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Préambule Le second Empire et Napoléon III n'occupent pas une place très enviable dans notre conscience collective.

Publié le 31/10/2013

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Préambule Le second Empire et Napoléon III n'occupent pas une place très enviable dans notre conscience collective. L'époque suscite en général des jugements dépourvus de compréhension et d'indulgence. Nous croyons savoir qu'on y fit la fête, qu'on y fit la guerre, qu'on y fit de l'argent. Ferdinand Bac l'a peinte comme une « parade militaire traversant un bal masqué «; il eût d'ailleurs pu ajouter que certains des danseurs se comportaient, le jour, en redoutables agioteurs. Deux décennies d'une histoire complexe et passionnante se trouvent ainsi réduites à peu de chose, et placées sous le signe de la légèreté: légèreté des préoccupations, légèreté des comportements, légèreté des goûts, autant que légèreté des décisions politiques conduisant au désastre final. Car si l'on parle avec tant d'insistance de la fête impériale, n'est-ce pas pour souligner que des réalités mal comprises viendraient bientôt signifier à celui qui refusait de les admettre que la fête était finie? Napoléon III, en tout cas, n'a pas eu un Abel Gance pour réaliser un chef-d'oeuvre à sa gloire. Les rares inéastes à se souvenir de son existence l'ont traité comme un simple faire-valoir dans des bandes à la uimauve ou des films de boulevard dont les premiers rôles reviennent à des mijaurées, des grues ou des venturières. Du côté de Hollywood, son image, comme celle de tous les Français impliqués dans l'aventure exicaine, relève du grotesque. Et quand Sacha Guitry s'intéresse à lui, ce n'est pas pour porter son destin à 'écran, c'est pour le présenter sur les planches, au début de cette charmante comédie musicale qu'est Mariette, comme un galant timide dans un climat convenu de complot, de frivolité et d'insouciance. en croire les uns et les autres, l'homme qui incarna toute cette époque se situerait, sur la distance qui sépare a gloire du ridicule, quelque part entre Napoléon Ier et Jean Bédel Bokassa. Les carrosses dans les rues de angui, c'était certes risible, mais ne pourrait-on en dire presque autant de cette mauvaise et pâle imitation du premier Empire que serait le second? Et la photographie, dans ses balbutiements, ne fait qu'aggraver les choses: bien loin de rapprocher de nous ses personnages, elle accentue leur cocasserie et vient ajouter à la déformation caricaturale dont ils sont les victimes. Plus encore que les autres, cette déformation atteint l'empereur dont on va retenir d'autant plus aisément qu'il accéda au pouvoir par un coup d'État et ne sut se servir de ce pouvoir confisqué que pour nous conduire à l'effondrement de Sedan. S'il fallait justifier le projet d'où procède ce livre, avec les risques qu'il comporte, on pourrait invoquer l'excuse u'il s'agit d'écrire non sur Napoléon III mais sur Louis Napoléon Bonaparte, et d'analyser ainsi l'évolution d'un omme et d'une destinée plutôt que celle d'un monarque et d'un règne. ne telle justification aurait tout d'une échappatoire, même si ce ne serait pas la première fois qu'on aurait hoisi de dissocier l'homme tout court -- auquel seraient attribuées quelques vertus, quand ce n'est pas un éritable génie prémonitoire -- et le chef d'État, présenté comme un médiocre despote, auteur malencontreux 'un certain nombre de balourdises. drien Dansette résume cette façon de voir: « Napoléon III est l'homme de son temps qui a le mieux prévu 'avenir et le plus mal dirigé le présent. D'une intelligence supérieure à la plupart des hommes politiques ontemporains, il fut l'un des seuls à avoir la prescience de la civilisation moderne. Il prévit la constitution de ouvelles unités nationales et la transformation de la vie urbaine; il se montra favorable à l'instruction bligatoire, au service militaire universel, aux retraites ouvrières. Mais dénué d'esprit de décision et du sens des ossibilités, il ne sut ni mesurer ses projets à ses moyens, ni hausser ses moyens au niveau de ses projets... « insi, réduisant le personnage à ses idées et ses sentiments personnels, pourrait-on se permettre de passer apidement sur son incapacité, réelle ou prétendue, à traduire dans les faits une vision dont on aurait reconnu u préalable l'originalité et la modernité. el n'est pas le chemin qu'on entend suivre. Il est d'autant moins question d'occulter le bilan de Napoléon III omme public qu'on a la faiblesse de penser qu'il est considérable. ourtant c'est bien l'homme qui, d'abord, captive. Un homme dont la vie est mieux qu'exceptionnelle : ingulière, incroyable, stupéfiante. Vie d'aventures, extraordinairement riche et mouvementée. A première vue, l n'existe que très peu de points communs entre l'adolescent exilé, le conspirateur parfois ridicule, le politicien abile et le souverain tout-puissant, sans parler de l'officier de l'armée suisse, du rebelle de Forli, du prisonnier u fort de Ham et du constable des beaux quartiers de Londres. Et pourtant, il s'agit bien du même homme, de a même vie. Vie qui se transforme en destin par la force de la volonté. uand Louis Napoléon Bonaparte sort de l'adolescence, qui pourrait raisonnablement parier sur ses chances e parvenir au pouvoir suprême? Or, à quarante ans, il est le premier président de la République de notre istoire; à quarante-quatre ans, il est notre