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AVIS SUR LE TARTUFFE DE MOLIERE

Publié le 26/10/2017

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ravages dans les familles. Il se venge aussi des excès de la Compagnie du Saint-Sacrement. Mais pourquoi, à trois siècles de distance, suis-je soudain si mal à l’aise ? Pour les mêmes motifs sans doute que certains contemporains de Molière qui, n’étant point sectaires, se tinrent à l’écart de la cabale organisée contre lui.

 

Un croyant répugne toujours à voir livrées à la caricature ses raisons de vivre et de mourir. Orgon, qui se monte la tête avec la religion, dit par moments des choses vraies et respectables, Tartuffe plus encore. Et c’est cela qui choque, d’autant que l’intervention de Cléante n’arrange rien. Certes, il défend les vrais dévots, et Voltaire estime que ses discours « sont, à quelques expressions près, le plus fort et le plus élégant sermon que nous ayons en notre langue... » Que l’on me pardonne ! Je trouve ce Cléante terriblement « chrétien moyen ». Il me laisse froid. Il n’a aucun sens de la démesure chrétienne (où se rejoignent tous les saints). Orgon et Tartuffe sont plus proches de la vérité, et c’est pourquoi l’on souffre que celle-ci soit, par eux, à ce point bafouée.

 

La critique, diront certains, peut être bienfaisante, et la tartufferie étant inévitable en ce bas monde, un corps vivant a raison de se défendre contre ses maux par la moquerie. Telles réactions peuvent, en effet, être une preuve de santé. Attention toutefois aux conséquences ! Repérer l’ivraie dans un champ et la désigner à la vindicte publique est une œuvre salutaire. Cependant, êtes-vous sûrs qu’en arrachant l’ivraie vous ne toucherez pas au bon grain ? Pascal, en attaquant les casuistes, et Molière les faux dévots, n’ont-ils pas dépassé leur but?

 

Ceci dit, j’avoue que depuis quelques années Tartuffe me fascine, à cause du drame qui affleure et dont j’ai dit un mot en commençant. Je l’ai perçu dans toutes ses dimensions lorsque Louis Jouvet monta la pièce.

 

De toute évidence le Tartuffe de Jouvet ne devait pas grand-chose à la Maison de Molière !. .. Ce Tartuffe-là semblait sorti d’un cauchemar de Kafka ! Aussi beaucoup le vilipendèrent. Pourtant, avec quelle attention passionnée j’assistais à la naissance d’un personnage inattendu : non pas l’imposteur par calcul et sordide intérêt, non pas l’imposteur de métier, mais l’imposteur par état d’âme. Cet homme, un jour, a opté pour le mal, et il est désormais prisonnier.

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« FRONTISPICE DE L'ÉDITION DE 1682, par Brisart.. »

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