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Anouilh : Antigone (résumé et analyse)

Publié le 16/10/2013

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Admirateur des tragiques grecs, Anouilh connaissait bien l'Antigone de Sophocle, « lue et relue« de son propre aveu. Aussi trouve-t-on dans son Antigone moderne plus d'un emprunt à Sophocle. Anouilh a renoncé à la division en actes et scènes, fidèle en cela à la tragédie grecque qui ignore ce type de subdivisions.

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« Enfin en quatrième et dernier lieu, Anouilh reprend parfois le texte de Sophocle, comme dans la scène de Créon et du Garde ou dans !'évocation douloureusement poétisée de la mort ( « Ô tombeau ! Ô lit nuptial ! Ô ma demeure souterraine » ).

Mais la fidélité d' Anouilh au modèle grec ne l'empêche nullement d'inventer et de créer une pièce originale qui porte la marque très personnelle de son créateur.

Il serait plus juste de parler d'innutrition* que d'imitation.

II -Créon et Antigone : un quadruple conflit Le conflit des identités sociales est celui qui oppose un homme et une jeune fille.

Créon, le roi, a la responsabilité d'un État.

Investi d'une autorité politique, il représente et fait exécuter la loi et la justice de Thèbes.

Il se définit comme le capi­ taine d'un navire dont la mission es.t de faire naviguer la barque de l'État contre vents et marées.

Antigone n'a aucune responsabilité de ce type.

Elle se veut indé­ pendante de toute autorité ou de toute justice qui ne répond pas à sa représentation individuelle du droit.

Le conflit des attitudes découle de cette identité sociale.

Antigone est un per­ sonnage de la révolte, un« bloc de négation », l'héritière de l'orgueil d'Œdipe.

Créon est un roi autoritaire qui essaie cependant de convaincre et de sauver sa nièce, qui tente de justifier sa mission sous un angle plus pragmatique que poli­ tique.

Le conflit des valeurs est très fort puisqu'il oppose l'idéalisme d' Antigone, en quête de pureté, et le réalisme qui oblige à la compromission, à l'acceptation de la médiocrité ou de la laideur morale.

Créon représente le tragique de la dévaluation et du non-sens consenti en pleine conscience.

Le conflit des générations apparaît ainsi très présent : d'un côté une jeune fille proche de l'enfance; de l'autre un homme mûr, vieillissant, qui a renoncé à ses illusions.

Antigone refuse un avenir qu'elle sait inadapté à ses exigences.

Créon reste un « cuisinier » que méprisent tout autant sa nièce Antigone que son fils Hémon.

III -Une tragédie de l'incommunicabilité Omniprésent dans la pièce, le thème de l'incommunicabilité est surtout illustré par la mutuelle incompréhension de Créon et d' Antigone, dont le long dialogue ne peut que souligner l'inanité de toute parole humaine dès lors qu'elle oppose des concepts ou des idéaux trop éloignés.

Mais elle trouve d'autres formes et d'autres expressions : le dialogue initial d' Antigone avec la nourrice incapable de véritable­ ment comprendre la jeune fille; la scène avec Ismène, qui montre les deux sœurs si proches et si loin l'une de l'autre; le dialogue entre Antigone et Hémon, où le jeune homme doit jurer de partir sans rien comprendre, sans rien dire; la dernière et triste intimité d' Antigone avec un Garde d'une indélicatesse et d'une trivialité exemplaires; enfin le propos cruel et réducteur de Créon évoquant Eurydice sous ) 'identité d'une «bonne femme parlant toujours de son jardin, de ses confitures, de ses tricots ».

Autant de scènes et de paroles qui insistent sur l'incompréhension et la solitude des êtres.

Créon n'a plus pour l'écouter qu'un petit page et le rideau tombe sur les gardes qui jouent aux cartes, indifférents à ce qui n'appartient pas à leur réalité.. »

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