deuxième et dernier empereur; et il régnera plus longtemps que le remier; comme lui, il marquera durablement le pays, sans avoir pu disposer, pourtant, d'un héritage aussi ubstantiel. Car Napoléon Ier n'a pas qu'à inventer: il organise également une succession, et fait le tri dans le egs révolutionnaire. Louis Napoléon, lui, imprime au gouvernement du pays des idées qui sont les siennes, qu'il a méditées, mûries, et qu'il va imposer à un entourage rétif et une opinion versatile, sans jamais céder à la entation du confort et du conformisme. e qui fait de Louis Napoléon un homme à la fois attachant et respectable, ce n'est pas seulement son oeuvre, aussi impressionnante que mal comprise, pas seulement son habileté et la force de caractère dont il a fait montre pour passer de l'exil au pouvoir, c'est aussi et surtout sa fidélité à ses convictions. Tout homme public, à a faveur de mille petites lâchetés successives et subreptices, n'ayant chacune que peu de portée apparente, st exposé au risque d'oublier les raisons et les idéaux qui ont justifié son engagement. Rien de tel chez Louis apoléon Bonaparte. Et, lorsque parfois, du fait des circonstances, il semble s'écarter de la ligne qu'il s'était ixée, le voilà bientôt qui procède à des corrections plus ou moins brutales, en sorte que l'heure où l'on croit qu'il 'est égaré n'est autre que celle des retrouvailles. 'où vient, dès lors, que peu d'hommes auront été si mal traités par l'histoire, et si maltraités par les historiens? ien sûr, tout n'est pas exemplaire dans le règne de Napoléon III. Les erreurs, les insuffisances n'y manquent as. L'homme a ses défauts, ses faiblesses. Et puis, Sedan est là. our autant, le Sedan de 1940 ne semble pas avoir suffi à emporter condamnation de toute la IIIe République. e désastre de Waterloo a-t-il lui-même entamé la gloire du premier Empire et terni la légende de Napoléon Ier? ean-Pierre Rioux, dans les Bonaparte, s'est attaché à définir ce que pouvaient avoir en commun les deux ommes, l'oncle et le neveu. Napoléon, jusqu'à Sainte-Hélène, se définit comme un fils de la Révolution et certains ont pu voir en lui le ernier "despote éclairé" du XVIIIe siècle; Napoléon III veut rester le "carbonaro", le "socialiste" et le "saintimonien" de sa jeunesse. Parce qu'ils sont hommes de progrès, les Bonaparte savent capter et réaliser les ésirs d'une société française et européenne en mue. Ils rendent possible cette volonté de changement en lui onnant l'ordre politique, la paix sociale et la prospérité économique qu'elle souhaite, en forgeant un cadre tatique nouveau dans lequel les souhaits deviennent réalité. « a thèse, on en conviendra, est brillante. Elle est généralement acceptée pour le premier empereur, beaucoup lus contestée pour le second. Et pourtant, c'est sans doute bien à celui-ci qu'elle s'applique le mieux. uels qu'aient été les objectifs poursuivis par Napoléon Ier, les moyens qu'il a mis en oeuvre semblent avoir rogressivement pris le pas sur eux et imposé leur propre logique. Au départ, le recours aux armes, la gloire ilitaire, la puissance politique ont sans doute été mis au service d'une certaine conception de la France et de 'Europe. Mais à la longue, tout cela en est arrivé à se suffire à lui-même et à tenir lieu de finalité. ien de tel du côté de Louis Napoléon. Il a toujours gardé le cap et en est arrivé même à se dépouiller olontairement de nombre des moyens qu'il s'était forgés, parce que c'était à ses yeux le prix à payer pour enter d'atteindre le port. près coup, dans le calme de Sainte-Hélène, Napoléon Ier a essayé de replacer toute son action dans une erspective de fidélité à ses origines. Mais en lisant le Mémorial, on a parfois quelque peine à le croire, et son laidoyer est loin d'entraîner toujours la conviction. ouis Napoléon, quant à lui, n'éprouva aucun besoin de justification, se bornant à attendre le jugement de la ostérité. Alors d'où vient que ce jugement -- équitable -- tarde tant à venir? Pour répondre à la question, il aut comprendre qu'une réputation posthume n'est pas toujours celle qu'on a méritée, mais souvent celle qu'on ous fabrique pour les besoins de la cause. 'agissant de Napoléon Ier, a joué en sa faveur l'ambiguïté de ses rapports avec la Révolution: pour la plupart es commentateurs, le premier empereur la continue, la stabilise et en consolide les conquêtes. mbiguïté savamment entretenue. Certes, Pierre Larousse, l'auteur du dictionnaire, présenta Bonaparte comme un général de la République... mort à Saint-Cloud, le 18 brumaire an VIII «; mais, loin de le suivre, les épublicains dans leur ensemble, parce que cela servait leurs intérêts, s'accordèrent pour soutenir que onaparte survivait en Napoléon. e 18 Brumaire eût-il été perpétré contre Robespierre, on aurait parlé de liberticide, mais son auteur eut la hance de n'interrompre que la comédie du Directoire. Et puis le premier Empire doit beaucoup de sa enommée à la médiocrité des temps qui lui succèdent. Louis XVIII, Charles X forgent et entretiennent, à leur orps défendant, une légende que Louis-Philippe, bon gré mal gré, se garde bien de battre en brèche et va ême officiellement consacrer. t cette légende est telle que Victor Hugo n'hésitera pas à utiliser l'oncle pour mieux abattre le neveu. ar, pour son malheur, Louis Napoléon, lui, s'intercale entre deux républiques: l'une qu'il est censé avoir enversée, l'autre qui s'édifie sur les décombres présumés de