8 En Allemagne. La relation au sentiment national et à l'État était fort différente en Allemagne : alors que l'Angleterre faisait face aux problèmes engendrés par un État instauré depuis longtemps, l'Allemagne cherchait encore sa structure politique.

S'il s'agissait bien là aussi d'inventer une nouvelle culture, ce projet partait moins d'un rejet du présent que d'une volonté d'avenir, et, si la dimension politique s'y trouvait également importante, ce n'était plus comme une réaction aux problèmes sociaux, mais comme une nécessité philosophique. L'arrière-fond du romantisme allemand était en effet dominé par l'idéalisme de Kant et de Fichte, et se développa concurremment aux philosophies de Hegel et de Schelling.

On peut distinguer deux générations dans le romantisme allemand.

La première réunit à Iéna, autour des frères August, Wilhelm et Friedrich Schlegel, Ludwig Tieck, Novalis, Friedrich Schleiermacher, et s'exprima dans la revue Athenäum.

Le romantisme visait en fait l'universel, que ce soit par un savoir encyclopédique ou par une réflexion spéculative sur le « tout » et le « moi » ; mais son originalité tint à la position privilégiée de l'esthétique dans la réflexion savante ou politique.

À une existence où les expériences apparaissaient de plus en plus fragmentées, les romantiques répondirent par une écriture elle-même fragmentaire, mais où devait se révéler à chaque fois le mouvement même de la réflexion : fascinés par l'infini, ils ne tentèrent plus de fixer la réflexion dans un système philosophique ou social, mais d'épouser le mouvement incessant de l'écriture.

D'où le caractère central de la poésie, conçue à la fois comme activité critique ou spéculative et comme révélation du « moi ».

La seconde génération hérita de ce privilège de l'art, mais l'articula à des considérations moins spéculatives : tantôt plus fantastiques et oniriques avec Achim von Arnim, Clemens Brentano, puis Adelbert von Chamisso et surtout Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, tantôt plus historiques et nationalistes avec Heinrich von Kleist et les frères Grimm.

À la jonction du fantastique et du nationalisme se situèrent les Kinder und Hausmärchen (« Contes d'enfants et du foyer », 1812-1815), contes populaires allemands recueillis par les frères Grimm, où le merveilleux sonnait aussi comme la découverte de l'âme allemande originelle. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats Allemagne - Arts - Littérature - Classicisme et romantisme. »

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