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CHIMÈRES (Les) Gérard de Nerval - résumé de l'oeuvre

Publié le 29/09/2018

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Ce titre désigne un groupe de douze sonnets, qui, par leur intensité et leur pureté incandescente, ont assuré la gloire posthume de Nerval. Certains d'entre eux comptent parmi les plus célèbres de la poésie française, notamment «El Desdichado» et «Myrtho»; viennent ensuite «Horus», «Antéros», « Delfica », « Artémis », et les cinq pièces du « Christ aux Oliviers », suivi de « Vers dorés*. Par leur obscurité et leur richesse thématique, ces textes se sont prêtés à toutes sortes d’exégèses ; on a pu, notamment, en retrouver les sources et les matériaux dans d’autres ouvrages de Nerval, le Voyage en Orient ou Les Illuminés, où le poète se montre curieux de toutes les sciences occultes, d’alchimie, et des doctrines initiatiques de l’Antiquité et de l’Orient. Mais ce sont là plutôt des traces, qui ne peuvent en aucun cas rendre compte de la splendeur évocatrice de ces vers, qui semble décourager toute analyse. Puisant aux racines les plus profondes de l’être même du poète, dans un vécu où le sentiment angoissé d’une fêlure originelle se mêle aux aspirations désespérées vers une aurore salvatrice, ils suggèrent une expérience qui va bien au-delà du sens et du rationnel: fulguration d’images et de sons, espace peuplé de signes qui ne réfléchissent qu’eux-mêmes, quête d’un ailleurs entrevu mais à jamais inaccessible.

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« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)La mélancolie, à laquelle l'époque avait donné le nom anglais de spleen, hante Nerval comme beaucoup de sescontemporains.

Mais si elle est un « mal du siècle », la mélancolie est aussi pour le poète une réminiscenceobsédante de la gravure d'Albert Durer intitulée justement Mélancolie.La suite de sonnets du Christ aux Oliviers a été inspirée à Nerval par le Discours du Christ mort, du poète allemandJean-Paul Richter, qui y exprima son angoisse devant la pensée d'un univers sans Dieu.

Vigny, en 1844, s'en étaitdéjà inspiré dans son Mont des Oliviers.Publiés précédemment dans diverses revues, tous ces poèmes ont paru ensemble, pour la première fois, et sous cetitre, dans l'édition de 1854 des Filles du feu. Egaré dans ses souvenirs amoureux, guetté par la folie à laquelle le conduisent ses rêves et ses lectures, Nervalcherche dans ces douze sonnets mystérieux, mythologiques et lyriques, les certitudes où fonder sa présence. Contexte Ce recueil sera tardivement ajouté par l'auteur aux Filles du feu, mais il est d'usage de le considérer comme uneoeuvre à part entière.

Composées de douze pièces en vers (dont cinq dédiées au Christ aux Oliviers), les Chimèresse présentent sous la forme de sonnets.

La première partie est constituée des poèmes "El Desdichado", "Myrtho","Horus" et "Antéros".

La deuxième partie comprend des poèmes déjà publiés dans l'Artiste entre 1842 et 1845 :"Delfica", "le Christ aux Oliviers" et "Vers dorés", ainsi qu'un nouveau sonnet, "Artémis".

Il s'agit essentiellement d'uneréorganisation de morceaux écrits pour la plupart pendant sa première crise de folie en 1841, d'où le rejet etl'incompréhension de cette oeuvre jugée obscure lors de sa parution.

Les Chimères seront pourtant redécouverteset appréciées, notamment par les surréalistes et par Antonin Artaud. Analyse Les Chimères développent l'idée que toute action humaine est doublée de l'intervention des dieux ou des démons.Nerval oppose les divinités d'autrefois à un Dieu unique : Kneph dans "Horus", Jehova dans "Antéros", le Créateurdans "le Christ aux Oliviers" (le Christ ne faisant alors pas partie de la Trinité, mais des demi-dieux sacrifiés).

Ilénonce par là son propre conflit avec le monothéisme, incarné par le Père, et son adoration des déesses Isis etArtémis, des prophétesses Myrtho et Delfica et de la "sainte de l'abîme", en remplacement du Ciel. Les sonnets du souvenir T es douze sonnets énigmatiques des Chimères furent écrits entre 1843 et 1854 et rattachés aux Filles du feu.

Ils cristallisent la curiosité extrême de Nerval pour les mythologies anciennes, les sciences occultes, ainsi qu'unsentiment de nostalgie presque maladive.

Longtemps, on a cru que l'ordre des sonnets était indifférent ; pourtant,l'architecture du recueil révèle comme une progression mystique : au prélude angoissé que constitue El Desdichado succèdent Myrtho, Horus, Antéros, Deifica, quatre sonnets chantant le monde regretté de l'antiquité païenne, où apparaît parfois, dans un paysage méditerranéen tiédi par des « clartés d'Orient », parfumé de « lauriers blancs »,une femme mystérieuse, fantôme trouble des amours passées ou rêvées du poète.

Au cœur du recueil, le poèmedifficile intitulé Artémis, dans lequel le poète inquiet s'interroge sur le cycle du temps, permet d'introduire les cinq sonnets du Christ aux Oliviers : on avancerait ainsi vers l'esprit nouveau du monde moderne...

Vers dorés, enfin, clôt Les Chimères sur l'image de l'intimité du naturel et du divin. Poésie et hermétisme Certains ont cru, par les références biographiques, bibliques, ou même en recourant aux tarots, expliquer la totalitédes Chimères, mais ces poésies gardent leur part de mystère.

Nerval, passionné de religion, de magie, d'occultisme, prisonnier d'une mémoire éblouie de voyages orientaux et de femmes fascinantes, touche en effet dans les Chimères à une poésie des plus denses et des plus expressives.

L'hermétisme déroutant de ces douze sonnets tientprécisément à ce mélange condensé de souvenirs, de rêves et de symboles auquel procède le poète, tel un apprentisorcier...

Sous le « soleil noir de la mélancolie », Nerval se lance dans une recherche tour à tour consolante etdésespérée de lui-même.

C'est cette voie poétique qui lui permet, selon sa propre formule, de « diriger (son) rêveéternel au lieu de le subir ».. »

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