son règne. u'importe si, le 2 Décembre, la République est déjà morte et bien morte. La prétendue république que Louis apoléon va brutaliser n'a rien, strictement rien à voir avec la république du printemps 1848. Cavaignac, aux applaudissements de l'immense majorité du personnel politique de l'époque, et avec l'assentiment de Victor Hugo lui-même, a fait tirer sur la foule en juin, et les conservateurs de tous bords ont parachevé son travail, allant jusqu'à remettre en cause le suffrage universel. Et pourtant, contre toute raison, on feint de croire que c'est Louis Napoléon qui a tué l'espoir populaire. Crime d'autant plus abominable que cette république de février est assurément l'un des moments les plus vivants, les plus riches, les plus beaux, les plus exaltants de notre histoire, un moment fugitif où l'imagination est au pouvoir, où la liberté prend un sens, où la fraternité est une réalité vécue; un oment où l'on se parle, où l'on se respecte, où l'on recherche, ensemble, de nouvelles frontières; un moment 'espérance où rien ne paraît impossible. S'en prendre à ceux qui ont mis un terme à tout cela est parfaitement dmissible. Mais il faudrait se souvenir que Louis Napoléon n'y est pour rien, absolument pour rien. u'importe encore si le régime qui succède à l'Empire, régime qui ne dit pas son nom, république de hasard et e résignation, se présente dans ses premières années, par rapport à l'Empire finissant, comme en net recul ans presque tous les domaines, en particulier au regard des critères de la vraie démocratie. Qu'importe enfin a boucherie organisée par l'excellent Monsieur Thiers pour mettre un terme à la Commune. Le fait est que de ombreux protagonistes de l'époque sont des vaincus du 2 Décembre; ils ne se contentent pas de détester ouis Napoléon, ils redoutent son retour, et tout ce qui pourrait exalter son souvenir. lors ils vont en faire une cible. eux grandes plumes leur ont fourni de quoi nourrir le tir. Deux hommes que beaucoup considèrent comme les eux géants du XIXe siècle. Étonnante conjonction, au demeurant, mais terrible et efficace conjuration, qui assemble dans un même combat, avec des arguments différents sinon contradictoires, Victor Hugo et Karl arx... 'est peu dire de Hugo qu'il a poursuivi Louis Napoléon d'une haine inexpiable. Après le 2 Décembre, presque plus rien ne va compter à ses yeux que l'expression de son exécration. S'agrippant aux basques de son souffredouleur, il jappe, aboie, hurle et ne le lâchera jamais plus. Il a lui-même conscience de l'outrance et de la démesure de son propos. Mais il s'en absout, sans complexe: « Malheur, dit-il, à qui resterait impartial devant les plaies sanglantes de la Liberté. « Allant plus loin pour expliquer sa hargne, il déclare qu'il n'exprime ni plus ni moins que la parole de Dieu!. « Ma parole dans l'exil n'est pas ma parole; ce n'est pas autre chose que l'éternelle vibration sonore de la vérité et de la justice dans l'infini. Quand la conscience parle, c'est Dieu qui sort de l'homme. Il est la lumière, je ne suis que la lanterne. « Du recours à Dieu, Hugo use et abuse, ne reculant devant aucun excès: « Dieu marchait et allait devant lui. Louis Bonaparte, panache en tête, s'est mis en travers et a dit à Dieu: "Tu n'iras pas plus loin!" Dieu s'est arrêté. lors, dans son Histoire d'un crime, ouvrage entamé dès après le coup d'État et qui ne paraîtra qu'en 1877, omme dans Napoléon le Petit, écrit entre juin 1852 et octobre 1853, ou comme dans les Châtiments, c'est ne logorrhée torrentielle emplie d'attaques directes ou fielleuses, de sarcasmes, d'imprécations. Aucun mot 'est trop gros, trop fort, trop odieux pour « prendre corps à corps le Bonaparte «, pour « le retourner sur le gril : Ah! le malheureux! il prend tout, il use tout, il salit tout, il déshonore tout [...] Louis Bonaparte, entouré de alets et de filles, accommode pour les besoins de sa table et de son alcôve le couronnement, le sacre, la égion d'honneur, le camp de Boulogne, la colonne Vendôme, Lodi, Arcole, Saint-Jean-d'Acre, Eylau, riedland, Champauvert... Ah! Français! regardez le pourceau couvert de fange qui se vautre sur cette peau de ion. « ans doute la version hugolienne n'eut-elle qu'assez peu d'influence du vivant de Louis Napoléon. Mais après voir trouvé un premier écho vers la fin du règne, elle devint, dès le rétablissement de la république, la vérité officielle. En prose comme en vers, les insultes de Victor Hugo n'auraient eu que peu d'importance si l'auteur es Châtiments n'avait été considéré, contre tout bon sens, comme le premier des historiens du second Empire et si bien des Français ne voyaient encore Louis Napoléon qu'à travers ses yeux injectés de mépris. our outrancières qu'elles fussent, les invectives du père Hugo ne parurent pas excessives à Karl Marx, qui lui eprocha seulement de ne voir dans le coup d'État « que l'acte de violence d'un individu isolé« : « Hugo, dit-il, e remarque pas qu'il grandit ainsi le personnage au lieu de le diminuer, en lui attribuant une force d'initiative ersonnelle sans exemple dans l'histoire universelle. « arx fit d'ailleurs le même reproche à Proudhon, dont il releva que l'analyse « de la construction historique du oup d'État se change inconsciemment chez lui en une apologie historique du coup d'État. « our sa part, il entendit montrer que la « lutte des classes en France a créé des circonstances et des situations elles qu'elles ont
conscience

