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ARRACHE-COEUR (L’) Boris VIAN - résumé de l'oeuvre

Publié le 21/09/2018

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L'Arrache-cœur décrit la détresse de deux personnages antithétiques, qui pêchent chacun par son excès: de passion pour Clémentine, d'indifférence pour Jacquemort, au nom évocateur. Clémentine, aveuglée par son amour pour ses trois enfants, a tout détruit autour d’elle, rejetant son époux jugé désormais inutile, afin de pouvoir conserver jalousement, pour elle seule, son bien-bonheur. Il n’a d’autre solution, pour survivre, que de voler le passé des autres en les psychanalysant... Le village dans lequel Clémentine et Jacquemort vivent contient, quant à lui, toute la bassesse et la misère du monde. 

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« VIAN: L'Arrache-Cœur 1.

L'auteur et l'œuvre dans leurs contextes Par un curieux effet d'intertextualité, l'arrache-cœur, dont il n'est fait aucune mention dans ce roman, désigne dansL'Écume des jours l'instrument utilisé par Alice pour tuer Partre et les libraires qui ont exploité Chick.

Lourdd'implications autobiographiques, L'Arrache-Cœur, quatrième et dernier roman de Boris Vian, correspond à unepériode où interviennent d'importants changements dans la vie de l'auteur. Une période-charnière La publication de L'Arrache-Cœur n'a pas été aisée.

Le sujet s'en impose à Vian dès 1947 sous le titre : Les Fillettesde la Reine, avec cette mention explicite : « Maman-Gâteau ».

Dès cette époque, la fin très sombre du roman estconsignée dans les notes de Vian sous la forme suivante : « Roman.

Mère et ses enfants...

au fur et à mesure quese développe leur personnalité, elle les boucle de plus en plus et finira par les enfermer dans une cage.

» Le procèsde J'irai cracher sur vos tombes, en 1950, et l'interdiction de publier ce roman écrit sous le pseudonyme de VernonSullivan, valent à Vian un amer succès de scandale.

En 1951, il a la déception de voir L'Arrache-Cœur refusé parGallimard, malgré le soutien de Raymond Queneau. Sa vie personnelle a pris un tour nouveau : depuis 1949, il a abandonné la vie nocturne de Saint-Germain-des-Prés,et rupture avec Michelle, sa première femme, n'est sans doute pas étrangère au regard désenchanté que l'auteur deL'Arrache-Cœur porte sur la vie de couple.

Enfin, la rédaction de L'Arrache-Cœur est contemporaine d'une nouvelleactivité de Vian : la traduction.

Il traduit Chandler, Strindberg, Ray Bradbury, et Michel Rybalka fait unrapprochement fructueux entre la nouvelle de Bradbury, Le Veldt dans la nursery, et le thème de L'Arrache-Cœur :dans les deux cas, la magie de l'enfance débouche sur une claustration tragique. L'Arrache-Cœur, publié en 1953, ne connaît aucun succès.

Vian renonce alors à l'activité de romancier pour setourner vers la chanson. Implications autobiographiques En exergue des Fillettes de la Reine, Vian avait inscrit : « Toute ressemblance avec des événements, despersonnages ou des paysages réels est vivement souhaitée.

Il n'y a pas de symboles et ce qui est raconté ici s'esteffectivement passé.

» A la sortie du roman, il déclarera avoir voulu faire « une espèce d'anti-Bazin (Hervé) », etajoutera : « C'est bien plus terrible d'être couvé par sa mère que d'en être haï.

» Sans voir dans le roman une copiede la réalité, on ne peut s'empêcher de penser à l'enfance surprotégée du jeune Boris à Ville-d'Avray, à cette «éducation de petit prince » qui rappelle celle du trio de L'Arrache-Cœur.

Les déclarations de Vian sur ses parentstraduisent une impression d'étouffement : « J'étais noyé dans le sentiment », « ils avaient toujours peur pour moi ».Parlant de son enfance, Vian emploie souvent le terme de « mystification ».

Clémentine, mère possessive etangoissée, serait-elle Mme Vian régnant sur la tribu de ses quatre enfants, couvant Boris, de complexion maladive ?L'allusion à l'eau bouillie que Vian dut boire jusqu'à ses quinze ans se retrouve, textuellement, dans L'Arrache-Cœur(p.

167). 2.

L'œuvre : architecture, mouvements, personnages Chercher une cohérence totale à un roman aussi foisonnant, et qui plus est inachevé si l'on considère queL'Arrache-Cœur est l'unique tome paru du cycle romanesque initialement prévu par Vian, n'est-ce pas forcer le sensdu texte ? On verra comment rigueur et anarchie s'affrontent dans la composition du roman. 1.

A la recherche d'un ordre caché La structure tripartite du roman n'est pas sans analogies avec celle d'une tragédie.

La première partie est une vasteexposition et présentation des personnages, par l'entremise de Jacquemort, le psychiatre à la barbe rousse.

Ladeuxième partie noue le drame, elle est scandée par les préparatifs du départ d'Angel, ce père si peu présent àtravers lequel Vian a peut-être traduit ses propres angoisses face à la paternité.

Dans la troisième partie, tous leséléments de la narration concourent à l'enfermement final des enfants, victimes de la névrose d'amour de leur mère. Mais cette tripartition commode ne rend pas compte de la fantaisie délibérée d'un texte où, contrairement aucélèbre précepte de Pouchkine, l'ouverture d'une fonction narrative ne trouve pas obligatoirement sa solutionultérieure.

Ainsi, du troublant épisode contant, dans la deuxième partie, les rapports de l'androïde créé à l'image deClémentine et du maréchal-ferrant (pp.

138-149) : il jette une lumière neuve sur le personnage de Clémentine, nonseulement mère, mais aussi femme, dont la sexualité se nimbe de noire magie, mais la troisième partie du roman nelui donne pas de prolongement. On s'étonnera aussi de voir le personnage d'Angel escamoté par la fiction au moyen d'un jeu verbal : « Faites dubateau»...

«faites un bateau» (p.

92).

Le retour d'Angel semble avoir été prévu par Vian dans un tome ultérieur :c'est le père qui, dans le canevas de 1947, aide les enfants à quitter leur cage.

La version définitive laisse toutefois. »

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