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Antigone, drame de Jean Anouilh

Publié le 14/02/2019

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Antigone, drame de Jean Anouilh (1944). Comme Sartre et comme Giraudoux, Anouilh, face au « retour du tragique » dans la vie quotidienne de l'Europe, a réutilisé le cadre du théâtre grec. Mais, tandis que chez Sophocle l'opposition était entre deux visions du droit et entre deux caractères inflexibles et tranchés, chez Anouilh il s'agit d'un heurt « simplement » dramatique, dans un monde sans dieu, entre les nécessités de l'existence et la haine du quotidien, entre la peur du vide et l'attirance du gouffre. A la fin de la pièce, Créon est « innocent en somme », tandis qu'Anti-gone s'est imposée comme une héroïne dégoûtée, comme une enfant, qui, parce qu'elle a grandi, a voulu mourir.

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« Antigone de Jean Anouilh (1944): dialogue entre Antigone et Créon « L'Antigone de Sophocle, lue et relue, et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affichesrouges1.

Je l'ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre.

» Parole dite par l'auteur de la réécriture d'Antigone : JeanAnouilh.Jean Anouilh (1910-1987) est un écrivain et dramaturge français.

Fils d'un tailleur et d'un professeur de piano, il découvre sa passion pour le théâtre en 1923.

JeanAnouilh fut un auteur à succès en remportant le Grand Prix de l'Académie Française en 1980 et le Prix du Brigadier pour trois pièces en 1973.

Auteur de plusieursœuvres littéraires, il mélange les genres théâtraux (comédies, pièces noires, pièces roses, pièces grinçantes…) mais il est connu pour être l'auteur de la réécriture deLa Cigale et la Fourmi (1962), et est également un scénariste dès 1937.

Il reprit des mythes célèbres grecs pour les réadapter à « sa façon » : Eurydice (1942), Médée(1946) et Antigone (1944).

Antigone est une pièce en un acte, mis en scène la première fois le 4 février 1944, durant l'Occupation Allemande.

Inspiré du mytheantique d'Œdipe, mais en opposition avec la tragédie grecque de Sophocle, Antigone, l'héroïne représente la Résistance.

Elle affronte Créon en s'opposant aux loisqu'elle juge inutile et inhumaine.

Alors que la première est un échec, Antigone deviendra avec le temps l'œuvre la plus emblématique (et la plus jouée) de l'auteur.

Lepassage que nous allons étudier (page 70-75 ; édition : la petite vermillon) est un dialogue entre Antigone et Créon, après que celle-ci est recouvert le corps de sonfrère pour la seconde fois malgré l'interdiction formelle de Créon, souverain de Thèbes.

Nous allons étudier cet extrait en trois parties.

Dans un premier temps, nousallons analyser que cette séquence est une scène d'affrontement.

Dans un second temps, nous allons voir la position de Créon.

Et pour terminer, celle d'Antigone. A – Une scène d'affrontement.Cet extrait met en scène deux personnages.

D'un côté, nous avons Antigone, une jeune fille qui conteste l'autorité de son oncle qu'elle estime injuste.

De l'autre côté,nous avons Créon, oncle d'Antigone et souverain âgé de Thèbes.

L'extrait est composé de vingt-huit répliques (Créon : quinze répliques ; Antigone : treize répliques).Créon débute et termine de parler dans l'extrait.

Il a quatre tirades et est le seul à posséder des didascalies.

Antigone parle peu et parfois reprend les paroles de sononcle : ligne 52 « Je ne joue pas.

» Cependant, il y a des échanges rapides : ligne 102 à 109.

Ceci montre une accélération dans le rythme du dialogue, elle montreque la colère s'installe progressivement.

Créon pose les questions, parfois plusieurs dans une même réplique : ligne 89 à 90 : « Pourquoi fais-tu ce geste alors ? Pourles autres, pour ceux qui y croient ? Pour les dresser contre moi ? » Cette énumération de questions montre que Créon est le maitre.

Il décide des questions, ainsi quele sort d'Antigone.

Celle-ci en pose uniquement de la ligne 110 à 113 : « Pourquoi ? (…) Quand je n'aurai plus mal ? » Cet extrait montre la supériorité de Créon,face à Antigone.

Il s'agit d'une scène d'affrontement car l'accélération du rythme donne le ton à l'extrait.

De plus, les didascalies vont crescendo dans la violence :ligne 95 : CREON – la regarde en silence… ligne 113 : CREON – qui sert plus fort. B – La position de Créon.1) Créon veut sauver Antigone.Tout d'abord, à la ligne 54, Créon « fait la leçon » à sa nièce, en lui rappelant les dangers qu'elle encourt à chaque fois qu'elle ose braver l'interdiction de son oncle : «Tu ne comprends donc pas que si quelqu'un d'autre que ces trois brutes sait tout à l'heure ce que tu as tenté de faire, je serai obligé de te faire mourir ? » A la ligne57-58 et 102, Créon dit explicitement qu'il veut sauver sa nièce mais pour cela il faudra qu'elle arrête de transgresser les règles établies par Créon et tenir le silence :ligne 54 : « Si tu te tais maintenant, si tu renonces à cette folie… » Il y a une répétition de la conjonction de subordination « si » qui marque la condition nécessairepour qu'Antigone reste en vie.