« qu'il améditées, mûries,etqu'il vaimposer àun entourage rétifetune opinion versatile, sansjamais céderàla tentation duconfort etdu conformisme. Ce qui faitdeLouis Napoléon unhomme àla fois attachant etrespectable, cen'est passeulement sonoeuvre, aussi impressionnante quemalcomprise, passeulement sonhabileté etlaforce decaractère dontila fait montre pourpasser del'exil aupouvoir, c'estaussi etsurtout safidélité àses convictions.

Touthomme public,à la faveur demille petites lâchetés successives etsubreptices, n'ayantchacune quepeudeportée apparente, est exposé aurisque d'oublier lesraisons etles idéaux quiont justifié sonengagement.

Riendetelchez Louis Napoléon Bonaparte.

Et,lorsque parfois,dufait des circonstances, ilsemble s'écarter delaligne qu'ils'était fixée, levoilà bientôt quiprocède àdes corrections plusoumoins brutales, ensorte quel'heure oùl'on croit qu'il s'est égaré n'estautre quecelle desretrouvailles. D'où vient, dèslors, quepeud'hommes aurontétésimal traités parl'histoire, etsimaltraités parleshistoriens? Bien sûr,tout n'est pasexemplaire danslerègne deNapoléon III.Les erreurs, lesinsuffisances n'ymanquent pas.

