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sujet

Publié le 07/04/2015

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LE SUJET N'EST PAS LE MOI

Le moi est une fonction qui se déploie dans la dimension de l'imaginaire. C'est la sensation d'un corps unifié pro­duite par l'assomption par le sujet de son image dans le miroir à l'époque où il n'a pas encore conquis son autono­mie motrice : d'où son pouvoir de fasci­nation. Il en résulte que le moi se trouve placé sur un axe imaginaire en opposi­tion à sa propre image (narcissisme) ou à celle d'un semblable (petit autre de J. Lacan). Cette relation du moi à son objet imaginaire fait obstacle à la reconnaissance par le sujet de son désir.

Le désir, quant à lui, se manifeste dans les «formations de l'inconscient« (—« formations de l'inconscient): rêves, symptômes, dans des ratés (oublis, lap­sus, actes manqués) parfois transfor­més en réussites (mots d'esprit). Ainsi

le sujet, pour la psychanalyse, ne sait pas ce qu'il dit ni même qu'il le dit. Freud interprète ces phénomènes en rupture avec le cours «normal« de la réalité comme des messages chiffrés à décrypter. Cela suppose qu'ils aient une structure homogène au langage humain. Ils témoignent de l'existence d'un autre lieu d'où s'exprime le sujet d'un désir en attente, «en souffrance «. Tout se passe comme si le lieu des signi­fiants, là d'où «nous viennent« les mots que nous articulons (le grand Autre de Lacan), était habité par un sujet au désir énigmatique.

LE DÉSIR EST UN EFFET DU LANGAGE

Le désir n'est pas le besoin; il ne cherche pas la satisfaction mais la reconnaissance. Les besoins du grand prématuré qu'est tout enfant à la nais­sance ne trouveront leur satisfaction qu'à travers le savoir de la mère. Celui-ci n'est pas un instinct. C'est un savoir fait des signifiants de la langue maternelle et de la culture. La dépen­dance absolue du petit d'homme est une dépendance à l'endroit de l'Autre. Il doit demander, et cela est à l'origine de la toute-puissance des signifiants maternels. Dans la demande, ce n'est plus l'objet du besoin qui est visé mais l'amour. Or, plus la demande d'amour se répète, plus elle ouvre une question: celle du désir de l'Autre. En effet, la demande a une structure de langage, discontinue. Dans les intervalles du discours (qui est toujours le discours de l'Autre puisque c'est de lui qu'en viennent les termes) surgit cette expé­rience du désir de l'Autre : «Il (elle) me dit ça, mais qu'est-ce qu'il veut? Que veut-il que je sois?« Le sujet vient au monde, se trouve engagé dans la réponse (son désir) par la création du fantasme, c'est-à-dire une hypothèse sur le manque de la mère. C'est pour­quoi le désir est lié à une symbolisation de la différence des sexes, la castration, et cette castration ne prend sa portée qu'à partir de sa découverte comme

castration de la mère. Il faut insister sur ce point: en tant que réelle, la mère ne manque de rien. C'est un acte symbo­lique que d'affirmer «elle n'a pas de pénis«. L'organe pénis devient ainsi le phallus signifiant du manque qu'il crée dans l'Autre. C'est le phallus qui ménage une place vacante dans cet Autre pour le sujet. Le sujet engage à cette place le peu de réel qui soit à sa disposition: l'objet érotique de la pul­sion*, pris dans les échanges avec la mère, qui devient «phallique« et du même coup refoulé (cet objet, dit «objet a «, est ce qui reste au-delà de tous les discours de l'Autre : la voix, le sein, le déchet fécal, le regard). C'est le premier refoulement, le refoulement originaire avec la mise en place dans l'Autre de l'objet cause du désir.

LE SUJET EXISTE AU LANGAGE

Il faut même écrire : «Le sujet ex-siste au langage «. Il est divisé et soumis à l'aliénation. Le langage fonctionne avec une batterie de signifiants aptes à se combiner ou à se substituer pour produire des effets de signification. La définition du sujet que nous devons à Lacan peut maintenant être donnée : «C'est ce qu'un signifiant représente pour un autre signifiant. «

Le sujet n'a pas d'être, il ex-siste au langage : il n'y est que représenté grâce à l'intervention d'un signifiant, c'est-à-dire d'un signifiant marqué du carac­tère de l'unité, comptable. Le trait «unaire « qui découpe ce signifiant de l'ensemble connexe des autres signi­fiants est le trait, la marque phallique. Quant à la coupure, c'est le sujet lui-même. Cette condition est à l'origine de ce phénomène paradoxal: un sujet ne vient à être identifié à un signifiant quelconque (enfant, juif, prolétaire, etc.) qu'à disparaître comme sujet sous ce signifiant et à tomber dans le non-sens (mécanisme de l'injure). De même, la vérité, sitôt venue au jour, se perd dans le savoir. Elle ne peut d'ail­leurs jamais être dite qu'à moitié

puisque l'objet, cause véritable du désir du sujet, est, lui, inarticulable dans la parole. Le dévoilement de cet objet menace d'ailleurs la réalité, produit l'angoisse, prouvant ainsi que le sujet ne se soutient que de la soustraction de cet objet. Cet objet perdu constitue en quelque sorte le cadre inaperçu mais nécessaire de la réalité.

SUJET ET TRAVAIL DE LA PSYCHANALYSE

 

Wo es war soll ich werden: «là où c'était, je dois advenir «. Le travail d'une psycha­nalyse selon Freud est bien d'ouvrir la porte à ce sujet toujours appelé à adve­nir. Il consiste, à travers l'association libre des idées, à faire surgir une sur­prise, celle de découvrir l'incongruité du fantasme (non par rapport à une réalité « objective « puisque c'est le fan­tasme qui la soutient) mais au regard de la castration de la mère. Cette castra­tion de la mère, ce manque d'un signi­fiant dans l'Autre, est précisément lié à l'existence du sujet. La résistance du sujet névrosé n'est donc pas tant résis­tance devant sa propre castration (il en rajoute plutôt), mais il ne veut pas renoncer à l'illusion d'un Autre qui lui demanderait cette castration. Cette supposition d'un sujet de la jouissance dans l'Autre, d'un sujet supposé savoir, est à l'origine du phénomène de trans­fert sur l'analyste. C'est elle qui doit céder à la reconnaissance qu'il n'y a pas de sujet dans l'Autre, que la seule cause du désir est cet objet a(--4 objet a) dont l'analyste devient le support avec la fin de la cure. Notons enfin que, contraire­ment à ce que suggère de variabilité, de singularité, le terme subjectif un sujet, en tant qu'il se réduit à la coupure, est strictement identique à tout autre sujet. Seul son symptôme lui confère une originalité et sans doute est-ce aussi pourquoi il y tient tant.

 n.m. (angl. Subject; allem. Sub-jekt). Être humain, soumis aux lois du langage qui le constituent, et qui se manifeste de façon privilégiée dans les formations de l'inconscient.

 

Le sujet, en psychanalyse, est le sujet du désir que S. Freud a découvert dans l'inconscient. Ce sujet du désir est un effet de l'immersion du petit d'homme dans le langage. Il faut donc le distin­guer tant de l'individu biologique que du sujet de la compréhension. Ce n'est pas non plus le moi freudien (opposé au ça et au surmoi). Ce n'est pas pour autant le je de la grammaire. Effet du langage, il n'en est pas un élément: il « ex-siste « (se tient hors) au prix d'une perte, la castration.