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déviance.

Publié le 26/10/2013

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déviance. n.f., type de conduite qui place un individu en dehors d'un ensemble de règles sociales établies. Issues des préoccupations des criminologues et menées initialement sur des populations incarcérées, les analyses des déviances sont à présent surtout le fait des sciences humaines et sociales, qui les étudient à partir d'échantillons de populations beaucoup plus larges. Guérir la société de ses déviances. Les théories dominantes de la déviance, jusqu'aux années soixante, ont été fonctionnalistes et américaines, bien qu'elles aient été inspirées par une distinction durkheimienne : dans les sociétés modernes, certains comportements déviants sont normaux (ou peuvent être tolérés dans l'intimité), alors que d'autres sont pathologiques (les conduites anomiques). Selon Talcott Parsons, les rôles sociaux (définissant un rapport entre le système de la personnalité et le système social) sont réglés par des normes qui ne sont pas dépourvues d'ambivalence. Il peut donc s'introduire un déséquilibre entre les deux systèmes, qui est source de comportements déviants. Mais les personnes disposent de mécanismes de réparation de ces écarts (l'apprentissage, les mécanismes de défense) et le système social également (la socialisation, le contrôle social). Parsons construit une typologie des déviances selon trois composantes : la conformité (conformistes/nonconformistes), l'activité (actifs/passifs), l'orientation de l'action (vers les personnes/vers les normes) : ainsi, le rebelle est un non-conformiste actif, dont l'action peut être dirigée vers les personnes, à la différence de l'innovateur, dont l'action est dirigée vers les normes, et à la différence du ritualiste, qui est un conformiste passif, dont l'action est dirigée vers les normes, etc. Cette théorie a été critiquée, car elle n'intègre pas le changement social et elle ne tient pas compte du coût psychique et social des mécanismes d'adaptation. De l'étiquetage à l'État-providence. C'est pourquoi une autre analyse des déviances, celle qu'inspire l'interactionnisme symbolique, a dominé les années soixante-dix. Elle repose sur la théorie de l'étiquetage (labelling) : les déviances pathologiques, même circonstancielles, provoquent une réaction de l'entourage, qui les stigmatise sous la forme d'une étiquette plus ou moins durable (« C'est un fugueur «). Cette étiquette est intériorisée par le déviant qui semble par la suite vouloir s'y conformer (« Je ne serai jamais qu'un fugueur «). Dans une société où le contrôle social devient de plus en plus puissant, ces artefacts sont particulièrement construits par des corps professionnels spécialisés, comme ceux des travailleurs sociaux et des psychologues, qui se comportent comme des « mafias professionnelles «. Ils ont intérêt à se construire une clientèle permanente, et ils peuvent d'autant plus le faire qu'une partie de la jeunesse est en quête d'identité. Cette critique des mafias professionnelles se traduit par un changement d'attitude face à la déviance, qui cesse d'être a priori un mal à éradiquer. Elle a profondément marqué les travailleurs sociaux, tout au long des années soixante-dix et quatre-vingt, les conduisant souvent à remettre en cause leur pratique : le fonctionnalisme leur avait fourni des techniques de traitement de la déviance et ils ont découvert qu'elles ne sont pas neutres. Malgré les défauts de cette théorie, trop centrée sur l'étude des corps professionnels, de nombreux courants contemporains ont défini leur champ d'action à partir de ce renversement de perspective sur la déviance. C'est en liaison avec une analyse de la naissance de l'État-providence (analyse qui n'existait pas dans le courant interactionniste) qu'est née l'idée d'une société qui développe elle-même des organismes sociaux pour canaliser le traitement des déviances. En France, dans la lignée de Michel Foucault et de Robert Castel, on s'efforce de montrer comment les institutions sociales travaillent à repérer les sources de résistance que sont les déviances, non plus pour les traiter comme dangereuses, mais pour les intégrer comme « groupes à risques «. Complétez votre recherche en consultant : Les corrélats criminologie Durkheim Émile étiquetage fonctionnalisme - 2.SCIENCES SOCIALES Foucault Michel interactionnisme Parsons Talcott

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