L'homme ases défauts, sesfaiblesses.

Etpuis, Sedan estlà. Pour autant, leSedan de1940 nesemble pasavoir suffiàemporter condamnation detoute laIIIe République. Le désastre deWaterloo a-t-illui-même entamélagloire dupremier Empireetterni lalégende deNapoléon Ier ? Jean-Pierre Rioux,danslesBonaparte, s'estattaché àdéfinir ceque pouvaient avoirencommun lesdeux hommes, l'oncleetleneveu. « Napoléon, jusqu'àSainte-Hélène, sedéfinit comme unfils delaRévolution etcertains ontpuvoir enluile dernier "despote éclairé"duXVIII e siècle; Napoléon IIIveut rester le"carbonaro", le"socialiste" etle"saint- simonien" desajeunesse.

Parcequ'ilssonthommes deprogrès, lesBonaparte saventcapteretréaliser les désirs d'unesociété française eteuropéenne enmue.

Ilsrendent possible cettevolonté dechangement enlui donnant l'ordrepolitique, lapaix sociale etlaprospérité économique qu'ellesouhaite, enforgeant uncadre étatique nouveau danslequel lessouhaits deviennent réalité.» La thèse, onenconviendra, estbrillante.

Elleestgénéralement acceptéepourlepremier empereur, beaucoup plus contestée pourlesecond.

Etpourtant, c'estsans doute bienàcelui-ci qu'elles'applique lemieux. Quels qu'aient étélesobjectifs poursuivis parNapoléon Ier , les moyens qu'ilamis enoeuvre semblent avoir progressivement prislepas sureux etimposé leurpropre logique.

Audépart, lerecours auxarmes, lagloire militaire, lapuissance politiqueontsans doute étémis auservice d'unecertaine conception delaFrance etde l'Europe.

Maisàla longue, toutcela enest arrivé àse suffire àlui-même etàtenir lieudefinalité. Rien deteldu côté deLouis Napoléon.

Ila toujours gardélecap eten est arrivé même àse dépouiller volontairement denombre desmoyens qu'ils'était forgés, parcequec'était àses yeux leprix àpayer pour tenter d'atteindre leport. Après coup,danslecalme deSainte-Hélène, NapoléonIer aessayé dereplacer toutesonaction dansune perspective defidélité àses origines.

Maisenlisant leMémorial, onaparfois quelque peineàle croire, etson plaidoyer estloin d'entraîner toujourslaconviction. Louis Napoléon, quantàlui, n'éprouva aucunbesoin dejustification, sebornant àattendre lejugement dela postérité.

Alorsd'oùvient quecejugement —équitable —tarde tantàvenir? Pourrépondre àla question, il faut comprendre qu'uneréputation posthumen'estpastoujours cellequ'on améritée, maissouvent cellequ'on vous fabrique pourlesbesoins delacause. S'agissant deNapoléon Ier , a joué ensafaveur l'ambiguïté deses rapports aveclaRévolution: pourlaplupart des commentateurs, lepremier empereur lacontinue, lastabilise eten consolide lesconquêtes. Ambiguïté savamment entretenue.Certes,PierreLarousse, l'auteurdudictionnaire, présentaBonaparte comme « un général delaRépublique...

mortàSaint-Cloud, le18 brumaire anVIII »;mais, loindelesuivre, les républicains dansleurensemble, parcequecela servait leursintérêts, s'accordèrent poursoutenir que Bonaparte survivaitenNapoléon. Le 18Brumaire eût-ilétéperpétré contreRobespierre, onaurait parlédeliberticide, maissonauteur eutla chance den'interrompre quelacomédie duDirectoire.

Etpuis lepremier Empiredoitbeaucoup desa renommée àla médiocrité destemps quiluisuccèdent.

LouisXVIII, Charles Xforgent etentretiennent, àleur corps défendant, unelégende queLouis-Philippe, bongrémal gré, segarde biendebattre enbrèche etva même officiellement consacrer. Et cette légende esttelle queVictor Hugon'hésitera pasàutiliser l'onclepourmieux abattre leneveu. Car, pour sonmalheur, LouisNapoléon, lui,s'intercale entredeuxrépubliques: l'unequ'ilestcensé avoir renversée, l'autrequis'édifie surlesdécombres présumésdeson règne. Qu'importe si,le2Décembre, laRépublique estdéjà morte etbien morte.

Laprétendue république queLouis Napoléon vabrutaliser n'arien, strictement rienàvoir avec larépublique duprintemps 1848.Cavaignac, aux. »

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