Créon lui rappelle à la ligne 83 qu'elle risque la mort : « Et tu risques la mort maintenant… » et cherche à comprendre pourquoi fait-elle preuve d'imprudence pour recouvrir son frère de terre : ligne 89 : « Pourquoi fais-tu ce geste alors ? » ; ligne 95 : « Tu as donc envie de mourir ? » Créon chercheune solution pour sauver sa nièce : la ligne 109 : « Et si je te fais torturer ? » En vain, Créon comprend que rien ne peut la faire changer d'avis donc à la ligne 115, iltente de lui faire peur : « Si j'étais une bonne brute ordinaire de tyran, il y aurait déjà longtemps qu'on t'aurait arraché la langue, tiré les membres aux tenailles, oujetée dans un trou.

» On peut conclure que Créon tente de sauver sa nièce en usant de diverses moyens : mentir, comprendre son geste, lui faire peur etc…2) Les hypothèses de CréonComme nous l'avons dit précédemment, Créon tente de comprendre le geste absurde d'Antigone.

Au départ, il croit que sa nièce abuse de sa patience et de sagentillesse en allant recouvrir le corps de Polynice de terre une seconde fois : ligne 52 : « Quel jeu joues-tu ? » A la ligne 69, il remet en doute les pratiquesreligieuses : « Tu y crois donc vraiment toi, à cet enterrement dans les règles ? » Dans la tirade, il remet en cause les croyances : « A cette ombre de ton frèrecondamnée à errer toujours si on ne jette pas sur le cadavre un peu de terre avec la formule du prête ? » Créon ne croit pas à cette foi : « Tu leur as déjà entendu laréciter (…) la formule ? » Il déclare que les prêtes, à la ligne 74, bâclent les enterrements.

De plus, à la ligne 90, Créon croit qu'elle se lie contre lui : « Pour lesdresser contre moi ? » On peut conclure que Créon a plusieurs hypothèses.

Il tente de convaincre Antigone que même si un corps n'est pas recouvert de terre, ilaccédera au Paradis et ne erra par sur Terre. 3) La part d'ombre de CréonA la ligne 94, Antigone déclare qu'elle a recouvert le corps de son frère pour elle-même, non par engagement envers un devoir religieux.

Créon comprend ce quedésire Antigone, à la ligne 95 : « Tu as donc envie de mourir ? » Après ceci, Créon est déterminé à la sauver aux lignes 102 et 105.

Cependant dès la ligne 109,Créon apparait sous un jour plus sombre : « Et si je te fais torturer ? » Il se qualifie comme ayant le « mauvais rôle » ligne 113.

Il devient violent dans ses paroles : «Si j'étais une bonne brute… jetée dans un trou » mais aussi physiquement : ligne 123 : « Vous me faites mal au bras avec votre main » ; et la didascalie ligne 125 :CREON – qui serre plus fort.

On conclut que Créon apparait son un nouveau jour, plus sombre et violent. C – La position d'Antigone.1) Antigone veut-elle échapper à la mort ?Malgré les réticences de Créon, Antigone s'entête à enterrer le corps de Polynice et même le rappel de son oncle sur les risque qu'elle encourt ne l'arrête pas (ligne 60-61).

A la ligne 108 : « Faites ce que vous avez à faire » Antigone ordonne (sous la forme d'un impératif présent) Créon de faire régner la loi de Thèbes.

Aux lignes103-104 : « Vous pouvez tout, mais cela, vous ne pouvez pas » ; ligne 106 : « Ni me sauver ni me contraindre » (répétition de « ni », proposition négative) ; ligne108 : « Vous pouvez seulement me faire mourir » Antigone encourage Créon de l'exécuter, de ne pas faire d'elle une exception aux lois qu'il a proscrite.

Elle ne veutpas échapper à la mort.2) Analyse des répliques d'AntigoneA la ligne 53, à la question si elle joue, elle reprend la même formule de phrase avec une négative.

A la ligne 60, Antigone s'entête à aller retourner recouvrir le corpsde son frère.

A la ligne 67 : « Rien d'autre que cela je peux, je le sais.

Mais cela, du moins, je le peux.

Et il faut faire ce que l'on peut.

» Répétition du verbe pouvoir,repris à la réplique précédente de Créon : « Que peux-tu donc… » A la ligne 77, Créon lui demande si elle croit aux croyances religieuses, et qu'elle a vu « cespauvres têtes d'employés fatigués écourtant les gestes, avalant les mots, bâclant ce mort pour en prendre un autre avant le repas du midi ? » Elle reprend la tournurede la question de Créon et répond : « Je les ai vus.

» A la ligne 87, Créon s'emporte parce qu'il ne comprend pas le geste de sa nièce et termine sa phrase par : « C'estabsurde ! » Antigone ne sait pas vraiment pourquoi elle s'entête.

Elle reprend la phrase de Créon en mettant une proposition négative.

D'un point de vue externe, ellecontredit toujours son oncle, peu importe le sujet qu'il entame.3) La raison qui pousse Antigone vers la mort.Face à la nouvelle tactique de Créon, Antigone ne flanche pas.

Elle l'affronte et conteste.

Ligne 103 : « Vous pouvez tout (…) vous ne le pouvez pas » Il y a uneopposition.

D'un côté, Antigone admet le pouvoir de Créon mais elle sait qu'il ne pourra pas la sauver malgré l'immensité de son pouvoir.

A la ligne 110, Antigonedit que la torturer serait une chose inutile, car même sous la torture, elle ne se pliera pas à règles édictées (qu'elle trouve injuste) par Créon : « Pour que je pleure, queje demande grâce, pour que je jure tout ce qu'on voudra, et que je recommence après, quand je n'aurai plus mal ? » Antigone refuse l'aide de Créon car elle se croit. »

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